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La vie est ailleurs
La vie est ailleurs (Život je jinde) est un roman de Milan Kundera publié en langue tchèque en 1973.
La vie est ailleurs a pour cadre la Tchécoslovaquie avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale et raconte la vie de Jaromil, un personnage qui a dédié sa vie à la poésie.
Sommaire
Résumé
La mère de Jaromil contraint le père de Jaromil à former une famille. Jaromil, enfant, vit avec sa mère : son père est rarement à la maison ; il mourra pendant la guerre dans un camp de concentration, pour s’être amouraché d’une jeune juive. La mère de Jaromil présente son fils à un jeune peintre, et lui en montre les dessins : des bonshommes à tête de chien. Le peintre, séduit, lui donne des conseils et lui prête des livres ; ainsi, il l’initie au mouvement poétique et artistique du surréalisme. La mère s’éprend du jeune peintre, avec qui elle finit par avoir quelques relations amoureuses. Jaromil grandit, et vient à rencontrer les filles. Il aime leur tendresse, puis idolâtre leur corps. Sa deuxième vraie petite amie est rousse et presque laide. Avec elle, il perd son pucelage. Après son bac, il s’inscrit dans une école de hautes études politiques, et continue néanmoins à écrire des vers. Il arrive même à avoir un certain succès. Sa mère, avec une jeune cinéaste, prépare un film en son honneur. Jaromil déteste le film, mais, par amour pour la cinéaste, accepte d’y jouer. Jaromil reste pourtant fidèle à sa rousse, à qui il veut se donner entier, et dont, malgré ses angoisses, il croit une fidélité parfaite. Un jour, Jaromil, énervé, dénonce le frère de la rousse : ce dernier aurait tenté de fuir la Tchécoslovaquie communiste ; la rousse et son frère vont en prison. Jaromil meurt un an plus tard : il a contracté une pneumonie durant une soirée chez la cinéaste – qui ne s’intéresse plus le moins du monde à lui. Par ailleurs, on apprend que la rousse n’a jamais été fidèle à Jaromil – bien au contraire.
Personnages principaux
Les personnages principaux sont Jaromil, sa mère, la rousse, le peintre, le fils du concierge.
- Jaromil vit sa vie de poète durant tout le roman. Il est aussi engagé dans la politique ; il est donc amené à débattre sur l’art et la politique. Xavier est l’enfant de ses rêves : un jeune homme, comme lui, qui vit des amours folles.
- La mère de Jaromil est omniprésente dans la vie de son fils. Elle choisit ses vêtements, etc. Elle voudrait connaître toute sa vie intime. Durant tout le roman, sa présence étouffe son fils. Elle est d’ailleurs désignée par l’auteur sous les mots de "la mère du poète".
- La rousse est caissière dans un supermarché ; elle est issue d’un milieu très modeste.
- Le peintre est l’initiateur de Jaromil ; en outre un modèle, quand Jaromil ne sait plus quel rôle jouer.
- Le fils du concierge s’engage dans la police. Il n’a de cesse d’admirer Jaromil, tout en conservant avec lui une relation d’amitié. En revanche, lui réussit sa vie –comme le constate Jaromil.
Analyse
Voici une interprétation du roman présentant certaines pistes d'analyse :
Selon la conception du lyrisme de Kundera, toute affirmation, toute conviction est insuffisante et impertinente par le fait que la connaissance est toujours douteuse, que nous ne pouvons échapper au hasard et à l'incertitude du monde, à l'imperfection de l'homme. Incapable de se remettre en question, alors qu'il croit avoir toujours raison, Jaromil nie cette réalité. Dans le contexte historique de "La vie est ailleurs", le lyrisme peut entre autres se manifester à travers ces gens qui, tout comme Jaromil, se sont refusés de voir les absurdités et les failles du régime communiste parce qu'ils ne voulaient pas abandonner l'idéal politique et social auquel ils croyaient fermement. Toutefois, le lyrisme est une caractéristique propre au genre humain et ne peut, par conséquent, pas être considérée exclusive à une époque ou une génération.
