La Nuit des temps

La Nuit des temps
La Nuit des temps
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Auteur René Barjavel
Genre Roman
Pays d'origine Drapeau de France France
Éditeur Presses de la Cité
Date de parution 1968
Nombre de pages 410
ISBN 2266152424

La Nuit des temps est un roman de science-fiction de René Barjavel publié en 1968 aux Presses de la Cité et ayant reçu le Prix des libraires l'année suivante.

Sommaire

Résumé

Des expéditions scientifiques françaises révèlent en Antarctique un signal émis par un émetteur provenant de la profondeur des glaces. Ils décident d’entreprendre des fouilles afin de découvrir d’où vient ce signal. Ils découvrent les ruines d'une vieille civilisation et les scientifiques du monde entier affluent vers le site pour aider à explorer et comprendre.

La planète entière assiste à l'exploration via la télévision satellite à couverture mondiale, que les explorateurs découvrent une sphère en or dans laquelle se trouvent en hibernation les corps nus d’un homme et d’une femme dont la tête est recouverte d’un casque d’or qui masque leur visage.

Simon, médecin qui fait partie de l’expédition scientifique, décide avec ses collègues de procéder au réveil des corps, mais en commençant par la femme car les scientifiques tâtonnent sur la méthode de réveil et le corps de la femme est en bien meilleur état que celui de l'homme. La femme, Eléa, est éveillée, et Simon tombe éperdument amoureux d'elle. C'est lui, pour l'essentiel, qui raconte l'histoire.

Grâce à une machine apposée sur le front Eléa montre à la télévision l'histoire de son monde, la sienne propre et celle de son compagnon Païkan, et comment la guerre a détruit sa civilisation. Son monde est le même que le nôtre, mais pas à la même époque, elle vivait il y a 900 000 ans, dans un monde bien plus avancé que le nôtre, à l’aube d’une guerre nucléaire qui a dévasté la terre entière. Eléa et son compagnon sont destinés l’un à l’autre depuis leur enfance et s’aiment d’un amour infini.

À notre époque, les merveilles que la renaissance de Coban font espérer rends les nations folles, à la fois dans les tentatives de protection de l'expédition que dans les tentatives de sabotage, ce qui va précipiter la fin. Le livre fait constamment le parallèle entre notre monde et celui d'Eléa.

Malheureusement, la fin du monde d'Eléa est proche, et afin de pouvoir recréer la civilisation, les scientifiques de cette époque, incarnés par le meilleur d'entre eux, Coban, ont décidé de mettre en état d’hibernation un homme et une femme présentant les meilleures qualités intellectuelles et physiques pour cela. Coban, est choisi, ainsi qu'Eléa, contre son gré, car elle ne peut supporter d'être séparée de Païkan. Elle s'enfuit avec Païkan mais celui-ci décide de la sauver malgré elle. Il l’assomme et l’amène à Coban, il préfère la savoir en vie sans lui que morte avec lui.

La mémoire d’Eléa s’arrête à ce moment-là. De retour à notre époque, Simon et ses collègues scientifiques décident de réveiller l’homme, celui-ci nécessite une transfusion sanguine en raison de ses blessures. Eléa est toute désignée pour lui donner de son sang. Cependant refusant de vivre avec Coban, Eléa s’empoisonne, et par là-même, pour se venger, elle empoisonne avec son sang l’homme qu’elle croit être Coban… Païkan ne pouvant se résigner à vivre sans elle, avait en fait tué Coban et pris sa place dans la sphère. Malheureusement, il est trop tard, leurs cœurs cesseront de battre en même temps. Simon s'est rendu compte trop tard de la substitution de Coban par Païkan, et il n'a pas prévenu Eléa.

Le leitmotiv du roman, indiquant l'amour d'Eléa pour Païkan est « Eléa : je suis à Païkan, Païkan : je suis à Eléa. »

Les personnages principaux

  • Simon : le docteur qui tombe amoureux d'Eléa
  • Eléa : la femme réveillée provenant d'il y a 900 000 ans
  • Païkan : l'amoureux d'Eléa
  • Coban : le plus grand savant du Gondawa
  • Joe Hoover : chimiste américain
  • Léonova : anthropologue et chef de la délégation russe
  • Lebeau : docteur en médecine français

Un classique tardif de la science-fiction

La Nuit des temps devait être à l'origine un film d'André Cayatte, envisagé comme une superproduction à l'américaine, avec les moyens nécessaires pour donner vie à un scénario qui relevait de la science-fiction pure, gourmande en effets spéciaux et en maquettismes. Malheureusement, la production française de l'époque, pourtant relativement riche et coutumière des coproductions coûteuses, n'envisageait pratiquement jamais de projets de science-fiction. Le producteur l'abandonna donc : trop cher.

Barjavel, qui avait été sollicité par Cayatte pour l'écrire resta donc avec ce scénario ne pouvant, faute de financement, être à Cayatte ce qu'avait été Clarke à Kubrick[style à revoir]. Il décida, content néanmoins de l'idée, de novelliser le scénario, renouant ainsi avec la littérature après des années de découragement : en effet, à l'époque, Barjavel était artistiquement dans une mauvaise passe.

La Nuit des temps est une réussite du genre, du niveau de ce que l'on était en droit d'attendre d'un des pères de la SF française, mais de facture très différente de ses romans d'anticipations antérieurs, beaucoup plus moderne, et très ancré dans l'air du temps des années 1960.

