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Álvaro Mutis
Pour les articles homonymes, voir Álvaro.Álvaro Mutis, né en 1923, est un poète et romancier colombien vivant au Mexique.
Sommaire
Jeunesse
Né le 25 août 1923 à Bogota, fils de Santiago Mutis Dávila, un diplomate colombien, et de Carolina Jaramillo, Alvaro Mutis a deux ans lorsque son père obtient un poste à l'ambassade colombienne de Bruxelles. Il vit en Belgique jusqu'à la mort de son père en 1932. Il retourne alors en Colombie, où il vit avec sa mère et son frère cadet Leopoldo dans un domaine agricole, la hacienda Coello.
Après avoir abandonné tôt ses études, et marié en 1941[1], Mutis travaille à la radio comme présentateur de journaux et anime une émission littéraire. Au cours des années 1940, il commence une carrière de rédacteur publicitaire et de responsable de relations publiques pour diverses entreprises (assurances, compagnies d'aviation (Lansa), compagnies pétrolières (Standard Oil, ou Esso), studios de cinéma (Columbia Pictures)). Cette vie de représentant de compagnies internationales transparaît dans son œuvre, notamment des romans où il se met en scène comme narrateur voyageant pour affaires, colloques ou visites d'exploitations pétrolières.
En 1948, il publie à un tirage confidentiel sa première œuvre poétique, La Balanza, en collaboration avec Carlos Patiño Roselli. Son amitié avec Gabriel Garcia Marquez débute en 1950.
L'écrivain
En 1956, Mutis s'installe à Mexico, car des malversations financières portant sur des fonds de la Standard Oil l'obligent à quitter la Colombie. Ses relations lui ont obtenu des lettres de recommandation, l'une notamment à Sergio E. Velez. Il travaille dans la publicité et dans les milieux de la télévision, tout en nouant des relations avec les milieux littéraires de la capitale mexicaine. Arrêté par Interpol, il est incarcéré quinze mois à la prison de Lecumberri, séjour dont il tirera son premier roman Diaro de Lecumberri (Journal de Lecumberri), publié en 1960.
1974 : Mutis reçoit le Prix littéraire national de Colombie.
D'abord poète, Mutis, au cours des années 1970 et 1980, s'affirme comme romancier. Il développe à partir de 1985 une série de romans autour d'un personnage, Maqroll el Gaviero, aventurier toujours au bord de la misère et marin partout sur le globe, qui apparaît déjà dans ses poésies à partir du recueil Los elementos del desastre (Les éléments du désastre) paru en 1953. Il crée autour de ce personnage errant d'autres protagonistes, comme la famille Bashur, des négociants libanais, dont il détaille roman après roman les aventures dans le monde des affaires maritimes troubles, des pavillons de complaisance, et des cargaisons douteuses, avec un style contemplatif et désenchanté. Ses œuvres ont rencontré un grand succès en Amérique latine et en Europe.
En France, Mutis a reçu, en 1989, le prix Médicis étranger pour son roman La Neige de l'Amiral.
En Espagne, il est lauréat du Prix Cervantes 2001.
