Logique & evolution des activites de services et industrielles

Logique & evolution des activites de services et industrielles

Logique et évolution des activités de services et industrielles

Les activités de services et industrielles sont des activités essentielles au développement de la ville. Parmi elles, l’on peut citer l’industrie traditionnelle et les industries de pointes, les communications, les transports, le commerce dans toute sa diversité, les services aux entreprises etc. Cependant, et avant toute chose, l’on doit noter que le secteur des services semble assez mal cerné, du fait notamment de la multitude des petites activités et de leur croissance beaucoup plus récente que celle de l’industrie.

Conscient des distinctions qui peuvent exister dans ce domaine d’étude des activités de services et industrielles - la géographie ne s’alignant pas parmi les sciences dures - nous resterons donc prudent quant à l’étude de leurs localisations et surtout de leur évolution. On ne peut pas établir de stéréotypes; il n’y a pas de généralités, mais un ensemble suffisamment manifeste de faits comparables et concrets.

Dans la présente analyse, nous observerons plus particulièrement la ville de Toulouse, technopole, chef-lieu de la Haute Garonne et capitale de la région Midi-Pyrénées, formant un noyau influent autour duquel « gravitent » les villes alentours, imprégnées d’une même identité régionale. Nous tacherons d’expliquer l’existence de ses couronnes périphériques, et nous verrons par là même, en quoi ce type d’étude montre une corrélation évidente entre les fonctions de services et les fonctions industrielles des villes, le tout indispensable à la compréhension de la notion de réseau urbain.

À la lumière des ouvrages proposés, nous tenterons d’approfondir la lecture des documents du corpus en établissant des relations avec d’autres grandes villes françaises, et nous étudierons dans des principes généraux, l’évolution récente de ces activités en France.

Ainsi, l’on verra en quoi l’exemple de la ville de Toulouse est-il cohérent dans l’analyse des localisations et la logique des choix et conséquent dans l’évolution.

Sommaire

Logiques de localisation des services

Faibles consommatrices d’espace, de ressources naturelles, et faibles productrices de rejets polluants, les activités de services sont moins dépendantes du milieu que les activités agricoles ou industrielles – sauf tourisme. Cependant, nombres de ces activités de service ne vont pas se localiser n’importe où, car, comme toute activités productives, profitable, elles connaissent évidemment des contraintes de production et de fonctionnement, et même, peuvent être soumises aux pressions exercées par un univers concurrentiel et alentour.

Leur site d’implantation est donc choisi de façon à leur permettre un maximum d’efficacité, la proximité de la clientèle étant à invoqué comme facteur premier de localisation d’abord, la tendance cohérente à se fixer là où la main d’œuvre est qualifiée, ensuite. À l’inverse, d’autres secteurs de service ne seront pas dépendants d’une proximité spécifique. En effet, grâce aux télécommunications, l’information peut de nos jours être transportée très rapidement, sans passer par un intermédiaire concret - par exemple, le service de météorologie nationale de France a été délocalisée sur la ville de Toulouse. Plus contigu, on s’apercevra également de la tendance de certain de ces services à se localiser en banlieue - hôpitaux, pôles universitaires, aéroports…

On précisera aussi que cette déconcentration de certains services est justement incitée par ces nouvelles commodités de communications, le tout se doublant parfois d’une volonté politique manifeste, et d’un accroissement des coûts fonciers en centres-villes, fréquemment dissuasifs.

Les transports

La « présence de ce service pour l’accès à d’autres services » est primordiale, sauf lorsque la transaction n’impose pas de déplacement. Dans le domaine des services que nous étudions, il n’est pas rare que les télécommunications jouent un très grand rôle - fax, Internet, messageries instantanées, téléphone. On remarque d’ailleurs sur la carte de Lévy qu’en tant que préfecture régionale et tout ce qu’implique cette conséquence pour la ville, les communications téléphoniques de la périphérie vers la ville de Toulouse sont majoritaires - ce qui mettrait en évidence que le siège administratif détient, ou continu à être le détenteur d’une centralité notable, spécialement peut-être concernant les nombreux services. Le cas des télécommunications implique que les déplacements ne sont plus systématiques, mais d’ordre épisodique.

Les routes, facteurs de confort des migrations alternantes et dessertes relayant les infrastructures de communication internationales

Dans le domaine des voies de communication routière, l’on constate une étoile polarisant le territoire en s’étendant du centre de la métropole et se ramifiant nettement vers les banlieues et les villes environnantes. La localisation des infrastructures routières répond à des logiques territoriales propres à chaque échelle de fonctionnement.

