Amédée Dechambre

Amédée Dechambre

Amédée Dechambre, (1812-1886) est un médecin français connu pour avoir été directeur de publication, du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales.

Amédée Dechambre.jpg

Biographie

Il est à Sens, dans lYonne, le 12 janvier 1812, son père, Claude-Etienne était secrétaire de la sous-préfecture ; en février 1814, les armées coalisées contre Napoléon 1er bombardèrent la ville et, après douze jours de siège, Sens fut livré au pillage : rien ny fut épargné, pas même lHôtel-Dieu de nombreux malades, atteints du typhus y restèrent abandonnés sans soins ; cest alors que le père de Dechambre, sollicité au nom du bien public consentit à se charger de cette dangereuse mission ; au bout de quelques jours, il fut atteint par la maladie et succomba, victime de son dévouement.

La municipalité de Sens, par délibération du 8 avril 1823, accorda à Amédée et à son frère Paul-Edouard, une bourse au collège de la ville, qui permit aux deux enfants de poursuivre leurs études. Dechambre conserva toujours la mémoire de ce bienfait et lorsquil offrit à la bibliothèque de la ville un exemplaire du Dictionnaire encyclopédique, il écrivit la dédicace suivante : « Joffre cet ouvrage à la ville de Sens comme témoignage de reconnaissance pour linstruction que jai reçue gratuitement et comme hommage à la mémoire de mon père dont un acte de dévouement accompli en 1814 au prix de sa vie ma valu cette précieuse faveur ».

Ses études terminées, Dechambre vint à Paris , le 28 septembre 1830, il fut reçu bachelier-ès-sciences ; il avait peu de ressources et il prit une inscription en vue du grade dofficier de santé : il ne recevait de sa famille quune aide de quinze francs par mois et cest en associant sa vie avec celle lun de ses camarades quil put subvenir néanmoins à ses besoins. Nommé externe en 1831, il en remplit les fonctions à lHospice de la Vieillesse-Femmes[1] il resta jusquen 1832, comme interne provisoire. Lorsque le choléra se déclara à Paris en 1832[2] Déchambre fut attaché à une ambulance du quartier Maubert et cest quil contracta la fièvre typhoïde qui le contraignit à quitter Paris pour aller se reposer dans sa famille à Sens. Lannée suivante, il se présenta à linternat et il fut reçu neuvième dans la même promotion que Jules-Louis Behier[3], Jean-Marie Jacquemier[4] et beaucoup dautres : il effectua son internat à lHospice de la Vieillesse il resta quatre années consécutives. Au terme de son internat, il se présenta le 15 janvier 1838, au premier examen qui portait sur la physique, la chimie et lhistoire naturelle en vue de soutenir sa thèse de doctorat en médecine, mais il ne fut pas reçu : il décida de ne pas se représenter dans limmédiat mais de collaborer aux journaux qui sollicitaient son concours.

Dès 1833, Dechambre était entré en relation avec Jules Guérin, rédacteur en chef de la Gazette médicale de Paris et en devint, fin 1838, le secrétaire et le chef de clinique dans lInstitut orthopédique de Paris quil venait douvrir au château de la Muette, à Passy. Il passait de longues heures dans cet établissement, recueillant des observations quil publiait dans la Gazette médicale de Paris et dans dautres feuilles de nature à faire connaître les succès obtenus par les méthodes de Pravaz et Guérin.

Le 1er juin 1839, Salvatore Furnari[5] fonda « LEsculape, journal de spécialités médico-chirurgical », quil fusionna quelques mois après avec la « Gazette des médecins praticiens » dAmédée Latour. Cest dans « lEsculape » que Dechambre débuta le 12 avril 1840 sous le titre « Les Mouches » une série de feuilletons humoristiques qui eurent un très vif succès. En juin 1841, il créa « lExaminateur médical », qui ne devait avoir quune durée assez courte, et dans lequel il se révéla un journaliste au jugement un peu sévère sur les hommes ce qui attira les protestations dun certain nombre de lecteurs ; dans son édition du 1er juillet 1843, qui fut la dernière, Dechambre prit la défense des libertés de la critique et protesta contre laccusation quon lui adressait de faire du scandale : « Le scandale à présent consiste à stigmatiser et honnir les choses scandaleuses ».

