La Répétition ou L'amour puni

La Répétition ou L'amour puni

La Répétition ou l'Amour puni

La Répétition ou l'Amour puni est une pièce de théâtre en cinq actes de Jean Anouilh, représentée pour la première fois sur la scène du Théâtre Marigny, le 25 octobre 1950.

Elle fait partie des Pièces brillantes avec L'Invitation au château (1947), Cécile ou l'École des pères (1949) et Colombe (1951).

Le texte de la pièce est publié aux éditions de la Table Ronde (Pièces brillantes), et dans la collection Folio des éditions Gallimard.

La Répétition ou LAmour puni est une pièce en cinq actes et en prose de Jean Anouilh (1910-1987), créée à Paris au Théâtre de Marigny le 25 octobre 1950, et publiée à Paris la même année. La Répétition fait partie des « pièces brillantes » ou se rangent des œuvres plus tardives dAnouilh et qui ont en commun que le théâtre dans le théâtre y est représenté. « La Répétition ou l'Amour puni est une des grandes pièces d'Anouilh. L'auteur se livre dans cette œuvre à un des exercices les plus intéressants de l'histoire du théâtre. Celui d'animer des personnages qui vont animer eux-mêmes d'autres personnages en jouant une pièce dans la pièce. » Anouilh combine dans ses pièces brillantes des éléments tragiques, réalistes mais aussi des éléments fantastiques. En outre, laction se déroule la plupart du temps dans un environnement aristocrate.



Sommaire

Personnages

Le comte Tigre La comtesse Éliane Lucile Hortensia maîtresse de Tigre Villebosse amant dÉliane M. Damiens parrain de Lucile et homme daffaires de la Comtesse Héro ami de Tigre

Contenu

Le comte, prénommé Tigre, est connu dans tout Paris, le Paris de la haute société, pour donner les fêtes les plus brillantes et les plus originales. Celle qui va donner dans son château Ferbroques, maison qui a hérité avec douze orphelins avec sa femme dune vieille tante capricieuse, inclut comme clou la représentation de La Double Inconstance de Marivaux lors du dîner. Il a choisi cette pièce car le château est construit en style Louis XV sous quelle régence Marivaux a vécu au XVIIIe siècle. Mais il y a aussi dautres choses qui font revivre le temps de Marivaux. Le Comte et la Comtesse vivent un mariage de raison, comme cétait autrefois le cas normal pour des gens aristocrates. Laccord concernant des infidélités rend possible que des amants des deux vivent aussi dans le château et quils participent entre autres à la pièce. En outre, les invites porteront des costumes Louis XV à la fête. Les acteurs, qui sont tous des amateurs, sont venus au château quelques jours plus tôt pour répéter. Le Comte endosse le rôle du Prince, Hortensia, sa maîtresse celui de Flaminia, la Comtesse celui de Lisette, un jeune noble stupide (Villebosse) celui dArlequin. Sylvia, une jeune fille du peuple au cœur pur, sera tenue par Lucile, jeune jolie filleule de M. Damiens, qui est lhomme daffaires de la comtesse, et qui soccupe des orphelins (acte I). Tigre na pas choisit les rôles daprès les facultés de jouer, mais daprès le traits caractéristiques des personnages. C'est-à-dire que tous jouent à peu près eux-mêmes (Tigre à Lucile : Mais je nai pas besoin de vous expliquer le rôle, Mademoiselle ; vous navez quà être vous.) Pendant les quelques jours de répétition les personnages se prennent au jeu. Le Comte le fait pour son propre compte pour séduire Lucile- dabord pour une petite aventure, mais ensuite il laime vraiment, ce qui est un affront dans ce petit monde de limpassibilité (acte II). Lépouse jalouse et la maîtresse sunissent assez tôt pour chasser Lucile dont séprend le Comte. Pour se débarrasser delle, la comtesse feint davoir perdu une émeraude et veut diriger des soupçons sur elle, mais le Comte déjoue ce plan (acte III). Entre-temps, Lucile et Tigre se sont concédés leurs sentiments. Après léchec de lintrigue dEliane, elle sallie avec Héro contre Tigre. Héro, vieil ami du Comte, ne lui pardonne pas quil la séparé un jour dÉvangeline, une jeune fille pure quil a aimé profondément (à cause de laquelle il a commencé à boire). Il veut se venger et rend visite à Lucile, qui vit seule dans cette partie du château, la nuit ou Le Comte nest pas à Frebroques. Lalcool, le mensonge et lignominie aident Héro à séduire Lucile et à la dégoûter du Comte (acte IV). Le lendemain matin, Lucile est partie. Tigre essaie encore de la suivre, mais elle a quitter la maison tôt le matin. La fête sera cependant donnée. La comtesse à son tour sest déjà occupée de remplacer Lucile par une vieille amante de Tigre. Elle pense quil va être triste un mois ou deux, mais que tout sarrangera comme avant (Acte V).


