- La Prisonnière du désert
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La Prisonnière du désert
Données clés Titre original The Searchers Réalisation John Ford Scénario Frank S. Nugent d'après le roman d'Alan Le May Acteurs principaux John Wayne
Jeffrey Hunter
Natalie WoodSociétés de production Warner Bros. Pictures Pays d’origine États-Unis Genre Western Sortie 1956 Durée 119 minutes Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
La Prisonnière du désert (The Searchers) est un film américain de John Ford, sorti en 1956.
Sommaire
Synopsis
Texas, 1868. Des Comanches attaquent le ranch d'Aaron Edwards, qui est tué ainsi que sa femme et son fils. Ethan, le frère d'Aaron, apprenant le drame, part à la recherche de Lucy et Debbie, ses deux nièces disparues, accompagné de Martin Pawley et Brad Jorgensen…
Il y a trois ans que la guerre de Sécession a pris fin. Ethan Edwards, ancien soldat confédéré raciste envers les indiens, arrive au ranch de son frère Aaron, sa femme et leur trois enfants. Le lendemain, les voisins, menés par le révérend et capitaine Samuel Clayton, viennent chercher du renfort pour rechercher du bétail volé par les Comanches. Mais ce n'est qu'une diversion : la ferme Edwards est attaquée, les parents et le fils tués, et les deux filles enlevées. Ethan, le frère d'Aaron, part à la recherche de Lucy et Debbie, ses nièces disparues, accompagné de Martin Pawley, fils adoptif et métis d'Aaron, et Brad Jorgensen, le fiancé de Lucy...
Ils retrouvent assez rapidement le cadavre de Lucy. Fou de douleur, Brad attaque seul le village indien et meurt.
Ethan et Martin Pawley se lancent dans une longue quête de plusieurs années à travers l'ouest, revenant une fois à la ferme Jorgensen, où naît un amour entre la fille Laurie et Martin Pawley. Mais Ethan et Martin repartent aussitôt. Après quelques péripéties, les deux Searchers reconnaissent Debbie, devenue une squaw du chef comanche « le Balafré » (Scar dans la VO). Ethan veut la tuer, car elle est indienne, mais Martin s'interpose.
Revenant chez les Jorgensen, Ethan et Martin arrivent en plein mariage de Laurie - qui s'était lassée d'attendre Martin - avec le brave Charlie McCorry, mariage célébré par le révérend Clayton. Martin et Charlie mettent les choses au point entre eux en se battant dans la cour, et finalement le mariage est annulé.
Edwards, Martin et Clayton repartent peu après attaquer le village indien repéré non loin de là, aidés par un régiment de cavalerie. Martin va sauver Debbie juste avant l'attaque et tue « le Balafré ». Finalement, Ethan prend Debbie dans ses bras et la ramène chez Jorgensen, puis s'en va à l'horizon, prisonnier du désert.
Fiche technique
- Musique : Max Steiner
- Décors : Victor Gangelin
- Costumes : Frank Beetson
- Photographie : Winton C. Hoch, Alfred Gilks (2me équipe)
- Production : Merian C. Cooper, Patrick Ford et C. W. Whitney
- Société de distribution : Warner Bros. Pictures
- Langue : anglais
- Format : Technicolor VistaVision - 35 mm - 1.85:1 - son mono
Distribution
- John Wayne : Ethan Edwards
- Jeffrey Hunter : Martin Pawley
- Vera Miles : Laurie Jorgensen
- Ward Bond : le révérend Samuel Johnson Clayton, capitaine des Texas Rangers
- Natalie Wood : Debbie Edwards
- John Qualen : Lars Jorgensen
- Olive Carey (créditée Olive Golden) : Ma Jorgensen
- Harry Carey Jr. : Brad Jorgensen
- Henry Brandon : le Balafré (Scar)
- Ken Curtis : Charlie McCorry
- Antonio Moreno : Emilio Gabriel Fernandez y Figueroa
- Hank Worden : Moïse Harper
- Lana Wood : Debbie enfant
- Patrick Wayne : lieutenant Greenhill
- Dorothy Jordan : Martha Edwards
- Walter Coy : Aaron Edwards
- Pippa Scott : Lucy Edwards
- Robert Lyden : Ben Edwards
- Peter Mamakos : Jerem Futterman, le commerçant
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John Wayne : Ethan Edwards
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Jeffrey Hunter : Martin Pawley
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Natalie Wood : Debbie Edwards
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Vera Miles : Laurie Jorgensen
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Ward Bond : le capitaine révérend Samuel Clayton
Autour du film
- Le film a été tourné en août 1955 en extérieur à Monument Valley, Edmonton, Gunnison et Aspen (Colorado) et dans l'Utah.
- Les plans qui ouvrent et ferment le film (la caméra se trouve à l'intérieur de la maison et par un subtile plan séquence Ford sort de celle-ci et embrasse avec sa caméra Ethan Edwards et l'impressionnant paysage de Monument Valley), sont considérés parmi les meilleurs du cinéma de Ford.
- Ford aborde de nouveau le problème des guerres indiennes et des prisonnières dans Les Deux Cavaliers (Two rode together) en 1961.
