Luc Gauric

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Luca Gaurico

Luca Gaurico

Luca Gaurico, ou Luc Gauric, ou Lucas Gauricus (Giffoni[1], dans l'ancien royaume de Naples 12 mars 1476 - Rome 6 mars 1558) fut un mathématicien, un astronome - astrologue et un évêque italien. Il est inhumé dans l'église Sainte-Marie d'Aracœli où figure son épitaphe[2].

Sommaire

Biographie

Il se livra d'abord à l'enseignement des mathématiques, puis professa l'astronomie, discipline confondue avec l'astrologie à l'époque, dans les écoles de Naples, de Rome, de Venise et à l'université de Ferrare. Il s'y fit une solide réputation dans son domaine et s'orienta progressivement vers l'astrologie judiciaire, très prisée de ses contemporains. Les papes Jules II, Léon X, Clément VII, et surtout Paul III, intéressé par son «art», lui accordèrent des marques d'estime; ce dernier pontife le nomma même évêque[3] de Civitate (San Severo)[4] en 1545. Il conserva sa charge environ 5 ans et se retira à Rome où il décèda.

Il fut un des promoteurs de la réforme du calendrier par la publication de son « Calendarium ecclesiasticum novum, ex sacris litteris, probatisque, sanctorum patrum synodis excerptum, etc. (1552). Il fut un des astrologues les plus renommés du XVIe siècle, et le pape Paul III s'attacha ses services.[5] Dans son traité astrologique, Tractatus astrologicus, il dresse les horoscopes de nombreux personnages illustres de l'époque dont il avait réussi à obtenir l'heure de naissance. Son but était de prouver a posteriori que leur vie était bien régi par l'astrologie[6].

Gauric connut une très désagréable expérience en 1506 quand il prédit au seigneur de Bologne, Jean Bentivoglio, qu'il serait chassé de sa ville et privé de sa souveraineté cette même année. La prédiction n'était pas si difficile à faire tant le despotisme et la cruauté du seigneur étaient excessifs et tant ses rapports avec le pape se dégradaient. Elle déplut cependant énormément à l'intéressé qui s'en irrita et fit arrêter l'astrologue. Il le soumit au supplice de l'estrapade qui consistait à jeter le condamné d'une bonne hauteur, attaché par un membre. Gauric y survécut. Sa prophétie s'avéra exacte quand le pape Jules II leva des troupes et entreprit de ramener à l'obéisance quelques villes dont Bologne. Jean Bentivoglio dut quitter son fief et n'y régna plus. Gauric avait vu juste mais il garda en mémoire combien il pouvait être périlleux d'annoncer de mauvais présages aux puissants.

Prétendue prédiction de la mort du roi Henri II

En 1552, Catherine de Médicis lui demanda de dresser l'horoscope d'Henri II. Gauric recommanda à Catherine de Médicis d'éviter pour le roi tout combat singulier en champ clos, notamment aux environs de la quarante et unième année, parce que à cette époque de sa vie il était menacé d'une blessure à la tête qui pouvait entraîner rapidement la cécité ou la mort. Catherine de Médicis étonnée, se fit confirmer cette prédiction par d'autres astrologues tels que Jérôme Cardan et Gabriel Simeoni. Il se fait que Henri II fut mortellement blessé le 30 juin 1559 dans les circonstances prévues par Gauric, ce qui établit définitivement sa réputation.

C'est du moins ce qu'on lit dans un dictionnaire publié par les éminentes éditions encyclopédiques Larousse[7]. Dans le Dictionnaire de Pierre Bayle, l'horoscope d'Henri II par Gauric est cité littéralement. Il n'y est pas question de duel ni de combat singulier. Gauric, après avoir promis les plus heureux succès au roi, ajoute qu'il vivra jusqu'à 69 ans, 10 mois et 12 jours à condition de passer les années de son âge 56, 63 et 64[8].

