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Jean-Paul Dubois
Jean-Paul Dubois est un écrivain français né à Toulouse en 1950, journaliste au Nouvel Observateur.
Sommaire
Bibliographie
- Compte rendu analytique d'un sentiment désordonné, 1984
- Eloge du gaucher dans un monde manchot, 1986
- Tous les matins je me lève, 1988
- Maria est morte, 1989
- Les poissons me regardent, 1990
- Vous aurez de mes nouvelles, 1991
- Parfois je ris tout seul, 1992
- Une année sous silence, 1992
- Prends soin de moi, 1993
- La vie me fait peur, 1994
- Kennedy et moi, 1996 (ISBN 2020285398)
- L'Amérique m'inquiète, 1996 (ISBN 2757811975)
- Je pense à autre chose, 1997
- Si ce livre pouvait me rapprocher de toi, 1999
- Jusque-là tout allait bien en Amérique, recueil, 2002
- Une vie française, 2004
- Vous plaisantez, Monsieur Tanner, 2006
- Hommes entre eux, 2007
- Les accommodements raisonnables, 2008
Discrétion, répétitions
Jean-Paul Dubois est un auteur particulièrement discret; le petit texte qui le présente est le même sur tous ses livres et il est très difficile d'obtenir d'autres informations sur son compte. Le succès de ses derniers livres, en multipliant les interviews, a légèrement desserré l'étau, mais on est surtout frappé de constater qu'il réussit à parler longuement tout en ne disant que très peu de choses sur son propre compte, en tout cas rien qui puisse surprendre un lecteur attentif de ses ouvrages. Ainsi en est-on réduit à soutirer à ses romans quelques maigres conjectures.
Les romans de Dubois frappent par un certain nombre de constantes, dont la plus amusante ou la plus pittoresque est certes la passion du narrateur ou du héros principal pour les tondeuses à gazon. Mais il ne s'agit là que d'une thématique parmi bien d'autres qui se répètent de roman en roman et dont il serait facile de dresser la liste: la femme du héros s'appelle Anna, le héros manque de se noyer en nageant dans l'océan, il conduit presque toujours de vieilles voitures, il nage sur de longues distances dans une piscine minuscule, etc. Toutes les thématiques répétitives ne sont pas nécessairement cohérentes au niveau de la totalité de l'oeuvre: le héros peut adorer ses enfants dans un roman et les détester dans un autre; il peut être dépressif, mais cela peut être aussi, ailleurs, le cas de son épouse.
Ce point est essentiel car si tout était cohérent, il serait trop facile d'imaginer que Dubois raconte tout simplement sa vie en ne la manipulant finalement que sur des points secondaires. Au lieu de cela, les pistes sont brouillées, et tout en sentant distinctement que l'on a souvent affaire à des choses vécues, il est tout aussi certain qu'il est impossible de dire quand l'auteur invente et quand il s'inspire directement d'une réalité vécue. Le trouble que suscite ces répétitions fait finalement partie du charme de l'oeuvre de Dubois; le lecteur régulier éprouve une sorte de soulagement et de jubilation lorsqu'il est enfin question de tondeuses à gazon (p. 15 dans Les accommodements raisonnables, par exemple).
Notons néanmoins un point beaucoup plus curieux. Dans deux de ses romans, Maria est morte (Ed. L'Olivier/Le Seuil, 2006, pp. 34-42) et Hommes entre eux (Ed. L'Olivier, 2007, pp. 61-67, puis 72-89), l'auteur raconte la même scène, située dans le premier cas en Inde, et dans le second au Canada: un combat organisé, d'une extrême violence, auquel le héros est convié à assister par un homme qui a vécu avec sa femme et qui doit lui révéler où elle se trouve actuellement. Même si le récit est réécrit (il est plus long dans le second roman), on peut dire que l'on a affaire à deux récits quasi identiques qui ne peuvent que troubler le lecteur attentif. Quel besoin Dubois a-t-il eu de raconter deux fois la même chose? De nombreuses répliques sont littéralement répétées d'un livre à l'autre, placées comme autant d'indices adressés aux lecteurs qui connaissent l'ensemble de l'oeuvre: oui, il s'agit bien du même récit placé au sein de deux ouvrages qui multiplient par ailleurs les points communs (un homme qui recherche sa femme, qui découvre qu'il ne la connaissait pas vraiment, qui séjourne longuement dans un hôtel tenu par un homme qui ne cesse de se plaindre des clients, etc.), à commencer par la mise en sourdine de tout ce qui fait habituellement la drôlerie des romans de Jean-Paul Dubois. C'est peut-être précisément en lisant ces deux romans qu'on expérimente le mieux, mais au négatif, ce qu'est la vraie veine romanesque, voire la vraie poétique de Dubois: le romancier est vraiment lui-même lorsqu'il est drôle dans la tragédie, lorsqu'il rend cocasse des situations qui sont objectivement tristes.
Ce point est capital. Dubois possède un véritable sens tragique de l'existence, mais cela n'empêche nullement ses meilleurs romans d'être formidablement drôles. Et ceci grâce à l'une des marques de fabrique essentielles des bons écrivains, c'est-à-dire l'emploi de la métaphore sous ses diverses formes. Un simple mot, une simple incise suffisent à transfigurer la réalité et à rendre comique des moments dramatiques. Le fait de se sentir étranger à toute forme de métaphysique, de spiritualité ou de sacré peut d'ailleurs aussi servir de point d'appui à certaines des situations les plus drôles inventées par le romancier. Dans Kennedy et moi, le héros participe à une cérémonie en mer ayant pour fonction de rendre hommage au beau-père de la fille du héros (Paul) qui s'est noyé un an plus tôt; dès l'hommage terminé, Paul se déshabille et plonge à l'eau au milieu des couronnes et des fleurs en poussant des petits cris de joie. De même, au début des Accommodements raisonnables, la cérémonie d'incinération de l'oncle du héros donne lieu à une scène extrêmement cocasse: le frère du mort, pour qui il n'avait aucune affection, distribue ses cendres à d'autres membres de la famille, qui les recueillent dans des sacs plastiques. Ce type de désacralisation, propre d'une vision de la vie radicalement sans illusions, est tout à fait caractéristique de l'art romanesque de Jean-Paul Dubois.
Prix littéraires
- Prix France Télévisions 1996 pour Kennedy et moi
- Prix Femina 2004 et Prix du roman Fnac 2004 pour Une vie française
Œuvres portées à l'écran
- Le condamné, 1993, réalisé par Xavier Giannoli (court-métrage)
- Kennedy et moi, 1999, réalisé par Sam Karmann
Œuvres adaptées au théâtre
- Vous plaisantez, monsieur Tanner, 2008, Adaptation, mise en scène & scénographie de David Teysseyre. Interprétation par Roch-Antoine Albaladéjo ; Lumières de Vincent Lemoine ; Son de Sébastien Cannas (Studio Capitaine Plouf).
Lien externe
- Pour en savoir plus sur l'auteur (une longue interview audio de Jean-Paul Dubois) dans laquelle il affirme malicieusement: "Je m'arrange pour avoir vécu tout ce que je raconte." Ou bien encore: "Je préfère refaire un moteur qu'écrire un livre."
- Présentation du livre de J.-P. Dubois : Les Accomodements raisonnables sur le site de la revue Culture a confine.
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