Angoleiros

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Capoeira

Capoeiristes

La capoeira est un art martial afro-brésilien qui puise ses racines dans les méthodes de combat et les danses des peuples africains du temps de l'esclavage au Brésil. On situe l'origine de ces techniques en Angola, une ancienne colonie portugaise.

Une forme très analogue, aussi bien dans les gestes que dans les rythmes, est d'ailleurs connue et pratiquée dans tout l'océan Indien sous le nom de Moringue depuis plusieurs siècles. La capoeira est un art martial qui utilise beaucoup les pieds car les mains des esclaves étaient enchaînées. Au début, les mouvements étaient très proches du sol (copiés sur les mouvements des animaux) mais avec l'arrivée de peuples orientaux avec leurs propres techniques d'art martial, la capoeira a développé les coups de pieds et de nombreuses acrobaties.

Sommaire

Étymologie

Le mot portugais capoeira désigne une clairière. En français, on pourrait le traduire par « herbe rase ». Par extension une analogie de l'endroit où étaient parqués les esclaves durant la domination portugaise (appelés aussi Senzalas ou cases).

Selon d'autres le mot désignerait une herbe sauvage qui poussait sur les chemins empruntés par les esclaves en fuite.

L'origine même de la capoeira en tant que telle est plus vague. Certains la placent comme un des héritages rapportés des esclaves venus d'Afrique. Cependant beaucoup d'études sur ce sport la voient plutôt naître dans les « Quilombos » au Brésil. Les « Quilombos » étaient des lieux souvent cachés au milieu des forêts où les esclaves échappés venaient se regrouper. Un des « Quilombos » les plus connus et souvent récurrent dans les chants de capoeira était le « Quilombo de Palmares ».

Histoire

La capoeira est, semble-t-il, apparue entre le XVIe et le XVIIIe siècle au Brésil. Le premier document connu remonte à 1789, à Rio de Janeiro. Elle était alors exclusivement pratiquée par les esclaves noirs. Elle se distingue des autres arts martiaux par son côté ludique et souvent acrobatique (La capoeira est un mélange de danse et de style de combat, la danse cachant ainsi le caractère de combat, nettement utilisé par les tribus sous l'esclavage afin de masquer la violence de la danse[réf. nécessaire]). Les pieds sont très largement mis à contribution durant le combat et les « joueurs » prennent souvent position en équilibre sur les mains pour effectuer leurs mouvements de jambes.

Il s'agissait à l'époque pour les esclaves de s'entraîner au combat, sans doute en prévision d'une fuite prochaine. Pour ne pas être reconnue comme un art de combat qui aurait été évidemment réprimé, les esclaves la déguisèrent en danse rituelle.

Capoeira ou la danse de la Guerre par Johann Moritz Rugendas 1835

Longtemps interdite et réprimée car considérée comme pratiquée par les brigands et malfrats en tous genres, la capoeira se pratiquait dans la rue, et les « capoeiristas » ou « Capoeira » causaient des désordres. Dans les années 1930, Mestre Pastinha, créateur de la « capoeira Angola » puis maître Bimba créateur de la « capoeira régional » (1900-1974) ont créé la première école (payante), d'abord tolérée, puis autorisée officiellement, à condition de rester entre ses quatre murs. La capoeira de rue continuait à être réprimée.

Dans l'école de Mestre Bimba, pour signaler le niveau des élèves, chacun avait un foulard de couleur autour du cou en fonction de son niveau. Puis, avec l'essor de la capoeira, le Brésil a vu apparaître de nombreux groupes et, vers 1970, un groupe qui souhaitait pratiquer la capoeira a créé un système de cordes à l'image des ceintures de couleur du karaté qui était tellement à la mode. Néanmoins, il n'y a pas d'uniformité entre les différents groupes de capoeira en ce qui concerne les couleurs des cordes. Chaque groupe a un classement de couleur qui lui est propre. La plupart du temps, la première corde est la blanche, qui représente la virginité et à qui on doit tout apprendre, mais parfois, cela peut être vert clair en signe d'un fruit qui n'a pas encore atteint maturité. Dans certains groupes la corde blanche est celle des « Maîtres » eux-mêmes. Cela prouve les différences parmi les groupes.

