- Louis Boekhout, peintre québécois
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Louis Boekhout
Louis Boekhout (né le 1er mars 1919) est un peintre canadien d'origine néerlandaise.
Sommaire
Biographie
Louis Boekhout naît le 1er mars 1919 à Bergen op Zoom, aux Pays-Bas. Il a deux ans quand sa famille déménage à Bandung en Indonésie, où son père, un ex-officier de l’armée hollandaise, travaille comme haut-fonctionnaire des Chemins de fer nationaux indonésiens. Ses parents aiment les arts, son père est violoniste à ses heures et sa mère, artiste peintre. Louis est le troisième d’une famille de six garçons ; il a 13 ans lorsque leur mère meurt d’un cancer en 1932.
Son père se remarie et Louis y gagne quatre sœurs. Il passe une partie de sa jeunesse à Djakarta où il puise ses connaissances en peinture auprès de professeurs chinois et japonais. Parallèllement à son goût pour la peinture, il aime jouer dans la nature et se baigner avec ses frères et ses cousins. Dès sa tendre enfance, il nage comme un poisson dira-t-il. À l'adolescence, il devient un nageur de compétition; il tentera de se qualifier pour représenter l'Indonésie aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936 mais il arrivera deuxième aux éliminatoires dans son pays. Tout cet entraînement, de même que la grande forme physique et la détermination nécessaires pour réaliser un tel exploit lui serviront toute sa vie.
Louis quitte l’Indonésie à 19 ans pour terminer ses études collégiales et artistiques à l’Académie royale des Beaux-Arts d’Anvers en Belgique sous la supervision de Floris de Cuyper (1875 – 1965) et puis en France. Mais Bandung imprégnera toujours l’âme de l’homme, de l’artiste et du philosophe.
Lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale, Louis Boekhout habite la Hollande, pays de ses ancêtres. Au moment de l'invasion allemande, en 1940, il se réfugie en France. Il est arrêté en 1942 à Marseille par des espions de la Gestapo et envoyé dans un camp de travail à Merseburg, au sud-est de Berlin; il sera finalement libéré par une division de l'armée américaine au printemps 1945. Polyglotte, Louis est rapidement recruté par le gouvernement militaire en place; il parle néerlandais, indonésien, sundanais, javanais, anglais, français, allemand, comprend le japonais et le mandarin et un peu le polonais, le russe et l'espagnol.
Quelques heures seulement avant l’arrivée des Soviétiques aux commandes de la zone est de l'Allemagne, Louis s'enfuit de Berlin vers Frankfurt-sur-Mein. Il trouvera là un travail comme interprète et correspondant auprès d'un organisme d'aide aux réfugiés, le United Nations Relief and Rehabilitation Administration (UNRRA) en opération en Europe de 1943 à 1947. Il revoit Charlotte, une jeune Allemande que le hasard avait un jour mise sur sa route. Elle deviendra son épouse et lui donnera trois enfants, Irène, Roger et Peter. Dans l'après-guerre, l’heure est aux déplacements et aux retrouvailles. Ses parents, ses frères et ses sœurs ont survécu, à l'exception de Hanz, mort soldat vers la fin de la guerre; tous vivent épars à travers le monde.
L’Europe se relevant difficilement de la guerre, Louis, qui travaillait alors pour Quaker Oats, décide d'émigrer vers un monde meilleur. Le 20 octobre 1950, la famille débarque à Québec après trente jours en mer. Il retrouve son jeune frère Rudi, horticulteur installé à Montréal depuis la fin de la guerre. Louis cherche à percer comme artiste peintre mais ne reçoit pas un véritable accueil au sein de la communauté artistique. « Nous prendrons vos toiles seulement quand vous serez connu », lui dit-on. Pour faire vivre les siens, il travaille d’abord comme employé de bureau chez Canadair, puis se lance dans la vente tout en continuant à peindre.
Louis vit à Cartierville, puis à Laval où il fréquente les galeristes et les amateurs d’art. Il rencontre le peintre Marc-Aurèle Fortin (1888-1970), qui vit à Sainte-Rose ; il peint quelques fois en sa compagnie. C’est l’époque noire du grand peintre, quatre années ─ de 1955 à 1959 ─ où la maladie occupe toute la place. Louis aime parler philosophie avec le peintre et il le visite régulièrement jusqu'en 1966, année où il entre lui-même dans une période sombre : son couple se sépare. Louis quitte alors le Québec pour Laguna Beach en Californie où il sera peintre et galeriste durant près d'une année; Charlotte s’installera dans l’Ouest canadien où elle vivra jusqu’à sa mort en 2002.
Louis revient au Québec en 1969 après un court séjour en Colombie-Britannique. Il ne peut revoir son ami Marc-Aurèle Fortin, qui meurt en Abitibi le 2 mars 1970. Louis reprend contact avec un vieil ami de Montréal qui l’amène en visite à sa maison de campagne du Lac-Simon. Louis est séduit par la Petite-Nation, l’endroit, les paysages et les gens ; il ne tarde pas à s'y installer pour de bon.
Louis Boekhout vit depuis non loin du lac Simon, dans cette nature qu’il peint sans jamais perdre l’inspiration. Il a rarement quitté le pays, sauf pour visiter la Barbade et l'Australie. Il n'est jamais retourné en Europe.
