- Lionel Belmondo
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Lionel Belmondo Naissance 19 août 1963
France Hyères (Var)Activité principale Musicien Genre musical Jazz Instruments Saxophone Labels B-Flat Recordings Site officiel http://www.lionelbelmondo.com/ Lionel Belmondo, né le 19 août 1963 à Hyères (Var), est un saxophoniste et flûtiste, compositeur, arrangeur et producteur français de jazz. Il remporte en 2004 et en 2006 de multiples prix aux Victoires du Jazz avec son frère Stéphane Belmondo.
Sommaire
Biographie
On dit « les Belmondo » parce qu’ils sont indissociables. Chez eux, la musique est affaire de racines et de famille. Si leurs chemins s’écartent parfois, ils se retrouvent toujours. Enracinés, Lionel et Stéphane Belmondo le restent. Attachés à leur Var natal, à la lumière de la Méditerranée, aux plaisirs de la bouche et de la camaraderie, à tel point qu’après près de vingt ans de vie parisienne, ils conservent intact l’accent de leurs origines provençales, comme s’ils avaient continué d’habiter sous les cieux de leur enfance. En famille : c’est ainsi qu’ils ont découvert et appris à jouer ; c’est ainsi qu’ils vivent la musique, fidèles dans les compagnonnages, animés par l’envie de partager cet art qu’ils portent continuellement en eux comme une force motrice. Enracinés, ils le sont aussi par le rapport qu’ils entretiennent à la tradition du jazz, adoptée avec un talent et une conviction que n’ont pas toujours leurs confrères américains. Parce que la mémoire est une science, la discipline une voie vers la liberté, et la culture une école d’émancipation, ils savent ce qu’ils doivent à leurs prédécesseurs. Ils ne sont pas du genre à avoir honte de leur généalogie et à cacher leurs influences. John Coltrane, Yusef Lateef, Dexter Gordon pour l’un ; Freddie Hubbard, Woody Shaw, Miles Davis, Tom Harrell pour l’autre, elles ne les empêchent pas d’être eux-mêmes. Elles alimentent cette flamme du jazz qui brûle en eux.
La musique a toujours été présente chez les Belmondo. Dans le petit village de Souliès-Toucas, au pied des coteaux varois, le père de ces parrains du jazz français, Yvan, ancien saxophoniste de métier et directeur de l’école de musique locale, a inculqué à ses deux garçons terribles le sens de l’exigence et le goût pour toutes les formes de musique. A l’âge où certains se traînent, les frères sont soumis à une éducation qui ne leur laisse que peu le loisir de s’ennuyer. Saxophone le matin, harmonie le soir, écoute tard la nuit, la musique s’apprend à longueur de journée, par les mots et par le geste. Dans les environs, ils font la connaissance de Michel Petrucciani avec lequel ils découvrent les géants du jazz moderne ; en témoignage d’amitié, le pianiste leur offrira toute sa collection de disques lorsqu’il partira rejoindre Charles Lloyd en Californie. Vocation oblige, et déjà un tempérament qui ne supporte par l’inactivité, Lionel Belmondo a le sens opiniâtre de l’initiative dans une région où le jazz n’est pas très représenté : en 1979, il crée le big band de l’armée de l’air pendant son service militaire ; en 1982, il accède à 19 ans à la direction de l’école de Musique du Centre Var ; en 1985, il monte le big band départemental du Var avec l’appui de son père ; en 1986, il crée le premier festival de jazz d’Hyères, sur la Côte d’Azur, dont la programmation fait cohabiter, à mesure que l’événement grandit, les talents régionaux et les stars du jazz telles que Toots Thielemans et Horace Silver, deux musiciens dont il recroisera plus tard le chemin.
