- Le Grand Vestiaire
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Le Grand Vestiaire est un roman de Romain Gary, paru en 1949.
Sujet
À la Libération, le héros (et narrateur) Luc Martin, quatorze ans, dont le père instituteur est mort va se trouver mêlé à la confusion générale des années d’après guerre. Il va être accueilli par un certain Vanderputte avec qui il commettra quantité de cambriolages et vols pour alimenter « le grand vestiaire » c’est-à-dire l’appartement du vieux Vanderputte. Ce dernier va se révéler pire qu’un collaborateur, un dénonciateur de Juifs. Luc Martin le suivra jusqu’au bout dans sa fuite à travers la France.
Commentaire
Comme tous les autres romans, celui-ci comporte des significations multiples. C’est le troisième de Gary (après l’Éducation européenne et Tulipe). On n’assiste pas encore à l’expression de tout ce qu’on va aimer par la suite (humour, dérision, ironie mordante, dénonciation, désinvolture…). L’écriture est plus sage, très accessible. Mais on y trouve cependant les traits propres à Gary : sentiments humains décalés (où on ne les attend pas), intérêt pour les marginaux, voire les assassins ou les vauriens. Ici les détrousseurs et voleurs sont au premier plan du récit, mais on note que les victimes sont peu à plaindre.
Le Grand vestiaire est à comprendre à plusieurs niveaux. 1°: celui de l’appartement de Vanderputte est au premier degré un vestiaire, une accumulation d’objets hétéroclites volés et pas seulement de vêtements. 2° Puis le grand vestiaire fait allusion au grand bouleversement, au chaos de l’Après-Guerre où chacun se débrouille pour vivre comme il peut. 3° le Grand vestiaire c’est celui, plus large où s’accumulent les sentiments et les caractères hétéroclites du monde hirsute sorti de la sale Guerre.
Quel serait le propos du livre ? Gary se moque du confort bourgeois, est à l’aise dans le chambardement et le brassage d’idées. Il dénonce certes la collaboration mais laisse place à l’amour de l’humanité sans se gargariser de théorie. Toute idée est à décrypter seulement dans la pratique, dans le concret des personnages et non dans la psychologie qu'il honnira au long de ses romans. On accepte ainsi la « largeur d’idées » pour le moins suspecte de Luc Martin parce qu’il va au bout de sa fidélité à Vanderputte. Il l’a accueilli autrefois, petit orphelin de l’après-guerre. Il n’empêche que le salaud reste salaud et payera son crime. Mais la note est réglée non pas par la société qui n’est pas si indemne que ça, mais par son jeune compagnon qui - on le devine - est seul à pouvoir le faire parce qu’il a vécu à ses côtés sans pour autant partager la conduite de son abominable compagnon de route.
Catégories :- Roman français
- Roman paru en 1949
- Œuvre de Romain Gary
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