La structure et la conception

Le premier acte présente une exposition qui est nécessaire en vue de deux choses. Premièrement, les relations entre les personnages principaux sont expliquées et lintention du Comte sannonce. En outre, le premier acte donne limpression que la pièce qui sera répétée sallie au pièce-cadre. Déjà la didascalie (« Entrent la comtesse et M. Damiens, costumes Louis XV. ») montre que la pièce de Marivaux est énormément importante. Les costumes nappartiennent pas à la pièce dAnouilh, mais autant que le langage utilisé au premier acte, à celle du 18e siècle. Au début, le spectateur est confus. Est-ce que la pièce se déroule au 18e ou au 20e siècle ? Il sen rend compte dès quil est question dune répétition. En outre, des détails anachroniques, mentionnés parfois, sont des indices quil sagit du 20e siècle. La répétition, qui est déjà mentionnée dans le titre de la pièce, a lieu dans le deuxième acte. , La Double Inconstance est cité dans quelques passages. Le spectateur a du mal à distinguer les deux niveaux du jeu car ils sont tellement cousus ensemble. Les caractères autant que les intrigues sapparentent lun à lautre. Les deux filles, Lucile et Sylvia, au cœur pur, se retrouvent dans un monde immoral mais galant. Quand Sylvia décrit lenvironnement courtois , ce pourrait également être Lucile qui décrit Ferbroqus : « Cest quelque chose dépouvantable que ce pays-ci ! Je nai jamais vu de femmes si civiles, dhommes si honnêtes. Ils ont des manières si douces, tant de révérences, tant de compliments, tant de signes damitié. Vous diriez que ce sont les meilleurs gens du monde, quils sont pleins de cœur et de conscience. Quelle erreur ! » Ce qui distingue les deux textes sont souvent seulement les guillemets- alors quelque chose que le spectateur ne remarque pas ! La découverte de lamour de Sylvia et de Tigre nest peut que se rendre possible en jouant. La froideur et limpassibilité sont les coutumes courantes au château. Tigre éprouve du ridicule pour des sentiments. « Il y a des choses mille fois plus importantes au monde que ce désordre inattendu. » Villebosse, qui aime la Comtesse, est ridiculisé en disant quil souffre à cause delle. Ce nest que que le comte et Lucile peuvent donner libre cours à leurs sentiments, par-delà les barrières sociales, qui les séparent dans la pièce-cadre. Au début, le Comte essaie de conformer le Prince daprès son image. Mais ensuite la comédie de Marivaux devient un miroir de sa propre réalité. La façon de Lucile de définir lamour percute aux tentatives dapproche du Tigre au deuxième acte. Au commencement, elle ne succombe pas- mais Tigre saute à la scène Sylvia (Lucile) déclare son changement davis (quelle va aimer le prince et renoncer à Arlequin). Tigre répète exactement les scènes, qui reflètent ses sentiments au mieux et Lucile dit les mots, qui veut entendre de sa bouche. Il attend que le jeu se laisse projeter à la réalité. Mais au lieu de former Lucile, cest le Compte qui éprouve pourtant un changement. Lucile tombe amoureuse de lui et elle est prête à se donner à lui, mais lui, qui a déclaré au premier acte, que lamour nest rien pour lui/sa couche sociale, succombe sous sa propre intention/intrigue. Ils passent alors de la répétition à la réalité. La pièce intérieure nest donc pas établie comme une unité fixe; elle se développe lors de la mise en action. Une apogée du mélange de niveaux présente la fin du deuxième acte. Tigre, qui a jusque seulement donné des instructions concernant la pièce de Marivaux, se transforme même en régisseur de la pièce dAnouilh ! Tigre : « Pour le moment nous faisons une chose encore plus importante au théâtre [que la répétition]. Nous saluons. » La didascalie (Ils saluent tous) montre quils ne sagissent plus de la pièce intérieure. Nous ne sont plus confronté à confondre Tigre et le Prince, mais Tigre et lacteur, qui le joue. Le troisième acte achève déjà la véritable répétition des dialogues. Dès quil est clair que Tigre aime Lucile, la pièce intérieure nest plus importante pour aggraver lintrigue. La pièce-cadre continue avec une véritable intrigue qui trouve son apogée à soi au quatrième acte. Lucile y renonce lamour. Le cinquième acte a seulement la fonction dachever la pièce-cadre pour ce moment. Une nouvelle actrice pour le rôle de Sylvia est déjà en route à Ferbroques

