- Jean-Baptiste Rougier de la Bergerie
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Jean-Baptiste Rougier, baron de la Bergerie est un agronome et homme politique français, né le 4 septembre 1757[1] à Bonneuil (Comté de la Marche) et mort le 13 septembre 1836 à Paris.
Sommaire
Biographie
La famille de la Bergerie, ou de Labergerie, est aisée, elle vient d’accéder à la noblesse quand Jean-Baptiste naît. Lui-même prend sur son capital avant la Révolution pour obtenir le titre de seigneur de Bléneau. Cependant il fait valoir par ses propres soins la totalité de ses domaines, du moins en surveille la culture et l’exploitation, faisant marcher de front la théorie et la pratique. En 1789, il accepte les principes de la crise sociale, mais il en fait trop aux yeux des partisans de l’ordre ancien ou même aux yeux des constitutionnels modérés. Non seulement il est dès 1789 membre de la commune de Paris, mais encore, envoyé par le département de l’Yonne à l’Assemblée législative, il s’empresse, lorsqu’on agite la question des émigrés, de proposer un décret ayant pour but de déclarer les princes français, en ce moment à l’étranger, déchus de leurs droits à l’hérédité s’ils ne rentrent en France, de mettre en jugement tout fonctionnaire qui sans autorisation déserterait son poste, enfin de retrancher les droits civils à quiconque changerait de domicile. La même année, à propos des troubles dont le département de la Lozère est le théâtre, il dénonce l’évêque de Mende (Castellane) comme le moteur secret de tous les événements de ce pays ; et 2 mois après il tonne à la tribune contre les ecclésiastiques insermentés, et demande qu’on exigeât d’eux, sous peine d’incarcération, ce serment si résolument refusé.
Mais ces mesures, qu’il croit indispensables, lui répugnent, et il laisse remplir par d’autres la mission révolutionnaire. Il le dit plus tard, du moins, et on peut en croire quelque chose en voyant combien il montre peu d’empressement à se faire porter sur les listes de candidats à la Convention, et avec combien de bonheur il revient suivre les opérations de ses fermiers, ordonner des améliorations agricoles, faire des expériences. Il voyage pour cela dans toute la France, voit par ses yeux les terres, les produits, les modes de culture, et donne un bon cours d’agronomie comparée.
Dès 1792 sa réputation d’agronome l’a fait envoyer par l’Assemblée législative en mission à Noyon, pour y calmer une émeute causée par la cherté des subsistances. En 1794 il est chargé d’un rapport général sur les étangs de la République. En 1795 le Directoire lui confie de même le soin d’aller, dans le département de la Creuse, constater à combien montent les ravages des orages, de la grêle, et rechercher les moyens de réparer le désastre. Sa présence dans ces campagnes reculées et peu au fait des pratiques nouvelles est doublement heureuse. Outre les allègements que son rapport fait accorder aux victimes de la catastrophe, il fait avec les principaux agriculteurs des conférences dont le résultat est de rendre plusieurs d’entre eux moins antipathiques à l’emploi des bonnes méthodes. En 1797, il entreprend avec l’abbé Tessier la rédaction d’un recueil périodique, les Annales de l’Agriculture françoise, et en 1799 paraît son mémoire sur l’exploitation et l’utilisation possible des lins et chanvres en France.
Quand le gouvernement consulaire prend la place du Directoire, Labergerie sollicite une position administrative, et il est nommé préfet de l’Yonne (1800). Le département s’en trouve bien, surtout sous le rapport agricultural : il provoque l’établissement de sociétés, introduit des cultures, donne des encouragements et prêche d’exemple. Il s’identifie complètement à son département et on le regrette lorsque, moins en harmonie que par le passé avec l’esprit du gouvernement impérial, à mesure que le moyen de faire sa cour au maître était de décimer plus largement la population par la conscription et d’enlever plus de bras à l’agriculture, il résigne sa préfecture au bout de 11 ans d’exercice (1811). Il ne demande rien à la Restauration.