Sources : 1. Extraits d'un texte sur la vie de Louis Boekhout par Marie Josée Bourgeois publié pour l'exposition Hommage à Louis Boekhout, 22 octobre au 6 décembre 2005, au Centre d'Art de Montebello et d'autres textes autorisés par Louis Boekhout et rédigés par Marie Josée Bourgeois à la suite de conversations entre Louis Boekhout et Marie Josée Bourgeois depuis juin 2005.
Le peintre
« Louis Boekhout peint avec une énergie peu commune. La nature constitue sa véritable source d’inspiration. Il maîtrise aussi bien l’huile que l’aquarelle, réussissant toujours à rendre l’atmosphère d’un paysage jusque dans ses moindres détails. Les amateurs d’art sont nombreux à tomber sous le charme de Louis Boekhout. Dans ses œuvres, ils perçoivent la douceur, le réconfort, voire la paix intérieure que le contact étroit avec la nature nous apporte à tous. »[1]
Élève de Floris de Cuyper de l'Académie royale des Beaux-Arts d'Anvers, il présente un style entre l'école des peintres de La Haye — d’autres diront de Barbizon — et les impressionnistes français. Pour Alain Lévesque, artiste peintre de Montebello, Louis Boekhout n’a pas d’origine hollandaise que le nom. “ S’il est vrai que la génétique ne ment pas ” dira-t-il, “ il en va de même pour la palette, les ombres et les silhouettes fantomatiques dont Louis Boekhout est l’héritier. ”
Au cours de sa longue carrière, l’artiste participe à une multitude d’expositions collectives et solo en Europe, au Canada et aux États-Unis. Dans les années 1990, Louis Boekhout collabore au lancement du groupe Les Artistes des Deux Vallées, auxquels participent une douzaine d’artistes de la région, dont Alain Lévesque et Marthe Blain. Ils exposent à Plaisance en 1994, à Montebello en 1995 et à Masson en 1996. En tant que doyen des artistes peintres de la région, Louis sera accueilli au sein des 30 exposants du 9e Symposium Montebello en peinture les 3 au 5 juillet 2009 où il expose ses plus récentes toiles dont deux sur un monde qu'il peint de mémoire et sur un thème qu'il n'a guère exploré, l'Indonésie de son enfance.
Les œuvres de Louis Boekhout se trouvent dans plusieurs collections privées au Canada, aux États-Unis et en Europe et dans celle de la prestigieuse collection institutionnelle du Musée national des beaux-arts du Québec. Sa production récente est présentée à la galerie Le Portal Art Tour, rue du Petit-Champlain à Québec.
Sources: 1. Textes autorisés par Louis Boekhout et rédigés par Marie Josée Bourgeois à la suite de conversations entre Louis Boekhout, Marie-Pier Bédard et Marie Josée Bourgeois depuis 2006.
Le professeur
Louis Boekhout est aussi un professeur très apprécié que ses élèves aimaient taquiner en l’appelant à l’européenne, le Maître. En 1971, il débute une série de cours de peinture — financée par un projet d’éducation aux adultes à la Commission scolaire La Seigneurie — qui durera dix ans dans les villages de Buckingham, Thurso, Montebello, Saint-André-Avellin et Montpellier.
Thérèse Whissel-Pilon, une de ses élèves, aime bien raconter l'état d'esprit qui régnait dans ses cours. « Que de bons souvenirs de ces rencontres avec Louis à Saint-André-Avellin ! Pendant plus de 30 ans, à raison de 30 à 50 heures par année, Louis se pointait à l’heure, béret sur le coin de la tête, avec les salutations d’usage et … le cours débutait. Louis comprenait que le but de ces cours en était un de loisir, alors pas de cours magistral, pas de prof en avant dictant ses consignes et imposant ses idées. Pas du tout ! Il se devait quand même d’enseigner les rudiments de cet art. Après tout, nous étions là pour ça ! Imaginez le scénario : une douzaine d’élèves, de débutants à semi-professionnels, maniant l’aquarelle, l’huile, l’acrylique et le crayon, puis un travail différent car chacun était libre de choisir son sujet. Louis se partageait entre tous, observant le travail de chacun pour saisir ce que nous voulions exprimer. Avec patience, il nous expliquait la technique; avec encouragement, il nous faisait cheminer; avec sincérité, il nous félicitait et avec doigté, il corrigeait nos erreurs. Tout cela dit avec tact, sans jamais de commentaires blessants : un enseignement individualisé à l’intérieur d’un groupe ».
Dans les années 1970, Louis a aussi enseigné le français et les arts plastiques à la Presentation Brothers High School de Montebello, un pensionnat pour garçons en difficulté. Il a également donné des cours privés; Kurt Sailer, Louise Falstrault, Thérèse Whissel-Pilon, Francine Périard, Martin Blanchet et bien d’autres ont bénéficié de ses talents de maître. Aujourd’hui, certains sont devenus professionnels et professeurs à leur tour et lui font honneur.
Sources : 1. Extrait du discours de Thérèse Whissel-Pilon le 22 octobre 2005 à l'occasion du vernissage pour l'exposition Hommage à Louis Boekhout, 22 octobre au 6 décembre 2005, au Centre d'Art de Montebello. 2. Textes autorisés par Louis Boekhout et rédigés par Marie Josée Bourgeois à la suite de conversations entre Louis Boekhout, Thérèse Whissel-Pilon et Marie Josée Bourgeois depuis juin 2005.
Références
- ↑ Catalogue de l’exposition Les quatre saisons de Louis Boekhout, par Marie-Pier Bédard, Éditions Le Portal Artour de Québec, 2003.
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