Les Compagnons de l'Aubépin

Les Compagnons de l'Aubépin
Les Compagnons de l'Aubépin
Auteur Maurice Genevoix
Genre roman
Pays d'origine Drapeau de France France
Lieu de parution Paris
Éditeur Hachette (édition originale)
Date de parution 1938
Chronologie
La Dernière Harde (1938)
L'Hirondelle qui fit le printemps (1941)

Publié en 1938, la même année que la Dernière Harde, ce roman qualifié de "livre de lecture courante"[1] préfigure dans lœuvre de Maurice Genevoix une série décrits pour la jeunesse : LHirondelle qui fit le printemps (1951), lEcureuil du Bois-Bourru (1947), Mon ami lécureuil (1959), les Deux Lutins (1951), La Chèvre aux loups (publié en 1996, après sa mort).

Place dans lœuvre de Genevoix

Récurrences de lensemble de lœuvre

Demblée, Les Compagnons de lAubépin ne se rattache à aucun des quatre courants décriture qui ont structuré lœuvre de Maurice Genevoix : récits de guerre, romans-poèmes, récits de voyage, biographies. Il parcourt cependant un à un les thèmes chers à lauteur. Ce roman fait avant tout référence à lenfance de lécrivain, dans un village des bords de la Rivière reprennent vie les artisans (bourreliers, forgerons, vanniers, sabotiers)[2], pêcheurs et bateliers de Châteauneuf-sur-Loire, sa ville presque natale, mais aussi ces figures simples et douées déloquence : « Il atteignait naturellement à une espèce déloquence, il trouvait sans peine les mots justes pour exprimer des choses qui lui tenaient vraiment au cœur ». En marge de ce peuple, certains apparaissent presque médiums ou voyants, tel lAlouette qui sait lire les signes, et que lon retrouvera sous les traits de Waudru dans la Forêt perdue. La nature, omniprésente, y constitue un terreau favorable pour que lamitié y fleurisse. Si les parties de pêche, si chères à Genevoix, ny apparaissent quun instant, cest sans doute parce que lauteur estimait quil les avait suffisamment dépeintes dans la Boîte à pêche (1926).

Le thème de la mort, récurrent dans lœuvre du rescapé de la Grande Guerre, ressurgit dans lagonie dune tourterelle, qui sachève lorsque « les yeux vivants (...), dun noir si vif et brillant, venaient de sembuer tout à coup dune ombre bleuâtre, effrayante »[3]. Lorsque les enfants étayeront le tunnel censé les conduire jusquà un trésor, lAlouette ranimera les pires souvenirs de Genevoix : « On se cherchait, on écoutait ainsi. Mais quand les coups venaient à sarrêter, langoisse nous figeait le sang : peut-être, en cet instant même, les sapeurs ennemis bourraient-ils leur fourreau de mine. Peut-être, dans une minute, une seconde, leur camouflet allait-il exploser, nous enterrer vivants dans notre sape ». Les lutteurs de « Vaincre à Olympie » saffronteront également par les personnages du Grelu et de Louis Marcelot, en dignes représentants des troupes quils commandent lun et lautre : « Comprends-moi bien, une lutte, pas des coups. Je nen aurais pas peur, mais nous ne sommes pas des brutes. Loyalement, à qui terrassera lautre (…)». On retrouve enfin lesquisse de la rencontre avec un écureuil étrangement peu farouche, que lon retrouvera vingt ans plus tard dans Mon ami lécureuil.

La célébration des humbles

La figure de Saint-François dAssise, qui fascinait tant Genevoix, apparaît dans la dernière partie du roman[4]. LAlouette témoigne de ces êtres qui savent : « A force de patiente volonté, de douceur jamais démentie, certains hommes parvenaient à gagner la confiance et lamitié des bêtes libres ; au point quon leur prêtait on ne savait quel pouvoir mystérieux, un charme étrange, quasi magnétique ; mais cétait simplement quils avaient mérité cette confiance». LAlouette lui-même « nageait comme une loutre, attrapait les poissons à la main, connaissait tous les oiseaux des bois, leurs nids, leurs chants, presque leur langage », et paraît n'avoir jamais tout à fait quitté le Paradis perdu que constitue lenfance. Les enfants ne sy trompent pas : « Dès quon apercevait ces yeux-, on comprenait quils devaient voir très clair et que sans doute il était de par ce monde bien peu de choses pour échapper à leurs regards ». Une figure que Genevoix, très tôt dans son enfance, avait déjà reconnue dans le Livre de la Jungle[5], livre auquel il fait explicitement référence sous la forme dune lecture proposée par linstituteur, M. Legrand. Peut-être même Mowgli a-t-il guidé linspiration de lécrivain, puisque lui aussi « est entré dans le souterrain (…), et il a trouvé le trésor ».