Après l’installation de Stéphane à Paris, les voyages vers la capitale se font avec le temps plus rapprochés. Lionel se produit régulièrement dans les clubs, notamment au Bilboquet, avec son frère qu’il retrouve dans le quintet de Pierre Boussaguet auquel participe aussi le jeune Jacky Terrasson. En 1990, Lionel marche dans les pas de son cadet et décide de se fixer lui aussi à Paris où il rejoint à son tour les rangs du big band du compositeur Michel Legrand qui le fait participer à de plusieurs séances d’enregistrement de bandes-son. L’année suivante, le saxophoniste est engagé par Eric Le Lann dans un quintette qui comprend aussi Jean-Michel Pilc et Richard Bona, à l’orée de leur carrière. Ils effectueront de mémorables tournées à l’étranger, notamment sur le continent africain, avec le trompettiste breton. Sur un coup de tête Lionel crée en 1992 avec le saxophoniste François Théberge le Big Band Belmondo qui fait les beaux lundis soirs du Duc des Lombards. Il prend aussi part au « Big One » de Jean-Michel Pilc et au quintet du batteur Simon Goubert dans lequel joue aussi Stéphane.
En 1993, les frères décident de se retrouver pour former un quintet sous leur nom auquel Lionel décide de se consacrer exclusivement. Le groupe enregistre cette année-là son premier album ; Lionel s’y fait entendre au soprano, un saxophone qu’il vient d’adopter. Durant l’été, au festival de Ramatuelle, Lionel, l’enfant du pays, partage la même scène que trois maîtres du saxophone ténor Johnny Griffin, Guy Lafitte et Lew Tabackin.
L’année suivante, Lionel et Stéphane rejoignent tous deux le groupe de la chanteuse Dee Dee Bridgewater qui a entrepris de rendre hommage à l’un des Pères du hard bop, le légendaire pianiste Horace Silver. Les frères ont ainsi la chance de côtoyer en studio l’une de leurs idoles. Le pianiste, agréablement surpris par la rencontre, ne manquera pas de les complimenter. Le succès de l’album « Love and peace » (Verve) auquel participe aussi l’organiste Jimmy Smith, tient pour bonne partie à la contribution des frères Belmondo qui connaissent leurs classiques sur le bout des doigts. Dans le même temps, leur quintet réalise son second album, « For All Friends », paru sur le label hollandais Challenge. A la fin de l’année 1994, l’Académie du jazz leur décerne le prix Django Reinhardt qui récompense le musicien français de l’année. Des lauriers amplement mérités.
Après une année de tournée internationale aux côtés de Dee Dee Bridgewater qui le mène jusqu’aux scènes illustres du festival de Newport et du Carnegie Hall de New York, Lionel Belmondo renoue avec l’enseignement en devenant professeur au Conservatoire Nadia et Lili Boulanger à Paris. En 1996, en collaboration avec son ami François Théberge, sur une commande du festival de Ramatuelle, il écrit les arrangements pour cuivres et cordes d’un hommage à la musique de Bill Evans dans lequel l’harmonica de Toots Thielemans tient le premier rôle, lui qui avait enregistré, près de vingt ans plus tôt, avec le pianiste américain.
À partir de 1997, Lionel assume ensuite la direction pédagogique de l’IACP, une école de musique à destination de futurs musiciens professionnels qui ont choisi le jazz. Il en remodèle les pratiques et l’équipe de professeurs, attaché à la transmission orale du jazz et à sa pratique au contact de ceux qui font vivre cette musique. Son expérience, sa connaissance rigoureuse, sa volonté sans faille, son sens de la transmission, son investissement sans borne, font merveille dans l’enceinte de cette école qui en quelques années aura contribué à donner à une génération d’apprentis jazzmen des bases inébranlables pour se lancer dans une carrière de musicien professionnel. Nombreux sont ceux qui témoignent aujourd’hui à son égard de leur reconnaissance, en premier lieu les membres du Vintage Orchestra, une grande formation majoritairement constituée d’anciens élèves de l’IACP née sous les bons auspices des frères Belmondo, qui vient de réaliser un premier album remarqué.
