- Aménagement de la langue
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Politique linguistique
On appelle politique linguistique, aménagement de la langue ou aménagement linguistique, toute politique conduite par un État ou une organisation internationale à propos d'une ou plusieurs langues parlées dans les territoires relevant de sa souveraineté, pour en modifier le corpus ou le statut, généralement pour en conforter l'usage, parfois pour en limiter l'expansion, ou même œuvrer à son éradication. L'emploi de la signalisation routière bilingue est sans doute le principal instrument symbolique de perception et d'institutionnalisation de la réalité bilingue d'un territoire.
Une politique linguistique peut consister à faire évoluer le corpus d'une langue en adoptant un système d'écriture, en fixant le vocabulaire par l'établissement de lexiques ou de dictionnaires, en arrêtant des règles grammaticales et orthographiques, en favorisant la création terminologique pour limiter les emprunts aux langues étrangères, etc.
Elle peut également consister à modifier le nom d'une langue, en le calquant sur le nom de la région ou de l'État que l'on veut distinguer (Bosnie, Macédoine, Moldavie, Monténégro...) ou sur des références historiques et culturelles différentes (Hindi/Ourdou, Malais/Indonésien). Dans l'ex-URSS les noms de la plupart des langues minoritaires avaient été changés (Toungouses = Evenki, Zyrianes = Komi...).
Elle peut encore consister à modifier le statut d'une langue, par exemple en la déclarant langue officielle ou en en faisant la langue unique de l'administration et de la justice, ou bien au contraire, en lui enlevant ces rôles.
Enfin elle peut même aller jusqu'à recréer une langue dont l'usage s'était perdu, c'est le cas de l'hébreu en Israël.
Sommaire
Politique implicite
Tous les états ont une politique linguistique, déclarée ou non. Ceux qui ne déclarent pas de politique linguistique officielle, comme c'est le cas aux États-Unis, favorisent en fait la langue majoritaire, celle de l'État et de son administration, aux dépens d'autres langues.
Les politiques linguistiques prennent une importance particulière dans les États multilingues, qui sont parfois amenés à légiférer parfois dans le moindre détail. C'est notamment le cas en Belgique pour le néerlandais et le français. C'est aussi un sujet sensible dans nombre de pays, dont la France, face à l'hégémonie grandissante de l'anglais.
Hostilité envers certaines langues : protectionnisme linguistique
Les politiques linguistiques prônent souvent la protection d'une ou de plusieurs langues. On est parfois proche du protectionnisme linguistique pour ce qui est de certaines mesures qui, en France, tendent à juguler la domination de l'anglais dans l'Hexagone (quota de chansons francophones de 40 % à la radio, loi Toubon, etc.).
Hostilité envers les langues minoritaires en France
La France ne mène officiellement aucune politique linguistique contre les langues autochtones autres que le français, ni aucune en leur faveur : elle refuse simplement de les « reconnaître » et de leur donner un statut officiel. L'attitude de l'administration est cependant souvent hostile ou à tout le moins sujette à caution.
- Les Caisses d'Allocations Familiales refusent de verser des subventions
- à des crèches en langue bretonne (Vannes)
- à des centres d'accueils d'enfants bretonnants (Rennes)
- Les inspecteurs d'académie s'opposent aux ouvertures de classes bilingues publiques
- à Lorient: [1]
- Certaines langues régionales peuvent théoriquement néanmoins être choisies en LV2 (deuxième langue vivante étrangère) dans les établissements publics. Mais, en fait, l'enseignement n'existe pas et n'est jamais proposé. On ne connaît pas de section LV2 débutant, comme les langues étrangères, au niveau de la classe de 4è dans les collèges publics.
- La LV3 ((troisième langue vivante étrangère) existe parfois, mais ne s'adresse pas aux élèves des sections scientifiques, économiques ou techniques.
Droit et force
L'usage des langues régionales et de leur place face à une langue officielle dominante est un sujet parfois très sensible. Dans ce cas, la politique linguistique reflète souvent le rapport de force politique entre le pouvoir central et le pouvoir local : volonté de domination et d'assimilation en France, ou bien, à l'inverse, tendances à une autonomie de plus en plus large, comme en Catalogne.
Types de politique linguistique
De nombreux pays mènent une politique linguistique, qu'elle soit officielle ou implicite.
- Pas de statut officiel des langues minoritaires :
- Algérie
- États-Unis
- France
- Turquie
- Statut officiel pour les langues minoritaires :
- Royaume-Uni
- Russie
- Moldavie
- Bilinguisme ou plurilinguisme :
- Belgique
- Biélorussie
- Canada
- Pakistan
- Suisse
- Politique de rénomination d'une langue :
- Bosnie-Herzégovine
- Indonésie
- Macédoine
- Moldavie
- Monténégro
- Pakistan
- ex-URSS
- Politique de reconstruction d'une langue :
- Israël
Voir aussi
- Politique linguistique de la France
- Politique linguistique de l'Union Européenne
- Impérialisme linguistique | Impérialisme culturel
- Géopolitique
- Multilinguisme
- Conseil supérieur de la langue française
Liens externes
- L'aménagement linguistique dans le monde (Situations et politiques linguistiques particulières dans 349 États ou territoires autonomes répartis dans 193 pays)
- politiques linguistiques des pays de l'union européenne
Bibliographie
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- "La guerre des langues et les politiques linguistiques" de Louis-Jean Calvet.
- Le plurilinguisme est inconsciemment perçu dans nos sociétés à travers le mythe de Babel. Le pluralisme linguistique, loin d'être compris comme une richesse, est vécu comme confusion des langues, châtiment divin qui met fin à la construction de la Tour, en faisant obstacle à la communication entre les peuples. Cet imaginaire est celui de linguistes qui tentent d'instaurer l'usage d'une langue unique dans les frontières des États ou d'inventer des langues universelles artificielles. Cette planification est ainsi la forme concrète de la politique linguistique. Si la guerre est la continuation de la politique par d'autres moyens, la politique linguistique est à l'inverse une forme civile de la guerre des langues. A partir d'enquêtes et d'études de cas, africains, latino-américains, européens et asiatiques, l'auteur analyse ici les enjeux de ces politiques et appelle au respect de la diversité linguistique.
- Louis-Jean Calvet est professeur de sociolinguistique à Aix-en-Provence. Il est notamment l'auteur dans la collection " Pluriel " d'une Histoire de l'écriture.
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- "La Politique de la langue française" de Marie-Josée de Saint-Robert, Que sais-je?
- L'analyse de l'intervention de l'État en France dans le domaine de la langue, montre comment une volonté politique se traduit en action et comment ont été gérés, depuis ces dernières décennies, les influences et les enjeux parfois contradictoires.
- (Le texte se limite à la politique mise en œuvre en France depuis les années 1960.)
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- "Contextes et représentations dans les contacts linguistiques par décision politique: substitution versus diglossie dans la perspective de la planétarisation" d'Albert Bastardas-Boada, à Diverscité Langues, 1997,
Pour le monde arabe (Liban):
- Plonka Arkadiusz, L’idée de langue libanaise d’après Sa‘īd ‘Aql, Paris, Geuthner, 2004, ISBN 2-7053-3739-3.
- Plonka Arkadiusz, "Le nationalisme linguistique au Liban autour de Sa‘īd ‘Aql et l’idée de langue libanaise dans la revue «Lebnaan» en nouvel alphabet", Arabica, 53 (4), 2006, pp. 423-471.
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