- Mariella Righini
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De mère suisse allemande et de père italien, Mariella Righini[date de naissance???] est élevée à Florence jusqu’à ce que la nomination de son père à l’O.T.A.N. amène toute sa famille à démanger à Paris. Après un an passé à apprendre le français, elle intègre le système scolaire en troisième puis suit ses études secondaire au lycée de Sèvres.
Bien que tentée par le conservatoire de musique, elle choisit d’entrer à l'Institut d'études politiques de l'Université de Paris pour suivre les traces paternelles vers une carrière diplomatique. Mais l’impossibilité faite aux femmes de concourir aux postes diplomatiques l’oblige à se réorienter vers le journalisme. Elle débute alors comme pigiste à L'Express sous son nom marital. Mais c'est au Nouvel Observateur qu’elle désire travailler et elle décide d’écrire une lettre à Jean Daniel. Ce dernier lui offre alors la possibilité d’écrire quelques piges au service étranger à partir de février 1965. Traitant des relations Est-Ouest, elle y signe sous son nom de jeune fille tout en continuant à piger pour L'Express, Jeune Afrique ou Le Nouvel Adam.
En septembre 1965, elle est titularisée au sein de la rédaction du Nouvel Obs. Attachée aux pages économiques, elle s’en détache au bout d’un trimestre grâce au départ de Katia Kaupp qui laisse vacante une place au service société. Elle prend alors en charge la rubrique “mode” mais aussi la question des mœurs et de la condition féminine. Le retour de Kaupp en août 1966 l’oblige à se battre pour conserver la rubrique “mode” menacée, cette dernière n’hésitant pas à tenter de l’empêcher de réaliser ses entretiens avec les grands couturiers. Mais elle traite aussi des questions de société plus profondes comme l’attitude des catholiques face au divorce en Italie (8 février 1968) ou le mouvement des femmes et de la libération des mœurs.
Enthousiasmée par Mai 68, elle soutient alors les leaders de la contestation interne à la direction et se rapproche des milieux gauchistes et libertaires. Elle couvre ainsi le congrès anarchiste de Carrare (septembre 1968) où elle suit le “le jeune fauve de Nanterre”[1], Daniel Cohn-Bendit. Mais ses sympathies politiques vont plutôt du côté de la mouvance maoïste dont elle distribue l’organe (La Cause du Peuple) avec Sartre et d’autres membres du journal. Elle se lie même à ses responsables (comme André Glucksmann) au point de quitter le Nouvel Obs pour participer à l’aventure de J'Accuse (novembre 1970). Mais si elle a beaucoup aidé le journal à trouver des fonds auprès du milieu juif du prêt-à-porter, elle se sent très vite en porte-à-faux avec son dogmatisme.
Ainsi, après quelques mois, elle retourne au Nouvel Obs où Olivier Todd, bien que non dupe de l’explication de son absence (l’écriture d’un livre), la réintègre au service “Notre Epoque”. Mais si ses rapports avec ce dernier étaient souvent orageux, ils étaient enrichissants sur le plan professionnel.
Il n’en est pas de même avec sa remplaçante, Christiane Duparc, aux rapports exécrables avec les femmes du service. Avec Hervé Chabalier, elle fait donc circuler une pétition pour s’opposer à sa nomination. Mais c'est un échec et, avec Chantal de Rudder, elle subit « une véritable terreur » qui « l’empêchait de dormir »[2]. Elle n’est donc pas insensible aux propositions qui lui sont faites de diriger la rédaction de Vogue homme (1973) ou, plus tard, celle du magazine Femmes. Mais, attachée au journal, elle préfère rester à L’Obs tout en collaborant à la revue Féminin Singulier avant son interdiction (1973/74). Au début des années 1970, son engagement pour la cause des femmes est donc dominant même si elle se rattache à l’aile maoïsante du journal.
En effet, sa signature d’un texte de l’intersyndicale (juin 1972) qui, critiquant un article pro-cégétiste, lui vaut une réprobation quasi-unanime de la société des rédacteurs, marque son appartenance au pôle le plus critique du Programme commun. Avec Jean Moreau, Nicole Muchnik, Michel Bosquet et Claude-François Jullien, elle constitue l’aile la plus hostile à la vision de la transformation sociale que sous-entend l’Union de la Gauche. Ses articles les plus politisés portent pourtant avant tout sur l’émancipation de la femme. En 1970, elle publie ainsi un manifeste-poème pour le droit à la différence (Être femme, enfin !...) dans lequel elle affirme que cette dernière passe moins par la quête de l’égalité que la revendication d’une identité.
Ce type de discours n’est pas étranger à l’empathie que certaines féministes lui manifestent et qui apparaît lorsque des déléguées françaises lui font interdire l’accès au congrès de Stockholm (octobre 1971). Partisane d’un engagement mixte, elle soutient les militantes pour qui « l’ennemi n’est pas l’homme mais la société qui l’a créée, celles pour qui la lutte des femmes s’inscrit dans une lutte politique plus large ». Fervente partisane de l’avortement, elle dénonce notamment les conditions de sa pratique à l’étranger, les croisades des intégristes ou la non application de la loi Veil. Elle traite aussi de thèmes comme l’adoption, la douleur de l’accouchement ou encore de psychatrie, défendant les alternatives à l’enfermement.
L’année 1978 marque la sortie son livre Écoute ma différence, essai dans lequel elle développe plus longuement son discours féministe sur la féminité et le droit à la différence.
Parallèlement, elle se fait l’écho du malaise féministe sur la question du viol lié au rejet de la voie judiciaire et de la répression qu’elle implique. Bien que située dans ce débat plus proche des “légalistes” que des ultra gauchistes, elle doute que l’emprisonnement transforme « la mentalité du violeur en exercice et de tous les violeurs en puissance ». Par la suite, elle diversifie encore plus des sujets même si ceux-ci portaient déjà parfois sur les vacances, la photographie ou les arts, son dossier sur la “la Folie Beaubourg” (2 août 1976) ayant par exemple fait la couverture. Traitant beaucoup de la famille, elle dénonce par exemple le silence autour de l’inceste, les problèmes de drogue ou l’essor des mariages entre Européens.
Au sein du service, elle fait partie des opposants au projet du Matin (novembre 1976). De novembre 1977 à mai 1978, elle se réjouit aussi de la prise de direction du service par Jean-Francis Held. Elle prend donc mal son départ en mai 1979.
Gravement atteinte par un accident de voiture en 1982, elle publie en 1983 La Passion Ginette (Grasset) qui se révèle un succès de librairie (250 000 exemplaires). Deux ans plus tard, elle publie Et la lune battait son plein (Grasset 1985) mais avec moins de succès comme Florentine et Cappuccino, chez Flammarion.
Notes
- Mariella Righini, “Faites l’amour, pas le congrès”, Le Nouvel Observateur, n°200 – 9 septembre 1968.
- Entretien de Mariella Righini avec François Kraus le 19 juillet 2004.
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- Élève de l'Institut d'études politiques de Paris
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