- Louvre Abou Dabi
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Le Louvre Abou Dabi est un musée dont le chantier a débuté en 2010 à Abou Dabi, la capitale des Émirats arabes unis, et dont l'ouverture est prévue pour 2013. Il sera alors une composante d'un gigantesque district culturel en cours de constitution sur l'île de Saadiyat où il y côtoiera trois autres musées et un centre de spectacles. D'un coût de 83 millions d'euros, le bâtiment qui l'accueillera a été conçu par l'architecte français Jean Nouvel.
Sommaire
Histoire
Dans le cadre de la création d'un district culturel sur l'île de Saadiyat (« île du bonheur ») à Abou Dabi, le gouvernement des Émirats Arabes Unis s'est tourné vers la France pour la réalisation et le développement d'un musée universel dont le projet architectural revient à Jean Nouvel, concepteur du musée du quai Branly. Les deux pays ont signé, le 6 mars 2007, un accord à ce sujet[1],[2],[3], qui organise cette opération de coopération culturelle sur 30 ans et prévoit que le musée portera le nom de Louvre Abou Dhabi.
La France est chargée d'une mission de conseil dans les domaines de la conception et la réalisation du bâtiment et est chargée de l'élaboration du projet scientifique et culturel du musée. À partir de l'ouverture du musée et pour les dix années suivantes, le Louvre Abou Dabi recevra en prêt des œuvres issues des collections françaises (300 dans les premières années, puis 250 et 200). De même, pendant quinze ans, la France fournira annuellement au Louvre Abou Dabi quatre expositions. Enfin, elle aidera le musée à se constituer une collection propre destinée à remplacer les œuvres prêtées par les musées français.
Les Émirats Arabes Unis se sont engagés à verser des contreparties d'environ un milliard d'euros sur trente ans, qui bénéficieront au musée du Louvre et aux autres musées partenaires de l'opération. Pour mettre en œuvre cet accord de coopération culturelle, la France a créé une structure spécifique, l'Agence France-Muséums dont sont actionnaires quelque douze des principaux établissements culturels français.
Acquisitions
Depuis début 2009, le Louvre Abou Dabi a commencé à acquérir des œuvres pour sa collection permanente. La collection compte actuellement 40 œuvres de l'Antiquité au XXe siècle[4].
- Fibule de Domagnano (Ve siècle)
- Le Christ montrant ses plaies (vers 1515) - grand Christ bavarois
- Nymphes au bain (1776) - Louis Jean François Lagrenée
Critiques
L'accord a suscité une controverse, menée par l'ancienne directrice du musée d'Orsay Françoise Cachin, qui a cosigné le 13 décembre 2006, avec Jean Clair et Roland Recht dans Le Monde, une tribune contre le projet[5], ensuite relayée par une pétition, signée par plus de 5 000 personnes, dont de nombreux historiens de l'art, universitaires et conservateurs. Pour elle, la participation du Louvre à ce « Las Vegas des sables » est une « dérive terrible de l'éthique du travail des musées ». En réponse à cette polémique, Jack Lang, dans un article paru dans Le Monde du 1er février 2007[6], a pris position en faveur d'un projet qui témoigne de la reconnaissance, dit-il, du « talent français » dans les pays arabes.
L'organisation du fonctionnement du futur Louvre Abou Dabi pose néanmoins des problèmes de déontologie aux Musées français et à leurs conservateurs. Ceux-ci, chargés du projet au sein de l'Agence France-Muséums doivent conseiller les autorité d'Abou Dabi pour des acquisitions dont l'intérêt est en concurrence directe avec l'enrichissement des collections françaises qui n'ont pas les mêmes moyens que l'émirat. Il y a bien ici conflit d'intérêt culturel au sein même de l'institution Louvre.
De plus, étant donné le régime politique des EAU, la collection constituée est privée, appartenant à l'émir d'Abou Dabi, le cheikh Khalifa. Or, selon le droit français, les conservateurs de musée travaillent pour le patrimoine national.
