Marie Louise Élisabeth d'Orléans

Marie Louise Élisabeth d'Orléans
Page d'aide sur l'homonymie Ne doit pas être confondu avec Louise Élisabeth d'Orléans (1709-1742).
Marie Louise Élisabeth d'Orléans
Marie Louise Élisabeth d'OrléansPierre Gobert, Musée d'Histoire de France, Versailles
Marie Louise Élisabeth d'Orléans
Pierre Gobert, Musée d'Histoire de France, Versailles

Surnom la Duchesse de Berry
Naissance 20 août 1695
Décès 20 juillet 1719
Nationalité Royaume de France Royaume de France
Famille fille de Philippe d'Orléans
épouse de Charles de France

Marie Louise Élisabeth d'Orléans, duchesse de Berry (1710), est née le 20 août 1695 et morte le 20 juillet 1719.

Fille de Philippe d'Orléans, duc d'Orléans et futur régent, elle épousa en 1710 Charles de France (1686-1714), duc de Berry. Après une fausse-couche, elle met au monde avant terme un fils qui ne vit que 21 jours (duc d'Alençon, mort le 16 avril 1713). Dès son mariage elle scandalise la cour de Louis XIV et on lui prête différents amants. Enceinte lors du décès de son mari, le 4 mai 1714, elle accouche de nouveau avant terme, le 16 juin 1714, d'une fille qui s'éteint le lendemain. La réputation d'intempérance, d'excès de table et d'alcôve auxquels se livrerait la jeune veuve[1], pimentée de rumeurs d'inceste et d'accouchements clandestins inspirent la verve des satiristes du temps qui surnomment la princesse "Joufflotte" ou encore la "Vénus du Luxembourg". Madame de Berry succombe aux suites d'un accouchement difficile, dans sa vingt-quatrième année.

Biographie

Dépeinte souvent comme la figure emblématique de la Régence et de ses débauches, accusée d'inceste avec son père, on connaît surtout Madame de Berry à travers les Mémoires de Saint-Simon, dont la femme était dame d'honneur de la Duchesse et qui décrit avec ironie les couches scandaleuses de la fille du régent en 1719. Enceinte des œuvres du capitaine de sa garde, le chevalier de Riom, la Duchesse de Berry, veuve depuis 5 ans, s'acharne à dissimuler son état. Lorsque vient le moment de la délivrance, elle s'enferme dans une petite chambre de son appartement au palais du Luxembourg. Mal préparé par sa vie trépidante, son terme devient vite dangereux et elle demande les sacrements. Tout son entourage sait à quoi s'en tenir sur l'origine de sa « maladie ». Le curé de Saint-Sulpice attise le scandale public en refusant d'administrer l'extrême-onction à la jeune femme dont les couches, extrêmement laborieuses, manquent de la tuer. Confirmant sa réputation de "Messaline", cette maternité l'oppose à son père, le Régent qui éloigne Riom de Paris. L'accouchement difficile achève aussi de ruiner la santé de la princesse, minée par une succession de trois grossesses malheureuses du vivant de son mari (1711, 1713, 1714), puis de couches clandestines (probables fin janvier 1716, certaines en juillet 1717 et avril 1719).

À l'ouverture du corps de la Duchesse, morte au château de La Muette, la nuit du 20 au 21 juillet 1719, un peu plus de trois mois après ses couches scandaleuses du Luxembourg, elle sera trouvée à nouveau enceinte. "Scandale béant" (Raviez) le corps de la Duchesse serait la preuve ultime de ses turpitudes et de sa dépravation congénitales ! En ces temps "héroïques" de l'obsétrique, la mort d'une femme suite à un accouchement laborieux et mal soigné n'avait pourtant rien de très "infamant" ni de particulièrement "honteux". Michelet écrit avec raison que la Duchesse de Berry « s'extermina par les grossesses ». Accouchements avant terme, enfants mort-nés… Il semble que seule une fille, née en 1717 de ses amours avec Riom, constitue l'exception à une suite de maternités malheureuses. Ironie de l'histoire, au siècle suivant, une autre Duchesse de Berry défrayera la chronique scandaleuse du début du règne de Louis-Philippe en se délivrant d'un enfant de paternité douteuse dans la citadelle de Blaye.

