- La Nouvelle Critique (politique)
-
La Nouvelle Critique était une revue créée en 1948 par le Parti communiste français. Le philosophe Jean Kanapa en a été le rédacteur en chef. Elle est dirigée de 1967 à 1980 par le journaliste Francis Cohen; la revue cesse sa parution en février 1980.
Elle est créée pour propager dans les milieux intellectuels les analyses "marxistes" élaborées en tous domaines, par le Parti communiste français, son sous-titre étant d'ailleurs "la revue du marxisme militant".
À partir du début des années 1960 elle devient un des lieux des débats qui s'ouvrent, bon gré, mal gré, parmi les intellectuels communistes. Cette ouverture, qui va croissant dans les années 1970, vaut finalement, liée à des problèmes financiers, l'arrêt de sa parution en 1980.Sommaire
Éléments de présentation
1948-1955
Le premier numéro paraît en décembre 1948. Son format est peu courant : 18 cm en hauteur, 13,5 cm en largeur. Les illustrations sont réservées à la "une" de couverture, sauf exception. Parmi celles-ci, le numéro paru au moment de la mort de Staline. [1] La Nouvelle Critique s'autorise à publier en première page une photo du "petit père des peuples", dûment légendée par une citation de Maurice Thorez. Cette austèrité de forme est redoublée par le propos. La revue du marxisme militant publie de lourds papiers ...difficiles à lire. Mais elle s'adresse à une catégorie de lecteurs que rien ne rebute. La "revue du marxisme militant" annonce pourtant son ambition en reprenant une citation de Karl Marx :
- Nous ne nous présentons pas au monde en doctrinaires avec un principe nouveau : voici la vérité, c'est ici qu'il faut tomber à genous. Mais nous rattachons notre critique à la critique de la politique, à la prise de parti en politique, donc à des luttes réelles et l'y identifions.
La rédaction de la revue comprend à l'origine huit personnes[2] y compris le rédacteur en chef Jean Kanapa : Victor Joannès, ancien employé de commerce, est sans doute le moins diplômé. Mais il est le seul à faire partie du Comité central du Parti communiste, Annie Besse, Pierre Daix, Jean-Toussaint Desanti, Jean Fréville, Victor Leduc, Henri Lefebvre.
De 1948 à décembre 1955, soit les sept années d'une guerre froide qui fige les positions à l'Est et à l'Ouest, le noyau initial du "Comité de rédaction" demeure présent, auquel s'ajoutent quatre autres membres : Régis Bergeron, Francis Cohen, Jeanne Lévy, Boris Taslitzky. Entre-temps le format de la revue prend de la hauteur et devient un plus classique 21,5 x 13,5 cm. Parmi les numéros parus dans cette période, l'un se détache par son volume (378 pages !) et par son importance quant l'information qu'il livre sur l'idéologie communiste de cette période. Publié en avril-mai 1953[3], sous le frontispice quadri-tutélaire de Marx-Engels-Lénine-Staline[4], il communique les "documents des journées nationales d'études des intellectuels communistes" qui s'étaient déroulées à Ivry-sur-Seine, les 29 et 30 mars 1953.
Notes et références
- La nouvelle Critique, n° 45, avril-mai 1953.
- liste inscrite en 2e de couverture, numéro "hors série", été 1950, édité comme support de présentation au 2e Congrès de l'Union internationale des étudiants, à Prague.
- Numéro 45 de la Nouvelle Critique
- Staline Ce numéro est cité supra, car il correspond à la mort de
Bibliographie
Les témoins parlent
- Dominique et Jean-Toussaint Desanti : La Liberté nous aime encore, éditions Odile Jacob, Paris, 2001. (avec Roger-Pol Droit dans le rôle de "l'examinateur")
- François Hincker : Le parti communiste au carrefour, essai sur quinze ans de son histoire 1965-1981, éditions Albin Michel, Paris, 1981.
- Annie Kriegel : Ce que j'ai cru comprendre, éditions Robert Laffont, Paris, 1991. (L'historienne fait retour sur sa propre histoire, puisqu'elle participa sous le nom d'Annie Besse à la revue.)
- Victor Leduc : Les tribulations d'un idéologue, éditions Syros, Paris, 1985.
- Henri Lefebvre : La somme et le reste, éditiens Méridiens Klincksieck, Paris, 1989.
Les historiens analysent
- David Caute : Le Communisme et les intellectuels français 1914-1966, éditions Gallimard, Paris, 1967.
- Frédérique Matonti : Intellectuels communistes, essai sur l'obéissance politique, La Nouvelle Critique (1967-1980), éditions La Découverte, Paris 2005.
- Gérard Streiff : Jean Kanapa, de Sartre à Staline, éditions La Dispute, Paris, 1998.
- Jeannine Verdès-Leroux : Au service du Parti. Le parti communiste et les intellectuels (1944-1956), éditions Fayard/Minuit, Paris, 1983.
- Jeannine Verdès-Leroux : Le réveil des somnanbules. Le parti communiste, les intellectuels et la culture (1956-1985), éditions Fayard/Minuit, Paris, 1987.
La revue s'autopsie
- La Nouvelle Critique, numéro 130 (de fait 311e et dernier numéro) : ce numéro récapitule les 32 années de parution, avec un listage de tous les articles parus. Des commentaires et témoignages d'auteurs ayant contribué à la revue croisent l'inventaire. S'expriment là : Francis Cohen, François Hincker, Jacques Berque, Guy Besse, Michel Simon, Jacques Milhau, Claude Prévost, André Gisselbrecht, Antoine Casanova.
Catégories :- Revue politique
- Parti communiste français
Wikimedia Foundation. 2010.