- Jean II d’Estrées
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Jean II d'Estrées
Jean II, comte d'Estrées, né en 1624 à Soleure (Suisse) et mort à Paris en 1707, est un maréchal de France, grand capitaine de guerre de la marine de Louis XIV.
Sommaire
Premières armes
Jean d'Estrées est né dans une famille picarde. Il est le neveu de Gabrielle d'Estrée, favorite d'Henri IV. Sur le modèle de son père, François Hannibal d'Estrées, duc d'Estrées, maréchal de France et pair de France en 1663, Jean se lance très tôt dans la carrière des armes. Á 13 ans il devient colonel du régiment de Navarre, à 25 ans, maréchal de camp et à 33 ans, lieutenant général. Il sert sous les ordres du grand Condé à Lens le 20 août 1648. Puis sert avec Turenne en Lorraine en 1652 et 1653 puis en Flandre. Il est fait prisonnier à Valenciennes en 1656. Il soutient la famille royale durant le Fronde. Durant la guerre de Dévolution, il se brouille avec Louvois et, sur les conseils de Colbert avec lequel il entretient de bonnes relations, il quitte l'armée de terre pour la Royale en 1668 où il retrouve le duc de Beaufort qui va aider à son intégration. Colbert est ravi de pouvoir faire une telle acquisition pour la marine qu'il s'agissait à l'époque de créer plutôt que de rétablir.
La Royale
Son ascension dans la Marine est fulgurante du fait de sa naissance et de ses protections familiales (son père étant maréchal de France). Il intègre celle-ci au grade de lieutenant général des armées navales et l'année suivante, en 1669, il est promu au grade de vice-amiral de Ponant, fonction crée en 1669. En 1681 il est fait maréchal de France.
Cependant, cette nomination ne se révèle pas des meilleures. Outre une incompétence maritime, comme beaucoup de hauts responsables de la marine à l'époque, d'Estrées était doué d'un caractère détestable qui lui aliénait les sympathies. Colbert remarquait lui-même que « sa manière de vivre avec tous les officiers, un peu trop sèche, ne lui concilie pas leur amitié ». Ce qui fit écrire à l'Amiral Daveluy : « Il ne faut rien connaître à l'histoire maritime pour appeler un navire d'Estrées ».
Les Amériques
Sa première campagne l'envoie aux Antilles. Il fera cinq campagnes aux Indes occidentales et devient le meilleur spécialiste de la Royale des Îles d'Amérique. D'Estrée prône une stratégie offensive animée par la volonté farouche de renverser la puissance coloniale hispano-hollandaise. Cet esprit offensif et aventureux, lui vaut d'être sévèrement jugé par les officiers de la Royale.
Guerre de Hollande
L'Europe
Durant cette guerre, il est promu commandement en chef de l'escadre française qui combat aux cotés de la flotte anglaise. Sur le Saint Philippe, il participe à la bataille de Solebay le 6 juin 1672 et l'année suivante, sur la Reine, à la bataille de Walcheren et la bataille de Texel. L'échec de cette campagne lui est attribuée par les officiers français et anglais, qui lui reprochent son comportement hésitant et peu combatif. L'historien anglais Jenkins écrit : « [c'était] un mauvais chef et un pauvre subordonné ».
Une enquête diligentée par Seignelay tentera de réhabiliter la mémoire d'Estrées. L'un de ses subordonnés, De Martel, mis en cause par d'Estrées, répondit par une lettre vengeresse qu'il laisse publier en Angleterre. Cela lui vaut un séjour à la Bastille.
Les Caraïbes
Lors des campagnes de 1676 et 1677, il réussit la prise de l'île de Gorée, la reprise de Cayenne, la prise de Tobago et la destruction de l'escadre hollandaise qui y est basée. Ces succès sont à mettre à son crédit ; mais cette campagne victorieuse est éclipsée par la catastrophe des îles d'Aves, où toute son escadre (7 vaisseaux, 3 frégates et 7 navires auxiliaires) se perdit sur les récifs. D'Estrées refusa, à cette occasion et avec obstination, de suivre les conseils des officiers et pilotes qui connaissaient parfaitement la configuration et les dangers de ces eaux.
Cette monumentale erreur de navigation, unique dans l'histoire maritime française, n'entraîna cependant aucune sanction contre son auteur.
Fin de carrière
Entre 1685 et 1688, il fit campagne contre les barbaresques, se livrant à Tripoli et à Alger à ces "bombarderies" que stigmatisera Vauban.
Louis XIV et Seignelay lui gardent toute leur confiance. En 1681 il est élevé au titre honorifique du vice-roi d'Amérique puis duc et pair en mars 1687 et enfin lieutenant général en Bretagne en 1701.
Il meurt à Paris le 19 mai 1707. Avec Tourville, il est le grand chef de guerre de la marine de Louis XIV, presque comparable à ses homologues hollandais et anglais.
Son fils Victor Marie d'Estrées fit également campagne dans la Royale et fut également maréchal de France.
Voir aussi
Liens internes
Bibliographie
- Daniel Dessert, La Royale, Fayard, Paris, 1996.
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