Manoir de Saint-Yon

Manoir de Saint-Yon
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Manoir de Saint-Yon
L'ancienne école normale d'instituteurs et la chapelle
L'ancienne école normale d'instituteurs et la chapelle
Présentation
Destination initiale Habitation
Destination actuelle Cité des métiers de Haute-Normandie
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Normandie
Région Haute-Normandie
Département Seine-Maritime
Localité Rouen
Coordonnées 49° 25′ 41″ N 1° 04′ 47″ E / 49.4281492, 1.079599949° 25′ 41″ Nord
       1° 04′ 47″ Est
/ 49.4281492, 1.0795999
  

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Manoir de Saint-Yon

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Manoir de Saint-Yon

Le manoir de Saint-Yon, dans le quartier Saint-Clément[1] de Rouen, fut la maison-mère des Frères des Écoles chrétiennes de 1714 à la Révolution française, et la raison de leur appellation de Frères Saint-Yon ou Frères yontains.

Sommaire

Histoire

Appelé initialement manoir de Hauteville, il doit son nom à Eustache de Saint-Yon, maître à la Chambre des comptes de Normandie, qui en fut propriétaire au début du XVIIe siècle, peu après le poète Philippe Desportes.

C’est en 1705 que Jean-Baptiste de La Salle fut appelé à Rouen par le Bureau des pauvres valides de cette ville. Il loue alors, puis acquiert de la marquise de Louvois, nièce du ministre de Louis XIV, le manoir de Saint-Yon, vaste propriété[2] datant du début XVIIe siècle où il fixe le siège central de son Institut naissant : il y transporte son noviciat et y ouvre un pensionnat d’un genre tout nouveau avec l’appui de Mgr Colbert, archevêque de Rouen et de Nicolas Camus de Pontcarré, Premier Président au Parlement de Normandie. Il y vécut de 1705 à 1709 et de 1715 à sa mort, en 1719[3].

L'école professionnelle que Jean-Baptiste de La Salle ouvrit à Saint-Yon acquit un tel développement que les travaux de sculpture, de serrurerie et de menuiserie nécessités par l'aménagement de cette vaste institution furent exécutés dans ses propres ateliers. Une partie considérable des jardins servit à des études horticoles ; une autre fut réservée à la botanique. On y établit encore des cours de tricotage et de tissage.

De son côté, le pensionnat répondait à un besoin social, les progrès naissants de l'industrie et du commerce exigeant qu'on donnât aux mathématiques et aux sciences une place plus considérable dans les études. Tout y était enseigné, que ce soit le commerce, la finance, le militaire, l'architecture ou les matières plus traditionnelles, sauf le latin[4].

Les Frères y construisirent une chapelle dédiée au Saint Enfant-Jésus entre 1728 et 1734[5], où sera inhumé leur fondateur mort en 1719[6], ornée de deux statues de saint Joseph et saint Yon sculptées par Marin-Nicolas Jadoulle entre 1763 et 1766 (détruites à la Révolution). De cette chapelle, subsiste la façade classique, l'intérieur de l'édifice a été divisé en deux par une dalle de béton.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la maison d’éducation servit également de prison et d'asile d’aliénés[7].

Après le départ des Frères[8] sous la Révolution, Saint-Yon servit successivement de prison révolutionnaire[9], d'hôpital, de caserne et de dépôt de mendicité (1812)[10]. Reconverti en asile d'aliénés par le Conseil général de Seine-Inférieure, une nouvelle aile fut construite de 1821 à 1830 par Grégoire et Jouannin à cet effet[11]. De 1825 à 1848, l’asile Saint-Yon, l’un des premiers asiles pour aliénés de France, innova dans la production de statistiques sociales et morales : ces travaux statistiques reçurent un réel écho aussi bien auprès des cercles médicaux et intellectuels rouennais que des administrations locales et nationales[12],[13],[14]. À la suite de la construction en 1849 d'un asile d'aliénés pour les hommes au hameau de Quatre-Mares à Sotteville-lès-Rouen, l'asile est ensuite réservé exclusivement aux femmes. En 1856, Bénédict Augustin Morel est nommé médecin-chef de l'asile. Ce sont les Sœurs de Saint-Joseph de Cluny qui s'occupent des soins.