- Le film rompt avec les westerns manichéens : le personnage d'Ethan s'acharne sur des causes perdues, il n'hésite pas non plus à abattre des bisons pour accélérer le déclin du peuple indien. Celui-ci est abordé avec beaucoup de dignité. Dans le John Ford de Peter Bogdanovich, Ford déclare : « C'est un peuple très digne — même lorsqu'il a été battu. Naturellement, ce n'est pas très populaire aux États-Unis. Le public aime voir les Indiens être tués. Il ne les considère pas comme des êtres humains, possédant une culture profonde, différente de la nôtre. Si vous regardez les choses en détail, vous découvrez pourtant que leur religion ressemble en beaucoup de points à la nôtre. »
- Ford a demandé à Wayne de s'inspirer de l'acteur Harry Carey qui était un ami de Ford.
- John Wayne a appelé l'un de ses fils Ethan en souvenir du film.
- L'histoire s'inspire d'un fait réel : une petite fille est kidnappée en 1836 au Texas. Plus tard elle deviendra la femme d'un chef Comanche, elle sera retrouvée plusieurs années plus tard, et ramenée de force dans la communauté blanche malgré ses protestations. Cet événement a inspiré le livre d'Alan Le May, duquel s'inspire John Ford.
- Le groupe britannique The Searchers doit son nom au film.
Commentaires
Ethan
- C'est le prototype de l'homme du Far West qui ne vit que pour l'aventure (il a fait la guerre de sécession, c'est lui qui a trouvé Martin Pawley après le massacre de ses parents), les chevaux, les Indiens (il reconnaît leurs lances). Il est aguerri et sait conserver son sang-froid dans l'action : pour conserver son efficacité il ménage son cheval et refuse de se précipiter au secours de sa famille comme Martin Pawley qui, lui, finira l'équipée à pied et en portant sa selle.
- Toutes les scènes le présentent comme un marginal. Il a perdu sa guerre aux côtés des confédérés, sa « famille » est en fait celle de son frère, il refuse de prêter serment aux rangers. Qu'a-t-il fait durant les trois années qui séparent le début du film de la fin de la guerre de sécession ? Son neveu lui pose la question mais il n'y répond pas. Quelques instants plus tard, il sort des pièces d'or qui n'ont jamais servi (elles ne présentent pas la moindre usure) : de l'aveu même de Ford cela signifie qu'il a été un soldat perdu, qu'il a participé aux aventures mexicaines des rebelles sudistes. Autrement dit, c'est un hors-la-loi. Il n'hésite pas à tuer les bandits qui veulent l'assassiner, mais il ne le fait pas à la loyale, si bien qu'il finit par être recherché par les rangers.
- Tout au long du film, il s'oppose aux hommes qui l'entourent, il n'est jamais d'accord avec la stratégie à adopter, il exige de donner les ordres, il refuse toute familiarité avec Pawley. Il déshérite sa nièce au profit d'un homme qu'il ne considère pas comme son fils mais comme un Indien. C'est un misanthrope qui ne vit que pour assouvir sa vengeance.
- Ethan est raciste. Il tue les bisons pour faire mourir les Indiens, il s'acharne sur les cadavres des Comanches en tirant dans leurs yeux. Quand il comprend que la prisonnière est devenue indienne, l'affection qu'il portait à sa nièce disparaît, elle n'est plus pour lui qu'une indienne qu'il cherche à assassiner. Enfin, sa sauvagerie le rapproche de celle du balafré : il finit par adopter ses mœurs en le scalpant.
- Le film finit par une scène de rédemption : en prenant la jeune femme dans ses bras, il la reconnaît et la sauve. Toutefois, à la fin du film, il n'entre pas dans la maison (parallélisme avec la première scène). On comprend qu'il va repartir vagabonder dans le désert : il arrive et repart vers le néant.
Les rôles secondaires
Comme souvent chez Ford ils sont nombreux. Ils permettent d'humaniser le film, de présenter la vie des pionniers, d'introduire une touche d'humour en contrepoint à la quête d'Ethan.
Le pasteur est le chef des rangers : il résume toute la vision sociale de Ford : une loi sévère mais conforme à la morale biblique (Ford est d'origine irlandaise). Cette morale est aussi celle des fiancés qui s'aiment platoniquement et se restent fidèles malgré dix ans d'absence - réminiscence certaine de l'Odyssée et de Pénélope. La maladresse de la lettre de Pawley témoigne de son innocence des choses de l'amour.
Les pionniers sont pauvres, mais ils se soutiennent face à l'adversité : ils ont leur propre milice, ils font une grande fête pour le mariage, leur sens de l'hospitalité n'a pas de limite : Pawley reçoit un cheval, le vieil aventurier finit par avoir son rocking-chair, l'indienne est accueillie à bras ouverts, etc.
Annexes
Bibliographie
- Jean-Louis Leutrat, La Prisonnière du désert : une tapisserie Navajo, A. Biro, Paris, 1990.
- Pierre Gabaston, Cahier de notes sur..."La Prisonnière du désert", John Ford, Association Les Enfants de cinéma, Paris, 2000.
- (en) Arthur M. Eckstein, Peter Lehman, The searchers: essays and reflections on John Ford's classic western, éd. Wayne State University Press, 2004, 375 pages, Extrait en ligne
Liens externes
- La Prisonnière du désert sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
- La Prisonnière du désert sur AlloCiné
- La Prisonnière du désert (The Searchers), chronique du film sur Il était une fois le cinéma
- Fiche du ciné-club de Caen
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