A Paris, ses articles étaient connus de tous les médecins, son titre de rédacteur en chef de « lExaminateur médical » lavait mis en évidence et , avec lassentiment de quelques grands patrons, il exerçait la médecine sans avoir le titre de docteur ; en décembre 1843, il obtint les six inscriptions nécessaires pour acquérir le titre et lautorisation de subir ses examens devant la Faculté de Strasbourg : cest , quen février 1844, il soutint sa thèse, inspirée par Charles Forget[6], avec pour sujet « Sur lhypertrophie concentrique du cœur et les déviations de lépine par rétraction musculaire ».

De retour à Paris, Dechambre reprit à la Gazette Médicale la situation quil occupait et il devint rédacteur de la partie médicale tout en poursuivant son activité clinique à lInstitut orthopédique ; cest dans cette période, qui sétend de 1844 à 1853, que Dechambre a donné à la Gazette Médicale le plus grand nombre darticles et principalement ces revues sanitaires qui résument, sur une période de trois années (1846-1848) lhistoire épidémiologique de la ville de Paris. Cest également dans la Gazette Médicale, quil publia des notes sur des sujets de neurologie auxquels il sétait particulièrement intéressé depuis quil était secrétaire de la Société médico-psychologique[7]

En 1853, alors que Dechambre navait pas donné suite à la proposition de Jules Guérin dacquérir la Gazette Médicale de Paris, léditeur Victor Masson lui proposa de fonder la «  Gazette hebdomadaire de Médecine et de Chirurgie » ; dès le premier numéro, qui parut le 7 octobre 1853, Dechambre imposa à ses collaborateurs dexclure toute polémique et de ne sattacher quaux faits et à ce quils offrent de neufs ; cette nouvelle formule fut appréciée et la « Gazette hebdomadaire » prit bientôt le premier rang malgré une concurrence acharnée de la « Gazette médicale » de Jules Guérin et de « lUnion médicale » quavait fondé Amédée Latour en 1847. Pendant plus de trente ans, la préoccupation constante de Dechambre fut sa Gazette : il y donna la preuve de son expérience et devint le chef respecté du journalisme médical.

En 1863, les deux éditeurs parisiens, Masson et Asselin envisagèrent la publication dun « Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales »[8] : ils en confièrent la direction à Amédée Dechambre et Jacques Raige-Delorme[9] mais au bout de deux volumes ce dernier se retira. Dechambre resta seul à la tête de cette œuvre monumentale « qui fut comme le couronnement de sa vie et qui restera lhonneur de sa mémoire » comme le rapporte Paul Diday[10]

Dechambre sattela à cette tâche considérable : il commença par établir la table des matières du Dictionnaire puis il rédigea, fiche par fiche, la liste des articles, le nombre de pages qui devait lui être consacré, le nom présumé de son auteur et la date à laquelle larticle devait être rédigé. Dans les premiers volumes du dictionnaire, il avait publié plusieurs articles : celui, intitulé « Déontologie » fut vivement apprécié et ses amis lencouragèrent à donner à ce sujet le développement dun livre quil consentit à écrire « Le Médecin, devoirs privés et publics, leurs rapports avec la jurisprudence et l'organisation médicales » et qui fut édité par Masson en 1883. En début dannée 1885, les soixante dix huit volumes du dictionnaire étaient publiés ou prêts à paraitre et les remaniements auxquels Dechambre avaient procédés pour les vingt derniers permettaient descompter une rapide terminaison de louvrage.