Les deux pièces nont presque rien en commun- seuls les traits caractéristiques des personnages se ressemblent. Le dénouement heureux de La Double Inconstance nest pas obtenu dans La Répétition.

Éléments particulier dans la pièce dAnouilh concernant le théâtre dans le théâtre

Anouilh a adopté le style de Marivaux (qui était redécouvert au XXe siècle) et de son temps pour profiter des toutes les registres théâtraux. La pièce dAnouilh est un jeu entre vérité et feinte, qui se sert de plusieurs éléments dramatiques, qui seront expliqués ci-dessous.


Le jeu de rôles et de masques

En masquant, un personnage prend souvent la fuite pour quil puisse oublier la réalité ou pour se cacher (ou ses sentiments) devant les autres. En outre, il est difficile de distinguer la réalité de lillusion. Le costume est important : imitant Marivaux et le siècle, il campe (décrit) le personnage, le précède en quelque sorte et dessine les traits principaux mieux que les mots. Les personnages sont pressés dans leur rôle. Les costumes du 18e siècle combinés avec la langue moderne donnent à la Répétition un caractère théâtral. Les personnages découvrent en même temps la comédie de la vie. Quand la contrainte (Zwang) de porter des perruques est relevée, la pièce intérieure sapproche à la réalité de la pièce-cadre.

