- Jean-Claude Libert
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Jean Claude Libert est un peintre de la nouvelle école de Paris (Paris 1917 - Antony 1995).
Biographie
Jean-Claude LIBERT 1917-1995
Jean-Claude Libert fait partie des peintres de la nouvelle Ecole de Paris qui s’affirme au long des années 1940 et connaît son épanouissement dans la décennie suivante. Son père dirigeait un atelier de dessins pour tissus renommé situé Boulevard des Italiens, l’Atelier LIBERT DESSINS. Après avoir obtenu son diplôme de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs en 1938, Jean-Claude Libert fait son service militaire comme élève officier de réserve. Fait prisonnier par les allemands en 1940 il restera cinq ans en Oflag. Cette expérience humaine l’amènera à découvrir d’autres milieux sociaux et à développer une plus grande liberté d’esprit. Sur place, il continuera à peindre et à dessiner. A son retour de captivité en 1945, il décide de se consacrer définitivement à la peinture et quitte Paris pour s’installer pendant un an dans la maison familiale à Villeneuve les Avignon. Lors de son séjour, il fait la connaissance d’Albert Gleizes avec lequel il aura des échanges intellectuels approfondis.
De retour à Paris en 1947, il rencontre sa future femme Yvette Richer Trouville qu’il épousera deux ans plus tard. Tous deux redescendent à Villeneuve les Avignon. Le TNP de Jean Vilar commence la saison au Festival avec une pièce de Jules Supervielle « Shérazade ». Le poète Supervielle cherche un lieu pour prendre du recul et participer aux répétitions avec la troupe de Vilar. Les Libert l’accueillent comme hôte payant. A Villeneuve dans l’atelier du jeune peintre et de sa femme, dans cette montée du Fort Saint André dont la vue sur le Palais des Papes est certainement l’une des plus belles, se retrouveront beaucoup d’artistes, écrivains, poètes, critiques, charmés par ce jeune couple et fascinés par la culture et la sensibilité de Jean-Claude Libert. Hélène Cingria, journaliste et critique d’art au Provençal, Guy Dumur, Lioubov Troubetskoy, et combien d’autres… Jean Claude et Yvette resteront à Villeneuve jusqu’en 1949, date à laquelle le peintre doit revenir à Paris, son père étant malade. Il revoit Albert Gleizes à la Galerie de Colette Allendy, expose au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants. Il se marie en 1950 et loue un atelier rue Gros à Paris dans le 16ème arrondissement. A la mort de son père il remet tout en question. Il cherche une nouvelle voie dans laquelle il pourra acquérir son indépendance. C’est en 1952, voyant son désarroi, qu’Albert Gleizes lui propose de partir à Moly Sabata dans la communauté artistique qu’il a créé avec Juliette Roche et Robert Pouyaud dans les années 1930. Reprenant la succession de la potière Anne Dangar disparue en 1951, Jean Claude et Yvette resteront cinq ans à Moly (1952 à 1956). Ils donneront naissance là bas à leurs deux premiers enfants, Blandine et Guillaume. En 1956, Jean Claude et Yvette quittent Moly Sabata pour créer leur propre atelier de poterie à Villeneuve les Avignon. Entre Peinture et Poterie, la recherche intensive d’approfondis-sement du peintre s’accomplit au soleil de la Provence et de la garrigue. Puis en 1961, le peintre remonte encore à Paris. Il doit à présent affronter une nouvelle épreuve, celle du décès de sa mère dont il était très proche. Ce choc lui fait prendre un tournant décisif dans sa peinture. Il arrête la poterie, achète un atelier rue Notre Dame des Champs près du jardin du Luxembourg mais n’y reste qu’un an. Il ne peut vivre et créer séparé de sa femme et de ses enfants. C’est à Bourg la Reine qu’il demeurera jusqu’en 1973 avec sa famille. Professeur au Lycée Technique des Arts Appliqués, chargé de cours à l’UER d’Arts Plastiques St Charles (Paris 1 Sorbonne) il élabore des recherches plastiques et graphiques étonnantes. De plus en plus gestuel, il se dégage de la schématisation et de l’influence post-cubiste pour acquérir une écriture personnelle dans le champ de l’abstraction et du paysagisme lyriques. Il s’installera définitivement jusqu’à sa mort en 1995 à Antony (92). Des collections particulières de son œuvre sont dispersées en France, en Suisse, en Allemagne et aux États-Unis. Certaines œuvres ont été acquises par le Musée d’Art Moderne, par le Musée de Melbourne et par le Musée Calvet à Avignon.
Témoignage de Jean-Claude Libert sur Moly Sabata
Extrait d'un texte de Jean-Claude Libert écrit en 1977 sur son expérience à Moly Sabata :
« Entre le désir et l'action...
- Après plus de vingt ans déjà, d'errances diverses, je me dis que l'aventure humaine est chargée d'une terrible ambiguité entre l'exemplarité et son image-action et l'acte lui-même chargé d'une impulsion-désir qui ne coïncide pas toujours avec l'image exemplaire, la justification alors essayant d'intervenir comme lien. Il peut donc sembler que le retour à un mode de vie traditionnel soit en un sens une pure vue de l'esprit, puisque nous ne sommes plus dans une société traditionnelle et que le mode de production de nos sociétés n'est plus artisanal mais industriel et technologique. Le retour ne peut donc être qu'un "en dehors", la "marginalité" ne peut être donc évitée, avec tout ce qu'elle comporte de rapports faux avec la société, disons "réelle" (l'artisan potier, par exemple, presque obligé pour vivre "de compter" avec un circuit touristique, de compter avec la mode du "hand made" comme aux USA, etc.) D'autre part quel est le seuil à partir duquel celui qui "refuse" doit s'arrêter? Faut-il refuser l'énergie électrique fabriquée à partir de centrales nucléaires, faut-il refuser l'automobile et les autoroutes, le téléphone, etc... etc... Je me souviens d'une boutade de Georges Braque à qui l'on demandait quelle opinion politique il avait, répondant : "J'ai le téléphone donc je suis socialiste!". »
Références externes
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