La "Gazette de la Régence" et les chansonniers satiriques suggèrent que la taille plantureuse de la Duchesse de Berry souvent citée dans les chroniques du temps évoquant sa vie débridée de "veuve joyeuse", serait plutôt à attribuer aux résultats prévisibles de ses nombreuses passades qu'à sa boulimie alimentaire ! Ce serait pour cacher au public la véritable nature d'un embonpoint accusateur que Madame de Berry, ou comme on la nomme dans plusieurs chansons satiriques "Joufflotte", relancerait la mode des robes à paniers, s'inspirant ainsi sans doute de l'usage que Madame de Montespan faisait des vertugadins (dits "câche-batards") pour dissimuler ses grossesses. D'où ce sobriquet de "la vache aux paniers" par lequel le prince de Conti désigne la Duchesse de Berry à l'annonce de son décès ("Elle est morte la vache aux paniers, il n'en faut plus parler ! ").

Victime de la censure malveillante d'un Saint-Simon et cible privilégiée des chansons satiriques du temps, la Duchesse de Berry est l’objet des attaques violentes des ennemis du Régent. En dénonçant les frasques nymphomanes de la fille, cette opposition s’en prend au père dont le gouvernement lui attire l’hostilité d’une fraction importante de l'ancienne Cour de Louis XIV. Alors qu’un nouveau climat de liberté succède à l’austérité et aux désastres qui caractérisaient la fin de règne du Roi Soleil, l’insouciance sans entraves et l’esprit que semble manifester la fille aînée du Régent ne peuvent manquer de choquer les tenants de l’ordre ancien qui censurent les mœurs dépravées de la jeune veuve pour dénoncer la « turpitude » du nouveau pouvoir. Marie-Antoinette sera victime d'une critique politique comparable qui s'exprime par la satire pornographique et la caractérise comme l'incarnation de tous les vices. Si une critique historique sérieuse doit dénoncer la véritable "diabolisation" dont a été victime la mémoire de Marie Louise Élisabeth d'Orléans, Duchesse de Berry[réf. nécessaire], il faut aussi reconnaître que sa liberté de mœurs est loin de correspondre à l'austérité sexuelle qu'exigeait la morale de l'époque en cas de veuvage. Mais ses grossesses clandestines, qu'elles soient avérées en 1719 et 1717, ou probable en 1716, n'autorisent pas pour autant les auteurs (en particulier les contemporains) à nous la dépeindre de manière quasi systématique comme un monstre d'orgueil et de dépravation[réf. nécessaire], la figure emblématique de tous les excès de la Régence[non neutre]

Un fragment de Noëls satiriques ridiculise Madame de Berry, dont l'état témoigne de ses mœurs dissolues :

"Grosse à pleine ceinture,
La féconde Berry
Dit en humble posture
Et le cœur bien marri :
Seigneur, je n'aurai plus de mœurs aussi gaillardes,
Je ne veux que Riom et mon papa,
Ou par-ci, par-là mes gardes."

Début 1716, Madame de Berry, malade en son palais du Luxembourg, ne paraît pas en public pendant plusieurs semaines. Inspiré par des rumeurs d'accouchement clandestin (que rapporte la Gazette de la Régence), l'auteur anonyme d'une chanson satirique évoque avec verve le terme heureux de cette « maladie » mais attribue le « poupon » dont serait délivrée la jeune femme à un père « innombrable » :

"Il faut bien lui donner un nom :
Ainsi, sans être téméraire,
C'est la Rochefoucauld, de Pont,
Gontaut, la Haye, Salvaire, Rion.
La mère est de bonne maison,
Elle est du vrai sang de Bourbon;
Nous en ignorons tous le père,
Car ils étaient trop à la faire.
Depuis la mort de son mari,
Cet aimable Duc de Berry,
Pour ne point éteindre la race,
Elle épouse la populace."

Lorsque la fille du Régent fait fermer au public les jardins de son palais du Luxembourg, les médisants commentent que c'est pour pouvoir s'y livrer avec plus de liberté à ses amours :

"On nous a fermé la porte
Du jardin du Luxembourg;
C'est la grosse Joufflotte
Qui nous a joué ce tour.
Elle eût mieux fait la bougresse,
De boucher le trou,
Le plus voisin de ses fesses,
Par où ses gardes font joujou."

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Notes et références

  1. Pierre Gaxotte, Le Siècle de Louis XV Fayard1997, p.69

Bibliographie

  • Carré, Henri. Mademoiselle. Fille du Régent. Duchesse de Berry 1695-1719, Paris, Hachette, 1936.
  • Erlanger, Philippe. La fille du Régent. Miroir de l'Histoire nr 112, avril 1959, pp. 496-513.
  • Raviez, François. « Les vices du coeur, de l'esprit et de l'âme» : la duchesse de Berry ou le scandale du corps dans les Mémoires de Saint-Simon. In A. Richardot (éd.) Femmes et libertinage au XVIIIè siècle ou les Caprices de Cythère, PUF, 2003, pp. 23-38.
  • Roujon, Jacques. La fille du Régent. Paris, Grasset, 1935.

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