Pour La Répétition ou lAmour puni Anouilh choisit lenvironnement aristocrate et le motif damour irréalisable pour mener son enquête centrée sur la théâtralité. Le Comte, prénommé Tigre, est connu dans tout Paris, le Paris de la haute société, pour donner les fêtes les plus brillantes et les plus originales. Celle qui va donner dans son château Ferbroques, maison qui a hérité avec douze orphelins avec sa femme dune vieille tante capricieuse, inclut comme clou la représentation de La Double Inconstance de Marivaux lors du dîner. Tigre étant le régisseur choisit seulement des acteurs amateurs pour la représentation de la pièce. En plus des amis de la maison, Lucile, linstitutrice des orphelins, endosse un rôle. Tigre la choisit pour le premier rôle pour être proche delle et pour la convaincre de sengager dans une relation avec lui. Il ne distribue pas le rôles daprès des facultés des personnages, mais il essaie dinfluencer la réalité à laide du jeu. Cest lui qui tire les ficelles, qui donne les contraintes (perruques, costumes) et qui contrôle le jeu. Lors des répétitions, déjà mentionnées dans le titre, qui ont lieu au deuxième acte, Tigre tombe amoureux de Lucile. Mais leur amour ne persiste pas, il échoue sous la pressions et des intrigues des autres. Le jeu du deuxième niveau ne sert quà prétexte pour lintrigue au premier degré. Sa structure et très complexe car la répétition est toujours interrompue. Anouilh se sert du procédé du théâtre dans le théâtre non seulement pour confondre le spectateur mais aussi pour présenter son idée du theatrum mundi et de la société. Les expressions et métaphores théâtrales, le vocabulaire et le motif de la répétition confronte le spectateur au fait que la réalité quotidienne est illusion. Le procédé sert à miroir trompeur, qui joue sur de ressemblances et qui fait hésiter entre la réalité et la fiction. La fiction se réduit au point de nêtre plus quun foyer central, autour duquel se joue la pièce extérieure. Cette réduction du jeu lintérieur intensifie son impact. Le décor et les costumes, qui sont égaux dans les deux pièces, renforcent le désarroi des niveaux. Seul le lecteur remarque les changements à cause de guillemets. Ces circonstances du jeu nous forcent à mettre laccent sur le jeu de rôles et de masques. Anouilh réduit lexistence de lhomme à un jeu de rôle. Le rôle que lhomme joue dans la vie est attribué à lui par la société. Les limites des rôles et les contraintes lempêche de sépanouir. Lendossement dun rôle signifie toujours le changement didentité. Les rôles dAnouilh ressemblent aux alter egos. La caractérisation par le biais de rôle décrit mieux que les mots les personnages. La société nous force dans des rôles à travers de conventions, ce qui a pour conséquence que nous réprimons et cachons notre individualité. Pour celui qui voit clair dans ce jeu de masques, il reste seulement deux possibilités. Soit quil adapte son rôle soit quil refuse de jouer. Le cadre de fête donne de forme à la vie et met en évidence la fiction du monde de Tigre. Ses acteurs amateurs ne sont pas assez capables de séparer leur vie de leur rôle, ce qui signifie que les rôles ne sont pas plus que des nuances de la personnalité. Chacun finit par jouer le rôle qui est le sien.

Lauteur ne donne pas hommage ni au métier en tant que tel ni aux acteurs et leurs facultés. Il ironise au contraire le vieil motif de cacher quelque chose, ici les sentiments, devant les autres en jouant. Tout le monde est au courant de lamour de Tigre et Lucile, qui ne se rend possible que dans la pièce intérieure lors de la répétition. Les barrières sociales séparent les deux. La répétition est le symbole pour la fuite de lhomme de la réalité. Le protagoniste dAnouilh ne peut quen jouant donner libre cours à ses sentiments. La vie est lamentable et noffre pas de place à lamour. Les semblables exercent une influence sur lindividu qui essaie de franchir les limitations de la société (lamour de Tigre et de Lucile). Ils le réprimandent comme un correctif.

Nous constatons quAnouilh ne critique pas une idéologie ou « forme » de société en tant que telle. Son point de vue plutôt pessimiste met la réalité quotidienne et le jeu de théâtre au même niveau. Selon lui, les deux se ressemblent à cause de leur base commune : lapparence. Le changement de niveaux dans sa pièce démasque lartificiel de deux mondes. Chaque rupture est seulement une fuite dans un autre rôle. Ce fait se révèle comme théorie de rôle dun point de vue sociologue et psychologique.

Des acteurs amateurs

Les acteurs amateurs de la pièce-cadre rendent possibles que la pièce intérieure passe les limites du jeu. Ils ne sont pas assez capables de séparer leur vie de leur rôle et lillusion du jeu est enfin oubliée. Les protagonistes du drame sinterpellent sous le masque de la comédie, ce qui donne lieu à un dialogue surprenant de virtuosité le langage de Marivaux sentremêle en permanence et en style prosaïques des personnages. Comme chez Pirandello, chacun finit par jouer le rôle, qui est le sien dans la vie. Lucile incarne limage dactrice amateur parfaite. Elle est le prototype dune jeune fille innocente, qui est encore libérée de toute sorte dambitions sociales comme la cupidité ou lacceptation de complaisance. Lucile défie les limites du jeu très vaguement en regardant Le Prince/Tigre, qui ne joue pas dans cette scène, quand elle parle de lui avec Flaminia. La comtesse remarque cela tout suite et dit à Tigre : « Signalez-lui que le prince nest pas en scène, Tigre. Cest Hortensia quil faut regarder. » Elle a oublie la différence entre illusion et réalité à ce moment-. Elle ne joue plus son rôle- elle sadonne à son amour. Dans un autre passage Héro assimile le texte dArlequin avec létat de Villebosse même. Lucile : « Mais ou est Arlequin ? », Hortensia : «  Il dîne encore. » Héro (dans son verre, lorgnant Villebosse qui rumine dans son coin: Erreur ! Il ne dîne pas, il souffre. Et sil a lair de dîner, cest quil remâche sa rancœur. Anouilh ne rend ici ni hommage aux acteurs et leur métier (ce qui ne va même pas, car ils sont tous des amateurs) ni seul au théâtre.