Barjavel, tout d'abord, puise ses matériaux dans diverses sources documentaires et littéraires, à commencer par un ouvrage très curieux, succès de librairie dans les années 1950 : Les Grands Bouleversements Terrestres d'Immanuel Velikovsky, pour la partie expliquant le basculement de la Terre ; la légende de Tristan et Iseut, ceux que la mort même ne peut séparer, ou encore dans le thème récurrent de La Belle au bois dormant. Le nom de la civilisation Gondawa, lui, évoque le super-continent Gondwana, bien connu des géographes. Mais il reprend aussi, en les modernisant, plusieurs grands thèmes classiques de la SF : la civilisation disparue plus avancée que la nôtre (l'Atlantide, les Hyperboréens, les Krells de Planète interdite), la guerre totale, la télépathie, les sources d'énergie infinie, etc. L'idée qu'une civilisation plus évoluée avait vécu dans le passé et non dans le futur était également fort à la mode à l'époque, ou des auteurs comme Robert Charroux (Histoire inconnue des Hommes depuis 100 000 ans), Jacques Bergier ou encore Serge Hutin variaient, avec force érudition des faits inexpliqués, sur les lacunes de l'archéologie officielle.

On peut y voir l'écho inversé d'un roman comme Le Lendemain de la machine (Tomorrow sometimes comes), de Francis George Rayer, qui présente quelques analogies avec La Nuit des Temps, sauf que le survivant endormi après la guerre atomique est projeté, lui, dans un lointain futur ou, comme dans La Nuit des temps, règne un immense ordinateur sur une société parfaite. Un scénario un peu identique servira pour Pygmalion 2113 (Edmund Cooper, 1958), ou un homme congelé se réveille, là encore suite à la guerre nucléaire, dans un monde dominé par les robots. Le thème du voyageur congelé pour la survie de l'espèce était donc très classique. Enfin Gondawa, en tant que civilisation parfaite, rappelle quelque peu La Cité et les Astres de Arthur C.Clarke: même ordinateur central, même sage gouvernement, même règne de la science infinie, même habitants beaux et vertueux.

Il est possible — en tout cas la question fait débat — que Barjavel se soit fortement inspiré d'un roman de 1925, La Sphère d'Or (Out of the Silence), de l'australien Erle Cox. On a parfois prononcé le mot de plagiat et il est incontestable que les ressemblances entre les deux œuvres sont frappantes: dans les deux cas, on réveille sous un continent désert une femme d'une merveilleuse beauté (Earani — Hiéranie en français — à la place d'Eléa) ; les deux femmes sont issues d'une civilisation très ancienne ; les deux sont d'une intelligence supérieure ; les deux sont flanquées d'un savant qu'elles n'aiment pas, dont la science est dangereuse et qui restera endormi ; dans les deux romans, le protagoniste en tombe amoureux ; les deux civilisations anciennes sont le théâtre de guerres d'extermination ; les deux femmes meurent à la fin en emportant leur secrets et, surtout, les deux tombeaux sont une sphère d'or. Cela fait beaucoup de coïncidences, que de nombreux commentateurs ont relevées. Sur ce point, il est à noter que le rapprochement entre les deux romans ne se fera pas aussitôt (quand Barjavel décède en 1985, le journal L'Humanité ne parlera que du passé collaborationniste de l'auteur.)

Pour ce qui est du contexte, La Nuit des temps est ancrée dans les mentalités et le contexte politique de l'époque. La guerre ancienne, qui oppose deux nations dominantes — le rationnel Gondawa et le militariste Enisoraï — est une transposition à peine déguisée du conflit Est-Ouest ; et si Barjavel fait savoir que son livre a été conçu avant les événements de mai 1968, les révoltes d'étudiants contre la guerre en Gondawa évoquent celles qui secouaient déjà San Francisco contre la guerre du Viêt Nam. Enfin, les descriptions des vêtements, des meubles, etc. évoquent le design et la mode des années 1960 : ses couleurs vives, ses moquettes épaisses et ses thèmes floraux.

La Nuit des temps est un roman pacifiste et assez anarchisant. Russes et Américains sont renvoyés dos à dos. Les savants court-circuitent les décisions imbéciles des gouvernants. Notre civilisation paraît barbare face au raffinement et à la sagesse des savants des temps anciens, ainsi qu'à leur science immense, cette science risquant d'être perdue par notre bêtise et notre arriération. La beauté surnaturelle d'Eléa, décrite à l'envi et par le menu, personnifie en quelque sorte, sur un mode très féministe, la libération sexuelle, en dépit de sa fidélité (à travers les millénaires) à l'homme qu'elle aime.

Du point de vue de l'anticipation, Barjavel se met enfin à la page de technologies[style à revoir] qu'il avait peu ou pas traitées, comme les « cerveaux électroniques » (sa « traductrice » n'étant pas sans rappeler l'ordinateur HAL 9000 de 2001 : L'Odyssée de l'espace) ou le terrifiant laser-plasma désintégrant (le « plaser »), sans parler des machines étranges venues de la civilisation disparue, comme la « mange machine » qui crée des pilules nutritives à partir de rien, ou « l'arme G » qui broie les gens à distance avec une force d'origine inconnue.

La Nuit des temps reste très populaire et est constamment réédité depuis 1968. Il est actuellement disponible dans la collection Presses Pocket.

Notes et références

Éditions

Précédé par La Nuit des temps Suivi par
Les Choses de la vie de Paul Guimard
Prix des libraires
1969
L'Éternité plus un jour de Georges-Emmanuel Clancier

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article La Nuit des temps de Wikipédia en français (auteurs)

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