- La Ville et les chiens
-
La Ville et les chiens
La Ville et les chiens (La ciudad y los perros) est le premier roman de l'écrivain péruvien Mario Vargas Llosa. Écrit alors que l'auteur résidait à Paris, et publié en 1962 , il est salué par la critique à sa sortie[1]. Le récit s'inspire de la propre expérience de l'auteur au collège militaire Leoncio Prado de Lima. La traduction française paraît en 1966.
Sommaire
Résumé
Au collège militaire Leoncio Prado de Lima, les cadets instaurent leurs propres règles dans le dos des autorités. Quatre garçons fondent le « Cercle », et font peser leur propre autorité sur leurs condisciples : on les surnomme Cava, le Frisé, le Boa, et enfin le Jaguar, le plus fort et le plus craint. Le quatuor inspire la terreur et mène les trafics en tous genres : cigarettes, alcool, et sorties clandestines vers les bordels de la ville. Lorsque Cava vole le sujet d'un examen et que le vol est découvert, la section est consignée. Ricardo Arana, surnommé l'Esclave, est le souffre-douleur de la section. Il ne peut supporter l'enfermement, impatient de retrouver la jeune femme qu'il aime, Teresa : il dénonce Cava qui est exclu du collège. Au cours de l'exercice militaire qui suit, l'Esclave reçoit une balle dans la nuque.
Après la mort de l'Esclave, les autorités concluent à un accident afin d'éviter toute complication. Un élève n'y croit pas : Alberto, surnommé le Poète grâce à son talent littéraire dont il use pour faire commerce de petites histoires pornographiques auprès de ses camarades. Le Poète, qui s'est lui-même entiché de Teresa, ressent une dette envers l'Esclave. Convaincu que le Jaguar l'a tué, il dénonce ce dernier et révèle l'indiscipline générale au sein des dortoirs. Soutenue par le lieutenant Gamboa, sa dénonciation est cependant enterrée par les autorités militaires qui craignent toutes le scandale : face à un chantage, le Poète doit se rétracter. Mais au sein du collège, l'autorité est rétablie : des cadets sont consignés, les trafics cessent. Les cadets sont convaincus que le Jaguar les a dénoncés. Ce dernier n'a pas assassiné l'Esclave, mais décide de remettre ses aveux à Gamboa : ce dernier, muté dans une garnison lointaine, les rejette.
La scolarité au collège se termine : une vie bourgeoise s'offre à Alberto, qui ne reverra plus Teresa et fréquente Marcela, jeune fille d'une bonne famille du quartier de Miraflores, comme lui. Celle-ci épouse le Jaguar, qui la retrouve après l'avoir aimée des années auparavant, avant l'Esclave, avant Alberto.
Style
La Ville et les chiens est caractérisée par certains aspects expérimentaux, qui insèrent au sein de l'intrigue linéaire des passages, parfois à la première et parfois à la troisième personne (sans que l'identité du narrateur soit toujours clairement précisée) mettant en scène les personnages principaux avant leur entrée au collège Leoncio Prado.
Éléments autobiographiques
De même que la scolarité au collège Leoncio Prado fait écho à la vie de Vargas Llosa, le personnage d'Alberto, le Poète, qui vend à ses camarades des romans pornographiques et des lettres d'amour destinées à leurs amies, et qui devient au fil des chapitres le personnage principal du roman, est tel « un double de l'auteur en ce qu'il suppose aussi une pénétrante et précoce réflexion sur le métier d'écrire[1]. » À travers Alberto, Vargas Losa illustre « la double mission qu'a, à ses yeux, tout écrivain : mission sociale, il est le porte-voix des infirmes et des empêchés ; mission artistique, il assigne à la littérature le rôle de moteur de l'imaginaire et de compensation psychique[1]. »
Réactions à la sortie
La critique espagnole et latino-américaine n'a pas tardé à saluer le premier roman de Mario Vargas Llosa. « Salué à sa publication en 1962 comme une œuvre majeure des lettres latino-américaines, ce roman fut couvert de lauriers et d'éloges unanimes [...].[1] »
La critique très sévère du roman envers les autorités militaires péruviennes est à l'origine d'une polémique dans la patrie natale de l'auteur. Des généraux péruviens attaquent le livre en qualifiant Vargas Llosa d'« esprit dégénéré » et en l'accusant d'avoir été « payé par l'Équateur » pour fragiliser le prestige de l'armée péruvienne[2]. Un scandale qui valut à Vargas Llosa une notoriété accrue, comme ce dernier en témoigne lui-même : « Le livre a été brûlé, très officiellement, dans la cour du collège au cours d'une cérémonie expiatoire. Cent exemplaires sont ainsi partis en fumée. Mais le livre n'ayant pas été interdit, il est devenu rapidement très populaire, à ma grande surprise et à celle de mon éditeur ![3] »
Prix
Éditions
- Première édition : Barcelone, Seix Barral, 1962
- Traduction française de Bernard Lesfargues, Gallimard, coll. « La Croix du Sud », 1966
- Rééd. Gallimard, coll. « Folio », 1981
Adaptation cinématographique
Le roman a été adapté en film sous le même titre par le réalisateur péruvien Francisco J. Lombardi. L'adaptation est sortie en 1985. Il a reçu des récompenses au Festival de Mannheim-Heidelberg (prix Interfilm) et au Festival de San Sebastián (prix du meilleur réalisateur)[4].
Notes et références
Notes
- ↑ a , b , c et d Cf. Albert Bensoussan, préface à l'édition en coll. « Folio », 1981
- ↑ Cevallos, Francisco Javier (1991), « García Márquez, Vargas Llosa, and Literary Criticism: Looking Back Prematurely », Latin American Research Review 26(1): pp. 266–275
- ↑ Entretien avec Gérard de Cortanze, Senso, n°10, juillet-août 2003, cité par Bernard Frank, « Soties » n°2017, Le Nouvel Observateur, semaine du 3 juillet 2003.
- ↑ Fiche imdb
Bibliographie
Catégories : Roman paru en 1962 | Roman péruvien
Wikimedia Foundation. 2010.