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Jean-Luc Einaudi
Pour les articles homonymes, voir Einaudi.Jean-Luc Einaudi est un historien français.
Il a témoigné en 1997 devant la Cour d'assises de Bordeaux, sur le massacre des Algériens du 17 octobre 1961, lors du procès de Maurice Papon pour son action de 1942 à 1944.
Sommaire
La question des archives et le massacre de 1961
A la recherche de preuves judiciaires du massacre des Algériens du 17 octobre 1961, Jean-Luc Einaudi dépose le 8 février 1998 aux Archives de Paris une demande de dérogation pour accéder aux registres d'information du parquet.
Attaqué en diffamation par Papon
Le 20 mai 1998, Jean-Luc Einaudi écrit dans Le Monde[1]: « En octobre 1961, il y eut à Paris un massacre perpétré par des forces de police agissant sous les ordres de Maurice Papon » En juillet 1998, Papon porte plainte pour diffamation envers un fonctionnaire public.[2] « Pour préparer sa défense, Jean-Luc Einaudi compte sur les documents officiels dont il a demandé communication trois mois plus tôt aux Archives de Paris. Le directeur des Archives de Paris, a effectivement transmis sa demande au procureur de la République, assortie d'une mise en garde " sur l'opportunité de lui réserver [...] une issue positive " (12 février) ! C'était solliciter un refus ». [3]
Faute de pouvoir produire des documents écrits attestant de la responsabilité de la préfecture de police, dirigée par Maurice Papon en octobre 1961, l'historien sollicite le témoignage de deux conservateurs des Archives de Paris, qui acceptent et témoignent, l'un par écrit et l'autre à la barre, les 4, 5, 11 et 12 février 1999. Maurice Papon, présent, est défendu par l'avocat Jean-Marc Varaut, et fait témoigner en sa faveur entre autres l'ancien Premier ministre Pierre Messmer, tandis que Jean-Luc Einaudi fait venir à la barre des témoins directs des événements de 1961. Le 26 mars 1999, Maurice Papon est débouté de sa plainte et l'historien relaxé au bénéfice de la bonne foi.
Deux archivistes sanctionnés pour avoir témoigné
Les deux archivistes qui ont témoigné expliquent ainsi la situation: « En charge des séries des archives judiciaires aux Archives de Paris depuis vingt-cinq ans, nous avons effectivement accès aux documents dont Jean-Luc Einaudi a besoin pour assurer sa défense face à Maurice Papon, mais nous ne pouvons pas les lui communiquer puisqu'il n'a pas obtenu la dérogation nécessaire. La seule solution permettant de conjuguer le respect de la déontologie de notre profession et notre conscience de citoyen, est donc d'accepter d'être cités comme témoins.
Nous ne pouvions passer sous silence l'existence des documents dont nous avions assuré le versement, le classement et la conservation, sachant que, face à la thèse défendue par Maurice Papon, ces documents apportaient la preuve incontestable du massacre opéré à Paris par les policiers le 17 octobre 1961 et les journées et semaines suivantes. Nous taire eût été commettre une faute au regard du code international de déontologie des archives. Nous avons toujours considéré que notre mission de conservateurs du patrimoine était à la fois technique et politique. »
Les deux fonctionnaires sont sanctionnés pour leur témoignage par une mise à l'écart complète, se voyant retirer par notes de service du directeur des Archives de Paris leurs activités et équipements de bureau, interdire tout contact avec le public, etc.[4]
Œuvres
- 1986 : Pour l'exemple, l'affaire Fernand Iveton, L'Harmattan
- 1991 : La ferme Améziane: Enquête sur un centre de torture pendant la guerre d'Algérie, L'Harmattan, ISBN 273840944X
- 1991 : La Bataille de Paris – 17 octobre 1961 (réédition en poche en 2001, postface inédite de l'auteur), Le Seuil, ISBN 2020510618
- 1994 : Un Rêve algérien – Histoire de Lisette Vincent, une femme d'Algérie, Dagorno, réédité par les PUF (2001) ISBN 2130521541
- 1995 : Les Mineurs délinquants, Fayard
- 1999 : Un Algérien, Maurice Laban, Le Cherche-Midi
- 2001 : Viet Nâm ! La guerre d'Indochine, 1945-1954, Le Cherche-Midi
- 2001 : Les Silences de la police, avec Maurice Rajsfus, sur la rafle du Vel d'Hiv et le massacre du 17 octobre 1961, L'Esprit frappeur, ISBN 2-84405-173-1
- 2004 : Franc-tireur, Geoges Mattéi de la guerre d'Algérie à la guérilla, Editions du Sextant, coll. Danger public. ISBN 978-2849780060
- 2006 : Traces, des adolescents en maison de redressement sous l'Occupation, Editions du Sextant. ISBN 978-2849780114
- 2009 : Scènes de la guerre d'Algérie en France : Automne 1961, Le Cherche Midi, coll. Documents. ISBN 978-2-7491-1521-4
Voir aussi
Liens externes
- Interview de Jean-Luc Einaudi dans L'Humanité du 17 octobre 2000
- Le 17 octobre 1961 : tabou de l’histoire, émission de Là-bas si j’y suis avec Jean-Luc Einaudi, Benjamin Stora, Mehdi Lalaoui (association Au Nom de la mémoire) et Didier Daeninckx, diffusée le 17 octobre 2005
Notes et références
- ↑ Octobre 1961 : pour la vérité, enfin, Le Monde, 20 mai 1998
- ↑ Maurice Papon poursuit l'historien Jean-Luc Einaudi à propos des événements du 17 octobre 1961, Le Monde du 11 septembre 1998
- ↑ Philippe Grand et Brigitte Lainé toujours sanctionnés pour avoir témoigné contre Maurice Papon en 1999
- ↑ Les notes de service organisant leur interdiction professionnelle de fait sont annulées par le tribunal administratif de Paris par jugement du 20 mars 2003. Le passage suivant du jugement du tribunal administratif fournit les raisons de l'annulation de la note de service : "Considérant qu'avant l'intervention des notes attaquées, Mme LAINE assurait la responsabilité du secteur des archives judiciaires et fiscales, à Paris et au centre annexe de Villemoisson ; que les dites notes ont eu pour effet de lui retirer l'ensemble de ces responsabilités et les tâches d'encadrement et de coordination s'y rapportant, et de cantonner l'intéressée dans des fonctions subalternes de dépouillement et de classement; qu'en outre, Mme LAINE s'est vu retirer les permanences en bibliothèque et a été exclue des réunions de service ; qu'ainsi, et alors même que Mme LAINE n'avait aucun droit au maintien des fonctions qui lui ont été retirées en raison de son comportement, décrit dans les rapports et documents produits, notamment par le Département de Paris lui-même, les mesures attaquées ont revêtu le caractère d'une sanction disciplinaire déguisée, édictée par un chef de service qui n'avait pas été suivi par sa hiérarchie dans sa demande de remise à disposition de la requérante dans son corps d'origine, pour des motifs qui lui appartiennent et qu'il revient au directeur des archives de Paris d'assumer; qu'il résulte de ce qui précède qu'intervenues en méconnaissance des garanties de la procédure disciplinaire dont bénéficient les fonctionnaires de l'Etat, les prétendues mesures de réorganisation du service ne peuvent qu'être annulées."
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