L’autorité administrative détient le pouvoir et la responsabilité d’organiser la complémentarité des équipements routiers. Responsabilité redoutable, car la qualité des dessertes est le critère nécessaire de localisation des activités industrielles ou de service.

Ce thème sera largement développé en observant Toulouse, en deuxième partie, §1 de ce devoir.

Les transports aériens, facteurs impératif de communication nationale et internationale

Joignable par ces autoroutes, la présence d’aéroports - ici Montauban et Blagnac - est également lisible en périphérie sur la carte de l’agglomération toulousaine; en effet ce genre d’infrastructure nécessite une spacieuse quantité d’espace et doit tenter de nuire le moins possible aux domiciliés - dans la mesure du possible ce qui n’est pas toujours le cas.

Les transports ferroviaires, liens privilégiés entre les centres villes et l’ensemble des périphéries

On notera aussi la présence de gares, et pour certaines agglomérations comme Toulouse, la présence d’un métro. Ces aménagements sont localisés en centre ville. Mais le déploiement - du train, pas du métro - s’étend à l’ensemble du territoire, pouvant ainsi parfois passer par des régions parfois quasi-dessertes.

Cependant, et à titre informatif, il faut savoir que certaines gares de TGV, respectant la « droiture » du réseau et la distance demandée vis à vis des habitations en se localisant dans des déserts humains: au nom évocateur, la « gare des betterave », au beau milieu des champs, non loin de St Quentin dans le nord de la France.

La localisation de l’enseignement supérieur, entre logique administrative et développement urbain

Les secteurs de l’éducation, quoique fréquemment périphérique, se doivent de maintenir une localisation « centrale ».

L’enseignement supérieur est concentré dans la capitale administrative régionale

Si l’on prend l’exemple de Toulouse, la carte de Lévy, et celle de Vigouroux, on s’aperçoit que la ville exerce un rayonnement attractif, notamment sur les étudiants des communes environnantes. Les universités et grandes écoles de la région sont concentrées à Toulouse.

À la lecture du maillage administratif, cette concentration répond au fait que Toulouse est préfecture régionale de la région Midi-Pyrénées.

A l’échelle de la grande ville, les établissements d’enseignement supérieur s’installent sur la périphérie

Plus précisément, la majeure partie de ce secteur éducatif se concentre non pas au centre de Toulouse, mais en périphérie - l’université du Mirail, le complexe scientifique etc. Outre la volonté de protéger les centres villes du danger que représentent les populations turbulentes d’étudiants, la logique d’installation des établissements éducatifs supérieurs sur la périphérie rejoint celle des industries et des services : accessibilité pour les usagers provenant en majorité de la zone d’influence, besoin d’espace offrant des possibilités d’agrandissements, coût foncier moindre qu’en centre ville.

La localisation des services de santé, centralité régionale, périphérie urbaine

Le secteur de la santé retrouve sensiblement les mêmes logiques de localisation que celle de l’éducation à quelques impératifs prêts.

À l’échelle régionale, on retrouve la concentration des grands établissements de santé au sein de la ville fréquentée par les habitants alentour.

Mais c’est en périphérie de cette ville d’influence que se trouvent localisés les CHU par exemple, relevant d’une logique d’efficacité en termes d’urgences médicale, leur accès devant être facilité et rapidement accessible par les autoroutes. On notera ceux de Rangueil et de Purpan dans la périphérie de Toulouse.

La localisation de la grande distribution, compromis entre accessibilité et potentialité d’agrandissement

Les activités de service tendent à être très mobiles, i.e. en s’implantant là où sont, sont en train, ou seront, les entreprises.

De même, il est remarquable sur la carte de Di Meo, au doc. 4, que les services de nature commerciale cette fois - grands centres de distribution - se localisent nettement soit en périphérie du centre historique, soit aux abords de la banlieue, proche de sorties autoroutières, et donc très accessibles d’accès pour les consommateurs quotidiens, et potentiellement « développables » si nécessité il y a.

Là où, par exemple, l’implantation de nouvelles entreprises va brasser encore plus de résidents, d’où nécessité d’accroître ou de multiplier les centres commerciaux.

