- Lettres françaises
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Les Lettres françaises
Les Lettres françaises sont une publication littéraire créée en France, en 1941, pendant l'Occupation par Jacques Decour et Jean Paulhan. C'est l'une des nombreuses publications du mouvement de résistance Front national. Il s'agit alors d'une publication clandestine qui bénéficie entre autres de la collaboration de Louis Aragon, François Mauriac, Claude Morgan, Edith Thomas, Georges Limbour, Raymond Queneau et Jean Lescure.
Après la Libération et jusqu'en 1972, Les Lettres françaises, dirigées par Louis Aragon, bénéficient du soutien financier du PCF.
Sommaire
L'affaire Kravchenko
En 1949, une polémique puis un procès retentissant oppose le journal au dissident soviétique Victor Kravtchenko. Après la parution de son livre J'ai choisi la liberté, parlant des camps de prisonniers soviétiques et de leur exploitation, les Lettres françaises l'accusent de désinformation et d'être un agent des États-Unis à partir de faux documents écrit par le journaliste André Ullmann qui travaillait pour les services de renseignement soviétique; la vérité sur l'origine de ceux-ci ne sera connue qu'à la fin des années 1970.
Kravtchenko porte plainte en diffamation contre le journal qui est défendu par l'avocat Joë Nordmann.
Le procès, surnommé "le procès du siècle", a lieu en 1949 et regroupe une centaine de témoins. L'Union soviétique présente les anciens collègues de Kravtchenko et son ancienne femme pour le dénoncer. Les défenseurs de Kravtchenko amènent à la barre des survivants de camps de prisonniers soviétiques. Parmi eux Margarete Buber-Neumann, la veuve du leader communiste allemand repenti, Heinz Neumann; elle-même envoyée au goulag. Au temps du Pacte germano-soviétique, elle retourna en Allemagne et y fut incarcérée. Son expérience aide les anti-communistes à plaider l'étroite similarité entre le régime soviétique et le régime nazi. Le procès est remporté par Kravtchenko en avril 1949 et il reçoit une somme symbolique pour la diffamation.
Arrêt et reparution
Lorsque le soutien du PCF fait défaut, la revue, déficitaire chroniquement, cesse sa parution.
Plus précisément c'est l'URSS qui a cessé de souscrire ses nombreux abonnements au profit de ses universités, écoles, et bibliothèques, à cause de la prise de position du journal contre l'invasion de la Tchécoslovaquie en août 1968. Cette décision lui fut fatale.
Depuis les années 1990, cette revue, d'une haute qualité littéraire, est à nouveau publiée régulièrement, tous les premiers samedis du mois, par le quotidien L'Humanité.
Directeurs : Louis Aragon, de 1953 à 1972, puis Jean Ristat aujourd'hui.
Chroniques : Lettres, Arts, Cinéma, Théâtre, Musique.
Publie des inédits d'écrivains ou de poètes.
Sources
- Pierre Daix, Les Lettres françaises, jalons pour l'histoire d'un journal, 1941-1972, Tallandier, 2004.
Bibliographie
- Robert O. Paxton, Olivier Corpet et Claire Paulhan, Archives de la vie littéraire sous l'Occupation, À travers le désastre, Éditions Taillandier et les Éditions de l'IMEC, 2009, 448 p. (ISBN 978-2-84734-585-8).
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