(De même, Nostradamus, dont un quatrain obscur est interprété par certains comme annonçant la mort d'Henri II, écrivait en clair dans ses Présages en prose, à la fin de ce qui concerne le mois de juin 1559 – Henri II fut blessé en juin et mourut en juillet – : « La France grandement augmenter, triompher, magnifier, & beaucoup plus le sien Monarque[9]. »)

Œuvres

  • De concepta natorum ei septimestri partu ex Valenti Antiocheno, Venise, 1533
  • De eclipsi solis miraculosa in passione Domini observata; item de anno, mense, die et hora conceptionis, nativitatis, passionis et resurrectionis ejus, Venise, 1539
  • Notes sur Ptolémée et sur le traité des naissances d'Abraham Judœus
  • Traité d'astrologie, Tractatus astrologicus, Venise, 1552

Bibliographie

  • Preuves et bases de l'astrologie scientifique, Paul Flambart, Bibliothèque Chacornac, Paris, 1908

Notes et références

  1. D'après De sculptura écrit par son frère Pomponius Gauricus, la famille serait originaire du village de Gauro, dans le comté de Giffoni, région de Salerne
  2. D. O. M. LVCAE GAVRICO GEOPHONEN EPO CIVITATEN - OBIIT DIE VI. MARTII MDLVIII VIXIT ANN. LXXXII. M. XI. D. XXV. - DD. SEBASTIANVS BENINCASA GEOPHONEN. ET OCTAVIANVS CANIS BONONIEN. HAEREDES EX TESTAMENTO B. M. P. dans Memorie istoriche della chiesa e convento di s. Maria in Araceli di Roma, Casimiro Romano, p. 428, Roma, 1845. D'après son épitaphe, Gauric est mort le 6 mars 1558 âgé de 82 ans 11 mois et 25 jours. Il serait donc né en 1475 et non en 1476 comme il est communément admis.
  3. Il reçut 300 onces d'or à cette occasion, une rente de 10 onces par mois, deux serviteurs, deux mules et un cheval - Dizionario geografico-ragionato del Regno di Napoli, Lorenzo Giustiniani, T. V, Napoli, 1802
  4. Il pourrait également s'agir de Civita-Ducale, de Civita de la Penna ou de Civita Castellana
  5. Dictionnaire universel encyclopédique Larousse, 1910
  6. Dictionnaire des sciences occultes, abbé Migne, Aux ateliers catholiques du Petit-Montrouge, Paris, 1846
  7. Jean-Louis Brau, Dictionnaire de l'Astrologie, Éditions Larousse, Paris 1977, isbn : 2-03-075477-3
  8. Pierre Bayle, Dictionnaire historique et critique, édition de Paris, 1820, t. 8, article Henri II, p. 26, consultable sur Google Books, citation de Gauric, Tractatus astrologicus, Venise, 1552, folio 42 verso. Il existe une autre version de la prophétie de Gauric. En 1552, Gauric aurait envoyé au duc Hercule de Ferrare une prédiction relative à trois souverains. Pour Henri II, il disait ceci : « Toutefois il semble que les voyages par eau soient défavorables et que quelque empêchement vienne des chevaux et des larmes coulant de l'œil gauche. » Cette version est donnée par Erasmo Pèrcopo, L’umanista Pomponio Gaurico. Luca Gaurico ultimo degli astrologi, Napoli, Luigi Pierro, 1895, p. 159, qui renvoie à Gui du Faur de Pibrac, Apologie à la reine Marguerite, in D'Artigny, Mémoires d'histoire, de critique et de littérature, Paris, 1749, t. II et t. III, pp. 317 et s. David Clement, Bibliothèque curieuse, t. 9, chez Jean Guillaume Schmid, 1760, consultable sur Google Books, précise que le passage de Pibrac est cité p. 410 du tome II de D'Artigny et qu'à l'endroit indiqué de son tome III, D'Artigny argumente contre l'authenticité de la prédiction attribuée par Pibrac à Gauric. (Selon Clement, Pibrac datait la prophétie de Gauric de 1549 et non de 1552, comme le fait Pèrcopo.)
  9. B. Chevignard, Présages de Nostradamus, 1999, p. 87 et 341.
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