Le commerce de luxe se concentre au cœur de la grande ville

À l’inverse, un commerce de luxe, fréquenté de façon épisodique ne peut supporter que quelques localisations. Toujours sur la carte de Di Meo, l’on s’aperçoit que ce type de services est très localisé, rare de surcroît. Et, simultanément, sa zone d’influence est alors très ample. C’est principalement pour cette raison qu’il se localise en centre ville.

À l’échelle du quartier, le commerce de luxe ne se localise que dans quelques rues du centre ville. On pensera ici à la théorie de Christaller, selon laquelle la localisation est fonction de la fréquence de chalandise.

La localisation contrainte des services à vocation touristique

À l’échelle de la ville, les services administrant les pôles touristiques se localisent essentiellement là où le patrimoine est riche et exploitable, dans la vieille ville essentiellement.

Dans le domaine culturel, entre tradition et modernité, la ville de Toulouse s’est profondément investie, par exemple en réaménageant des vestiges de l’ancienne ville; à titre d’exemple, ses abattoirs réhabilités en centre d’art contemporain, ou bien en aménageant des parcours culturels au sein de son riche héritage architectural - l’église St Sernin…

Pour Toulouse, bien pourvue en variété de sites, ce sera des stations balnéaires ou des équipements destinés aux sports d’hivers.

À noter qu’à la logique de ce type de services, purement géographique, peut s’ajouter l’agencement de parcs attractifs, eux aussi bâtis en périphérie.

La localisation des services aux entreprises, essentiellement déterminée par celle des entreprises clientes

Un autre type particulier de services est celui destiné aux entreprises. L’on ne les distingue pas clairement sur les documents, mais il paraît essentiel de les mentionner, parce que l’on s’accorde aujourd’hui à considérer ce type de services comme des activités motrices, au même titre que les activités proprement industrielles, en raison de leur nature exportatrices et de leur effets multiplicateurs sur les revenus et l’emplois, et tel que le soutient Hansen (en 1994) « jouant un rôle stratégique dans l’augmentation de la productivité ».

Le développement spontané du secteur des services aux entreprises s’effectue d’abord là où le marché est concentré. Pour cela, les métropoles rendent des perspectives séduisantes aux divers centres sociaux des grandes firmes et promeuvent les marchés locaux ou régionaux aux entreprises. En effet, le succès dépend largement de l’image portée par la ville.

Toute agglomération dotée d’un espace industriel important, voire prédominant, dispose des concentrations efficaces d’activités : des services financiers, d’exportation, d’importation, de négoce, de logistiques, d’information, de juridiction, de conseil, de publicité, ou bien encore de marketing… L’agglomération toulousaine, forte de ses performances industrielles et technologiques ne peut se passer des services, profondément ancrés dans le mécanisme économique. Par exemple, l’ouverture internationale développe vigoureusement le marché, et les entreprises tendent à accroître leurs compétences à l’international.

Ces services liés aux entreprises, manifestant jusqu’à lors une nette préférence pour les localisations centrale, tendent à se décentraliser vers la périphérie, de manière à être plus immédiat aux entreprises. Par conséquent, ces services s’implantent où le fonctionnement sera efficace et florissant, et pour cela, ils nécessitent des équipement satisfaisant, des accès facilités, de même qu’une circulation fluide, donc, la recherche d’endroits particulièrement bien desservis. Logique complètement analogue et complémentaire à celles des industries.

La logique centrifuge de localisation des industries

L’industrie dispose d’un très grand choix de localisations, la principale condition étant évidemment de trouver la solution la plus avantageuse à moyen et long terme.

En effet, contrairement aux activités agricoles, il n’est pas question du sol comme ressource principale - bien qu’un espace suffisant puisse permettre un prolongement éventuel.

Cependant, les contraintes de production imposent aux industries des localisations en périphérie des villes.

Les industries n’ont plus une si grande latitude quant à leur implantation dans les milieux urbains. En effet, nombreuses d’entre elles, soit manquant d’espace, soit trop polluantes se sont vue prévoir des sites en périphéries.

Exemple notable de l’agglomération Toulousaine, où la totalité des espaces industriels et technologiques s’inscrivent au sein d’une couronne bien distincte du « centre ville ».

Et les politiques publiques influent et accompagnent la localisation des industries.