Les années 1980 et le renouveau des mouvements de conscience noire ont favorisé l'apparition des groupes qui cherchaient à se rapprocher de la tradition. Dans les mêmes années, des professeurs de capoeira se sont installés un peu partout dans le monde.

Au niveau international, la discipline de la capoeira est majoritairement organisée en groupes, eux-mêmes composés d'académies et d'écoles. Chaque groupe possède ses propres aspirations, pratiques et coutumes, tout en conservant la base culturelle commune de la discipline.

Roda

La principale caractéristique de la capoeira est la roda, elle en est la parfaite illustration. La roda (ronde en français) est la ronde que forment les capoeiristes lors des confrontations qui sont appelées « jeux ».

Elle met en scène tous les aspects de la capoeira : l’aspect martial avec ses combats et l’aspect artistique avec les « flores » (acrobaties), les chants et les instruments typiques de la capoeira. Le jeu symbolise le combat, l'expression corporelle et la conversation non verbale entre les deux partenaires. Cette ronde, qui délimite l’espace de jeu, sert surtout à créer une ambiance propice au spectacle. En effet, cette roda crée, par ses chants et ses rythmes brésiliens, une ambiance festive et chaleureuse qui « donne de l’énergie » aux capoeiristes qui s’affrontent au centre.

Dans une roda typique on retrouve les instruments traditionnels de la musique brésilienne suivants :

La personne qui tient le berimbau gunga (qui produit le son le plus grave) contrôle la roda. C’est elle qui décide du rythme de la musique et donc du type de jeu que doivent produire les capoeiristes au centre de la roda, et c’est elle qui décide du début et de la fin de la roda.

Dans la Capoeira Angola, la composition la plus fréquente est :

Il existe deux styles bien distincts : Angola et Regional. La Capoeira Angola est la capoeira traditionnelle telle qu'elle fut nommée par Maître Pastinha qui souhaitait conserver les coutumes ancestrales qui y étaient associées en réponse à la création de la capoeira Regional par Maître Bimba qui, lui, souhaitait affranchir cet art de tout ce qui pouvait le rendre moins efficace en combat.

Le capoeiriste qui chante influe également sur le « jeu » (jogo) produit au centre de la roda. En effet, les chants qui accompagnent le rythme des instruments sont souvent porteurs de sens : ils racontent une histoire qui met en avant certaines valeurs ou simplement des caractéristiques de jeu qu’il faut essayer de reproduire dans la roda. Un bon capoeiriste doit savoir interpréter le rythme et les chants afin de produire un jeu qui corresponde, c’est-à-dire adapter sa vitesse et ses mouvements au rythme des instruments et mettre en pratique les valeurs ou caractéristiques de jeu dont il est question dans les chants. Par exemple un jeu plein de malice (mandinga), ou d’acrobaties, ou encore de mouvements d’animaux.

Le démarrage de la roda suit un rituel précis. Une fois la ronde formée, deux capoeiristes viennent s’accroupir au pied du berimbau central et patientent. C’est à ce moment que les instruments entrent en action dans un ordre bien précis : le berimbau central commence seul, ensuite les deux autres l’accompagnent, puis c’est au tour de l’atabaque, ensuite le pandeiro et enfin l’agogo. Quand tous les instruments sont en action, un capoeiriste commence à chanter : il chante seul les couplets et la ronde entière reprend les refrains en chœur. Et c’est uniquement lorsque la roda chante le premier refrain que les deux capoeiristes qui étaient en attente peuvent commencer à « jouer ». Ensuite, les autres capoeiristes peuvent prendre la place d’un des deux protagonistes en passant au préalable s’accroupir au pied du berimbau central.