Parallèlement à ses activités pédagogiques, Lionel Belmondo a formé le groupe Sax Generations, un ensemble comprenant douze saxophones sans grand équivalent dans l’histoire du jazz, participé au septet du trompettiste Jean-Loup Longnon, et contribué à animer le big band de l’arrangeur Christophe Dal Sasso avec lequel il s’est produit au Festival de Marciac, interprétant notamment une orchestration monumentale de « A Love Supreme », le chef d’œuvre de John Coltrane. Le quintet des Belmondo n’est pas en reste puisqu’un quatrième album magistral, enregistré en concert à Bordeaux, paraît en 2001. Plus inattendu, on retrouve aussi les frangins aux côtés du DJ Frédéric Galliano, pionniers français des musiques électroniques, dans des tentatives expérimentales de rencontres du jazz avec les sonorités et les rythmes issus des nouvelles musiques underground. Deux disques parus sur le label F-Com gardent la trace de cette rencontre. Enfin, devenu une figure respectée de la communauté des musiciens, Lionel Belmondo est sollicité par le luthier Henri Selmer pour contribuer à la mise au point d’une nouvelle gamme de saxophones (lancée en mars 2000), qui, sous le nom « Référence », est destinée à rivaliser avec les instruments de haute facture d’autrefois comme les recherchés Balanced Action et Mark VI. – Les connaisseurs apprécieront.
À l’issue de la saison 2003, Lionel Belmondo décide d’abandonner l’enseignement pour se consacrer à de nouvelles aventures. Si le quintet continue d’occuper une place importante dans sa carrière comme en témoigne une tournée qui l’a conduit sur les scènes prestigieuses du JVC Jazz Festival à New York et du Festival International de Montréal, c’est du côté de l’écriture et de l’arrangement que son intérêt se porte principalement. Maître d’œuvre de l’« Hymne au Soleil », un programme autour d’œuvres de compositeurs tels que Lili Boulanger et Maurice Duruflé, arrangées pour un ensemble de onze musiciens où se côtoient jazzmen et instrumentistes venus des grands formations classiques, Lionel Belmondo poursuit avec passion son exploration du répertoire français à la charnière du XIXe et du XXe siècle. Son intérêt pour l’arrangement va grandissant, comme en témoigne l’écrin musical qu’il a orchestré sur les compositions de Stevie Wonder choisies par son frère pour son nouvel album. L'album Wonderland sera récompensé aux Victoires du Jazz 2005 par le prix de meilleur album français de l'année et Artiste de l'Année. En 2005 Lionel poursuit son projet débuté en 2003 avec la publication du double-album Influence. Cet album se présente comme un prolongement et une ouverture : prolongement car il rassemble les musiciens issus du classique et du jazz de l'Hymne au Soleil, et ouverture par la variété des titres et surtout, sur une idée de Ronan Palud, par la présence du souffleur Yusef Lateef, grande influence de Lionel et Stéphane Belmondo. Ce double-album qui s'articule entre œuvres méconnues du répertoire français qu'affectionne Lionel et compositions de Yusef Lateef, sur des arrangements de Lionel et Christophe Dal Sasso, reçoit le prix de meilleur album français aux Victoires du Jazz 2006 et donnera lieu à une grande tournée internationale.
En 2008, cherchant toujours à dépasser les frontières entre catégories de musique, Lionel rend hommage à une grande figure de la Musica Popular Brasileira (MPB). Sur une invitation de Stéphane, Milton Nascimento rejoint les Belmondo en studio pour interpréter certaines de ses compositions sur des arrangements de bois et cordes écrits par Lionel et Christophe Dal Sasso. Cette rencontre donne lieu à l'album Belmondo & Milton Nascimento (B-Flat Recordings/Discograph). À l'occasion d'un concert à la Réunion en octobre 2008, Lionel et le Belmondo Quintet gravent sur disque une version Live des morceaux de la Suite Infinity, enregistrée 10 plus tôt pour le label Shaï, mais qui était devenue introuvable. L'album Infinity Live, paru en 2009, témoigne de l'énergie et de la symbiose qui règne au sein du Quintet.
