- Massacre d'Hébron (1994)
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Le Massacre d'Hébron ou encore « Massacre du Tombeau des Patriarches » fait référence au massacre, commis le 25 février 1994, par Baruch Goldstein, de plusieurs dizaines de Palestiniens de la ville d'Hébron, alors qu'ils étaient en train de prier un vendredi du mois sacré de ramadan. La résolution 904 du conseil de sécurité des Nations unis a été émise pour exprimer la condamnation ferme du massacre[1].
Sommaire
Le massacre
Le 25 février 1994, Baruch Goldstein, un colon extrémiste sioniste religieux de la colonie de Kiryat Arba d'origine américaine, membre de la Ligue de défense juive et médecin servant dans l'armée, rentre dans la mosquée d’Abraham (connu sous le nom de Tombeau des Patriarches par les juifs) pendant la prière de l'aube (fajr) en uniforme militaire et massacre 29 Palestiniens en pleine prière à l'aide de son M16 de service et en faisant dans le même temps 125 blessés parmi les fidèles musulmans[2]. Un fidèle parvint à le maîtriser, puis lui fracassa la tête avec une barre de fer[2], avec d'autres fidèles, qui le battirent à mort.
Motivations
Pour certains, Goldstein aurait agi afin de venger la mort du rabbin Kahane, assassiné par un Palestinien quelques années plus tôt. Sa famille a également avancé l'explication que c'était la succession d'attentats terroristes palestiniens qui l'avait poussé à l'acte. Ainsi, quelque temps avant le drame, Goldstein, en tant que médecin spécialisé dans les victimes d'attentats, avait échoué à sauver deux hommes, le père et son fils, gravement blessés par des membres du Hamas. Pour d'autres, Goldstein aurait agi afin d'empêcher un attentat anti-israélien, prévu le même jour.
Condamnations
Ce massacre fut immédiatement condamné par le gouvernement israélien et l'opinion publique israélienne comme immoral et terroriste. Les victimes reçurent des indemnisations financières. Le Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, s’exprimant au nom des Israéliens, exprima son dégoût et sa révulsion, ainsi que sa profonde tristesse à l’égard de l’acte commis par quelqu'un qu'il considérait comme « indigne d'être un citoyen israélien », tandis que la Knesset adoptait une résolution condamnant très fermement le crime : « La Knesset exprime sa profonde indignation et condamne le crime abominable commis au tombeau des Patriarches. »
Réactions des Palestiniens
- Tout de suite après l'annonce du massacre, des milliers de Palestiniens manifestèrent un peu partout dans les territoires occupés. De graves émeutes eurent lieu au cours desquelles 26 Palestiniens et 9 Israéliens furent tués.
- Le Hamas organisa des attentats en représailles, notamment un attentat à la voiture piégée en Israël qui fit huit morts et trente-quatre blessés[3]
Réactions israéliennes
- Les mouvements Kach et Kahane Chai, dont Baruch Goldstein était proche, furent interdits par les autorités israéliennes au titre des lois anti-terroristes[4].
- Des manifestations de protestation contre le massacre sont organisées en Israël.
La commission Shamgar
- Une commission d'enquête, la commission Shamgar, fut créée par les Israéliens afin de faire toute la lumière sur ces événements. Parmi les très nombreuses questions qu'elle eut à traiter, fut celle de savoir si Goldstein avait agi seul ou pas. Après avoir examiné des témoignages mettant en avant une possible complicité d'autres individus non identifiés, elle conclut finalement que Goldstein a agi seul, se basant pour cela sur d'autres témoignages ainsi que ses propres études.
- Parmi ses conclusions, la commission note que ce jour là était craint une attaque terroriste venant du Hamas contre les Juifs. Elle signale par exemple la distribution par le Hamas de tracts à Hébron qui avait suscité les craintes d'une attaque terroriste antijuive, et note également un incident survenu la veille du massacre, deux cents fidèles qui avaient pénétré dans la synagogue et interrompu l'office religieux, auquel Goldstein assistait, et crié leur haine des Juifs ("Tuer les Juifs", "Mort aux Juifs!"), au point qu'il avait fallu faire appel à l'armée et à la police des frontières. Enfin, elle précise que les rapports des renseignements avertissaient d'une attaque du Hamas contre les Juifs.
Réactions des pays arabes
Les pays arabes rendirent Israël totalement responsable du massacre et proférèrent des menaces à son encontre ; les pays en discussion avec ce denier suspendirent toutes leurs négociations en cours.
Réaction de la communauté internationale
La résolution 904 du conseil de sécurité des Nations unis a été émise pour exprimer la condamnation ferme du massacre. Israël s'est exprimé à propos de cette résolution[5], en déclarant qu'il espérait que cette résolution ouvrira la voie à la reprise des pourparlers, et en rappelant qu'Israël a été le premier à condamner le massacre.
Aujourd'hui
Malgré le rejet très majoritaire de son geste au sein de la population israélienne, Baruch Goldstein devint un héros dans certaines franges de l’extrême droite, en particulier religieuse. En 2000, des cérémonies avaient encore lieu en son honneur, comme chacune des années passées, dans le cimetière de Kiryat Arba. On peut lire sur sa tombe : « Ici gît un saint, Dr. Baruch Kappel Goldstein, bénie soit la mémoire d'un homme juste et saint, que Dieu venge son sang, à celui qui dévoua son âme aux juifs, au judaïsme et au pays juif. Ses mains sont innocentes et son cœur est pur. Il fut tué en martyr de Dieu le 14 Adar, jour de Pourim de l'an 5754 »[6]. Après le massacre, le tombeau des patriarches a été divisé en deux, une partie étant devenue une synagogue, l'autre une mosquée[réf. nécessaire].
Notes et références
- Résolution 904
- La paix impossible? de Fabien Ghez, Liliane Messika, p. 297
- http://books.google.ca/books?id=CGiot772MSEC&pg=PA66&dq=suicide+bombing+baruch+goldstein+1994&cd=4#v=onepage&q=suicide%20bombing%20baruch%20goldstein%201994&f=false
- Protecting Charitable organizations, United States Departement of the Treasury. Consulté le 19 mai 2010
- Réponse d'Israël
- (en) Graveside party celebrates Hebron massacre | BBC
Bibliographie
- Extraits du rapport de la commission d'enquête
- Analyse d'Ariel Natan Pasko
- Livre rédigé par le Pr Chaim Simons sur l'événement
Voir aussi
Catégorie :- Violence politique dans le conflit israélo-palestinien
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