- Laurent Mucchielli
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Laurent Mucchielli Naissance 25 mai 1968
Nice (France)Nationalité française Pays de résidence France Diplôme doctorat en histoire des sciences sociales, EHESS (1996) Profession sociologue Activité principale délinquance urbaine des populations issues de l'immigration
Laurent Mucchielli est un sociologue français né le 25 mai 1968 à Nice[1], spécialisé en criminologie, notamment sur les questions de délinquance et de violence des populations immigrées.Sommaire
Biographie
Après une formation en droit, en histoire et en sociologie, Laurent Mucchielli est devenu chercheur au CNRS en 1997. Après des premiers travaux sur l’histoire des sciences sociales en France, puis sur les homicides et sur la délinquance juvénile (notamment les viols collectifs), ses recherches se sont portées sur l’analyse de l'évolution de la délinquance, de la violence et des politiques de sécurité de façon plus générale, ainsi que sur l'analyse critique de l’exploitation qui en est faite par les médias et les discours politiques.
À la suite des émeutes de novembre 2005, il a également ouvert un chantier de recherches sur les problèmes spécifiques aux quartiers populaires, avec une petite équipe de jeunes chercheurs de terrain. Laurent Mucchielli enseigne la sociologie de la délinquance à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il intervient aussi dans des écoles de formation professionnelle telles que l'École nationale de la magistrature et les Instituts régionaux du travail social.
Laurent Mucchielli est le fondateur :
- de la Revue d'histoire des sciences humaines, il est membre du comité de rédaction de la revue internationale francophone Déviance et société ;
- de la revue Sociologie ;
- du groupe Clarifier le débat public sur la securité (Claris) initié fin 2001 avec la volonté d’intervenir dans le débat médiatico-politique pour mieux « clarifier le débat public sur la sécurité », d’où son sigle. Début 2002, le groupe a publié son manifeste dans le journal Libération[2].
Il a dirigé, de 2004 à 2009, le Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (CESDIP) ; ce laboratoire du CNRS fait partie du Groupe européen de recherche sur les normativités (GERN).
Le CNRS lui a décerné en 2006 sa médaille de Bronze[3].
Les écrits de l'auteur
Violences et insécurité, fantasmes et réalités
Dans son ouvrage Violences et insécurité, fantasmes et réalités dans le débat français, Laurent Mucchielli parle de la question de la lutte contre la violence et l'insécurité qui occupe depuis quelques années une place essentielle dans le débat politique français[réf. nécessaire].
Il y développe l'idée que « les faits divers de délinquance des jeunes occupent une place croissante dans l'actualité médiatique et sont présentés comme les manifestations d'une sorte de « nouvelle barbarie ». Amalgamant les délinquances les plus bénignes et les plus graves, il estime que de prétendus « experts » réactivent la vieille peur du complot de l'« ennemi intérieur ». Laurent Mucchielli s'efforce d'abord d'expliciter les enjeux de ce débat, de décortiquer les discours et d'en montrer, selon lui, tous les artifices. S'appuyant sur certaines recherches menées depuis une trentaine d'années, il explique comment lire les statistiques de l'insécurité et de la violence (atteintes aux biens, agressions, violences à l'école). Il retrace l'histoire de la délinquance juvénile depuis les années 1950, restituant ainsi ce problème de société dans une perspective économique, sociale et politique. Loin de la crispation actuelle (selon ses analyses) sur de simples recettes policières, mais sans nier l'existence des problèmes, il propose quelques réformes de fond pour réduire la « délinquance juvénile. »
Pour le journal Le Monde de l'éducation, « le sociologue Laurent Mucchielli tente de démontrer que l'augmentation des vols avec violence et les coups et blessures volontaires s'explique d'abord par une révolte contre les institutions qui socialisent moins qu'avant les jeunes [...]».
Vidéosurveillance
Laurent Mucchielli est un opposant de principe à la vidéosurveillance urbaine. Invité par France Inter le 8 septembre 2010 dans l'émission « Le Téléphone sonne », il estime que selon ses recherches, le coût de la vidéosurveillance est considérable pour une baisse des infractions enregistrée d'environ 2 %. Il a déclaré que cet argent public serait mieux dépensé à appuyer des politiques d'accompagnement social, comme « créer des emplois de médiateurs dans les quartiers sensibles ». Il s'oppose en cela à Alain Bauer, partisan d'un maillage vidéo des villes « à l'anglaise »[réf. nécessaire]. Laurent Mucchielli ne reconnaît pas la valeur des études et audits réalisés par Monsieur Bauer et l'OND, sur les avantages de la vidéosurveillance, estimant que les méthodes employées n'ont pas été très scientifiques[4]. Par ailleurs, l'OND et l'IHESI ne reconnaissent pas à leur tour les analyses de Laurent Mucchielli comme scientifiques. Ils estiment qu'elles sont entachées d'un fort tropisme politique, fortement marqué à gauche. Le 22 mars 2011, Laurent Mucchielli a été violemment critiqué par le préfet Jean-Louis Blanchou[5], responsable du comité de pilotage de la vidéo-protection, au cours des journées parlementaires de l'Assemblée Nationale présidée par le députée Eric Ciotti. Ce dernier a déclaré que l'apport de l’État en matière de vidéosurveillance était de 30 millions d'Euros pour les collectivités locales, ce qui représente un apport modeste dans le budget de l’État sans rapport avec « les assertions du sociologue Laurent Mucchielli ».
