- André Laude
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André Laude, né le 3 mars 1936 à Paris où il est mort le 24 juin 1995, est un poète et journaliste français.
On a écrit d’André Laude qu’il était un « soleil noir de la poésie ». Noir d’une existence. Noir du refus anarchiste de se soumettre. Noir du désespoir qui a souvent accompagné son existence et qui a contribué à sa fin. Soleil de la révolte qu’il a toujours porté très haut. Soleil de l’éclairage qu’il a donné de l’œuvre des autres : amis et compagnons trop méconnus, artistes emprisonnés et bâillonnés. Soleil des mots qu’il a aimés.
Sommaire
Biographie
Il est le fils d'Olga Louazon, de famille bretonne, qui meurt prématurément en 1938, et de Ferdinand Laude, ancien mineur dans le Nord et d'origine occitane. On comprendra que son enfance ait été fortement marquée par la guerre. Son père se remariera et l'enfance de André Laude se passe à Aulnay-sous-Bois.
Il cesse ses études en 1953 et deux rencontres vont déterminer ses engagements futurs. Celle avec Serge Wellens le fait entrer dans l'univers de la poésie et de la petite édition, celle avec Michel Donnet l'initie au communisme libertaire et le conduira aux combats politiques qui seront les siens. La guerre d'Algérie sera le premier de ceux-là. Il se partage entre voyages et écriture, poésie et militantisme. Le reste de son existence n’est qu’une suite de dates de rencontres littéraires, de collaborations à des journaux et des revues, de publications. Il fut critique littéraire au Monde et aux Nouvelles littéraires, chroniqueur photo au Nouvel Observateur à la revue Contrejour et au Point, il anima des débats à la FNAC. Pour le reste, il prit toujours le plus grand soin à masquer les parts de son existence comme s’il voulait brouiller les pistes d’une identité difficile à trouver et d’une personnalité difficile à assumer.
André Laude est mort à Paris le 24 juin 1995, durant le 13e marché de la poésie qui se tient place Saint-Sulpice.
Son œuvre
André Laude n’avait qu’une seule passion : la poésie. Il connaissait des milliers de vers par cœur et était à lui tout seul une anthologie. Voici ce qu’il en disait :
« L’activité poétique pour moi a toujours été liée à l’expérience vécue. J’ai toujours eu pour objectif de rapprocher l’expérience vécue du texte écrit. Je ne conçois pas une poésie qui soit seulement le produit d’une activité mentale. Elle est le produit d’une activité générale qui met en cause l’esprit, les sens, le sexe, la peau, et aussi l’histoire de l’individu, l’histoire collective. Toute mon expérience poétique s’articule autour de cette perspective : la poésie doit changer la vie. »
L’engagement poétique de Laude c’est la volonté de bouleverser l’ordre établi. Ordre social et ordre culturel. Il fera ses apprentissages de poète dans la mouvance du groupe surréaliste des années 1950, puis tous ses engagements à caractère politique appartiendront à des courants d’ultra gauche : mouvement anarchiste, marxistes révolutionnaires et autres groupes d’extrême gauche. Il fut également un compagnon de route des situationnistes durant de nombreuses années. Il se revendiquera toujours comme un poète révolutionnaire qui prône le désordre contre l’aliénation et l’exploitation. Par là il redonne à la poésie engagée des lettres de noblesse. Celles qu’avaient su lui donner les poètes lorsqu’ils mêlaient dans leur existence, l’écriture, la littérature et l’aventure politique ou journalistique.
Dans le langage il perçoit encore l’aliénation de la culture dominante et il veut y insuffler sa violence pour tenter de donner aux mots ce qu’il pense être leur vrai sens. Alain Bosquet a écrit : « La vertu exceptionnelle d'André Laude est précisément, malgré la brutale clarté de ses textes, de leur garder une charge d'enchantement, de mélodie et de pureté intacte. Le message passe chaque fois, non point parce qu’il est un message, mais parce qu’il en dépasse la portée immédiate. (...) Une sorte de sourde magie et perfection artisanale y sont pour beaucoup. »[1]
Des mots pour tout dire. Dire l’amitié. Dire la ville, particulièrement celles de certains quartiers de Paris. Dire la mémoire qui pour lui se référait à l’Occitanie et à la Bretagne, civilisations dont il s’est toujours réclamé parlant de quête et de civilisations natales pour lui. Dire aussi le monde hispanique qui fut toujours très important dans son univers.
Sa poésie exprime en permanence une révolte dans laquelle il s’est tant engagé qu’il en est mort. Serge Wellens saluera sa mort par ces mots : « Il mourut comme proscrit pour avoir été un trop parfait amant de la liberté. »
À la fin de l'année 2008, les éditions La Différence ont publié un volume regroupant l'intégralité de l'Œuvre poétique de André Laude. Cette édition est le fruit du travail d'un collectif de proches et d'amis à l'initiative de Yann Orveillon et Abdellatif Laâbi. « Ne pas oublier André Laude ! Ultrasubjectif et ultraengagé, avec cette langue d'objurgations et de violences qui se fait aussi bouleversante de dénuement personnel, il a souvent quelque chose de mystérieux dans ses alliances de mots,dans ses références. Et en même temps il écrit avec une pureté et une simplicité persuasives. » écrit Marie-Claire Bancquart sur le site Poezibao[2]. Et Patrice Delbourg : « André Laude était un «riverain de la douleur» dont la voix incandescente et l'inquiétude couleur d'homme épousaient les hésitations de son rythme cardiaque. » dans le Nouvel Observateur[3].