Aussi, dans le cadre d’une politique de soutien à la création d’entreprises, les villes mettent souvent en place les moyens permettant de favoriser l’émergence et le développement de projets innovants. Ainsi, des pépinières d’entreprises offrent un ensemble de services, accompagnant les porteurs de projets en facilitant l’accès aux réseaux d’entreprise et aux partenariats et en développant des capacités d’appuis dans le cadre d’un processus d’internationalisation des entreprises hébergées. Toulouse à parfaitement assimilé cette procédure, par exemple en prêtant un certain nombre de venture capital ou/et en exonérant de taxes diverses et pour un temps donnée, l’ensemble des sociétés éligibles – et donc potentiellement efficaces- sur son terrain.

On observera ici que la théorie de Weber ne se vérifie plus pour ce type de localisations.

Pour les industries, accessibilité et intelligence des infrastructures de desserte sont les premiers critères de leur choix d’implantation

Toute activité industrielle souhaite être bien desservie et tient compte du coût de l’emplacement choisi, ce dernier étant estimé en fonction de l’importance de l’emprise et de ses possibilités d’extension.

Les activités de production privilégient l’accessibilité de leurs unités de production à l’échelle nationale et internationale. La distance avec l’environnement économique partenaire est mesurée en unité de temps de transport.

D’où la nécessaire mise en œuvre d’une intelligence des infrastructures de desserte des personnes et des biens, tenant compte des facteurs de visibilité et d’image des entreprises.

La nécessaire accessibilité à l’échelle locale

Toulouse illustre un exemple parfait de ce type d’accessibilité. Plusieurs autoroutes assurent les liaisons avec d’autres villes de la région et la grande banlieue, et ce, en direction de Montauban, Albi, Carcassonne, Muret, Saint-Gaudens, etc. Ces autoroutes se raccordant depuis 1988 à un grand périphérique à trois voies. Et, il est remarquable, à la lecture d’une carte de grande métropole, de constater l’« accolement » des espaces industriels et technologique à ces voies de communication routières.

Se placer sur le réseau de desserte international

De même, à l’exemple de toute grande agglomération attractive, Toulouse jouit d’un aéroport orienté notamment sur Paris – une cinquantaine de vols vers la capitale et par jours – et sur des lignes internationales également.

À savoir aussi qu’une desserte collective tel que les transports ferroviaires, qu’il s’agisse du train, du TGV ou du métro, joue un rôle d’importance, du fait des commodités procurées à l’ensemble des employés, évidemment essentielle. L’exemple de Toulouse prouve que cette extension des voies de communication poursuit sans cesse son expansion, à preuve et par exemple, la construction d’une seconde ligne de métro l’année prochaine, ou bien encore la multiplication des voies autoroutière. Seul hic, Toulouse est laissé à l’écart du réseau TGV reliant Bordeaux et Montpellier à la capitale ; elle reste donc dépendante du transport aérien, domaine, qui d’ailleurs commence à maintenir des perspectives sur l’élaboration d’un deuxième aéroport, plus éloigné, et par là même, créant moins de nuisance sonore.

La présence d’une main d’œuvre motivée, de qualité, deuxième critère de localisation des industries

Être proche du gisement de main d’œuvre

Vient ensuite la disponibilité de la main d’œuvre, sa qualité, son coût, et son degré de qualification souhaité. Il faut donc une certaine proximité des lieux de résidences du personnel. Cet avantage pour le décideur est aussi celui du personnel, et correspond à l’une des caractéristiques des zones périphériques densément urbanisées, manifeste dans l’agglomération toulousaine par exemple.

Bénéficier d’une main d’œuvre motivée

Parallèlement, le facteur du cadre de vie ne doit pas être négligé de ce type d’analyse; en effet, ce que l’on pourrait appeler « l’ambiance » d’une ville, contribue à un atout particulièrement estimable et ample de bénéfices. Toulouse, par exemple, a su mettre en valeur son patrimoine, et ceci grâce à ses équipements déployés par des politiques engagées; de ceci, elle est devenue une ville à grand pouvoir d’attraction. De même, le cadre physique d’une région participe à choisir plus qu’une autre. Il est très envisageable que ce facteur influe grandement sur le psychisme des habitants, et donc du personnel potentiel. L’attrait touristique, le cadre de vie, le rôle de la qualité de l’environnement, prend une place croissante dans les stratégies d’implantations. C’est un atout manifeste, qui intervient pleinement dans un choix de localisation - notamment dans les régions méridionales. Toulouse, quant à elle, disposant à la fois des champs de neiges des Pyrénées, et des plages languedociennes.

