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Affaire Lockheed
L’affaire Lockheed est un scandale politico-financier qui a éclaté au Japon en 1976. Il s'agissait d'une affaire de corruption des élites nipponnes, mêlant organisation criminelle et milieu des affaires japonais, à la CIA. Y étaient notamment mêlés, le premier ministre de l'époque Kakuei Tanaka qui a alors quitté ses fonctions, et Yoshio Kodama célèbre parrain de la mafia japonaise.
Contexte politique
Après la Seconde Guerre mondiale, une constitution démocratique et libérale voit le jour au Japon, sous la pression des autorités américaines d'occupation. Un régime parlementaire de type occidental est alors instauré.
À l'époque, le parti politique prédominant est le Parti libéral démocrate (PLD). Il est issu d'une récente fusion du Parti libéral et du parti progressiste coalisés depuis 1946, d'où il a acquit le nom de Jimintō. Or le Jimintō compte un nombre d'adhérent qui, additionné aux organismes satellites est très important. Cette popularité considérable et ces ramifications dans le monde des affaires ont permis au Jimintō de d'amasser d'importants fonds, et sans doute de le prédestiner au système de corruption et de pots-de-vin qui s'est ensuite mis en place sous l'égide de CIA.
La contribution des différents acteurs américains
Les fonds des opérations successives ont été allégués aux spécialistes du courtage monétaire employés par la CIA. L'entreprise new-yorkaise Deak & Company, a elle assuré les transferts occultes des capitaux de la Suisse au Japon.
L'affaire
L'affaire commence en 1957 quand le représentant de la célèbre firme aérospatiale Lockheed, John Kenneth Hull, décide de s'installer au Japon. Il lui a été donné pour mission de vendre le Starfighter, un modèle d'avion de chasse, à l'armée nipponne.
Pour ce faire, John Kenneth Hull prend contact avec Taro Fukuda, un proche de Yoshio Kodama, figure majeure du crime organisé. Ce dernier, bénéficie d'un important réseau relationnel composé de hauts fonctionnaires, ce qui lui confère une influence considérable. Yoshio Kodama demande alors l'appui du premier Ministre de l'époque, Nobusuke Kishi et Banboku Ōno, alors vice-président du Parti libéral démocrate. L'agence nationale de la Défense nipponne se détourne finalement du Grumman F-11F, modèle concurrent du Starfighter. L'opération connaît un immense succès, un total de 210 F-104J sera construit, trois par Lockheed, 29 par Mitsubishi avec des composants fabriqué de Lockheed et 177 entièrement par Mitsubishi sous licence, si bien que le constructeur américain fera de nouveau appel à Yoshio Kodama par la suite.
En effet le L-1011 Tristar, un appareil de transport civil, doit être vendu. Yoshio Kodama fait cette fois-ci appelle à une autre de ses connaissances, Kenji Osano, un proche du ministre du commerce international et de l'industrie, intime du futur premier ministre japonais Kakuei Tanaka.
Le marché est finalement conclu avec l'entreprise Lockheed, et plusieurs dizaines d'appareils vendus, dès l'accession au pouvoir de Kakuei Tanaka. L'ensemble des services rendus par Yoshio Kodama lui permettront de toucher entre douze et treize millions de dollars.
En 1976, le scandale retentit. Les activités de la CIA au Japon sont dévoilées, dont son rôle dans l'avènement des élites politiques. Kakuei Tanaka est contraint de démissionner, Yoshio Kodama est anéanti, il quitte la scène politique et se réfugie dans sa propriété. Il est écrasé par les pressions exercée par les médias, et fait face à de nombreuses attaques qui jamais n'aboutiront. Néanmoins, il a dû pour le première fois rendre compte de ses agissements criminels devant les tribunaux.
L'ampleur de l'affaire est telle que Henry Kissinger prétend dès la révélation de l'affaire, que les éléments divulgués mettent en péril la sécurité nationale des États-Unis.
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Catégorie : Corruption
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