Écoles

La capoeira est enseignée dans des écoles spécialisées, appelées académies, où règne une hiérarchie très précise entre le Maître (o Mestre) et ses élèves. En dessous du Maître, il y a le contre-maître (ou mestrando), puis le professeur, l'instructeur et le moniteur (ou graduado). Les moniteurs peuvent commencer à donner des cours aux enfants ou assister une personne plus gradée, mais c'est généralement à partir du grade d'instructeur que l'on donne des cours de capoeira. La discipline et le respect mutuel sont des valeurs fondamentales de cette pratique.

Dans la capoeira sportive, les différents niveaux de technicité d'un capoeiriste peuvent être sanctionnés (un peu comme au judo ou au karaté) par la remise d'un cordon de couleur, chaque couleur correspondant à un grade ou degré de connaissance (technique, histoire, chants, instruments, etc.). Le grade n'atteste pas uniquement des capacités techniques du pratiquant, mais récompense aussi son niveau d'investissement, d'implication dans son école ou son groupe (organisation, participation aux manifestations, etc.).

Quelques groupes, surtout les plus traditionnels, n'utilisent pas de grades. S'ils sont utilisés, le nombre de grades ainsi que les couleurs des cordes leur correspondant ne sont pas identiques pour tous les groupes. Les groupes pratiquant la Capoeira Angola n'utilisent pas de grades ni de ceintures.

Batizado

Le Batizado est le passage de grade. Il signifie « baptême ». Il clôt généralement une semaine de stage (ou moins), avec l'intervention de personnes gradées venues de tout le globe. Un Mestre doit être présent. Entre chaque niveau, il y a de petits spectacles de danse, de chants, de musique... préparés par les élèves, ou des démonstrations de capoeira avec les professeurs, instructeurs.

Les élèves sont appelés par leur nom de capoeira. Ensuite, un par un, ils jouent avec l'un des professeurs, jusqu'à être mis à terre, afin d'être intronisés dans le monde de la capoeira, et ainsi recevoir leur première corde. Une fois que tout le monde de même niveau est passé, les élèves jouent entre eux. Puis on leur remet leur corde, équivalente – par analogie – à une ceinture dans d'autres arts martiaux.

À partir de la seconde corde, les élèves ne jouent plus avec les professeurs mais entre eux, puis reçoivent leur corde.

Maculelê

Le Maculelê fait partie de la vie, de l'histoire de la capoeira.

Le maculelê est une danse pratiquée dans toutes les académies ou écoles de capoeira. Ses origines remontent aux coupeurs de canne à sucre qui s'entraînaient avec leurs machettes. C'est une danse rythmée par l'atabaque. Les joueurs de maculelê forment une roda autour de l'atabaque. Ils font la ginga au rythme de l'instrument, et frappent entre eux deux bâtons, appelés grimas, qu'ils tiennent dans leurs mains, faits traditionnellement de bois de biriba. À l'origine, les joueurs de maculelê utilisaient des machettes ou des sabres, aujourd'hui remplacés par les bâtons pour plus de sécurité, bien que certains groupes jouent encore avec des machettes ou des sabres.

Samba de Roda

La Samba de Roda est une autre forme de danse pratiquée dans la capoeira, rythmée par le sons du berimbau, du pandeiro et de l'atabaque.

Les capoeiristes forment une roda. La samba de roda n'est pas réglementée, mais libre. C'est un moyen pour les joueurs de s'extérioriser, de faire la fête entre eux. Pratiquée par tous les capoeiristes, elle nécessite un jeu de jambe rapide, demandant de nombreuses heures de pratique.

Quelques mouvements de capoeira

Voir l’article annexe : liste des mouvements de capoeira.
  • Ginga est le mouvement de base. Il peut être plus ou moins comparé à la garde de boxe, mais la ginga est plus complexe, en cela qu'elle n'est pas fixe. La base de la ginga est facilement maîtrisée au bout de 2-3 semaines. Cependant ce mouvement est sans cesse améliorée par le pratiquant, par de subtiles différences acquises par l'expérience. Ces différences peuvent caractériser en partie son "style".

