- Lingchi
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Le lingchi (en mandarin 凌遲) était un supplice en usage en Chine, infligé dans le cadre d'une condamnation à mort pour certains crimes exceptionnels (rébellion contre l'empereur, parricide, etc.), mais aussi pour d'autres délits tels la propagation d'une religion ressentie comme perverse. Également connu sous l'appellation de « huit couteaux » ou « cent morceaux », traduit aussi parfois par « mort languissante » ou « mort des mille coupures »[1], le lingshi consiste à entailler et retirer successivement des parties et des membres du condamné avant de lui trancher la tête. L'utilisation d'opium permettait aux bourreaux de maintenir en vie le supplicié plus longtemps.
Cette forme d'exécution a été pratiquée en Chine entre le début du Xe siècle et 1905[1].
Ainsi, le 1er novembre 1728, à Lhassa, 17 Tibétains furent exécutés par les bourreaux du corps expéditionnaire mandchou. Treize furent décapités et deux hauts lamas ont été lentement étranglés jusqu’à la mort. Les prisonniers principaux, deux ministres du Kashag, Ngabo et Lumpa, ont été mis à mort par lingchi[1].
La peine du lingchi a été officiellement abolie par décret impérial le 24 avril 1905. Pour la plupart des historiens, aucun lingchi n'a été exécuté après cette date, et les premiers auteurs qui ont publié des clichés sur ce type d'exécutions (Matignon, Harfeld, Carpeaux) indiquaient bien qu'elles dataient d'une époque révolue. L'idée que l'abolition n'aurait pas été effective repose sur une série d'erreurs ou de racontars. Par exemple, le jeu conservé au musée Nicéphore Niépce est accompagné d'une légende qui place en 1908 l'exécution de Wang Weiqin, qui eut lieu le 31 octobre 1904. Cette même exécution est datée de 1910 par Heindl, et même de 1925 par Martin Monestier qui, dans son livre Peines de mort, confond la date de l'exécution avec celle de la parution du livre de Heindl[2].
Cependant, une étude récente mentionne des exécutions par lingchi au Tibet oriental dans le Kham jusqu’en 1910, perpétrées par l'administration de Zhao Erfeng[1].
Des plaques photographiques de ce supplice ont influencé Georges Bataille dans son ouvrage les Larmes d'Éros[3].
Références
Liens externes
- Martyre du R. P. Chapedelaine et de ses compagnons
- Jerome Bourgon, Supplices chinois, Bruxelles: La maison d'à côté
- "Death by a Thousand Cuts", Harvard University Press
- Vues sur plaque de verre de 1908, conservées au musée Nicéphore Niépce, ayant pour sujet les exécutions chinoises
- Les mêmes photos, accompagnées d'une analyse
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