Citations
- « Si j’écris, c’est pour que ma voix, d’un bond d’amour,
atteigne les visages détruits par la longue peine, le sel de la fatigue ;
c’est pour mieux frapper l’ennemi qui a plusieurs noms. »
Publications
- Poésie
- La Couleur végétale, édition Terre de Feu, collection "Poussière de soleils",1954
- Nomades du soleil, édition Paragraphes, Paris, 1955
- Pétales du chant, Les Cahiers de l'Orphéon, Aulnay-sous-Bois, 1956
- Entre le vide et l'illumination, Les Nouveaux Cahiers de Jeunesse, Bordeaux, 1960
- Dans ces ruines campe un homme blanc, Guy Chambelland, Paris, 1969
- Occitanie, premier cahier de revendications, itinéraire pour une libération, P.J. Oswald, 1972
- Le bleu de la nuit crie au secours, image de Corneille Subervie, Rodez, 1975
- Testament de Ravachol Plasma, 1975
- Free People, Bourg–Bourger, Luxembourg, 1976
- Vers le matin des cerises, éditions Saint-Germain-des-Prés, 1976
- Ticket de quai, Ivry, 1977
- 19 lettres brèves à Nora Nord, éd. le Verbe et l'empreinte, 1979
- Un temps à s'ouvrir les veines, Les Éditeurs français réunis, collection "Petite Sirène", Paris, 1979
- Comme une blessure rapprochée du soleil, La Pensée Sauvage, 1979
- La fleur parmi les ruines in Liberté couleur d'homme, édition Encre, collection "Brèches", Paris, 1980
- Riverains de la douleur, édition Verdier, Paris, 1981
- 53 Polonaises, illustré par Roman Cieslewicz, Actes Sud, 1982
- 'Roi nu roi mort, édition La Table rase, Cesson-la-forêt, 1983
- L’Œuvre de chair Écrits des Forges, 1988
- Mémoires fixes 1977–1987, Créteil, 1989
- Rituels 22, La Table Rase, Le Noroït, 1989
- Journaux de voyage, Albatroz, 1990, collection Poésie palmipède
- Feux, cris et diamants, Albatroz, 1993, collection Poésie palmipède
- Journal d'un voyage au Maroc, édition Fragments, Paris, 1993
- Œuvre poétique, La Différence, 2008
- Récits
- Joyeuse apocalypse, Stock, 1973
- Rue des Merguez, Plasma, 1979
- Liberté couleur d'homme, essai d'autobiographie fantasmée sur la terre et au ciel avec figures et masques, Encre, 1980, collection Brèches
- Essais
- Le Petit livre rouge de la révolution sexuelle, avec Max Chaleil, Nouvelles éditions Debresse, 1969
- Corneille, le roi-image, éditions S.M.I., 1973, collection L'Art se raconte
- Le Surréalisme en cartes, Nathan, Paris, 1976
- Corneille d'aujourd'hui, édition Bergström (Suède), 1978
- Irina Ionesco, Bernard Letu, 1979
- Ouvrages pour la jeunesse
- Éléfantaisies, comptines, illustrations de Béatrice Tanaka, L'École des loisirs, 1974, collection Chanterime
- Luli, phoque fugueur, La Télédition, 1975
- Les Aventures de Planti l'Ourson, La Télédition, 1975
- Fééries pour figurines et théière, La Télédition, 1975
- Le Brave Homme et l'arc-en-ciel, La Télédition, 1975
- Tato tête d'oeuf, La Télédition, 1975
- Ronge-Tout et Pelucheux, La Télédition, 1975
- Rhinocéros, La Télédition, 1975
- Ivan, Natacha et le samovar magique, La Télédition, 1975
- Animalphabet, couverture et illustrations de J. Ghin, éditions Saint-Germain-des-Prés, 1977
- Joe Davila l'aigle, Casterman, 1980
Notes et références
- Robert Sabatier, La poésie du vingtième siècle, 3, Albin Michel, 1988, p. 497, 498.
- http://poezibao.typepad.com/poezibao/2008/11/oeuvre-potique.html
- Le Nouvel Observateur, 20 novembre 2008
Liens externes
- Le site Poésie urgente de l'Association des Amis d'André Laude
- Une Vidéo montrant André Laude
- Sur le site Esprits nomades
- Sur le blog de la revue Albatroz
- Sur le site Danger Poésie
- Article sur le magazine en ligne le Mague
- Sur le site Les voleurs de feu
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