- Le dernier amour du prince Genghi
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Nouvelles orientales
Les Nouvelles orientales sont la réunion de dix nouvelles de Marguerite Yourcenar : publiées d'abord séparément, elles ont été retravaillées avant de constituer un recueil. L'adjectif « orientales » se justifie par le fait que l'auteur s'est inspiré des fonds culturels méditerranéen ou extrême-oriental.
- « Comment Wang-Fô fut sauvé » ;
- « Le Sourire de Marko » ;
- « Le Lait de la mort » ;
- « Le dernier amour du prince Genghi » ;
- « L'Homme qui a aimé les Néréides » ;
- « Notre-Dame-des-Hirondelles » ;
- « La Veuve Aphrodissia » ;
- « Kâli décapitée » ;
- « La Fin de Marko Kraliévitch » ;
- « La Tristesse de Cornélius Berg ».
Les images de la femme dans Les Nouvelles orientales
Dans ses grands romans, Mémoires d'Hadrien et L'Œuvre au noir, comme dans toutes ses autres œuvres narratives, Marguerite Yourcenar n'a jamais fait d'une femme son personnage principal. Cependant, nombreuses sont les figures féminines qui encadrent les héros. Dans Les Nouvelles orientales, leur présence est tout aussi secondaire, ce qui ne signifie pas pour autant qu'elles n'ont pas un rôle essentiel dans la narration. La multiplication des visages, d'un récit à un autre, révèle l'intérêt que leur accorde l'auteur. Ainsi se côtoient des femmes médiocres, des saintes et des séductrices, développant par la même occasion la complexité de l'identité féminine.
- La médiocrité des opprimées
- Les médiocres
En tant que femme, Marguerite Yourcenar ne cherche pas à bonifier de manière systématique ses consœurs et s'autorise quelques portraits tâchés de médiocrité. Ainsi dans « Le Dernier Amour du Prince Genghi », une ancienne maîtresse du personnage éponyme est décrite dans toute la laideur de la vieillesse ; quant à la malheureuse Dame-du-village-des-fleurs-qui-tombent, son vieil amant n'a pas de souvenir de celle qui fut une concubine des plus banales. Personnages sans relief, elles n'en obtiennent pas moins la reconnaissance du Prince Genghi pour la première et du narrateur pour la seconde.
- Les cruelles
Dépassant la seule médiocrité, certaines figures féminines sont véritablement négatives, ce qui se manifeste par un déploiement de cruauté. Pour se venger de son amant, la veuve amoureuse de Marko Kraliévitch est capable d'exiger les pires tourments. Dans « Le Lait de la mort », la mendiante condamne son enfant à la souffrance et à la cécité uniquement pour s'assurer des revenus financiers. La cruauté de Kâli n'est qu'une manifestation de son désespoir. Pourtant, si les femmes agissent de manière cruelle, c'est aussi pour manifester leur existence dans une société patriarcale qui les opprime et les rend agressives.
- Les opprimées
En effet, plusieurs femmes apparaissent en groupe, afin que le nombre puisse leur donner quelque force. Les Néréides, ou les Américaines qui sont leur pendant moderne, sont désignées au pluriel et un seul homme suffit à leur faire courir le risque de mourir. Dans « La veuve Aphrodissia », les femmes du village s'opposent massivement à l'héroïne. Elles sont ici porteuses de la parole de la Doxa, des convenances sociales et des préjugés destructeurs de tout le village. Effacées dans leur individualité, elles représentent néanmoins chez Marguerite Yourcenar la force la plus nocive.
- De l'effacement à la sainteté
- Les épouses dévouées
D'autres femmes apparaissent dans Les Nouvelles orientales avec une aura positive. Certaines sont des épouses dévouées, mais effacées au point de sembler invisibles. Genghi est accompagné dans ses derniers moments par une concubine attentive et l'épouse de Ling préfère se suicider plutôt que de faire obstacle à la passion nouvelle de son mari.
- Les mères
Parmi les différentes figures féminines, la jeune épouse du « Lait de la mort » est une mère dévouée. Elle sacrifie sa vie, mais fait de sa mort un miracle de maternité : son corps allaite son petit deux ans, alors qu'elle est emmurée. Quant au sacrifice d'Aphrodissia infanticide, il semble être la seule solution face à une société intolérante.
- La sainte
Mère parmi les mères, Notre-Dame-des-Hirondelles apporte aux Nouvelles orientales un visage de perfection maternelle, puisqu'elle semble être la protectrice de toute chose, et notamment des animaux et des nymphes. La pureté semble bien au fil des textes être une donnée pour définir la féminité.
- Le désir, danger et salut de l'homme * ''Les femmes fatales'' Enfin, remarquons <nowiki>que les femmes se définissent par leur complexité. Il est vrai que l'accès à la divinité se fait par les femmes, que ce soit avec [[Notre-Dame-des-Hirondelles]], les nymphes ou les Néréides, mais cela induit une présence mortifère incontournable. Si les Néréides rendent fou, Aphrodissia ne sauve pas son amant de la mort et disparaît avec lui, comme l'épouse de Ling ou la veuve amoureuse de Marko. * ''Les séductrices'' Comme le veut la tradition médiévale, la femme attirante est porteuse<nowiki>Entrez le texte non formaté ici<nowiki>Entrez le texte non formaté ici<nowiki>Entrez le texte non formaté ici<nowiki>Entrez le texte non formaté ici<nowiki>Entrez le texte non formaté iciEntrez le texte non formaté ici</nowiki></nowiki></nowiki></nowiki></nowiki> d'un mal destructeur que l'homme doit affronter s'il veut être à la hauteur de celle qu'il désire. Kostis le Rouge en est un exemple et Marko échappe de peu à la mort que sa maîtresse veut lui imposer.
- Le salut des hommes
Cependant, les plus courageux savent qu'ils peuvent trouver une issue à la violence du monde par l'amour et le désir. C'est une danseuse des plus séduisantes qui sauve Marko en posant son mouchoir sur son sourire, c'est une concubine amoureuse qui rend heureuses les dernières heures de Genghi et ce sont les Néréides qui ont fait d'un jeune homme un béat devant les grâces de la nature. Pressenties comme des dangers, les femmes sont aussi le salut des hommes. </nowiki> Si les visages féminins sont multiples dans Les Nouvelles orientales, c'est qu'elles dessinent les contours indéfinissables de la féminité. Aucun schéma caricatural n'est proposé, mais, tout en étant fidèle aux traditions de cultures machistes, Marguerite Yourcenar se refuse à réduire la féminité à des clichés. Cruelle, sainte ou séductrice, la femme demeure un mystère, dans lequel l'homme doit se perdre pour mieux se retrouver.
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