Buste de Dechambre.jpg

Depuis août 1871, Dechambre habitait au 91 de la rue de Lille il menait une existence dune invariable régularité. LAcadémie de Médecine le récompensa en le nommant associé libre, le 30 mars 1875 dans cette section qui comptait déjà Emile Littré, Amédée Latour et Louis Peisse. En décembre 1885, ses amis, les rédacteurs de la Gazette hebdomadaire ainsi que tous ceux qui avaient collaboré au Dictionnaire décidèrent de faire exécuter un buste de leur maître par le sculpteur Louis-Ernest Barrias : Dechambre se montra très sensible à ce témoignage de sympathie. Lœuvre était achevée et il ne restait plus quà fixer la date de sa remise officielle lorsque, le 20 décembre 1885, Dechambre fur frappé dapoplexie ; sentant sa fin proche, il désigna son ami, Léon Lereboullet, qui vivait dans son intimité pour poursuivre la publication du Dictionnaire encyclopédique et dassurer la marche de la Gazette hebdomadaire. Il séteignit le 4 janvier 1886.

Ses obsèques eurent lieu à la basilique Sainte-Clothilde et il fut inhumé au cimetière de Montmartre ; les discours furent prononcés par Jules-Auguste Béclard au nom de lAcadémie, Louis-Félix Féréol au nom de la Société médicale des Hôpitaux, Antoine Ritti au nom de la Société médico-psychologique.

Bibliographie et sources

- Lereboullet (L.) A. Dechambre Sa vie, ses œuvres 1897 Paris Masson

- Genty (M.) Amédée Dechambre Les Biographies Médicales janvier 1933 Paris Lib. J-B. Baillière et Fils

- Bibliothèque interuniversitaire de Médecine Dechambre Amédée http://web2.bium.univ-paris5.fr/bio/?cle=5254

- Bibliothèque interuniversitaire de Médecine Bibliothèque numérique http://web2.bium.univ-paris5.fr/livanc/index.las?cote=20311&do=pages

Notes et références

  1. La Salpêtrière porte administrativement le titre d'Hospice de la Vieillesse-Femmes, celui des hommes étant établi au château de Bicêtre près Paris. Sa destination est double; on y reçoit les femmes indigentes âgées de soixante-cinq ans au moins, et les femmes atteintes d'affections cancéreuses ou de cécité complète ainsi que les femmes indigentes, aliénées, idiotes, épileptiquesetc.
  2. Bazin (A.) Le Choléra-morbus à Paris http://www.bmlisieux.com/curiosa/bazin02.htm
  3. J.-L. Behier (1813-1876) Médecin des Hôpitaux de Paris, membre de lAcadémie de médecine
  4. -M. Jacquemier (1806-1879) Médecin des Hôpitaux de Paris, Obstétricien, membre de lAcadémie de médecine
  5. S. Furnari est un médecin italien, et décédé en Sicile (1808-1866), ophtalmologiste réputé, il vécut à Paris de 1834 à 1861 il œuvra pour lunité italienne ; ses travaux lui valurent dêtre décoré de la Légion dHonneur ; de retour en Sicile, il dirigea la clinique ophtalmologique de Palerme
  6. Charles Polydore Forget (1800-1861) Médecin de la Marine, il abandonna la médecine navale pour devenir professeur agrégé de clinique médicale à la Faculté de Médecine de Strasbourg
  7. La Société Médico-Psychologique est la plus ancienne des sociétés françaises de psychiatrie et lune des toutes premières dans le monde. Issue des Annales Médico-Psychologiques, elle fut fondée en 1847 par Jules Baillarger et fonctionne sans interruption depuis 1852.Depuis sa fondation, elle a réuni les plus grands noms de la psychiatrie française à travers les représentants des divers modes de soin français : hôpitaux généraux, psychiatriques, militaires, psychiatres universitaires et libéraux. La plupart des chefs dÉcole et responsables denseignement ont appartenu à ses rangs.
  8. Le dictionnaire usuel des Sciences Médicales paraîtra en six fascicules de vingt feuilles chacun publiés tous les deux mois à dater du 15 janvier 1883 G. Masson
  9. Jacques Raige-Delorme (1795-1887), médecin, fut bibliothécaire de la Faculté de médecine de Paris, rédacteur des Archives générales de la médecine, il collabora à plusieurs dictionnaires médicaux au cours du XIX° siècle.
  10. Paul Diday (1812-1894) fut chirurgien de lAntiquaille à Lyon avant doccuper un poste à lHôtel-Dieu de Paris, il était membre de lAcadémie de Médecine).

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