La contiguïté des pôles d’excellence et d’innovation, troisième critère de localisation des industries

Enfin, vivier de matière grise, la proximité des pôles universitaires et des grandes écoles, demeure l’atout décisif du choix de localisation industrielle.

Être en symbiose avec les cadres et les techniciens de demain

Cette accumulation de futurs actifs générant plusieurs dizaines de milliers d’emplois, prévaut à l’implantation de grand projet industriels et scientifiques, publics ou privés, contribuant souvent à de grands projets européens. Cette dynamique économique est un élément clé de l’attraction démographique. Forte de ses 115.000 étudiants l’agglomération de Toulouse a parfaitement su en tirer le meilleur des profits.

Participer à la dynamique du pôle industriel et technique

Capitale européenne de l’espace, cette technopole accueille des centres de recherche et des entreprises reconnues au niveau international dans le domaine de l’activité spatiale. Exemple tout récent que celui de l’aménagement du parc aéronautique Aeroconstellation en périphérie - près de l’aéroport, à Blagnac - consacré à la réalisation de l’A380, défit mondial accompli. On peut aussi parler de sa compétence pour la conception de systèmes embarqués, et du développement constant des biotechnologies. L’on retrouve les mêmes démarches pour d’autres grandes agglomérations telles que Rennes, Lyon, Bordeaux…

Évolution de la localisation de ces activités : la remise en cause du schéma – industrie motrice – services induits

Diverses et complexes, les activités de services ont une croissance rapide, que quatre facteurs expliqueraient : l’évolution du secteur de l’informatique et de la communication, la mondialisation de l’économie, le nouveau mode d’organisation des entreprises et la spécialisation des tâches, et enfin, l’intervention des pouvoirs publiques.

Tout ceci remet en cause les classifications trop simplifiées, à savoir celles qui jugent les industries comme motrices, et les services comme induits. En effet, couramment il est d’usage de placer l’épicentre des élans de croissance dans le secteur industriel, or, l’observation empirique montre pourtant que les activités de services ne se développent pas à la même vitesse, le tout très probablement lié aux changements hiérarchiques des villes, et avantageant par là même, les agglomérations bien dotées en activités dynamiques.

Les activités situées en périphérie des villes sont de plus en plus autonomes de celles situées dans les murs

Ayant tendance à se décentraliser en périphérie, ce mouvement n’affecte pas au même degré tous les services, ni toutes les villes. Si tel est le cas, la périphérie à une propension à évoluer vers une plus grande autonomie, au point même de parfois rompre la complémentarité qui s’accomplissait avec le centre. C’est le cas en France pour les services de transports, de communication et de « gros ». Ces phénomènes d’extensions urbaines sont bien visibles sur le travail de G. Di Meo Migration des fonctions dans la ville européenne et nous indique clairement en parallèle, une exurbanisation des commerces, des centres d’agrément, de bureaux et de sièges d’affaires, vers la périphérie des villes.

La localisation des services évolue selon un modèle couramment rencontré aux États-Unis

Si cette cohérence touchait l’ensemble des activités de services de façon encore plus systématique, l’on verrait régresser l’importance économique des centres villes. Ainsi, et à l’heure actuelle, rien ne peut permettre de garantir la conservation de la densité économique des centres métropolitains de France et d’Europe, et il ne serait pas impossible que leur logique d’évolution convoite les jalons d’un modèle américain.

Tel que le confirme Pierre-Yves Léo de l’Université de Marseille, « la tertiarisation est donc le vecteur d’une transformation des métropoles, marqué par l’extension et l’autonomisation des économies périurbaines » en soulignant que ce type d’évolution n’est pas encore général, et même n’est pas obligatoirement négative, du fait que « certains centres trouvent dans ces services avancés, de nouvelles sources d’emplois ».

Tandis que certaines villes semblent nettement se convertir dans des services spécialisés – Lille, Annecy – ou bien encore vers des services de consommation – Toulon, style de schéma propre aux localités de villégiature - on maintiendra que certaines villes entretiennent d’avantage leur potentiel industriel, comme Toulouse, essentiellement basée dessus.

