- Langue auxiliaire internationale
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Une langue auxiliaire ou langue auxiliaire internationale est une langue véhiculaire dont la neutralité permet de transcender les cultures et dont la facilité rend son apprentissage et sa maîtrise plus rapide qu'une langue naturelle. Ce terme peut être utilisé abusivement pour parler des langues les plus parlées dans le monde.
Si le terme s'applique souvent aux langues construites telles que l'esperanto ou le volapük, il peut aussi s'appliquer à certaines langues naturelles comme le latin, le grec ancien et le français des lumières jusqu'en 1950.
Certaines langues construites sont devenues langues auxiliaires d'État : le norvégien, le bahasa indonesia, la langue israélienne...
Sommaire
Historique des langues internationales
Les premiers projets de langue auxiliaire furent les langages philosophiques qui apparurent au 17 et 18e siècle. Ils furent inventés par leurs créateurs pour servir de langue pont entre différents peuples et pour éviter toutes ambiguïtés dans le discours. Beaucoup de ces langues ne restèrent qu'à l'état de projet ou ne furent pas suffisamment complets pour servir de langue réellement opérationnelle.
La première langue opérationnelle fut le sol-re-sol de François Sudre, mais il n'y eu apparemment jamais d'utilisation orale de cette dernière. Le volapük, créé par Johann Martin Schleyer et mentionné dès 1879, fut la première langue construite à avoir engendré une véritable communauté internationale de locuteurs. Il y eut trois grandes conventions sur le volapük en 1884, 1887, et 1889. Ce fut en cette dernière année, six ans après la convention de Boulogne, que pour la première fois de l'histoire se tint une convention internationale dans une langue auxiliaire. Cependant, peu de temps après la convention de 1889, la communauté volapukiste se désagrégea pour plusieurs raisons dont notamment :
- le refus de Schleyer de simplifier sa langue (il la considérait comme sa propriété et donc le seul à pouvoir la modifier).
- l'apparition de l'espéranto avec la publication en 1887 par Ludwik Lejzer Zamenhof du Unua Libro sous le titre Langue internationale, qui rencontra un vis succès avec un accroissement rapide du nombre de locuteurs et l'organisation en 1905 à Boulogne-sur-Mer du premier congrès mondial d'espéranto.
- en 1905, la « Délégation pour l'adoption d'une langue auxiliaire internationale » est fondée à l'instigation de Louis de Beaufront et Louis Couturat. La délégation examina plusieurs projets et décida de n'en choisir aucun mais d'en créer un nouveau, ce qu'elle fit en modifiant l'espéranto de manière naturaliste en créant une nouvelle langue construite : l'Ido. Un certain nombre d'espérantophones passèrent à l'ido dont quelques uns revinrent ensuite à l'espéranto. Cette situation provoqua ce que l'on appelle aujourd'hui la crise de l'ido.
- l'occidental d'Edgar von Wahl, qui sera nommé interlingue en 1922, fut créé en réaction à l'espéranto qu'il percevait comme trop schématique et décida de faire une langue naturaliste afin de faciliter la reconnaissance passive les langues romanes. Cependant ce naturalisme s'opposait à l'idée d'une langue facile et engendrait de nombreux problèmes notamment pour la dérivation des mots. L'occidental est mort en 1980.
- la iala fut fondée en 1924 par Alice Vanderbilt Morris, la iala décida de créer une nouvelle langue internationale qu'elle nomma interlingua qui fut publiée à partir de 1951. l'interlingua fut issu principalement du travail de Gode. L'interlingua comme l'occidental décida d'utiliser un modèle naturaliste basé sur les langues romanes, l'interlingua est l'une des langues artificielles les plus naturalistes qui soit, elle va jusqu'à reproduire les irrégularités grammaticales et orthographiques des langues naturelles.
L'espéranto souffrit en 1922 de voir capoter la proposition de l'Iran et d'autres petits pays de la faire adopter comme langue internationale auxiliaire[réf. nécessaire]. De plus, les espérantophones furent victimes de persécution sous les régimes nazi et stalinien[1]. En dépit de ces facteurs, la communauté espérantophone crût et publia un travail littéraire important (nouvelles et poèmes) durant la guerre. De toutes les langues auxiliaires publiées, seul l'espéranto compte une communauté active de locuteurs qui utilisent la langue lors de rencontres internationales et depuis la généralisation d'Internet sur les réseaux sociaux en ligne.