Le rôle du régisseur

Tigre, le régisseur de la pièce intérieure tire les ficelles. Il est le prototype dun fainéant riche et intelligent. Cest lui qui contrôle le jeu, les costumes et le déroulement. Les acteurs ressemblent seulement aux marionnettes. Lors de la répétition tous les acteurs se soumettent sans mettre en question son autorité. Cest ainsi, que la Comtesse se dirige vers Tigre pour critiquer le jeu de Lucile. « Signalez-lui que le prince nest pas en scène, Tigre. Cest Hortensia quil faut regarder. » Le régisseur désapprouve, il loue, il est actif et il crée. Tigre à Hortensia : « Il ny a pas de mise en scène de génie sans crises de nerfs. Linsulte est la monnaie courante, quelque très grands metteurs en scène vont jusquà la gifle. » Il est comme ça le porte-voix dAnouilh même. Cest lui qui interprète la pièce et qui utilise les autres comme moyen pour arriver à son but. Tigre à Lucile: « Des comparses. De tout petits rôles dans la pièce que nous allons jouer tous les deux. «  Cela paraît arrogant ; Tigre se privilège. Lucile par contre bénéficie d'un traitement de faveur à cause des ses sentiments. Le rôle maître du régisseur de la pièce intérieure s'imbrique à la pièce-cadre. Tigre est sur le devant de la scène de toute la pièce. Tout ce qui se produit est assimilé à lui- quand il napparaît pas sur scène, les autres le font vivre par leurs pensées et leurs dialogues. Le jeu avec les deux niveaux dintrigue nest non seulement employé, mais aussi décrit par le régisseur. Le Comte décide, pour l'occasion de surprendre ses invités au moment du dîner, à glisser de la vie au théâtre sans rupture de ton: « Un personnage se lève de table et il interpelle un autre, ils commencent à parler, on les écoute, on croit quils ont effectivement quelque chose à se dire : leur ton surprend un peu au début,- mais jaurais eu soin et vous aussi à lautre bout de la table, (…) stupeur dabord, on trouve nos domestiques bien mal stylés et puis on reconnaît la pièce. Cest trop tard, elle est commencée. » Tigre se sert de la même procédé quAnouilh : laide de la manière de parler, il veut troubler les spectateurs de distinguer les deux niveaux de lintrigue. La pièce intérieure commence comme la pièce-cadre et nous ne savons pas, ce quil sagit du 18e ou du 20e siècle. Par le biais du jeu, Tigre rend possible de prononcer son opinion et de camoufler son intention. Anouilh utilise ce vieil motif de cacher lamour à laide de la pièce intérieure. Ce fait est en même temps très ironique parce que tout le monde, à cause de sa conduite, est au courant de lamour de Tigre éprouvé pour Lucile. Le Comte prend le jeu au sérieux autant quun autre son métier. Contrairement à lindifférence quil éprouve quand lémeraude est perdue ou quand sa femme à un amant, il est pris dune passion énorme au moment il sagit de la fête et son jeu. Il nattache pas dimportance aux invités (« Ils sont ineptes, cest entendu. »). Ils ne sont que le public de son représentation. La réalité du jeu est pour lui plus précieuse que la véritable réalité. Cest pourquoi il stylise sa vie comme cest le cas au théâtre. Tigre : « Le naturel, le vrai, celui du théâtre, est la chose la moins naturelle du monde [...]. N'allez pas croire qu'il suffit de retrouver le ton de la vie. D'abord dans la vie le texte est toujours si mauvais ! Nous vivons dans un monde qui a complètement perdu l'usage du point-virgule, nous parlons, tous par phrases inachevées, avec trois petits points sous-entendus, parce que nous ne trouvons jamais le mot juste. Et puis le naturel de la conversation, que les comédiens prétendent retrouver : ces balbutiements, ces hoquets, ces hésitations, ces bavures, ce n'est vraiment pas la peine de réunir cinq ou six cents personnes dans une salle et de leur demander de l'argent pour leur en donner le spectacle. Ils adorent cela, je le sais, ils s'y reconnaissent. Il n'empêche qu'il faut écrire et jouer la comédie mieux qu'eux. C'est joli la vie, mais cela n'a pas de forme. L'art a pour objet de lui en donner une précisément et de faire, par tous les artifices possibles - plus vrai que le vrai. » [...] Mais la construction ironique dAnouilh rend cela nettement vrai: lamour de Lucile et de Tigre correspond seul pendant la répétition á la forme idéale.

