Maria Petrovikh

Maria Petrovikh
Gueorgui Tchoulkov, Maria Petrovikh, Anna Akhmatova, Ossip Mandelstam, dans les années 1930.

Maria Petrovikh (1908-1979)[1] est une poétesse et traductrice russe du XXe siècle.

Sommaire

Premiers pas dans la poésie

Elle naît en 1908 à Iaroslav en Russie. À l'âge de 15 ans, Maria Petrovikh participe à une conférence de l'Union des Poètes. À Moscou, elle achève des études supérieures de littérature. Durant cette période, elle rencontre de grands poètes de la Russie de son temps, tels que Pasternak, Akhmatova, Tarkovski, avec qui elle lie de grandes amitiés. Pourtant, de nature calme, modeste et très peu portée vers « la gloire ou la célébrité », elle refuse de se faire publier, préférant travailler pour les autres en tant que traductrice, plutôt que de se mettre en évidence, mais aussi, car elle est convaincue que ses travaux, bien que n'étant pas anti-soviétique, ne lui paraissent pas conformes aux critères littéraires imposés par Moscou, et ayant donc peu de chances d'être publiés, les gardent pour elle. Sa première publication est une traduction d'un poète juif Perets Markich, puis elle continue son effort de traduction à travers de nombreuses œuvres de poètes arméniens. Cependant, elle poursuit en parallèle l'écriture de poésies, pour elle-même, car l'écriture est essentielle et vitale pour Maria. Dans le domaine de la traduction Maria Petrovikh commence à se faire remarquer et elle multiplie ainsi ses travaux.

Voyage en Arménie

À l'automne 1944, elle part en Arménie, à Yerevan en compagnie d'une autre poétesse, Zvjagnitseva, pour traduire les œuvres de Markaryan, Hovannessyan, Zaryan. Elle parcourt l'Arménie, visite Etchmiadzin où elle sera beaucoup touchée par la liturgie arménienne, le lac Sevan, Nork-Marach. L'Arménie la frappe en plein cœur, l'aide à mieux comprendre et aimer la poésie arménienne, dont elle apprécie énormément la puissance mélancolique de Issahakian (Իսահակյան en arménien), la liberté de Toumanian ( Թումանյան en arménien), le sens de la tragédie de Vahan Terian. Maria Petrovikh utilise toutes les techniques et subtilités de la langue russe pour retranscrire et reproduire le plus fidèlement possible les inquiétudes et le lyrisme des poètes traduits. L'une de ses meilleures traductions est sans doute le Tyran et poète de Kostan Zarian 1885-1969 ( Զարյան en arménien) en 1939.

Maria Petrovikh se lie d'amitié durant cette période avec Sylva Kapoutikian, elle aussi poétesse, et cette dernière devient vite sa meilleure amie. Si Maria apprécie autant Sylva, c'est aussi parce qu'elle retrouve dans la poésie de cette dernière de très nombreuses similitudes et résonances avec sa propre vie. Cette amitié devient essentielle pour Petrovikh, aussi riche qu'importante, et de cette amitié naîtra de nombreux poèmes de la part des deux artistes sur le thème de l'amitié, qui dépassera de loin le simple cadre d'un sentiment entre deux personnes pour personnifier l'échange fraternel et respectueux entre deux pays, deux civilisations.

À Erevan, elle rencontre aussi Levon Mkrtchyan ( Լևոն Մկրչյան en arménien), écrivain et éditeur, qui participera plus tard à la publication du recueil L'arbre lointain en 1968, en langue russe. En 1966, elle écrit le recueil l'Arménie ( Հայաստան en arménien) traduit par son amie Sylva Kapoutikian, où Petrovikh conte son amour pour l'Arménie, un amour dont elle peine à trouver les mots et qu'elle qualifiera d'« amour muet ». De ce recueil, elle obtiendra un prix, en 1970. Et 1979, année de sa mort, lui sera aussi décerné le prix Yéghiché Tcharents (Չարենց en arménien) par l'Union des poètes d'Arménie.

Les dernières heures

Au début des années 1970, Maria Petrovikh retourne en Russie, à Moscou où elle poursuivra inlassablement son travail de traduction, mettant à disposition des lecteurs russes des œuvres d'auteurs slaves, bulgares, tchèques ou encore polonais. Elle meurt le 1er juin 1979 à Moscou à l'âge de 71 ans. Très peu connue en Russie et inconnue ailleurs en tant que poétesse, elle restera une artiste très discrète et très en retrait, affectionnant particulièrement cette position de retrait par rapport à ses amies poétesses telles que Inna Lisnianskaya ou Anna Akhmatova, très peu encline à parler d'elle-même, formidable auditrice, toujours très à l'écoute des autres. Cela se traduit dans les poèmes qu'elle publiera en Arménie et dans les liens très forts qu'elle conservera tout au long de sa vie avec ce pays, liens à la fois passionnés et toujours très pudiques.

Notes et références

  1. Coquio, p. 567.

Sources

En français:

  • Catherine Coquio et Aurélia Kalisky, L'enfant et le génocide : témoignages sur l'enfance pendant la Shoah, Paris : R. Laffont, 2007. (ISBN 9782221099896), p. 567.

En anglais:

  • Vitaliĭ Shentalinskiĭ et John Crowfoot, The KGB's literary archive, London : Harvill Press, 1995. (ISBN 9781860460722), p. 180.
  • Joe Andrew et Robert Reid, Two hundred years of Pushkin, Amsterdam ; New York : Rodopi, 2003-2004. (ISBN 9789042008748), p. 42.
  • Rimma Kazakova et Walter May, The Tender muse : collection of verse, Moscow : Progress Publishers, 1976. (OCLC 2491812), p. 103.

En russe:

  • Домолчаться до стихов. М., 1999

Мкртчян Л. Так назначено судьбой. Заметки и воспоминания о Марии Петровых. Письма Марии Петровых. Ереван, Изд-во РАУ, 2000.

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