Le Dernier jour d'un condamné

Le Dernier jour d'un condamné

Le Dernier Jour d'un condamné

Le Dernier Jour dun condamné

Illustration de Le Dernier Jour d’un condamné

Édition princeps


Auteur Victor Hugo
Genre Roman
Pays d'origine France France
Lieu de parution Paris
Éditeur Charles Gosselin
Date de parution 1829
Chronologie
Han d'Islande
Notre-Dame de Paris

Le Dernier Jour dun condamné est un roman de Victor Hugo publié en 1829 chez Gosselin, qui constitue un réquisitoire politique pour labolition de la peine de mort.

Sommaire

Genèse

Victor Hugo rencontre plusieurs fois le spectacle de la guillotine et sindigne de ce que la société se permette de faire de sang-froid ce quelle reproche à laccusé davoir fait. Cest au lendemain dune traversée de la place de lHôtel de Ville le bourreau graissait la guillotine en prévision de lexécution prévue le soir même que Victor Hugo se lance dans lécriture du Dernier Jour dun condamné quil achève très rapidement[1]. Le livre est édité en février 1829 par léditeur Charles Gosselin mais sans nom dauteur. Ce nest que 3 ans plus tard (15 mars 1832) que Victor Hugo complète sa nouvelle par une longue préface quil signe de son nom.

Résumé

Le livre se présente comme le journal quun condamné à mort écrit durant les vingt-quatre dernières heures de son existence dans lequel il relate ce quil a vécu depuis le début de son procès jusquau moment de son exécution, soit environ six semaines de sa vie. Ce récit, long monologue intérieur, est entrecoupé de réflexions angoissées et de souvenirs de son autre vie, la vie davant. Le lecteur ne connaît ni le nom de cet homme, ni ce quil a fait pour être condamné, mis à part la phrase : « moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui ai versé du sang ! ». Lœuvre se présente comme un témoignage brut, à la fois sur langoisse du condamné à mort et ses dernières pensées, les souffrances quotidiennes morales et physiques quil subit et sur les conditions de vie des prisonniers, par exemple dans la scène du ferrage des forçats. Il exprime ses sentiments sur sa vie antérieure et ses états dâme

Réception

Avant la publication de son œuvre, Victor Hugo en fait la lecture à quelques-uns de ses amis et cest Édouard Bertin qui encourage léditeur Charles Gosselin, qui a déjà entrepris la publication des Orientales, à publier le roman. Celui-ci, dans une lettre envoyée à Victor Hugo évoque ses craintes que ce roman sans action ne lasse le lecteur, que labsence dinformations sur le condamné ne nuise à la compréhension du récit et suggère à Victor Hugo de compléter son œuvre par une histoire du condamné. Victor Hugo refuse poliment mais fermement de suivre ces indications[2].

Ce sont pourtant ces deux points qui feront lobjet de nombreuses critiques à la sortie du livre. Dès le 3 février 1828, Jules Janin critique lœuvre dans la Quotidienne, la présentant comme une longue agonie de 300 pages et ne lui reconnaît aucune efficacité comme plaidoyer contre la peine de mort sous prétexte qu'« un drame ne prouve rien »[3]. Charles Nodier parle dun livre inutile qui na pas fait avancer la cause quelle défend « la question (de la peine de mort) a-t-elle fait un pas de plus vers sa solution (...) Je ne le pense pas » et lui reproche ses gratuites horreurs. Il ne comprend pas que le personnage du condamné soit si mal précisé et remarque : « on est froid pour cet être qui ne ressemble à personne » (26 février 1829). Des voix sélèvent pour accuser le livre de nêtre que le plagiat dun livre anglais ou américain[4]. On le traite dœuvre dimagination morbide aux ressources romanesques limitées.

Victor Hugo, sensible à ses critiques les parodiera dans sa préface du 24 février 1829 et défend son parti-pris danonymat concernant le condamné : le livre se veut être « une plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés ».

Cependant dautres auteurs prennent sa défense. Sainte Beuve écrit : « Jamais les fibres les plus déliées et les plus vibrantes de lâme nont été à ce point mises à nu et à relief ; cest comme une dissection à vif sur le cerveau dun condamné » et Alfred de Vigny dans sa lettre du 9 février 1829, précise « Cest partout vous, toujours la couleur éclatante, toujours lémotion profonde, toujours lexpression vraie pleinement satisfaisante, la poésie toujours. ». Ils reconnaissent à lœuvre sa valeur de plaidoyer et sa puissance romantique. Gustave Vapereau, dans son Dictionnaire universel des contemporains, signale que lœuvre fut finalement reconnue pour « la force de la pensée et la profondeur de lanalyse ».

La longue préface de 1832 apportera à lœuvre la force argumentaire dont on lui reprochait labsence.

Préfaces

On dénombre trois préfaces de Victor Hugo pour ce livre.

Dans la première édition, Victor Hugo présente lœuvre comme, au choix, un journal écrit par un condamné ou bien lœuvre dun philosophe ou un poète. Victor Hugo laisse ainsi le lecteur décider. Le livre est alors publié sans nom dauteur.

Très vite cependant, le nom de lauteur se répand et, à la suite des critiques dont le livre fait lobjet, Victor Hugo rédige une autre préface pour la troisième édition du Dernier Jour dun condamné (24 février 1829). Il sagit dune saynète parodique il met dans la bouche de bourgeois et bourgeoises caricaturés les reproches faits au livre : « un plaidoyer nécessite une argumentation pas des sensations... le criminel ? on ne le connait pas... ce livre raconte des horreurs... le chapitre XXX est une critique de lÉglise et le chapitre XL celle de la Royauté.... » On y perçoit lamertume de lauteur incompris mais aussi la provocation pour susciter la curiosité du lecteur.

