- Louis Jolliet d'Anticosti
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Louis Jolliet
Louis Jolliet est un explorateur canadien, né le 21 septembre 1645 près de Québec, mort entre le 4 mai et le 18 octobre 1700 sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent.
Découvreur du Mississippi avec le père Jacques Marquette, il est le premier explorateur célèbre né au Canada de l'histoire de la Nouvelle-France.
Selon l'Encyclopédie de la musique au Canada, Louis Jolliet marque aussi une page dans l'histoire de la musique au Canada. Il fut le premier canadien à étudier la musique en Europe. On rapporte par Jérôme Lalemant qui écrit « Mons. l'Evesque disna chez nous et M. Meseré [Maizerets], et le soir nous invitames les sieurs Morin et Joliet, nos officiers en musique à souper » (Relations des Jésuites, vol. XLIX). Louis Jolliet toucha le clavecin et l'orgue. Lors d'un service commémoratif en 1700, il fut remercié « d'avoir joué des orgues à la Cathédrale et paroisse beaucoup d'années. Fait gratis » (cité dans Louis Jolliet de Gagnon, p. 145)
Sommaire
Jeunesse
Fils de Jean Jolliet de la Compagnie des Cent-Associés et de Marie d'Abancourt, Louis Jolliet entreprend ses études au Séminaire de Québec à l'âge de 10 ans. Son premier souhait étant de devenir membre du clergé, il reçoit les ordres mineurs le 16 août 1662. Comme il a un certain don musical, il est promu officier de musique au Collège. Plus tard, il deviendra le premier organiste de la cathédrale de Québec.
En 1666, le recensement le qualifie comme "clerc d'église". Le 2 juillet de la même année, il soutient une thèse de philosophie en présence de monseigneur de Laval, du gouverneur Rémy de Courcelles et de l'intendant Jean Talon.
À cette époque, sa vocation religieuse commence à battre de l'aile. En juillet 1667, il quitte le séminaire et, quelques semaines plus tard, s'embarque pour la France où il séjourne surtout à Paris et à La Rochelle. En 1668, il est de retour à Québec où il décide de devenir trafiquant après avoir acheté de la marchandise de traite au commerçant Charles Aubert de La Chesnaye.
Genèse du voyage
Jean Talon, qui a à cœur le développement de l'économie de la Nouvelle-France, a entendu parler du Mississipi et croit que l'alliance avec les Indiens de cette région pourrait amener des dividendes à long terme. En 1672, il décide d'envoyer Louis Jolliet à sa découverte. La hardiesse et la détermination du jeune homme sont donc déjà connues à cette époque. À l'automne, l'intendant quitte Québec pour la France mais propose tout de même son candidat au nouveau gouverneur Frontenac qui l'accepte sans hésiter.
Jolliet, qui adhère au projet avec enthousiasme, a un problème dès le départ car il sait que l'État ne subventionnera pas son expédition. Il fonde donc une société commerciale avec quelques hommes d'affaire de la colonie, dont son frère Zacharie. Les revenus de la nouvelle compagnie serviront à défrayer les coûts du voyage.
Le 8 décembre 1672, Jolliet est à Michillimakinac, à l'angle des lacs Huron, Supérieur et Michigan. Il remet au jésuite Jacques Marquette une lettre du père Claude Dablon lui ordonnant de se joindre à l'expédition. Le père accepte avec plaisir, d'autant plus qu'il connaît les langues de plusieurs tribus indiennes de la région.
À la découverte du Mississippi
Les deux hommes passent l'hiver 1672-1673 à organiser les derniers préparatifs. Ils partent en mai 1673, la troupe étant composée de sept hommes et de deux canots. Ils se dirigent d'abord vers l'ouest, longeant la rive nord du lac Michigan puis la rive occidentale de la Baie des Puants (Green Bay). Après avoir fait étape à la mission Saint-François-Xavier, ils descendent la rivière aux Renards jusqu'au village des Mascoutens. Là, ils apprennent l'existence, trois lieues plus loin, d'un affluent du Mississippi. Ils font donc du portage jusqu'à la rivière Meskousing (aujourd'hui rivière Wisconsin).
C'est en la descendant qu'ils atteignent le Mississippi le 15 juin. Jusqu'à maintenant, ils ont fait 800 kilomètres dont près de 200 sur la Wisconsin. Pendant dix jours, ils continuent vers le sud sans rencontrer âme qui vive. Ils arrivent à leur premier village indien, à l'embouchure de l'Iowa. Il s'agit d'une tribu d'Illinois qui les reçoivent bien.
En septembre 1673, ils sont les premiers blancs à traverser la rivière Chicago. Puis ils découvrent l'embouchure du Missouri et Ouabouskigou (Ohio), deux affluents du Mississippi. À l'embouchure de l'Ohio, ils ont déjà parcouru près de 2000 kilomètres. Ils n'osent continuer plus loin, les Indiens devenant hostiles. Marquette ne comprend pas leur langue mais sait qu'ils font du commerce avec les Espagnols. Craignant de tomber entre leurs mains, ils décident de rebrousser chemin. Le voyage se termine donc en deçà de l'actuelle frontière de l'Arkansas et de la Louisiane. Il leur restait 1100 kilomètres à parcourir avant d'atteindre l'embouchure du Mississippi.
