Education europeenne

Éducation européenne est un roman de Romain Gary, paru en 1945. C'est le premier roman écrit sous ce nom. Il fut traduit en 27 langues.

Résumé

Éducation européenne : ce titre trompeur est immédiatement démenti par le ton à la fois ironique et amer du livre. Le jeune Janek, enfant malheureux d'une génération vouée à la barbarie de la guerre, ne connaît en effet que l'errance, le chaos et la violence, dans une Europe qui a cessé depuis longtemps d'être le berceau de la civilisation occidentale et de ses idéaux philosophiques. Son père assassiné, ses frères tués, terré dans la forêt polonaise, il découvre l'amour auprès d'une jeune fille, Zosia, qui a elle aussi connu le cauchemar et la terreur.

De ces récits cruels ressortent pourtant une foi profonde en ce qui fait l'humanité de l'homme et le sens de sa propre dignité. Car si dans l'Education européenne, les hommes ne sont plus que des bêtes qui luttent contre le froid et la faim pour survivre, il n'en reste pas moins vrai qu'ils gardent en eux l'espérance d'un humanisme et d'un idéalisme salvateurs.

Commentaires

Il s'agit donc du premier roman de Romain Gary (1914-1980). Il fut suivi de nombreux titres, parmi lesquels deux prix Goncourt (sous deux noms différents) : Les Racines du ciel (1956) et La Vie devant soi (1975). L'oeuvre est abondante et polymorphe ; l'écrivain lui-même, énigmatique, pluriel et insaisissable, publia sous quatre pseudonymes différents (Romain Gary, Émile Ajar, Shatan Bogat et Fosco Sinibaldi).

Romain Gary est avant tout un écrivain de la grandeur humaine ; le souffle épique qui traverse l'Éducation européenne fait songer à Malraux^{[réf. nécessaire]}. Pourtant, ce roman, par son réalisme lucide et cruel qui met en scène une humanité déchue et presque bestiale, oscille entre deux tendances contradictoires et rappelle parfois Nicolas Gogol^{[réf. nécessaire]}. L'Éducation européenne reçut le prix des Critiques (1945) et remporta un vif succès. Sartre tenait ce livre pour le meilleur roman sur la Résistance.

Extraits choisis

« La cachette fut terminée aux premières lueurs de l'aube. C'était une aube mauvaise de septembre, mouillée de pluie : les pins flottaient dans le brouillard, le regard n'arrivait pas jusqu'au ciel. Depuis un mois, ils travaillaient secrètement la nuit : les Allemands ne s'aventuraient guère hors des routes après le crépuscule, mais, de jour, leurs patrouilles exploraient souvent la forêt, à la recherche des rares partisans que la faim ou le désespoir n'avaient pas encore forcés à abandonner la lutte. »

« Le patriotisme, c'est l'amour des siens. Le nationalisme, c'est la haine des autres. Les Russes, les Américains, tout ça... Il y a une grande fraternité qui se prépare dans le monde, les Allemands nous auront valu au moins ça... »

« Rien d'important ne meurt... Seuls... les hommes... et les papillons... »

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