- La trahison des clercs
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La Trahison des Clercs
La Trahison des clercs[1] est un ouvrage de Julien Benda, paru initialement en 1927, et réédité en 1946 avec une longue préface de l'auteur.
À une époque où de nombreux intellectuels et artistes se tournaient vers la politique au nom du réalisme, Julien Benda leur reproche de se détourner des valeurs cléricales, c'est-à-dire la recherche du beau, du vrai, du juste, et qui sont pour lui statiques, désintéressées et rationnelles. Cet ouvrage vise plus particulièrement les intellectuels qui prônent l'ordre, un état fort, le nationalisme, les traditions, ...
L'anti-élitisme de l'auteur invite à la méfiance face aux idéologies et aux idéologues qui ont dominé le XIXe et le XXe siècle.
Extraits
« Tolstoï conte qu'étant officier et voyant, lors d'une marche, un de ses collègues frapper un homme qui s'écartait du rang, il lui a dit : « N'êtes-vous pas honteux de traiter ainsi un de vos semblables ? Vous n'avez donc pas lu l'Évangile ? ». À quoi l'autre répondit : « Vous n'avez donc pas lu les règlementsmilitaires ? ».
Cette réponse est celle que s'attirera toujours le spirituel qui veut régir le temporel. Elle me paraît fort sage. Ceux qui conduisent les hommes à la conquête des choses n'ont que faire de la justice et de la charité.
[...]
La plupart des moralistes écoutés en Europe depuis cinquante ans, singulièrement les gens de lettre en France, invitent les hommes à se moquer de l'Évangile et à lire les règlements militaires. [2]
»«On arrivera ainsi à une « fraternité universelle », mais qui, loin d'être l'abolition de l'esprit de nation avec ses appétits et ses orgueils, en sera au contraire la forme suprême, la nation s'appelant l'Homme et l'ennemi s'appelant Dieu. Et dès lors, unifiée en une immense armée, en une immense usine, ne connaissant que des héroïsmes, des disciplines, des inventions, flétrissant toute activité libre et désintéressée, revenue de placer le bien au-delà du monde réel et n'ayant plus pour dieu qu'elle-même et ses vouloirs, l'humanité atteindra à de grandes choses, je veux dire à une mainmise vraiment grandiose sur la matière qui l'environne, à une conscience vraiment joyeuse de sa puissance et de sa grandeur. Et l'histoire sourira de penser que Socrate et Jésus-Christ sont morts pour cette espèce.
»Notes et références
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