En 2009, à l'occasion d'une résidence à la Coursive de la Rochelle, Lionel prolonge son entreprise de dépassement des clivages entre jazz et classique et de mise en lumière du répertoire français du XXe siècle. Avec un ensemble de 11 musiciens, dont 6 instrumentistes de formation classique et les musiciens du quintet, ensemble désormais baptisé du nom Hymne au Soleil, Lionel Belmondo orchestre et arrange des œuvres de Gabriel Fauré, Erik Satie, Michel Grailler, Arnold Schoenberg, Louis Vierne ainsi que des titres de Bill Evans et Michel Petrucciani. Cet enregistrement paraît en 2011 sous le titre Clair Obscur.
Inlassable activiste d’un jazz enfin mature, désormais engagé dans le développement de B-Flat Recordings qu’il a créé avec son frère, Lionel Belmondo déborde d’un appétit musical qui le voit s’investir avec enthousiasme et détermination dans d’ambitieux projets. Qu’il soit le nez dans les partitions un crayon à la main, sur le devant de la scène à diriger l’orchestre de l’« Hymne au Soleil », dans un total abandon au ténor avec le Belmondo Quintet, en train d’encourager d’anciens élèves ou d’échafauder le prochain album luxueux de son label, il donne l’image d’un homme heureux tout entier au service de sa muse : la musique[1].
Discographie
En leader
- Lionel Belmondo, « Clair Obscur », 2011, B-Flat recordings/Discograph
- Belmondo Quintet, « Infinity live », 2009, B-Flat recordings/Discograph
- Belmondo & Milton Nascimento, 2008, B-Flat recordings/Discograph
- Belmondo & Yusef Lateef, « Influence », 2005, B-Flat recordings/Discograph
- Belmondo, « Hymne au Soleil », 2003, B-Flat recordings/Discograph
- Belmondo Quintet, « Live au Plana », 2001, Plana Prod
- Belmondo Quintet, « Infinity », 1999, Shaï
- Belmondo Quintet, « For All Friends », 1994, Challenge
- Lionel et Stéphane Belmondo Quintet, 1993, Jazz à Reims
En sideman- Yael Naim, « She was a boy », 2010, Tôt ou Tard
- Aldo Romano, « Origine », 2010, Dreyfus jazz
- Avishai Cohen, « Aurora », 2009, Blue note
- Boulou & Elios Ferre, « Brothers to brothers », 2008, Harmonia Mundi
- Omar Sosa, "Afreecanos", 2008, Otá Records/Harmonia Mundi
- Samy Thiebault, "Gaya Scienza" 2007, B-Flat recordings/Discograph
- Boulou & Elios Ferré, "Live in Montpellier", 2006, Le Chant du Monde-Harmonia Mundi
- Kayna Samet, "Entre Deux Je", 2005, Barclay-Universal
- Stéphane Belmondo, « Wonderland », 2004, B-Flat recordings/Discograph
- Christophe Dal Sasso, "Ouverture"; 2004, Nocturne
- Jean-Marc Jafet, « Douceur Lunaire », 2000, RDC Records
- Frédéric Galliano Electronic Sextet, « Live Infinis », 1998, F-Com
- Laurent Fickelson, « Under The Sixth », 1998, Seventh
- Jean-Loup Longnon Septet, « Bop Dreamer », 1998, Pygmalion
- Frédéric Galliano, « Espaces Baroques », 1997, F-Com
- François Théberge, « Asteur », 1997, Lazer Prod
- Gilles Naturel, « Naturel », 1995, JMS
- Michel Legrand, « Big Band », 1995, Verve
- Dee Dee Bridgewater, « Love and Peace, A Tribute to Horace Silver », 1994, Verve
- Jean-Loup Longnon, « Cyclades », 1994, JMS
- Simon Goubert, « Couleurs de peaux », 1993, Seventh
- Jean-Michel Pilc, « Big One », 1993, EMP
- Eric Le Lann, « Cap Fréhel », 1993, Musidisc
- Michel Legrand featuring Helen Merrill & Stéphane Grappelli, 1992, France Télécom (hors commerce)
- Les Petits Loups du Jazz, 1990, Enfance et Musique
- Johnnie & Jazz - Live in Paris, 1989, compilation produite par les Whisky Johnnie Walke
Notes
- Vincent Bessières
Lien externe
Catégorie :- Saxophoniste de jazz
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