La Reine des fees

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La Reine des fées

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Una et le Lion, par Briton Rivière

La Reine des fées (The Faerie Queene en anglais) est un poème épique écrit par le poète anglais Edmund Spenser et publié pour la première fois en 1590. Une version complétée fut ensuite publiée en 1596. L’œuvre, de manière générale, a trait à la promotion de la vertu.

Sommaire

Une célébration des vertus

Il était au départ prévu douze livres, au lieu des six finalement écrits. Cela tient à ce qu’Edmund Spenser trouva la mort avant de terminer son ouvrage. Chaque livre avait vocation à traiter d’une vertu spécifique, incarnée par un chevalier dont cette vertu constituait la quête principale. Les titres des livres, de ce fait, sont standardisés selon le schéma « Le [insérer le nombre] livre de La Reine des Fées, contenant la Légende de Sir [insérer nom du chevalier], ou de la [insérer la vertu] »

D’après l’auteur lui-même dans une lettre du 23 janvier 1589 adressée à Sir Walter Raleigh, les douze vertus devaient être celles identifiées par Aristote, mais elles rappellent en réalité davantage les douze vertus de Thomas d'Aquin, tels que ce dernier les déduisit de son étude de l’Éthique à Nicomaque. Arthur représente la vertu de la « magnificence », qui constituait selon Spenser la synthèse de toutes les autres vertus[1]. Cela explique que ce personnage apparaisse tout au long de l’ouvrage, comme pour symboliser sa quête visant la perfection en toutes choses. Du fait de la mort de l’auteur, de nombreuses questions restent en suspens, et la fin hypothétique du poème est laissée à l’imagination du lecteur.

Le poème et la politique

Le poème reçut un accueil favorable d’Élisabeth Ière d'Angleterre, et connut par conséquent un grand succès auprès des lecteurs, au point de faire de l’ombre aux autres poèmes de l’auteur. Spenser, en récompense de son travail, espérait être distingué par le Reine. Mais il souffrit probablement de l'opposition de Burghley, et dût se contenter d'une pension à vie de 50 livres par an.

Le poème fait l’éloge de la dynastie des Tudors, dont faisait partie Élisabeth, en liant cette famille à la tradition arthurienne. Le texte est par ailleurs profondément allégorique et regorge de clés de lecture : il est possible d’identifier de nombreuses personnalités de l’ère élisabethaine parmi les personnages du récit. De plus, ces allégories invitent à de multiples lectures : il n'y a pas de sens univoques, ce qui explique la grande richesse de l'ouvrage.

Les péripéties impliquant des combats de chevaliers contre des géants ou des sorciers ressemblent à la poésie épique de L'Arioste, de Torquato Tasso et de leurs successeurs.

Personnages allégoriques

Parmi les principaux personnages allégoriques, on compte Una, qui symbolise la vraie et authentique religion protestante. La machiavélique Duessa représente quant à elle le catholicisme romain. Britomart et Belphoebe, jeunes guerrières, incarnent la vertu anglaise. La Reine des fées Gloriana, enfin, est fortement soupçonnée de cacher Élisabeth Ire d'Angleterre. Mais la Reine est aussi présente derrière Belphoebe et Britomart. De manière générale, la personne de la souveraine consititue l'un des centres de gravité de l'ouvrage (bien qu'elle ne soit jamais explicitement nommée à part dans l'épître dédicatoire).

Portée de l'œuvre

Les plus fameux poètes romantiques anglais du XIXème siècle (Keats, Shelley, Byron) se sont fortement inspiré du raffinement poétique de Spenser. De nos jours, nombreux sont les lecteurs anglophones qui trouvent ce poème (tout comme le reste de l’œuvre de Spenser) difficile à lire et encore plus difficile à comprendre. Ses sources sont riches et complexes, et sa langue est archaïque et tortueuse. De plus, la structure du récit n’adopte pas un schéma narratif classique mais est faite de transitions fluides et imprévisibles dans les péripéties, à la fois vers le passé ou vers l’avenir. L’œuvre n’en reste pas moins une épopée remarquablement construite, sachant récompenser ceux ayant la patience de la suivre jusqu’au bout.

Notes

  1. Il écrit ainsi :
    « […] I chose the historye of king Arthure, as most fitte for the excellency of his person, being made famous by many mens former workes, and also furthest from the daunger of envy, and suspition of present time. […]
    I labour to pourtraict in Arthure, before he was king, the image of a braue knight, perfected in the twelve private morall vertues, as Aristotle hath deuised, the which is the purpose of these first twelve bookes: which if I finde to be well accepted, I may be perhaps encoraged, to frame the other part of polliticke vertues in his person, after that hee came to be king. To some I know this Methode will seeme displeasaunt, which had rather haue good discipline deliuered plainly in way of precepts, or sermoned at large, as they use, then thus clowdily enwrapped in Allegoricall deuises. But such, me seeme, should be satisfide with the use of these dayes, seeing all things accounted by their showes, and nothing esteemed of, that is not delightfull and pleasing to commune sence. […]
    In that Faery Queene I meane glory in my generall intention, but in my particular I conceive the most excellent and glorious person of our soueraine the Queene, and her kingdome in Faery land. […]
    So in the person of Prince Arthure I sette forth magnificence in particular, which vertue for that (according to Aristotle and the rest) it is the perfection of all the rest, and conteineth in it them all, therefore in the whole course I mention the deedes of Arthure applyable to that vertue, which I write of in that booke. »

Liens externes

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