En 1991 fut créé la CONLANG mailing list[2] sur internet dans le but de discuter sur les langues auxiliaires internationales. On y trouve des gens intéressés par les langues, artistes,... Ce site se scinda en 2 par la suite (suite à des conflits récurrents entre les différents types de langues) en créant une liste spécifique dédiée aux langues auxiliaires; ce site fut nommé AUXLANG mailing list[3] ce site permet au gens parlant des langues auxiliaires de pouvoir communiquer rapidement grâce à internet, et au nouveau projet de se faire connaitre, on y trouve par exemple le Kotava, Lingua Franca Nova et le Toki Pona[4].
nom de la langue ISO Date de 1e
publicationCréateur commentaire Solresol 1827 François Sudre langue musicale Communicationssprache 1839 Joseph Schipfer basé sur du français norvégien 1848-1873 Ivar Aasen synthèse des dialectes norvégiens en vue de créer une langue commune pour la Norvège indépendante. Officielle en 1929 Universalglot 1868 Jean Pirro Volapük vo, vol 1879–1880 Johann Martin Schleyer première langue à créer un enthousiasme important Espéranto eo, epo 1887 L. L. Zamenhof langue la plus populaire, avec plus d'un million de locuteurs Spokil 1887 or 1890 Adolph Nicolas langue de type apriori inspiré du volapük Mundolinco 1888 J. Braakman le premier dérivé d'esperanto Idiom Neutral 1902 Waldemar Rosenberger langage naturaliste inspiré du volapük Latino sine flexione 1903 Giuseppe Peano "Latin sans déclinaison" il remplace Idiom Neutral en 1908 Ido io, ido 1907 Délégation pour l' Adoption d'une langue auxiliaire internationale dérivé de l'espéranto Adjuvilo 1908 Claudius Colas un dérivé d'ido Occidental (aka Interlingue) ie, ile 1922 Edgar de Wahl langue naturaliste Novial nov 1928 Otto Jespersen langue naturaliste Kiswahili 1930 administration coloniale Elle devint langue officielle de la Tanzanie grâce à l'action de Nyerere qui voulait une langue neutre qui transcende les cultures de son pays, et se débarrasser de la langue coloniale, l'anglais Sona (langue) (en) 1935 Kenneth Searight Best known attempt at an unbiased vocabulary Esperanto II 1937 René de Saussure Mondial 1940s Helge Heimer langue naturaliste Glosa igs 1943 Lancelot Hogben, et al. Originellement nommé Interglossa, Glosa Interlingua ia, ina 1951 International Auxiliary Language Association projet ayant pour but de découvrir le vocabulaire commun de l'Europe Frater 1957 Pham Xuan Thai fond gréco-romain et grammaire non occidentale Kotava avk 1978 Staren Fetcey langue a priori Lingua Franca Nova lfn 1998 C. George Boeree et al. langue romane avec grammaire créole Le naturalisme désigne pour la langue la tendance à ce rapprocher des langues naturelles, c'est-à-dire à reproduire les irrégularités que l'on rencontre dans celles-ci.
Le schématisme, c'est la tendance inverse qui établit des règles précises et immuables qui seront constamment appliquées (on applique la règle sans se poser de question car la règle est toujours valable).
Classification
Il y a deux sortes de langues artificielles : les pasigraphies et les pasilalies.
Les pasigraphies (du grec j’écris) ne sont pas destinées à être parlées sont des conventions purement visuelles, destinées à être comprises du regard par quiconque, quelle que soit sa langue et sans aucune traduction. Les premiers pasigraphies furent créées par Johannes J. Becher en 1661 et John Wilkins en 1668. Cependant, le mot n’apparut qu’en 1797 (il fut créé par Joseph de Maimieux, qui le définit comme étant une manière d’« écrire même à ceux dont on ignore la langue, au moyen d’une écriture qui soit l’image de la pensée que chacun rend par différentes syllabes »)
Les pasigraphies peuvent se présenter sous plusieurs formes de lettres, de nombres, de signes, d’idéogrammes ou de pictogrammes, de hiéroglyphse ou même de notes musicales comme le célèbre « Solrésol » de Jean-François Sudre en 1866.