En 1881, une École normale d’instituteurs y est installée[15]. Pierre Mac Orlan y fut étudiant.

Durant la Première Guerre mondiale, l'Union des Femmes de France y crée l'hôpital auxiliaire no 103 pour y soigner les soldats blessés sur le front[16].

En 1963, l'École normale déménage à Mont-Saint-Aignan. Dans les années 1970, s'y trouvait le collège Alexis Carrel puis le collège Jean Lecanuet. L'ancienne chapelle abrite depuis 2005 la Cité des métiers de Haute-Normandie.

L'ensemble des bâtiments accueillera, en 2012, le Pôle Régional des Savoirs.

Accès

Ce site est accessible par la station de métro : Europe.

Voir aussi

Notes et références

  1. Le manoir se situait entre la rue Saint-Julien, la rue des Murs-Saint-Yon et le boulevard de l’Europe.
  2. Le manoir était doté d'une chapelle, dédiée à saint Yon, et d'un domaine de neuf hectares constitué de prés, de terres labourables, d'un verger, et d'un bois.
  3. Plaque commémorative de 1951 dans le jardin de Saint-Yon
  4. Afin de mieux attacher ses disciples à leur vocation d'instituteurs, Jean-Baptiste de La Salle avait écarté résolument les Frères du sacerdoce en leur interdisant l'étude du latin, et cette règle fut strictement observée jusqu'en 1923 dans toutes les écoles de l'Institut
  5. Jean Benoît Désiré Cochet, Répertoire archéologique du département de la Seine-inférieure, Paris, Imprimerie nationale, 1871, p. 388 
  6. Entre 1719 et 1734, Jean-Baptiste de La Salle est inhumé dans l'église Saint-Sever, chapelle Sainte-Suzanne
  7. Charles de Robillard de Beaurepaire, « Notice sur les maisons de force de la Généralité de Rouen avant 1790 », dans Précis analytique des travaux de l'Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen pendant l'année 1858-1859, Alfred Péron, Rouen, 1859, p. 297-316
  8. Les frères obtinrent un délai de trois mois et demi, le temps de renvoyer les pensionnaires, ils quittèrent définitivement Saint-Yon le 1er décembre 1792.
  9. Louis Lézurier de La Martel y fut emprisonné.
  10. Théodore Licquet et Édouard Frère, Rouen ; son histoire, ses monuments et ses environs. Guide nécessaire aux voyageurs pour bien connaître cette capitale de la Normandie, Le Brument, Rouen, 1857, p. 97-100
  11. Notice no IA00021940, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  12. Frédéric Carbonel, « L’asile pour aliénés de Rouen. Un laboratoire de statistiques morales de la Restauration à 1848 », in Histoire et Mesure, vol. XX, 2005.
  13. Lucien Deboutteville, Notice statistique sur l'Asile départemental des aliénés établi à Rouen pendant les dix premières années de son existence, 11 juillet 1825 à fin décembre 1834, N. Périaux, 1835
  14. Lucien Deboutteville, Notice statistique sur l'Asile des aliénés de la Seine-Inférieure (maison de Saint-Yon de Rouen), pour la période comprise entre le 11 juillet 1825 et le 31 déc. 1843, A. Péron, 1845
  15. Armelle Sentilhes, « Éléments d’architecture scolaire en Haute-Normandie », dans Bulletin des Amis des monuments rouennais, octobre 1995-septembre 1996
  16. Itinéraires de Normandie, no 11, septembre 2008, p. 59-60, 74

Bibliographie


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