Positions

Acrobaties

  • (roue)
  • Estrella = Au sem mao (roue sans les mains)
  • Au de costa
  • Au giratoria (roue pendant laquelle on effectue une rotation sur la deuxième main)
  • Borrão
  • Helicoptero
  • Macaco (macaque) mouvement relativement semblable au flip arrière, seulement une seule main est posée au sol et on se lance en arrière. Il n'y a pas besoin de sauter.
  • Macaco em pé
  • Meia lua reversão
  • Queda de rins
  • Au batido ou « amazonas », figure classique consistant à donner un coup de pied sur une main.
  • Salto mortal Salto arrière.

Coups de pied

  • Martelo est un coup de pied donné en se positionnant une jambe en arrière et en lançant cette dernière directement en avant avec le dessus du pied sur le côté de l'adversaire.
  • Armada est un coup de pied donné en se positionnant une jambe en arrière en pratiquant une rotation du côté de la jambe arrière et en lançant cette dernière en tournant autour du pied de pivot.
  • Armada de costa / Rabo-de-arraia
  • Armada pulada
  • Cabeçada (coup de tête) coup porté avec la tête.
  • Meia lua de compasso est un mouvement de capoeira. Il s'agit d'un coup de pied donné en positionnant les deux mains au sol entre les jambes (une main devant et une main derrière les jambes ), et en lançant la jambe inverse du bras en avant tel le mouvement d'un compas
  • Meia lua de frente
  • Parafuso
  • Evergado
  • Chapa / esporão
  • Chapa giratoria
  • Esporão
  • Benção littéralement « bénédiction » en portugais, c'est un coup de pied frontal porté face à l'adversaire avec le plat du pied, appelé Chapa en capoeira Angola
  • Ponteira (aiguille). Coup de pied frontal porté face à l'adversaire avec la pointe du pied.
  • Queixada
  • Gancho
  • Chapeu de couro (chapeau de cuir) / Martelo do chão (martelo de sol). Martelo lancé depuis negativa
  • Double chapeu de couro

Esquives

  • Cocorinha est une esquive où l'on se met accroupi avec les deux mains de part et d'autre du visage.
  • Negativa est une esquive où l'on doit se positionner assis sur un talon et l'autre pied doit être positionné de côté, le genou fléchi.
  • Negativa de angola
  • Esquiva de lado
  • Esquiva de tronco
  • Esquiva de frente

Autres

  • Rasteira : avec une jambe en arrière par rapport à l'autre, il faut prendre de l'élan puis s'accroupir avec la jambe avant. La jambe accroupie sert à tourner tandis que l'autre reste gainée et en avant pour faire tomber l'adversaire.
  • Tapa (galopante) consiste à mettre une gifle à l'adversaire. Cela se traduit par « claque » en français.

La capoeira dans les médias

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

Livres

  • Julien apprenti capoeira, Fabienne Gambrelle, Éditions Capoeira Paname, 2005
  • Capoeira, Bahia, Arno Mansouri, Éditions Demi-Lune, 2005
  • Capoeira, danse de combat, Arno Mansouri et Delphine Loez, Éditions Demi-Lune (et Asa), 2005
  • Le Petit Manuel de capoeira, Nestor Capoeira et Gilles Cheze, Budo Éditions, 2003
  • Capoeira - Les bases techniques, Mestre Paulinho Sabiá & le groupe Capoeira Brasil, Éditions I-Prod, 2006
  • Maître Bimba, le capoeiriste au corps magique, Muniz Sodré, biographie, T.J. Sanz éditeur, Bruxelles, 2007
  • Iúna, l'oiseau mystique de la capoeira, Luis Carlos Bonates, T.J. Sanz éditeur, Bruxelles, 2007,
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