- Khettara
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Qanat
Un qanat (en persan : قنات) est un système d'irrigation souterrain permettant de récolter les eaux d'infiltration. Il est aussi appelé foggara dans les régions du Gourara et d'Adrar en Algérie et khettara au Maroc. Il est donc différent d'un aqueduc car l'eau est déjà là. Un qanat est construit par le perçage d'un tunnel dans une falaise, un scarp ou une base d'un secteur montagneux, suivant une formation aquifère.
Le but est d'apporter l'eau à la surface ou il peut être utilisé pour l'irrigation des terrains agricoles. L'eau n'est pas apportée jusqu'à la surface mais plutôt à l'extérieur : sur la surface irriguée. Les tunnels sont extrêmement horizontaux et précis, avec une pente pour permettre à l'eau de s'écouler à la surface du sol.
On trouve de nombreux qanat en Iran à fleur de terre notamment à Yazd. On en trouve aussi en Chine[1], dans toute la partie méridionale de l'Afghanistan (où on les appelle qarez (orthographiés aussi karez)), en Libye, etc.
Les qanats fonctionnaient si bien sans entretien qu'au XXème siècle leur caractère artificiel avait été oublié et que l'eau qui en sortait était considérée comme venant d'une source, ce qui paraissait impossible aux géologues. On effectua alors des recherches qui établirent leur caractère de réalisation humaine[2]
Sommaire
Les Qanats (ou Foggara)
Les qanats constituent peut-être l'avancée technologique la plus importante de toute l'histoire de l'irrigation en Iran. Les premiers d'entre eux auraient été creusés au nord-ouest du plateau iranien vers la fin du Ier millénaire av. J.-C., à partir de techniques minières. D'après Henri Goblot, les mineurs de charbon avaient développé ce système de canaux afin d'extraire l'eau des mines[3]. Le qanat, qui est comparable à un aqueduc souterrain, s'est ensuite répandu sur le plateau iranien et encore plus loin au temps des achéménides, permettant d'ouvrir de nouvelles zones au peuplement humain. Au contraire des barrages sassanides, demandant de nombreux ouvriers durant des périodes courtes pour la construction et la maintenance, la construction des qanats ne faisait appel qu'à peu de main d'œuvre mais la mobilisait sur un temps plus long. Trois personnes pouvaient suffire : une qui creusait et étayait la galerie, une qui envoyait la terre excavée dans une peau, et une qui vidait la peau à la surface (le travail ne progressait que de quelques mètres par jour).
Malgré les variations de caractéristiques (longueur, profondeur, type de sol creusé…) que l'on peut trouver entre les qanats, ils mesurent typiquement plus de 500 m et le "puits mère" où commence le canal est profond de plus de 10m. Le plus long qanat connu mesure plus de 50 km (à Kerman) et le puits mère le plus profond mesure plus de 300 m (à Gonabad). Yazd, Kerman et Gonabad sont les zones les plus connues pour leur dépendance à un système extensif de qanats.
La manière de construire les qanats diffère beaucoup de la méthode de construction des barrages et demande une organisation politique et une planification beaucoup moins grande. Le type d'investissement demandé par la construction et la maintenance d'un qanat est plus adapté à l'environnement des hauts plateaux. Les marchands ou les propriétaires terriens se rassemblaient en petits groupes afin de financer la construction d'un qanat. L'unification politique n'a donc pas été facilitée par ce procédé. Quand les parts d'un qanat sont disproportionnés, des problèmes existent quant à la maintenance du système, et ces difficultés ont été citées dans les arguments contre la réforme agraire des années 1960.
Au milieu du XXe siècle, il est estimé qu'environ 50 000 qanats étaient en exploitation en Iran. Le système a l'avantage de subsister aux désastres naturels (tremblements de terre, inondations…) et humains (destructions en temps de guerre), et d'être peu sensible aux niveaux de précipitation. Un qanat délivre typiquement un débit de 8000 m³ par période de 24 heures.
le captage de l’eau
Il existe 3 sources possibles pour l’eau d'irrigation :
- La nappe phréatique : l’eau qui coule doucement sous l’erg, dans les anciens cours de rivières vient de l’Atlas saharien. L’eau est alors à quelques mètres seulement et on peut creuser des puits. C’est le cas pour les oasis du Taghouzi.
- La nappe des foggaras : plus profonde que la précédente, elle se rapproche de la surface dans le plateau du Tadmaït ce qui permet de la rejoindre en creusant des galeries horizontales, les foggaras.
- La nappe albienne : très profonde (plusieurs centaines de mètres), immense (elle recouvre tout le Sahara central jusqu'en Libye), elle semble être inépuisable. Elle est donc utilisée pour des projets impressionnants d’irrigation (comme près d’Adrar).
Les Foggaras
Ce type d'irrigation, profondément original, donne aux oasis du Gourara leur spécificité : on ne le retrouve nulle part ailleurs au Sahara (sauf dans le Touat -- région d'Adrar).
La tradition veut que ce système d'irrigation soit venu de l'Iran actuel, peut-être vers le XIe siècle.
Il consiste à créer des « sources » artificielles en creusant des galeries en pente très faible qui vont rejoindre la nappe. L'eau suinte le long des parois et forme un ruisseau permanent.
Ces galeries sont marquées en surface par des regards pour l'entretien et un survol de la région montre l'ampleur du réseau ainsi créé : on estime à des milliers de kilomètres l'ensemble des foggaras du Gourara et du Touat.
Le travail de creusement a évidemment été colossal et n'aurait pu se faire sans le travail de nombreux esclaves. Actuellement le problème est d'entretenir les foggaras qui peuvent s'effondrer ou s'ensabler. C'est l'enjeu de la période actuelle : saura-t-on redonner aux jardins l'eau dont ils ont besoin ?
La distribution
Pour se répartir l'eau issue de la foggara, les oasiens du Gourara ont mis au point un système aussi efficace qu'esthétique : les peignes (kesria). Un spécialiste, le kiel el ma, mesure le débit qui passe entre chaque dent et refait l'opération chaque fois que la foggara est recreusée ou entretenue ou quand un propriétaire terrien achète le droit à l'eau d'un autre.
L'eau circule ensuite dans des canaux, les seguia, qui l'emmènent jusqu'au bassin, le majen, où elle s'accumule jusqu'à ce que le cultivateur irrigue ses cultures.
Notes et références
Bibliographie
- (fr) Henri Goblot, « Dans l'ancien Iran, les techniques de l'eau et la grande histoire », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 1963, Vol. 18, n°3, pp. 499-520.
Liens
- Qanat des Raschpëtzer
- Timimoun et le Gourara, de Frédéric Malher (source principale de l'article)
- Karez de Turfan
- Portail de l’agriculture et l’agronomie
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