- Le Carnaval des animaux (Camille Saint-Saëns)
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Le Carnaval des animaux
Fichier audio Le Carnaval des animaux est une suite musicale de 14 pièces, composée par Camille Saint-Saëns en 1886.
Sommaire
Composition
Saint-Saëns composa l'œuvre au cours de ses vacances dans un petit village autrichien. Son but était de faire rire, sans tomber dans la puérilité, ce qui lui fut reproché, car on le considérait comme un compositeur sérieux. Créé par un groupe que dirigeait Lebouc, durant le Carnaval de Paris, à l'occasion du Mardi gras, il fut rejoué par la société « la Trompette » pour fêter la mi-carême. Le compositeur interdit ensuite l'exécution publique de cette œuvre de son vivant, il fallut attendre la lecture de son testament pour que l'œuvre soit rejouée en public. Seul le morceau intitulé Cygne était exclu de cette censure, et fut si volontiers joué qu'il devint le « tube » de générations de violoncellistes.
On a pris l'habitude de comparer dans un même enregistrement Le Carnaval des animaux et Pierre et le loup de Sergueï Prokofiev. Cette « fantaisie zoologique » n'est qu'une parenthèse dans la carrière du musicien qui, la même année, achevait sa symphonie n°3 avec orgue, son chef-d'œuvre.
Mouvements
Francis Blanche a écrit de brefs textes pouvant être lus par un récitant lors de l'exécution. Les jeux de mots de l'humoriste réveillent toute la malice de l'œuvre musicale.
- Introduction. Des trilles de piano et des montées de violons et de violoncelles.
Au jardin des Plantes, ainsi nommé d'ailleurs à cause des animaux qu'on y a rassemblés, une étrange ardeur semble régner...[1]
- Marche royale du Lion. Très majestueuse, en do majeur pour les premiers accords, en la pour la suite, sur un rythme très strict. Quelques montées chromatiques de piano, puis d'autres aux instruments à cordes qui imitent les rugissements du lion, d'une manière qui n'est guère terrifiante, mais qui jouent un peu sur le tableau de l'inquiétude. Le mouvement finit sur une gamme chromatique ascendante puis descendante de la mineur. L'ambiance générale est celle d'un ballet.
L'on voit entrer le Lion, très britannique, la mine altière... Vêtu de soieries aux tons chatoyants, soieries de Lyon évidemment.
- Poules et Coqs. Exemple rarissime de musique purement imitative, ce caquetage concertant, auquel vient s'ajouter la clarinette, est un morceau de bravoure. Très ironique, avec des notes dont la venue est quasiment incohérente aux cordes, imitant les caquètements ; ce passage amuse toujours les plus petits par son caractère imitatif.
Les uns crient cocorico, très haut, les autres gloussent et caquettent, très bêtes.
- Hémiones (ou Animaux véloces). Uniquement au piano, très rapide, à base de gammes exécutées tambour battant, cela rend la course véloce de ces ânes sauvages du Tibet.
Un hémione c'est un cheval, des hémiones ce sont des chevaux [...]. Il a comme tout animal, ils ont comme tous les animaux leur place dans notre carnaval, comme dans tous les carnavaux !
- Tortues. Le thème, bien évidemment lent, est interprété par les violoncelles et les altos. Saint-Saëns met en place une opposition rythmique entre le piano binaire et le thème comportant parfois des triolets. Ce passage est un pastiche du célèbre can-can de Orphée aux Enfers, dont Saint-Saëns n'a retenu que le thème. L'absence de rythme (échevelé chez Jacques Offenbach, volontairement détruit pour les besoins du Carnaval) est particulièrement savoureuse.
- L'Éléphant. Ce mouvement est lui aussi comique de manière très directe. Le thème, lent, est tenu par la contrebasse, soutenue par des accords de piano. On note un nombre important de modulations à partir de mi bémol majeur. Ce morceau est une parodie de la Danse des sylphes d'Hector Berlioz (extrait de La Damnation de Faust), qui passe de très aérienne dans sa version originale, à pachydermique dans le morceau de Saint-Saëns.
Les éléphants sont des enfants qui font tout ce qu'on leur défend...
- Kangourous. Le piano alterne joyeusement des accords avec appoggiatures ascendants puis descendants, et des passages plus lents, où sans doute l'animal est-il au sol...
Redoutable boxeur, recordman du saut en longueur et champion du saut à la perche...