Aimant véritablement les champs, il s’accommode de son retour à la vie privée. Riche, il séjourne alternativement à Paris et dans ses terres, et partage son temps entre des travaux théoriques et pratiques. L’Institut le nomme son correspondant pour la classe des sciences, section de l’économie rurale et vétérinaire[2]. Toujours agronome, et regardé comme un des premiers dans cette science, il se fait de plus historien et poète, et sous le premier rapport du moins il mérite une place distinguée.
En 1824, il est membre de la Légion d’Honneur, de l’Académie des sciences et de Bologne, des Géorgiphiles de Florence, de l’Académie des Arts et Belles-Lettres de Dijon, de Troyes, de l’Athénée de Lyon, des Sociétés d’Arts et d’Agriculture de Rouen, du Doubs, de l’Ain, de Caen, du Gers, d’Autun, de Châlons-sur-Marne, d’Alençon, du Var, de Cambrai, de Montauban ; fondateur du Lycée de l’Yonne ; ancien Membre des Comités d’Agriculture et de Commerce de l’Assemblée législative, et du Conseil d’Agriculture et des Arts du Ministère de l’Intérieur, etc.
Publications
- Recherches sur les principaux abus qui s’opposent aux progrès de l’agriculture, Paris : Impr. de Monsieur, et chez Buisson, 1788, in-8°, 213 p. Texte en ligne
- Traité d’agriculture pratique ou annuaire des cultivateurs du département de la Creuse et pays circonvoisins, avec des vues générales sur l’économie rurale, les bêtes à laine, les prairies naturelles, les effets physiques des arbres sur les montagnes…, Paris, 1795, in-12, XII-420 p. Texte en ligne
- Observation sur l’institution des sociétés d’agriculture, et sur les moyens d’utiliser leurs travaux, Paris : Mme Huzard, 1800, in-8°, 57 p.
- Géorgiques françaises, poëme, suivi d’un Traité complet de poésie géorgique, Paris : chez Mme Huzard, 1804, 2 vol. in-8°, 200 et 317 p. ; Paris : Rousselon, 1824, 2 vol. in-8°, XXVIII-382 p. et 441 p.
- Cours d’agriculture pratique ou L’Agronome français par une Société de Savans, d’Agronomes et de Propriétaires fonciers [recueil mensuel], Paris : Audot, 1819-1822, 8 vol. in-8°, 3953 p.
- Revue agronomique, ou Examen de quelques questions qui intéressent l’agriculture, telles que les jachères, les prairies naturelles, la assolements, etc., Paris : Rousselon, janvier-juin 1830, numéros rassemblés dans un in-8° de 208 p.
- On lui doit par ailleurs plusieurs Histoire de l’agriculture (1815, 1829, 1834), des ouvrages sur les étangs (1819), sur les forêts (1804, 1817, 1831). Et il a proposé plusieurs opuscules, articles de dictionnaire, de journal, et mémoires.
- Il participe aux notes à la nouvelle édition du Théâtre d’Agriculture d'Olivier de Serres en 1804-1805 Texte en ligne
Références
- André Doyon, Yves Parc, Les Amitiés parisiennes de Stendhal : Lettres et documents inédits, Librairie Droz (ISBN 978-2-600-04332-8) [présentation en ligne]
- Les académiciens au fil de l'histoire sur Institut de France. Consulté le 31 janvier 2010
Sources
- Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne, Supplément, 1841, tome LXIX, p. 200-204
- Paul Saillol, « Le message de deux agronomes : Rougier (de) Labergerie (1767-1836), Cancalon (1811-1890) », Mémoires de la Société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse (Guéret), 1989, t. 43, fasc. 3, p. 534-551
- Florian Reynaud, Les bêtes à cornes (ou l'élevage bovin) dans la littérature agronomique de 1700 à 1850, Caen, thèse de doctorat en histoire, 2009, annexe 2 (publications) et annexe 22 (biographie)
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