- Lulu (Berg)
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Lulu (opéra)
Pour les articles homonymes, voir Lulu.Lulu est un opéra dodécaphonique, composé par Alban Berg juste avant sa mort. Il est resté très partiellement inachevé. Il a été complété en 1979 par Friedrich Cerha pour la version donnée cette année-là à Paris sous la direction de Pierre Boulez, dans une mise en scène de Patrice Chéreau. La distribution en était la suivante :
- Lulu, Teresa Stratas (Soprano léger)
- Doctor Ludwig Schön, Jack, Frantz Mazura (Baryton héroïque)
- Le professeur, Schigolch, le commissaire, Toni Blankenheim (Basse chantante de caractère)
- Alwa, Kenneth Riegel (Ténor héroïque juvénile)
- Gräfin von Geschwitz, Yvonne Minton (Mezzo-soprano dramatique)
- Le dompteur, Rodrigo l'athlète, Gerd Nienstedt (Basse héroïque de caractère bouffe)
- Le peintre, Le nègre, Robert Tear (Ténor lyrique)
- Le prince, le marquis, le valet, Helmut Pampuch (Ténor bouffe)
- Le groom, le lycéen, Hanna Schwartz (rôles travestis)
L'histoire
Pour créer l'histoire, Berg a combiné deux pièces de Frank Wedekind qui avaient été interdites en Allemagne (« La boîte de Pandore (die Büchse der Pandora) » et « L'esprit de la terre (Erdgeist) »). Lulu décrit l'ascension sociale d'une femme jusqu'au meurtre de celui qu'elle dit avoir le plus aimé, puis sa chute pour devenir finalement prostituée et mourir. Les personnages sont symétriques, et la forme, musicale, est une forme en arche, et basée sur des séries dodécaphoniques. Le centre de l'arche est constituée par la musique de film qui suit la mort de Schön. L'opéra commence par la présentation de la ménagerie par le dompteur. Chaque animal de la ménagerie est représenté par une série dérivée de la série originelle, qui reviendra comme un leitmotiv wagnérien de l'œuvre, et symbolise un de ses amants. À ses trois premiers amants : le Médecin, le Peintre, le Docteur Schön, correspondent ses trois derniers clients : le Professeur (même motif que pour le Médecin), le Nègre, et Jack l'éventreur (joués par les mêmes chanteurs). Lulu représente la femme fatale, poussée par les hommes à se comporter en meurtrière. Autour d'elle gravitent puis meurent des hommes, et même une lesbienne, la comtesse von Geschwitz qui tombera sous son charme jusqu'à attraper le choléra pour la sauver.
Composition
Berg assista à une représentation de La boîte de Pandore en 1905 dans une production de Karl Kraus mais ne commença son opéra qu'en 1929 après avoir terminé son autre opéra Wozzeck. Son long travail fut interrompu par la mort de Manon Gropius, la fille d'Alma Mahler et de Walter Gropius, pour la mémoire de laquelle il écrivit le concert à la mémoire d'un ange pour violon. Le temps passé à la composition du concerto l'empêcha de terminer Lulu avant sa mort en 1935. L'œuvre fut écrite entièrement jusqu'à la mesure 238 de la scène 1 de l'acte III, la fin est restée avec des indications de l'instrumentation. L'opéra a été créé en 1937 à l'opéra de Zurich dans sa forme inachevée. L'Acte III fut interprété pour la première fois le 24 février 1979 à Paris (Avec les Actes I et II).
La structure de Lulu est en miroir : l'ascension sociale de Lulu dans la première moitié se réfléchit dans sa déchéance finale. La clé de voûte est la musique de film centrale qui est un palindrome, avec en son centre les arpèges au piano, ascendants puis descendants :
Dans Lulu, Berg utilise la technique des séries d'Arnold Schoenberg. L'opéra contient plusieurs séries qui sont attachées à des personnages, un peu comme les leitmotivs de Richard Wagner.
La série originelle, celle de Lulu, est la suivante :
La série d'Alwa s'en déduit en écrivant les notes sur une horloge, puis en faisant le tour de l'horloge en sautant 7 notes jusqu'à l'obtention d'une série de 12 notes :
ou en transposant :
La série de Schön s'obtient par un procédé plus compliqué : toujours en tournant autour de l'horloge, on fait des sauts d'amplitude 1, 2, 3, 3, 2, 1 et on recommence de même :
Berg écrivit en 1934 une Lulu Suite pour orchestre et soprano pour faciliter la diffusion de son opéra.
Bibliographie
- Pierre Boulez, Friedrich Cerha, Patrice Chéreau, Lulu, analyses et commentaires, Paris, J.-C. Lattès, 1979.
- Daniel Banda, L'Attente vaine, Wozzeck et Lulu, Actes Sud, 1992.
- L'Avant-Scène Opéra, n° 181/182, 1998
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