Les pasilalies sont quant à elles destinées à être des langues de communication.
Les différents types de pasigraphie
Les pasigraphies se divisent en pasigraphies philosophiques (ou a priori) et en pasigraphies empiriques (ou pratiques, ou a posteriori).
Les pasigraphies empiriques, elles, répondent le plus souvent à un besoin purement pratique et elles se basent sur des notions exprimées par de mots ou groupes de mots et ordonnés selon des structures grammaticales. Par exemple, dans la langue de Cave Beck de 1657, chaque combinaison de chiffres correspond à un « terme primitif » de chaque langue, auxquels sont associés des lettres spécifiant les caractéristiques grammaticales : ainsi « p2477 » désignera le « père », car « 2477 » correspond à « père » et « p » indique le substantif ; de même, « f » indiquant le féminin, « pf2477 » désignera la « mère ».
Les langues philosophiques sont le fruit des réflexions philosophiques du XVIIème siècle et elles ont joué un rôle capital dans l’histoire du concept de langue international En effet, comme l’avaient souhaité de nombreux penseurs de l’époque (Descartes, Leibniz, Bacon), les divers projets de langues philosophiques qui ont commencé à fleurir à partir de 1650 cherchent à classer les idées en constituant des systèmes cohérents et logiques ordonnés autour de concepts fondamentaux.
Citons par exemple le projet de Jean Delormel en 1795 (les langues philosophiques seront particulièrement en vogue du XVIIème au début du XIXème siècle) où chaque lettre désigne une classe d’idée : par exemple, la lettre « a » indiquant l’« art de parler », on aura AVA : grammaire / AVE : lettre / AVAU : mot / AVEU : nombre / ALVE : voyelle / ADVE : consonne / ALVAU : nom / ALAVAU : nom commun / ALEVAU : nom propre, etc.
Un exemple moderne de ce type de langue est le kotava.
Certaines pasigraphies ont obtenu une consécration officielle comme par exemple le « Code international des signaux maritime s» (de Sallandrouze de Lamormaix en 1871) et la « Classification bibliographique décimale » (de Melvil Dewey en 1873). D’autres classifications décimales et codes télégraphiques (comme l’alphabet Morse par exemple) sont parfois rattachés aux pasigraphies. On peut également y rattacher les panneaux du code de la route, les symboles électriques.
Il est parfois possible qu’une pasigraphie soit transformée en une langue parlée, pour ainsi devenir une pasilalie (ce fut cas pour plusieurs pasigraphies, dont celle de Beck).
Les différents types de pasilalie
Les pasilalies (du grec je parle), quant à elles, sont des conventions audio-visuelles destinées autant à être parlées qu’écrites (elles utilisent le plus souvent des lettres, et parfois des signes affectés d’un son de sorte à former des ensembles prononçables). Les pasilalies sont définies en fonction de leurs rapports avec les langues naturelles.
Les racines de la langue peuvent être issue des langues naturelles ou artificielles, et la dérivation peut être naturelle ou schématique.
On obtient ainsi plusieurs possibilités :
dévivation/racine racines naturelles racines naturelles déformées racines naturelles et artificielles racines artificielles dérivation naturelle langue naturaliste ex : interlingua dérivation schématique espéranto volapük spelin, pario, speedwords groupe des langues a priori Lorsque l'on parle pour les pasilalies de langue a priori cela concerne les langues ayant à la fois des racines artificielles et une dérivation schématique. Dans tous les autres cas on parle de langue a postériori, c'est-à-dire que ces dernières se référent aux langues naturelles. Suivant le rapport entre les langues à postériori et les langues naturelles on distingue plusieurs cas : les langues minimales, les langues naturalistes, les langues mixtes.
les langues minimales
Les langues simplifiées, aussi appelé minimales, concernent aussi bien les langues vivantes ou mortes. On trouve parmi les projet de langue morte simplifié essentiellement des projets concernant le latin, bien qu'il existe des projets de grec simplifié
- Projet de grec simplifié : Ixessoire (1879) par Raymond et Lucien Poincaré ou Apolema de (1907) par La Grasserie.