Le voyage du retour s'effectue à partir de la mi-juillet. Jolliet et Marquette atteignent la mission Saint-François-Xavier à la mi-octobre. L'explorateur passe l'hiver 1673-1674 à Sault-Sainte-Marie où il recopie les notes de son voyage. Malheureusement, à son retour dans la colonie, en mai 1674, il fait naufrage au Sault-Saint-Louis, en amont de Montréal. Il parvient à s'en tirer mais son journal et ses papiers personnels disparaissent dans les flots. Quelque temps plus tard, ses copies sont détruites lors d'un incendie à Sault-Sainte-Marie, ce qui fait qu'il ne reste plus aucun compte rendu détaillé de ce voyage historique.
Jolliet s'installe sur la Côte-Nord
Le 17 octobre 1675, Louis Jolliet épouse Claire-Françoise Byssot, 19 ans, fille de François Byssot et de Marie Couillard. Il désire s'établir au pays des Illinois, mais il reçoit un refus de Jean-Baptiste Colbert. En 1678, il reçoit une terre dans la région de Sept-Îles où il s'installe.
En 1679, Frontenac le charge de se rendre à la baie d'Hudson afin de tenter de nouer des liens commerciaux avec les Indiens du nord et d'enquêter sur leurs contacts avec les Anglais qui y sont installés. Il s'y rend en empruntant le Saguenay et le lac Saint-Jean. Il y rencontre le gouverneur anglais de l'endroit, Charles Baily, qui le reçoit avec honneur car il a entendu parler de son expédition sur le Mississippi. Il revient, persuadé que les Anglais y font le « plus beau commerce du Canada ».
La même année, Jolliet se fait concéder les terres de l'archipel Mingan où il se propose d'établir des pêcheries de morues, de loups marins et de baleines. Les années qui suivent, il passe l'été à l'île d'Anticosti, y construisant une demeure sur la Rivière à l'Huile, s'y occupant de ses terres et de son commerce, et revient à Québec pour l'hiver. Il fait construire un fort. En 1690, la flotte de William Phips s'empare de sa barque, confisque ses marchandises et fait prisonnières sa femme et sa belle-mère.
Les dernières années
En 1694, Louis Jolliet explore la côte du Labrador qu'il décrit et cartographie. Son document, conservé, contient seize croquis cartographiques dont une première description du littoral entre le cap Charles et Zoar.
En 1697, l'explorateur obtient son certificat d'hydrographe. S'il passe la saison chaude à travailler sur ses terres de la Côte-Nord, il revient à Québec à l'automne y enseigner sa matière au Collège des Jésuites. Il décède à une date non précisée entre le 4 mai et le 15 septembre 1700. Il est le premier habitant de la Nouvelle-France, né dans la colonie, à s'être fait connaître internationalement de son vivant.
Notoriété
- Un ancien traversier transformé en navire de croisière sur le fleuve Saint-Laurent basé à Québec porte son nom.
Bibliographie
- Jean Delanglez, Louis Jolliet, vie et voyages 1645-1700, Institut d'histoire de l'Amérique française, Montréal 1950. (BANQ - 923.9 J754d 1950)
- Ernest Gagnon, Louis Jolliet, découvreur du Mississipi et du pays des Illinois, premier seigneur de l’île d’Anticosti; Montréal; 1946.
- Où est mort Louis Jolliet? BRH, VIII; 1902, 277–79.
- Godbout, Nos ancêtres, APQ Rapport; 1951–53; 459.
- Amedée-E. Gosselin, Jean Jolliet et ses enfants, RSCT, 3rd ser., XIV; 1920, sect.i, 65–81.
- Alain Grandbois, Né à Québec ... Louis Jolliet, récit, Albert Messein, Éditeur, Paris 1933. (BANQ - 923.9 J75gr 1933)
- Lionel Groulx, Notre grande aventure: l’empire français en Amérique du Nord (1535–1760); Montréal et Paris; 1958, 139–74.
- Pierre Margry, Louis Jolliet, RC, VIII (1871), 930–42; IX; 1872, 61–72, 121–38, 205–19.
- Adrien Pouliot et T.-Edmond Giroux, Où est né Louis Jolliet? BRH, LI; 1945, 344–46, 359–63, 374.
- Giulia Bogliolo Bruna, Du mythe à la réalité: L'image des Esquimaux dans la littérature de voyage (XVIe - XVIIIe siècles), Actes du Colloque "The Formation of the Images of the Peoples and The History of International Relations from the 18th Century to the Present Day", Oslo, 2000. http://www.oslo2000.uio.no/program/AIO/Images.pdf
- Giulia Bogliolo Bruna, Apparences trompeuses Sananguaq. Au cœur de la pensée inuit (préface Jean Malaurie, post-face Romolo Santoni), Latitude Humaine, Yvelinédition, 2007.
Voir aussi
Lien externe
- (fr) Biographie du Dictionnaire biographique du Canada en ligne
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