Le thème de lamitié

Lamitié est au centre du roman, comme elle lest dans de nombreux de ses romans ou récits. Genevoix lui confère une haute valeur, quand le vieux Champagnat conclut laventure des compagnons par ces mots « Ce que vous aurez pu y apprendre de meilleur, cest dabord à savoir apprendre, à mieux ouvrir vos propres yeux, votre esprit et votre cœur, à vous méfier des partis pris, à ne jamais trancher de haut sur les événements et les hommes, mais au contraire à toujours essayer, honnêtement, à comprendre les uns les autres ».

Analyse du roman

Lintrigue

Sous la suggestion discrète de leur instituteur, M. Legrand, huit garçons parisiens établissent un camp de vacances dans un village de lOrléanais. Tout naît dune lecture évoquant dautres enfants : « Des enfants de leur âge, pareils à eux, qui passaient leurs vacances sous la tente, en pleine nature. Que de merveilles ils rencontrent alors ! Ardents, pleins dentrain, de vaillance, ils apprenaient à observer, à compter sur eux-mêmes pour agir. Libres ! ». Ils découvrent alors les richesses de la vie au contact de la nature, et senquièrent dun trésor. Un trésor cependant partiellement allégorique. Cest lâme du terroir, sexprimant ici par la voix de Cilette, fille de vigneron, qui en détient la véritable clé : « Un trésor ? Nous en avons eu cent ! Chaque journée a tenu ses promesses ». Mais par la sagacité de deux dentre eux, les enfants mettront à jour des trésors plus conventionnels, représentées par des objets dorigine phénicienne enterrés depuis le IXe siècle sous une dalle, dans un vieux château abandonné.

Analyse littéraire

Le vocabulaire, si riche dans lœuvre de Genevoix, est ici beaucoup plus sobre pour rester accessible aux enfants, sagissant dun livre de lecture. Sil sagit dégarer ces derniers, cest intentionnellement, comme dans lépisode presque final le bibliothécaire de Rouvray propose à Painchaud et Lenoir de visiter la salle capitulaire, pour y accéder aux incunables. Dans cet ouvrage, on pressent que Genevoix tente dinitier les enfants à la beauté profonde des « choses de la nature » quil sait si bien dépeindre dans ses romans-poèmes, cependant moins accessibles à de jeunes lecteurs. Les longues évocations picturales, les sollicitations de louïe et de lodorat, y apparaissent particulièrement absentes pour le lecteur familiarisé aux romans de Maurice Genevoix. Lespace vacant apparaît comblé par lexplication amicale des grands principes lauteur chante, autant que son amour de la liberté, les mérites de lattention à lHomme et à la Nature.


Notes

  1. G. Prévot, Inspecteur Général de l'Éducation Nationale, adressera une lettre à Maurice genevoix, en date du 27 juillet 1938 : "En vous remerciant, je tiens à vous dire le plaisir que j'ai éprouvé en lisant un ouvrage si heureusement conçu et si bien adapté aux goûts de la jeunesse scolaire moderne. Un roman d'aventures enfantines, dans lequel l'imagination se donne libre cours au milieu même des réalités effectivement vécues et qui met en action des sentiments généreux, ne peut que séduire les éducateurs comme les élèves, et l'on est en droit de penser qu'il connaîtra un large et franc succès."
  2. Ce sont d'autres Compagnons, que Genevoix chantera plus tard dans Trente Mille jours.
  3. On y retrouve la confrontation du Cerf rouge de la Dernière Harde, à la mort de sa mère : « Le hère vit ses yeux se voiler, se ternir d'une ombre bleuâtre qui noyait leurs regards. »
  4. Dans le questionnaire de Proust, Genevoix répond sans hésiter que le personnage quil aurait aimé être est Saint-François dAssise.
  5. Le livre de la jungle est lune des lectures décisives de lenfant Genevoix, comme il sen explique dans Trente mille jours.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Les Compagnons de l'Aubépin de Wikipédia en français (auteurs)

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