Ce terme désigne aussi l'expression prédominante du "moi", de l’émotion personnelle, de la subjectivité, du désir, préférée à la connaissance du monde extérieur. Cette attitude implique presque obligatoirement un certain narcissisme et un certain égocentrisme qui sont aussi des traits caractéristiques de Jaromil et de l'adolescent en général selon Kundera. En dehors de la foi aveugle qu'il éprouve envers le communisme, alors qu'il se refuse de dissocier l'idéal de la réalité, le caractère lyrique de Jaromil se manifeste dans ses relations sociales et amoureuses, son incapacité à remettre en cause ses pensées et ses convictions ainsi que dans sa poésie.
Les convictions de Jaromil
N'ayant jamais connu son père, Jaromil trouvera un modèle masculin dans le peintre, personnage représentant la connaissance et la vérité aux yeux du jeune garçon. Cet homme aura un impact important sur le comportement de l'élève qui se mettra à agir comme son idole. Jaromil cherchera à combler un certain complexe par rapport à la virilité - il a en effet un visage féminin et voit toujours sa mère dans lui, ce qui le perturbe - à travers son besoin exagéré d'être remarqué, d'avoir le dessus lors des débats oratoires, bref, d'être le plus fort. L'art oratoire devient pour le jeune homme une compétition dont l'unique but est l’attention et la reconnaissance que cette activité lui permet d'obtenir et les sentiments de contrôle, de pouvoir, de raison et de compréhension que le sérieux des convictions éveillent en lui. Il tente donc de trouver les arguments les plus forts dans l'optique de défendre son point de vue en ne voulant aucunement le modifier. Nous assistons lors des débats à une guerre de monologues où l'opinion de chacun est considérée comme l'une de ses possessions dont la perte équivaudrait à un appauvrissement. Au cours de ces échanges, le sérieux qu'accorde Jaromil (et d'autres) à leurs convictions et leurs positions, témoigne de leur assurance de détenir la vérité. Il n'y a à ce moment pas de place pour le doute, l'incertitude et la remise en cause.
Jaromil et l'amour
La relation amoureuse avec la rousse constitue un autre élément qui illustre bien ce narcissisme et ce lyrisme dont fait preuve Jaromil. Il y cherche un amour absolu de la part de son amante et ce, non parce qu'il l'aime, mais parce que, comme il en est le cas lors des débats, il veut se sentir valorisé par l'amour de l'autre. Il désire s'aimer à travers l'amour qu'elle éprouve pour lui, à travers le sentiment valorisant d'être aimé. Pour pleinement y parvenir, il veut la posséder, dans le passé, le présent et le futur. Il est même jaloux de l'affection qu'elle éprouve pour son frère, bien qu'il s'agisse - du moins dans la plupart des cas - d'un sentiment bien différent de l'amour qu'on ressent pour son amant(e). Les besoins de la rousse et la compréhension de son être le laissent froid.
Il est important de mentionner l’insécurité affective dont la mère fait preuve par rapport à son fils. Cette insécurité se traduit souvent par un besoin de tasser les femmes que Jaromil aime (la rousse) ou risque d'aimer (la cinéaste). Pour ce faire, elle sera hostile envers la rousse et très gentille avec la cinéaste au point de devenir trop proche d'elle pour que son fils, lui, ne puisse s'en rapprocher. Alors que Jaromil s'apprête à mourir, la mère en viendra même à détruire l'image que le jeune poète avait de son père en disant qu'il n'a jamais voulu que son enfant vienne au monde. Ce comportement qu'adopte la mère envers son fils aura d'importantes répercussions sur ce-dernier qui, à son tour, fera preuve, en plus du narcissisme décrit plus haut, d'une grande insécurité dans sa relation amoureuse avec la rousse.
La vision idéalisée qu'a la mère de son fils, Jaromil, mettra de lourdes pressions sur celui-ci. Il voudra en effet correspondre à ces hautes attentes, pensant qu'il ne peut pas être aimé pour ce qu'il est, mais uniquement pour ce qu'il "devrait être" selon sa mère. L'attitude narcissique que développera Jaromil est en partie dû à sa mère.
Thèmes
Les thèmes du roman sont le poète, l’amour - plus ou moins sublimé -, l’art et la politique, la relation de mère à fils. Un thème général pourrait se dégager : la liberté.
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Catégories : Roman tchèque | Roman paru en 1973
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