Les stratégies de localisation des industries évoluent selon des échelles toujours plus grandes

Dans le domaine des activités industrielles, il est notable que la désindustrialisation urbaine, depuis les années cinquante, et touchant les agglomérations, n’est pas directement due à l’exurbanisation, mais à son origine. Tel que l’écrit B.Mérenne-Schoumaker, l’on trouve des « facteurs d’expulsion du milieu urbain », favorisés par les pouvoirs publics dans un cadre d’aménagement du territoire. En effet, il est courant qu’on cesse d’investir dans des installations inadaptées, en ne les amenant pas vers les nouvelles techniques, et ce, dans le but de les faire migrer en périphéries – ou de les faire disparaître. Il est aussi notable que l’encombrement des « centres ville », l’absence de parking, l’éloignement des autoroutes, ou bien même quelques formes d’incompatibilité avec le voisinage, suggestionne vivement de pallier ce genre de désagrément fâcheux face à l’impulsion assidue et efficace de ce type d’activités...

L’on notera également, en rapport avec sa localisation, un phénomène de spécialisation du secteur industriel; de nos jours, si les industries souhaitent subsister et donc s’ouvrir sur le continent européen, elles ont tout intérêt à être compétitives, et donc à se spécialiser dans une production particulièrement performante et exceptionnelle d’un bien particulier. C’est le cas de l’atelier d’assemblage Aéroconstellation où sont associées les morceaux d’avions manufacturés isolément à différents endroits - les réacteurs Rolls Royce sont britanniques, le site de Getafe en Espagne fournie l'empennage horizontal, les trappes du train d’atterrissage principal, des sections de la partie arrière du fuselage et la dérive, en Allemagne est conçu le système informatique de la cabine etc. Vaste énumération ! Quoi qu’il en soit, on remarquera ici encore que le rôle et l’aptitude des transports sont inéluctables dans une telle entreprise, le convoyage des pièces étant vraiment titanesque…

Dans la perception des services et l’industrie, les territoires périphériques et la grande ville fusionnent en une aire d'influence

Simultanément, telle qu’en informe la carte de Vigouroux de 1979-80, les villes émergentes, devenues « villes centres » acquièrent de plus en plus d’importance et d’influence auprès des habitants alentour, et il n’est pas étonnant que l’ attractivité de ces villes en soit renforcée. Encore une fois, Toulouse donne un exemple parfait de ce type de mutations; en tant que préfecture régionale, détient la plus grande part d’attirance. En somme, la réunion des cartes de Vigouroux et de Lévy présentent l’espace de la ville attractive comme un enclos d’influence - pour la population des environs, voire davantage - défini par une culture régionale propre - avec par exemple la lecture du quotidien local, pour les alentours de Toulouse La Dépêche du Midi - et de plus en plus autonome.

Conclusion

L’étude des logiques de localisation des fonctions de services et des industries dans les villes montre un certain nombre d’exigences communes: la qualité de l’accessibilité en matière de communication, une « main d’œuvre » disponible et compétente, et, parce que ces pôles présentent une certaine autonomie - voire totale dans certain cas - bénéficient de tous les avantages de la contiguïté d’une grande ville influente, donc la proximité d’une métropole dynamique. Parallèlement à ces exigences, on aura perçu une corrélation manifeste entre les secteurs industriels et de services, et parfois même une véritable interdépendance entre activités -flagrante dans les services liés aux entreprises par exemple - mais, soulignons le encore, ne réclamant pas nécessairement une contiguïté évidente avec celles-ci.

En termes d’évolution, on aura cependant noté un phénomène de décentralisation générale des activités industrielles, et une tendance à faire de même pour les activités de services. Un phénomène de spécialisation aussi, notamment pour le secteur industriel - s'il veut se frayer une place et maintenir ses compétences au niveau européen et mondial.

À savoir qu’un processus similaire s’exerce sur certaines activités de services en pleine progression et dans certaines agglomérations à vocation non industrielle. Le tout tendant vers une autonomisation des périphéries à laquelle s’opère parallèlement une internationalisation croissante de certaines activités - transports, voyage, services marchands.

La « ville centre » telle qu’on la nommée précédemment, tend donc à s’étendre - du centre vers la banlieue, et le territoire tend à se polariser.

Deux scénarios distincts résultent de ce phénomène de dilatation :

  • Soit la « ville centre » devient de plus en plus attractive et influente, en maintenant ses sommets décisionnels,
  • soit c’est la périphérie qui acquiert progressivement de plus en plus d’autonomie, la « ville centre » conservant uniquement son image et s’ouvrant alors à de nouvelles activités.
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