Les « tournantes » : mythes et réalités, dérives médiatiques et contre-enquête sociologique
Invisibles pendant des années, les viols collectifs ont à partir de l’année 2001 fait une entrée fracassante sur l’écran médiatique. Depuis, journaux télévisés, reportages et plateaux-débats nous rappellent régulièrement que ces viols sont un phénomène nouveau, en pleine expansion, concentré dans les banlieues populaires, commis principalement par des enfants d’immigrés et motivés par un machisme d’inspiration musulmane. Chacune de ces affirmations est réfutée par l’enquête sociologique menée par Laurent Mucchielli[précision nécessaire].
Cette enquête est parue en 2005 sous le titre Le Scandale des tournantes. Dérive médiatique, contre-enquête sociologique.
L’islamophobie : une myopie intellectuelle ?
Selon Laurent Muchielli, l'Islam n'est pas fondamentalement criminogène, l'Islam de France n'est pas un ennemi de l’intérieur, n'est pas porteur d’un nouvel antisémitisme en France[6].
La France et l’antisémitisme
Laurent Mucchielli a mis en évidence, selon lui, le fait que l’antisémitisme sur une longue période avait diminué dans le pays. Cette information a donné lieu à la publication d’un document intitulé « Le retour de l’antisémitisme. Discours rituel au dîner annuel du CRIF ». Dans son analyse, le sociologue montre en effet que le pic d’actes antisémites effectivement constaté en janvier 2009 s’explique par une raison conjoncturelle : le conflit israelo-palestinien. Ce phénomène avait déjà été observé lors de la deuxième Intifada en 2000. Selon M. Mucchielli, il n’y a pas d’augmentation tendancielle de l’antisémitisme en France, 90 % des Français considérant en outre les juifs comme des Français comme les autres. Laurent Mucchielli dénonce en revanche « une incapacité [du CRIF] à prendre ses distances avec l’État israélien, ce qui est le pendant et l’amplificateur de l’incapacité de nombreux Français maghrébins à distinguer la politique israélienne de la communauté juive en général »[7].
Cette position et cette analyse ont été contestées par le Conseil représentatif des institutions juives de France, au travers d’un article de Meïr Waintrater du CRIF[8].
Publications
- Xavier Crettiez (dir.) et Laurent Mucchielli (dir.), Les violences politiques en Europe : Un état des lieux, Paris, La Découverte, 2010, 336 p. (ISBN 2707164582)
- Histoire de l’homicide en Europe, de la fin du Moyen Âge à nos jours, codirection avec Pieter Spierenburg, Paris, La Découverte, 2009
- La Frénésie sécuritaire. Retour à l’ordre et nouveau contrôle social, sous la direction de, Paris, La Découverte, 2008
- Les Bandes de jeunes. Des blousons noirs à nos jours, codirection avec Marwan Mohammed, Paris, La Découverte, 2007
- Gendarmes et voleurs. De l’évolution de la délinquance aux défis du métier, sous la direction de, Paris, L’Harmattan, 2007
- Quand les banlieues brûlent. Retour sur les émeutes de novembre 2005, codirection avec Véronique Le Goaziou, Paris, La Découverte, 2de édition 2007
- Crime et insécurité. Un demi-siècle de bouleversements. Mélanges pour et avec Philippe Robert, codirection avec René Lévy et Renée Zauberman, Paris, L’Harmattan, 2006
- Le Scandale des « tournantes ». Dérives médiatiques, contre-enquête sociologique, La Découverte, 2005
- Mythes et histoire des sciences humaines, Paris, La Découverte, 2004
- Violences et insécurité, Fantasmes et réalités dans le débat français, La Découverte, Paris, 2de édition 2002
- Crime et sécurité : un état des savoirs, codirection avec Philippe Robert, Paris, La Découverte, 2002
- La Découverte du social. Naissance de la sociologie en France (1870–1914), Paris, La Découverte, 1998
- Le Cas Spencer. Religion, science et politique, avec Daniel Becquemont, Paris, Presses universitaires de France, 1998
- La Sociologie et sa méthode. Les règles de Durkheim un siècle après, codirection avec Massimo Borlandi, Paris, L’Harmattan, 1995
- Histoire de la criminologie française, direction, Paris, L’Harmattan, 1994
Notes et références
- http://www.europarl.europa.eu/document/activities/cont/200901/20090127ATT47286/20090127ATT47286EN.pdf
- Voir l’appel de CLARIS dans Libération du 30 janvier 2002 pour « clarifier le débat sur l'insécurité »
- Les lauréats 2006 sur le site du CNRS
- France Inter, « Le téléphone sonne », Alain Bedouet, 8 septembre 2009/2010, 19h20 - 20h00.
- http://www.videosurveillance-infos.com/Jean-Louis-Blanchou-a-la-tete-du-Comite-de-pilotage-strategique-pour-le-Developpement-de-la-video-protection_a548.html
- L'intégralité du texte
- L'intégralité du texte « Retour de l’antisémitisme. Discours rituel au dîner annuel du CRIF », Mucchielli
- " L’intégralité du texte
Voir aussi
Filmographie
- À la belle époque des mauvais garçons documentaire de 52ʹ, réalisé par Nicolas Lévy-Beff
- Éduquer ou punir, documentaire de 52ʹ, réalisé par Nicolas Lévy-Beff
- Déchiffrer la violence, entretien vidéo avec Laurent Mucchielli, La Vie des idées, 5 janvier 2010
Articles connexes
Liens externes
- Site personnel de Laurent Mucchielli
- Présentation du livre Violences et insécurité, fantasmes et réalité
- Nombreux textes de Laurent Mucchielli. sur le site « Les Classiques des sciences sociales ».
- Faut-il croire les statistiques ? Article de Laurent Mucchielli dans les dossiers de « Pour la science » à propos des statistiques de la délinquance en France.
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