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Loi de Gresham
La loi de Gresham, du nom du commerçant et financier anglais Thomas Gresham (vers 1519 - 1579), veut que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Cette loi, qui est en fait une constatation empirique, signifie que lorsqu'il y a deux monnaies en circulation, les agents économiques thésaurisent la « bonne » monnaie, et n'utilisent plus que la « mauvaise ».
Cette loi vaut en particulier dans les systèmes monétaires bimétalliques, quoique Gresham lui-même l'ait formulée à propos de la seule monnaie en argent de son époque, le shilling, dénaturée par un seigneuriage trop important, ce qui avait entrainé la disparition des shillings fondus avant ce seigneuriage. Attribuée à Gresham, cette loi est en fait ancienne : Nicole Oresme en démontre le mécanisme en 1371[1] et Aristophane l'évoque déjà dans sa comédie les Grenouilles[2].
Sommaire
Le cas du système bimétallique
Dans un système bimétallique, il existe deux monnaies, fondées chacune sur un métal donné, généralement l’argent et l'or. Par ailleurs, il existe un rapport légal qui fixe la valeur de chaque monnaie par rapport à l'autre. Autrement dit, la force publique impose un taux de change fixe, appelé parfois pair, entre les deux métaux.
Dans ce système, la loi de Gresham s'applique lorsque le taux de change légal d'une monnaie est sur-évalué par rapport aux taux de change existant dans les autres pays qui ont également un système bimétallique. La loi de Gresham s'appliquera, par exemple, si l'État fixe un taux de change de l'argent par rapport à l'or supérieur à celui existant dans les autres pays.
En effet, dans cette situation, la monnaie en or va disparaitre de la circulation monétaire, puisque la valeur de la monnaie en or étant supérieure à la valeur de la monnaie en argent partout ailleurs, elle sera thésaurisée par les individus, ou échangée contre de la monnaie en argent avec les étrangers en fonction du pair de leur pays. Au contraire, les agents économiques n'utiliseront plus que l'argent dans leurs échanges économiques. Autrement dit, en surévaluant la valeur de l'argent par rapport à l'or, l'État en a fait de la « mauvaise monnaie », provoquant la disparition de l'or et son remplacement par l'argent[3].
Cette situation s'est produite au XIXe siècle dans les pays qui avaient adopté un système bimétallique, comme les États-Unis où cela entraina une grave crise du système monétaire, avec une « fuite » de la monnaie en or du pays.
Loi de Greshmam et monnaie privée
Dans un système monétaire, la loi de Gresham n'existe que parce l'Etat impose un cours légal, par exemple un taux de change entre deux étalons monétaires. Pour cette raison, quelques économistes libéraux, comme Friedrich Hayek, voient dans cette loi une justification à un système de monnaies privées. Pour eux, si les hommes étaient libres d'échanger les monnaies qu'ils souhaitent aux taux qu'ils fixent, alors c'est la bonne monnaie qui chasserait la mauvaise. Hayek voit une illustration de cela dans les situations de forte inflation, où les agents « fuient » devant la monnaie légale au profit de monnaies étrangères ou de biens réels, y compris des cigarettes ou des bouteilles de cognac[4].
Notes et références
- ↑ Jacques Heers, Jacques Cœur, Perrin, 2008, p. 27.
- ↑ Vers 891-898 ; cf. Friedrich Hayek, Choice in Currency, A Way to Stop Inflation, The Institute of economics affair, 1976, p. 18.
- ↑ Robert Mundell, « Uses and Abuses of Gresham's Law in the History of Money », Zagreb Journal of Economics, Volume 2, No. 2, 1998. [lire en ligne]
- ↑ Friedrich Hayek, Choice in Currency, A Way to Stop Inflation, The Institute of economics affair, 1976.
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