Mais la préface la plus aboutie est celle de 1832. Dans celle-ci, Victor Hugo prend le temps de développer son argumentaire. Il précise ses motivations : le livre est bien un plaidoyer contre la peine de mort. Pour que ce plaidoyer soit efficace, quil ait valeur de généralité, il fallait que le héros soit le plus quelconque possible, exécuté un jour quelconque, pour un crime quelconque. Il présente des descriptions très réalistes dexécutions pour souligner la cruauté de celles-ci, explique comment en 1830 labolition de la peine de mort a failli être votée par lassemblée mais pour de mauvaises raisons. Il interpelle les magistrats, traite le bourreau de « chien du juge » et propose, non pas brutalement une abolition de la peine de mort, mais une refonte complète du système pénal. Ainsi trois ans après avoir suscité lémotion par la présentation de ce long monologue dun condamné à la veille de sa mort, Victor Hugo présente une défense raisonnée de sa thèse.

Composition de lœuvre

Le livre est découpé en 49 chapitres de longueurs très variables allant dun paragraphe à plusieurs pages. Victor Hugo rythme ainsi la respiration du lecteur et lui fait partager les états dâme du condamné, ses éclairs de panique et ses longues souffrances. On distingue trois lieux de rédaction

  • Bicêtre le prisonnier évoque son procès, le ferrage des forçats et la chanson en argot. Cest quil apprend quil vit sa dernière journée.
  • La Conciergerie qui constitue plus de la moitié du livre. Le condamné y décrit son transfert vers Paris, ses rencontres avec la friauche, larchitecte, le gardien demandeur de numéros de loterie, le prêtre, sa fille. On partage ses souffrances, son angoisse devant la mort, sa repentance, sa rage et son amertume.
  • Une chambre de lHôtel de Ville sont écrits les deux derniers chapitres, un très long relatant sa préparation et le voyage dans Paris jusquà la guillotine, lautre très court concernant les quelques minutes qui lui sont octroyées avant lexécution.

On remarque aussi plusieurs rétrospectives qui sont souvent des chapitres :

  • Chapitre II : Le procès
  • Chapitre IV et V : le transfert et la vie quotidienne à Bicêtre
  • Chapitre XIII et XIV : le ferrage et le départ des forçats
  • Chapitre XXVIII : le souvenir de la guillotine
  • Chapitre XXXIII : Pepita

Descriptions présentes :

  • celle de Bicêtre au chapitre 4
  • celle du cachot au chapitre 10
  • celle de lHôtel de Ville au chapitre 37
  • celle de la place de Grève au chapitre 3

Diverses informations :

  • chapitre 8 : lhomme compte les jours quil lui reste à vivre
  • chapitre 9 : lhomme pense à sa famille
  • chapitre 13 : le ferrage des forçats
  • chapitre 16 : chanson dune jeune fille lorsque lhomme séjourne à linfirmerie
  • chapitre 22 : transfert du prisonnier à la Conciergerie
  • chapitre 23 : rencontre du successeur au cachot de la Conciergerie
  • chapitre 32 : demande du gendarme par rapport aux numéros de la loterie
  • chapitre 42 : rêve avec la vieille dame
  • chapitre 43 : le condamné voit une dernière fois sa petite fille qui ne le reconnaît pas
  • chapitre 48 : transfert à lHôtel de Ville
    • toilette du condamné
    • on emmène le prisonnier à la guillotine.

Le personnage principal

Le personnage du roman est un être ordinaire, ni un héros, ni un truand. Il semble cultivé, sait lire et écrire et connaît même quelques mots en latin. La richesse de son vocabulaire fait contraste avec largot parlé par le friauche ou chanté par la jeune fille. Mais on ne décèle en lui aucune grandeur particulière, il est le jouet de sentiments classiques : la peur, langoisse, la colère, lamertume, la lâcheté, légoïsme, le remords... Jusquau bout, il espère sans y croire une grâce royale quil nobtiendra jamais.

On découvre quelques bribes de sa vie passée : il a une mère et une femme qui sont évoquées brièvement, lhomme semble être résigné sur leur sort. On sattache plus longuement à lévocation de sa fille Marie qui est la seule visite quil reçoit avant son exécution mais qui ne le reconnaît pas et croit son père déjà mort. Il raconte aussi sa première rencontre amoureuse avec Pepa, une fille de son enfance. On ne sait rien de son crime, sinon quil reconnaît mériter la sentence et quil tente de sen repentir. Croyant, il na cependant pas une spiritualité telle quil puisse trouver dans la prière la consolation, ni suivre le discours du prêtre qui laccompagne du matin jusquà lheure de son exécution.

Le faux chapitre XLVII, censé raconter sa vie est vide.

Victor Hugo sest longuement expliqué sur lanonymat de son personnage. Il ne voulait pas quon puisse sattacher à lhomme, en faire un cas particulier, dire « celui- ne méritait pas de mourir mais dautres peut-être.... » Il devait représenter tous les accusés possibles, innocents ou coupables car selon Victor Hugo, la peine de mort est une abomination pour tous les condamnés. Cest également dans ce but quil fait passer à travers les sentiments du personnage de nombreuses contradictions.

Adaptations

Notes et références

  1. Achevé en 3 semaines selon Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie, chapitre L ou en un mois et demi (14 novembre 1828 - 26 décembre 1828) selon Roger Borderie (Notices sur le Dernier Jour dun condamné - Gallimard 1970)
  2. Lettre de Victor Hugo à son éditeur du 3 janvier 1829
  3. Chronologie de Victor Hugo - Année 1829
  4. Préface de 1834

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