- Aquarium. Célèbre thème, tournoyant et scintillant, évoquant à la perfection le monde des contes de fées et pays imaginaires, avec des notes de xylophone - souvent jouées au glockenspiel ou à la célesta - et des arpèges descendants de piano.
De la baleine à la sardine et du poisson rouge à l'anchois dans le fond de l'eau chacun dîne d'un plus petit que soi...
- Personnages à longues oreilles. Très représentatif, au violon, il utilise les harmoniques aigües et des tenues basses. Suivant les interprétations on jurerait entendre les braiements de l'âne, interprétés par les violons.
L'Âne s'est mis un bonnet d'homme !
- Le Coucou au fond des bois. C'est un mouvement très satirique, où la clarinette a le privilège de répéter 21 fois le même motif, sur les mêmes deux notes, alors que le piano mène la mélodie seul par des accords lents...
Chacun soupire à part soi : Que le son du coucou est triste, au fond des bois !
- Volière. Mouvement très gracieux, où le thème est tenu presque exclusivement par la flûte, soutenue par des tremolos discrets des cordes et des pizzicatos. Suivant les interprétations, le tempo varie beaucoup, allant parfois jusqu'à la virtuosité.
Personne au monde ne vous condamnera pour chantage ou pour vol.
- Pianistes. Autre passage, très humoristique, qui donne lui aussi dans la caricature. Les pianistes ne font que des gammes, ascendantes et descendantes, dans les tonalités majeures à partir de do, entrecoupées par des accords des cordes. Les diverses interprétations en sont extrêmement variées et dépendent de l'interprétation faite par les musiciens de la mention de Saint-Saens sur la partition : "Dans le style hésitant d'un débutant".
Ce mammifère concertivore digitigrade...[...] Amateurs de gibiers, ne tirez pas sur le pianiste !
- Fossiles. Passage parodique évoquant, outre les animaux disparus, les vieux airs d'époque. La clarinette reprend le célèbre thème du Barbier de Séville de Gioacchino Rossini una voce poco fa et plaisante même avec sa propre Danse Macabre, rendue gaie pour l'occasion ! Le thème est tenu au début par le xylophone et par le piano, avec des pizzicatos des cordes. On y entend très clairement un fragment d’Au clair de la Lune, par la clarinette, ainsi que les notes gaies de Ah vous dirais-je maman, deux comptines enfantines. On reconnaît en outre, enchaîné à l'Aria du Barbiere, un passage de En partant pour la Syrie, chanson populaire d'époque napoléonienne. Le texte de Francis Blanche rapproche ce mouvement de la Danse Macabre du même compositeur, ce qui se comprend par la similitude de tonalité (sol mineur) et la vigueur, l'aspect étrangement enjoué (en apparente contradiction avec ladite tonalité).
Dinosaures, brontosaures, Nabuchodonosors et autres trésors...
- Le Cygne. Peut-être le mouvement le plus connu de toute la pièce, en tout cas le seul qui a l'honneur d'être parfois joué seul, c'est un magnifique solo de violoncelle soutenu par le piano, très poétique et sans doute sans humour ni caricature d'un quelconque excès de lyrisme propre aux cordes.
- Finale. Ce dernier morceau équivaut à la parade des fins de revue. Entamé par la reprise des trilles des pianos du 1er mouvement, il développe lui aussi un thème maintes fois repris plus tard sur d'autres supports. Ledit thème s'appuie sur une descente de basse par figure de marche. On y voit réapparaître plus ou moins brièvement les animaux dans l'ordre suivant : les hémiones (avec des accords scandés par les cordes), les fossiles (notamment par l'utilisation plus importante du xylophone), les poules et coqs, les kangourous, les ânes et implicitement par la tonalité, le lion.
On danse, on fraternise : le loup avec l'agneau, le renard avec le corbeau...
Anecdotes
- Le morceau Aquarium a été maintes fois repris dans des publicités, notamment pour Décathlon et Gallia, dans l'introduction du dessin animé La Belle et la Bête des studios Disney et comme thème principal du film de Terrence Malick, Les Moissons du ciel (Days of Heaven). Il est par ailleurs présent avant chaque diffusion de film dans la salle du Palais des Festivals à Cannes durant le festival de cinéma organisé dans la ville.
- Le finale a été repris pour une séquence avec des flamants roses dans le dessin animé Fantasia 2000.
Notes
- ↑ Toutes les citations sont extraites du texte de Francis Blanche.
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