Droit du travail et critique des organisations humanitaires
Par ailleurs, les ONG critiquent les abus concernant le droit du travail liés à la construction du musée - problèmes récurrents dans les EAU, et particulièrement prégnants dans la construction de Dubaï. Ainsi, Human Rights Watch (HRW) a documenté les violations des droits des travailleurs migrants œuvrant à la construction de l'île de Saadiyat (« île du Bonheur »). Dans son rapport de mai 2009 intitulé « ‘L'Ile du bonheur' : Exploitation des travailleurs migrants sur l'île de Saadiyat, Abou Dabi »[7], HRW révèle que les travailleurs indiens, bengalis etc.. sont régulièrement abusés par des compagnies de recrutement dans leurs pays d'origine, qui leur demandent des frais exorbitants de recrutement et leur font de fausses promesses de salaires élevés. Ces travailleurs sont ensuite aux prises d'un système de « parrainage » (kafala) mis en place par des employeurs qu'ils ne peuvent quitter sans risquer d'être renvoyés dans leur pays d'origine. En dépit d'une loi qui l'interdit, leurs passeports sont confisqués par ces employeurs. Ils ne peuvent négocier collectivement, et le droit de grève n'est pas reconnu aux EAU.
HRW a donc appelé les institutions internationales qui auront des annexes sur l'île de Saadiyat, dont le Louvre, à obtenir des garanties des autorités émiraties pour qu'elles respectent – selon les standards internationaux - les droits des travailleurs qui construiront ces bâtiments de renommée internationale. Cet appel reste... un appel.
Construction
Après 5 mois de chantier et la pose de 4 536 pieux, l'entreprise allemande Bauer International a terminé fin août 2010 les travaux de fondation du musée[8]. Le cabinet britannique d'ingénierie Buro Happold a veillé à l'étanchéité, le musée étant construit sur une île. Selon le promoteur Tourism Development & Investment Company, le musée de 24 000 m2 avec sa coupole ajourée de 180 m de diamètre imaginée par les Ateliers Jean Nouvel à Paris devrait ouvrir en 2013[8].
Articles connexes
- Musée Guggenheim Abou Dabi
Notes et références
- Loi no 2007-1478 du 17 octobre 2007 autorisant l'approbation d'accords entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement des Émirats arabes unis relatifs au musée universel d'Abou Dabi, JORF no 242 du 18 octobre 2007, p. 17170, texte no 5, NOR MAEX0762129L, sur Légifrance.
- Décret no 2008-879 du 1er septembre 2008 portant publication de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement des Émirats arabes unis relatif au musée universel d'Abou Dabi, signé à Abou Dabi le 6 mars 2007, JORF no 205 du 3 septembre 2008, p. 13803, texte no 2, NOR MAEJ0819569D, sur Légifrance.
- Décret no 2008-880 du 1er septembre 2008 portant publication de l'accord additionnel à l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement des Émirats arabes unis relatif au musée universel d'Abou Dabi portant dispositions fiscales, signé à Abou Dabi le 6 mars 2007, JORF no 205 du 3 septembre 2008, p. 13811, texte no 3, NOR MAEJ0819582D, sur Légifrance.
- Le Figaro - 27 novembre 2009 - Page 28 Le rêve culturel d'Abu Dhabi devient réalité - Béatrice de Rochebouët -
- Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht, « Les musées ne sont pas à vendre », dans Le Monde, 13 décembre 2006 [texte intégral].
- Jack Lang, « Le Louvre, un musée universel », dans le Monde, 1er février 2007.
- Human Rights Watch, « Émirats arabes unis : Les travailleurs qui construisent « l'Île du bonheur » sont régulièrement exploités », 19 mai 2009.
- Le Moniteur N°5573 du 17 septembre 2010 page 9
Lien externe
- « Création du musée universel Louvre Abou Dabi », dossier de presse, 6 mars 2007, sur le site du ministère de la Culture
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