Les Dialogues des Carmélites (Poulenc)

Les Dialogues des Carmélites (Poulenc)

Dialogues des carmélites

Dialogues des carmélites est un opéra en trois actes de Francis Poulenc sur un texte de Georges Bernanos, inspiré de La Dernière à l'échafaud (Die letzte am Schafott) de Gertrud von Le Fort.

Créé le 26 janvier 1957 à la Scala de Milan dans une version italienne de Flavio Testi, la première en version française eut lieu à l'Opéra de Paris, le 21 juin de la même année.

Sommaire

Personnages

  • Le marquis de la Force, baryton
  • Le chevalier de la Force, son fils, ténor
  • Blanche de la Force, plus tard « Sœur Blanche de l'Agonie-du-Christ », sa fille, soprano
  • Thierry, laquais, baryton
  • Mme de Croissy, dite Mère Henriette de Jésus, la première prieure, contralto
  • Sœur Constance de Saint-Denis, novice, soprano
  • Mère Marie de l'Incarnation, sous-prieure, mezzo-soprano
  • M. Javelinot, médecin, baryton
  • Mme Lidoine, dite Mère Thérèse de Saint-Augustin, la nouvelle prieure, soprano
  • Mère Jeanne de l'Enfant-Jésus, contralto
  • Sœur Mathilde, mezzo-soprano
  • Le père confesseur du couvent, ténor
  • Le premier commissaire, ténor
  • Le second commissaire, baryton
  • Un officier, basse
  • Le geôlier, baryton
  • Deux vieilles, un vieux monsieur, rôles parlés
  • Carmélites, Foule, chœur

Argument

L'action se situe à Paris et à Compiègne. Elle débute en avril 1789. Blanche de la Force annonce à son père son intention d'entrer au Carmel. La mère supérieure du couvent de Compiègne la reçoit et lui demande d'exposer les raisons qui la poussent à rejoindre cet ordre religieux. Devenue novice, Blanche va vivre les derniers jours de la congrégation mise à mal par la Révolution française. La troupe envahit le couvent, mais Blanche réussit à s'échapper. Les ordres religieux sont supprimés et les religieuses sont condamnées à mort. Elles montent à l'échafaud en chantant le Salve Regina. Après bien des hésitations, des doutes sur sa raison d'être, Blanche les rejoint.

Genèse

La nouvelle de Gertrud von Le Fort avait donné l'idée d'un scénario aux cinéastes Philippe Agostini et Raymond Leopold Bruckberger en 1947. Georges Bernanos en conçut les dialogues juste avant sa mort, mais le projet fut finalement abandonné. Jacques Hébertot décide néanmoins de porter à la scène le travail de Bernanos et crée les Dialogues des carmélites le 23 mai 1952 au théâtre Hébertot.

En 1953, le directeur des éditions Ricordi commande à Francis Poulenc un ballet sur Sainte Marguerite de Cortone pour la Scala de Milan. Poulenc décline l'offre, mais s'arrête sur le livret que Flavio Testi a tiré de la pièce représentée par Hébertot l'année précédente. Malgré des problèmes de droits (ceux-ci ayant été entre temps rachetés par le dramaturge américain Emmet Lavery qui avait réalisé sa propre adaptation théâtrale) et de santé, Poulenc se lance à corps perdu dans un sujet qui ne tarde pas à l'obséder, les angoisses de Blanche face à la mort faisant écho aux siennes, confronté à la longue agonie de son compagnon, Lucien Roubert. Il adapte lui-même le texte de Bernanos pour une version française et achève sa partition en août 1955.

Comme prévu par contrat, l'œuvre est créée en italien à la Scala de Milan le 26 janvier 1957 avec Leyla Gencer (Mme Lidoine), Virginia Zeani (Blanche), Gigliola Frazzoni (Mère Marie) et Eugenia Ratti (Sœur Constance) dans les rôles principaux. Elle est suivie de la création française cinq mois plus tard à l'Opéra de Paris avec Régine Crespin (Mme Lidoine), Denise Duval (Blanche), Rita Gorr (Mère Marie) et Liliane Berton (Sœur Constance) sous la direction de Pierre Dervaux.

L'œuvre musicale

L'opéra commence ex abrupto, sans ouverture ni prélude qui permettrait de deviner ce qui va suivre. Le spectateur, l'auditeur, se trouve soudain plongé, sans préparation, dans une scène de famille somme toute anodine : un fils parle à son père, apparaît la sœur. Toutes ces personnes vont se retrouver, à l'instar des autres protagonistes, prises dans un tourbillon qui va les transformer, bien malgré elles. Le catalyseur : la Révolution. L'opéra peut être lu comme un hymne à la Contre-Révolution : ce sont deux conceptions du monde qui s'opposent, "celui qui croyait au Ciel et celui qui n'y croyait pas", mais aussi et surtout, comme un drame personnel vécu par Blanche. Son choix d'entrer au Carmel n'est pas dicté par une foi inébranlable. Son père lui assène « on ne quitte pas le monde par dépit ». Si elle choisit au dernier moment de rejoindre ses compagnes, elle a longtemps hésité, assaillie par un doute quasi-récurrent, sur sa foi, et, principalement, sur son devenir terrestre. Qui n'a jamais été saisi par cette peur, cette terreur qui sommeille au plus profond de l'être? Qui suis-je réellement? C'est aussi, peut-être surtout, une méditation sur la bonne mort et sur la Grâce. La première prieure, Mme de Croissy, meurt dans la peur, après une vie exemplaire. Sœur Constance juge qu'elle s'est « trompée de mort ». Et c'est finalement Blanche, apeurée, qui accepte la mort.

L'opéra est découpée en trois actes et douze tableaux, liés par des intermèdes orchestraux que Poulenc a ajoutés après les premières représentations parisiennes de manière à laisser un temps aux changements les décors. La ligne de chant est très nette, très pure. Poulenc ne cherche pas à impressionner l'auditeur par des artifices ou des nouveautés sonores. Le tableau final est impressionnant, les voix des sœurs s'interrompant l'une après l'autre au fur et à mesure que la guillotine fait son œuvre.

Discographie sélective

Adaptations

Le texte de Bernanos fut plusieurs fois adaptée au cinéma et à la télévision :

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