Fonction du procédé du théâtre dans le théâtre

Anouilh ne tente pas dexposer la réalité sur scène, mais de présenter une situation de théâtre. Cest la raison pour laquelle il utilise surtout des actions et des motifs de lenvironnement théâtral. Le jeu de rôle éloigne la réalité de la scène de la vraie réalité. La formule de la pièce dans la pièce fournit loccasion idéale au dramaturge de mener son enquête, centrée sur la théâtralité. Les deux fonctions principales sont de confondre et de feindre le spectateur. Le procédé est en plus un élément indispensable de la progression de lintrigue de laction principale. Tout l'art d'Anouilh est de relier l'histoire de Marivaux à l'histoire vécue par ses personnages, mais non sans en faire porter l'initiative par ses personnages eux-mêmes. La typification se fait par des mots. Le théâtre dans le théâtre, parant la réalité de lillusion, agit comme un révélateur sur les personnages mis en scène. Les rôles joués possèdent également une utilité pratique car ils préparent lassomption de rôles réels ou améliorent les conduites interactionnelles du rôle. Le rôle social dans la vie réelle correspond au rôle du comédien dans la fiction dramatique. La fiction se réduit au point de nêtre plus quun foyer central, autour duquel se joue la pièce extérieure. Cette réduction du jeu lintérieur intensifie son impact.

Anouilh se demande quel acteur se trouve-t-il dans lhomme. Il continue lidée du theatrum mundi. La vie nest quune pièce théâtrale dans laquelle tous les hommes sont des acteurs. Ce qui se montre par exemple quand Héro dit : « Il faut que je dégoute un peu. Cest dans mon rôle. Pas celui de la pièce de Marivaux, mais dans lautre- celle que je joue vraiment »(p. 398), ou dans le moment Tigre déclare: « ( …) qui est le monde ? […] Des comparses. De tout petits rôles dans la pièce que nous allons jouer tous les deux» (p. 407).

Lauteur célèbre nhésite pas à pasticher Marivaux, il rend un hommage à lui, il utilise tous les registres et toutes les ficelles du vieux théâtre: salon, costumes Louis XV, langue classique rien nindique dans les premiers répliques que la pièce se déroule au XXe siècle.

Théâtre Marigny, 1950

Personnages et interprètes :

Cette mise en scène a été enregistrée pour la télévision en 1958 avec Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Jean Desailly (Héro), Simone Valère, Pierre Bertin, Elina Labourdette, Gabriel Cattand (Villebosse). La réalisation est signée Jean-Paul Carrère.

Théâtre Édouard VII, 1986

Personnages et interprètes :

Cette mise en scène a été enregistrée au Théâtre Édouard VII pour TF1, Nicole Jamet reprenant le rôle d'Hortensia. La réalisation est signée Yannick Andréi.

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