Œuvres en espagnol
Poésie
- La Balanza, Talleres Prag, Bogota, 1948 (en collaboration avec Carlos Patiño Roselli)
- Los elementos del desastre, Losada, Buenos Aires, 1953
- Reseñas de los hospitales de Ultramar, supplément à la revue "Mito", Bogota, 1955
- Los trabajos perdidos, Era, Mexico, 1965
- Summa de Maqroll el Gaviero, Barral, Barcelone, 1973
- Caravansary, FCE, Mexico, 1981
- Los emisarios, FCE, Mexico, 1984
- Crónica regia y alabanza del reino, Cátedra, Madrid, 1985
- Un homenaje y siete nocturnos, El Equilibrista, Mexico, 1986
Romans et nouvelles
- Diario de Lecumberri, Université de Veracruz, 1960
- La mansión de Araucaíma, Sudamericana, 1973
- La Nieve del Almirante , 1986
- La verdadera historia del flautista de Hammelin, Penélope, 1982
- Ilona llega con la lluvia, Oveja Negra, 1987
- Un bel morir, Oveja Negra; Mondadori, 1989
- La última escala del Tramp Steamer, El Equilibrista, Mexico, 1989
- La muerte del estratega, FCE, Mexico, 1990
- Amirbar, Norma, Siruela, 1990
- Abdul Bashur, soñador de navíos, Norma, Siruela, 1991
- Tríptico de mar y tierra, Norma, 1993
Essais
- Contextos para Maqroll, Igitur-Cilcultura, 1997
- De lecturas y algo del mundo, Seix Barral, 1999
- Caminos y encuentros de Maqroll el Gaviero, Áltera, 2001
Anthologies
- Poesía y prosa, Institut colombien de la culture, 1982
- Antología poética, sélection et notes de José Balza, Monte Avila
- Summa de Maqroll el Gaviero. Poésie 1948-1988, Visor, 1992
- Poesía completa, Arango, 1993
- Summa de Maqroll el Gaviero. Poésie 1948-1997, Université de Salamanque-Patrimonio Nacional, 1997
- Antología, sélection de Enrique Turpin, Plaza y Janés, 2000
- Empresas y tribulaciones de Maqroll el Gaviero, Siruela, 1993 (2 volumes)
Ouvrages traduits en français
- La neige de l'amiral (La Nieve del Almirante), Grasset, Paris, 1992.
- Ilona vient avec la pluie (Ilona llega con la lluvia)
- Un bel morir (Un bel morir)
- La dernière escale du Tramp Steamer (La última escala del Tramp Steamer)
- Abdul Bashur, rêveur de navires (Abdul Bashur, soñador de navíos)
- Ecoute-moi, Amirbar (Amirbar)
- Le rendez-vous de Bergen
- Et comme disait Maqroll el Gaviero, trad. Eduardo Garcia Aguilar et François Maspero, Gallimard poésie, 2008.
- Le dernier visage (nouvelles)
Citations (la Neige de l’Amiral)
« Au krak des chevaliers de Rhodes, dont les ruines s’élèvent sur une hauteur près de Tripoli, une tombe anonyme porte cette inscription : « Ce n’était pas ici. » Il n’y a pas de jour que je ne médite ces mots. Ils sont si évidents et en même temps contiennent tout le mystère qu’il nous est donné de souffrir. »
« Apprendre, par-dessus tout, à se méfier de la mémoire. Ce que nous croyons évoquer est tout à fait étranger et différent de ce qui nous est vraiment arrivé. Combien de moments pénibles, irritants, ennuyeux, la mémoire nous renvoie-t-elle, des années plus tard, comme des instants de bonheur éclatant. La nostalgie est le mensonge grâce auquel nous nous approchons plus vite de la mort. Vivre sans souvenirs, c’est peut-être là le secret des dieux. »
« Lorsque je raconte mes transhumances, mes échecs, mes délires innocents et mes orgies secrètes, je le fais dans le seul but d’arrêter, presque en l’air, deux ou trois cris féroces, deux ou trois grognements déchirants et caverneux qui pourraient certainement mieux exprimer ce que je sens et ce que je suis. »
« Garde ce caillou poli. A l’heure de ta mort tu pourras le caresser dans la paume de ta main et mettre ainsi en fuite la présence de ces lamentables erreurs dont la somme ôte tout sens possible à ta vaine existence. »
« Suis les navires. Suis les routes que sillonnent les embarcations vieilles et tristes. Ne t’arrête pas. Évite jusqu’au plus humble des mouillages. Remonte les fleuves. Descends-les. Confonds-toi avec les pluies qui inondent les savanes. Refuse tout rivage. »
Notes et références
- ↑ Mutis se marie en 1941 avec Mireya Durán Solano, avec qui il aura trois enfants : María Cristina, Santiago et Jorge Manuel. Il se marie une deuxième fois en 1954 avec Maria Luz Montané, dont il aura une fille, Maria Teresa. Il se marie une troisième fois en 1966 avec Carmen Miracle Feliú.
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