- Projet de latin simplifié : le plus connu de ces projets fut le « Latino sine flexione »* de Giuseppe Peano en 1903.
On trouve également des projets de langue minimale concernant les langues vivantes. Le plus connu de tous ces projets est le basic english (1930).
Tous les projets de langue simplifiée ont échoué car ils déformaient tellement la langue d'origine que ni les étrangers ni les indigènes n’y reconnaissaient plus son génie particulier. De plus, certaines comme le basic english paralysaient l'expression car le locuteur devait constamment recourir à des périphrases.
les langues naturalistes
Ce terme, qui désignait à l'origine les langues a posteriori, a fini par désigner une sous-catégorie de celles-ci. Ces langues reproduisent les irrégularité des langues naturelles. Les exemples les plus connus de ce type de langue sont l'interlingua et l'occidental. Leurs complexités les rendent aussi difficiles à apprendre que les langues naturelles et de ce fait privilégient les locuteurs dont la langue maternelle se rapproche de la langue créée.
les langues dites mixtes
On retrouve dans cette catégorie les langues utilisant des racines naturelles mais dont la dérivation est schématique (c'est-à-dire régulière), cette catégorie de langue se divise en plusieurs ensembles.
les langues mixtes à racine déformée
Langue à racine naturelle déformée et à dérivation schématique ex : volapük, parla. Ce groupe a eu peu de succès en partie car les racines sont trop déformées pour être reconnaissables (cas du volapük).
les langues mixtes à racine non déformée
Langues à racine naturelle non déformée et à dérivation schématique. Ex : espéranto.
Pierre Janton parle de langue schématique, pour évoquer les langues mixtes à racine non déformée, qui selon lui ont les qualités des langues a priori pour ce qui est de la dérivation mais présentent l'avantage de ne pas être artificielles[5]
C'est ce groupe qui a eu le plus de succès. Cela s'explique par le fait que les racines sont issues des langues naturelles et, n'étant jamais déformées, elles sont immédiatement reconnaissable ; la dérivation étant régulière, il n'y a jamais d'exception. En plus, du fait de n'avoir aucune exception, le principe de dérivation permet d'avoir très peu de mots à mémoriser.
Méthodes de propagation
Il existe plusieurs approches qui permettent à une langue de devenir langue auxiliaire de communication :
- la méthode passive consiste à laisser les choses se faire en grande partie. Cela se produit en général quand une langue a tendance à devenir hégémonique pour un groupe de population.
- reconnaissance institutionnelle des langues. Cela se produit quand un état officialise une langue et promeut son utilisation et/ou son enseignement (ex: le swahili).
- législation internationale. Cela se produit quand une organisation internationale décide d'adopter une langue, la langue qui bénéficie de ce soutien voit son prestige augmenter. Ceci est particulièrement intéressant pour les langues construites car cela permet de faire tomber un certain scepticisme vis-à-vis des langues construites (ex: l'espéranto est reconnu par l'ONU[6]).
Notes et références
- La Danĝera Lingvo. Voir l'article sur le livre
- http://listserv.brown.edu/archives/conlang.html
- http://listserv.brown.edu/archives/auxlang.html
- utilisée[réf. nécessaire] pour la communication entre les peuples de différentes langues maternelles bien plus souvent que la plupart des milliers de propositions de langues auxiliaires à travers l'histoire. Bien que le créateur du Toki Pona n'avait pas l'intention d'en faire une langue auxiliaire, celle-ci a été
- ISBN 0-7914-1254-7. Pierre Janton, Esperanto: Language, Literature, and Community. Translated by Humphrey Tonkin et al. State University of New York Press, 1993.
- Recommandations de la conférence générale de l'UNESCO en faveur de l'espéranto. Voir l'article
Voir aussi
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