Ali Yata

Ali Yata

Ali Yata ( en 1920 à Tanger - mort en 1997 à Casablanca[1]) est un homme politique et leader communiste marocain.

Sommaire

Carrière politique

Origine et études

Ali Yata est dun père kabyle, Si Saïd, qui, après des études supérieures en droit à lUniversité al-Azhar du Caire, a quitté lAlgérie sous domination coloniale française « sans espoir de retour », pour sinstaller en 1911, avant donc linstauration du Protectorat franco-espagnol au Maroc, à Tanger, il devient traducteur interprète à la Régie Internationale des Tabacs. Sa mère, Fatima Ben Amar, est marocaine et tangéroise et Ali Yata reçoit dans la ville du Détroit une bonne éducation, en suivant notamment les cours et leçons dun Alem quil respecte profondément tout au long de son existence, Si Abdallah Guennoun.

Il na jamais eu la nationalité algérienne au sens juridique du terme. La première raison, suffisante en elle-même, est quà sa naissance, lAlgérie nexiste pas en tant quÉtat souverain et indépendant et quà lindépendance de ce pays voisin, en 1962, Ali Yata a depuis fort longtemps exprimé et prouvé sa marocanité.

La famille Yata sinstalle en 1933 à Casablanca, dans les demeures toutes neuves à lépoque de la Nouvelle Médina, au 5, place de la Mosquée.

Le jeune Ali suit en parallèle les cours du Lycée Lyautey et ceux de maîtres et nationalistes de la première heure comme Si Bouchta Jamaï ou Ahmed El Chinguitti, qui lui donnent à la fois une culture arabo-islamique de grande qualité, lamour du Maroc et la volonté de lutter pour son indépendance et sa souveraineté.

Premières activités militantes

Sous la tutelle de Bouchta Jamaï, Ali Yata est un membre actif des premières cellules du Parti National à Casablanca, (Hizb Al Watan), dès 1940, avant dadhérer au Parti communiste marocain, (dominé à lépoque par des militants français) en décembre 1943, tout en continuant à entretenir des relations étroites avec les membres du Parti National. Cela lui donne notamment loccasion dassister, en 1942, chez Bouchta Jamaï à Casablanca, à une réunion au cours de laquelle Ahmed Balafrej fait le compte rendu des contacts entretenus avec certains responsables allemands, dont Von Ribbentrop. De même, Ali Yata signe, à titre personnel, la pétition qui accompagne le Manifeste de lIndépendance (11 janvier 1944) même sil est déjà un militant ardent du communisme, enthousiasmé, selon ses propres paroles, par la victoire de lArmée Rouge sur les armées hitlériennes à Stalingrad.

Voici ce quécrit le professeur René Galissot, spécialiste des mouvements ouvriers en Afrique du Nord, sur le parcours initial dAli Yata au sein du PCM : « À lécole du quartier du Maârif, Michel Mazzella fit la connaissance dun jeune enseignant darabe : Ali Yata, qui participait aux cercles de jeunes nationalistes marocains avant dadhérer au parti communiste. Quand en juillet 1944, Léon Sultan sengagea dans larmée française de débarquement en Europe, cest sur Mazella et Henri Lafaye qui suivait surtout laction syndicale, que reposa la direction du parti communiste ; en février 1945, Ali Yata entrait au secrétariat du parti communiste. Linfléchissement du mouvement communiste dans les trois pays dAfrique du Nord comme ailleurs, amorcé à lété 1946, poussait à une meilleure représentation des nationaux aux côtés des « Européens » dans les instances du parti et des syndicats. Cest alors Ali Yata qui présenta le rapport politique au comité central des 3 et 4 août 1946, évoquant la fin du Protectorat et lélection dune Assemblées nationale souveraine. »[2]

A la tête du Parti communiste marocain

Comme dirigeant du Parti communiste marocain, il connait les prisons du colonialisme français, à Casablanca (Al Ghbila), Alger (Barberousse), Marseille (Les Baumettes), Paris (Fresnes, la Santé) avant de « fréquenter », au temps des années de plomb, celle de Derb Moulay Chérif (1963), ou encore El Alou (1969-1970), en tant que Secrétaire général du Parti de la Libération et du Socialisme, (PLS).

Ceux qui écrivent donc qu'Ali Yata était « un Algérien » commettent une erreur, parce que celui-ci a toujours montré son attachement au Maroc, dès son plus jeune âge. Cest dailleurs pour cette marocanité intransigeante et irrévocable que le romancier algérien Kateb Yacine, lui écrit dans la dédicace de son roman Nedjma, paru en 1956 : « À Ali Yata, à qui je ne pardonnerai jamais davoir préféré le Maroc à lAlgérie ».

Dautres faits et témoignages attestent amplement de cet amour patriotique pour le Maroc quAli Yata ressentit tout au long de sa vie. Trois dentre eux méritent peut-être une évocation plus précise. Le premier de ces faits est linculpation par le Tribunal militaire de Paris, en 1952-1953 d'Ali Yata pour atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de la République française. Ali Yata était alors emprisonné à Fresnes, puis à la Santé et le procureur de la République réclama à son encontre la peine de mort, présentant linculpé comme « un dangereux communiste et agitateur » qui avait pour objectif darracher lindépendance du Maroc.

Le dirigeant communiste marocain, qui est exilé de son pays natal jusquen 1957, sur ordre du Résident général Juin en 1952, est parmi les trois personnalités à bénéficier de la nationalité marocaine par décision de Mohammed V et de Hassan II, alors prince héritier, pour leur engagement dans la lutte pour le recouvrement de la souveraineté du Maroc. Ce Dahir royal est publié au BORM en date du 6 septembre 1958 et concerne Mouloud Mammeri, originaire de Kabylie, précepteur d'Hassan II, Abdelkrim Khatib, à El Jadida dune famille originaire de Mascara, dans louest algérien, et Ali Yata.

Enfin, pour clore ce rappel sur le parcours patriotique dun authentique fils du peuple marocain, voici des extraits dune conférence de presse tenue le 8 mai 1973 au Club de lUnion des Écrivains du Maroc à Rabat par Ali Yata, alors secrétaire général du PLS clandestin et consacrée à la présentation dun livre « le Sahara Occidental Marocain ». Il déclare dans son allocution liminaire : « Notre pays est encore amputé dune importante partie de son territoire, tant au Nord quau Sud. En particulier, lEspagne franquiste maintient sous son joug notre Sahara Occidental et rien, pour linstant, ne laisse présager quelle compte le rétrocéder à la mère-patrie… » et « Les puissances impérialistes et néo-colonialistes encouragent vivement cette opération de rapine alors que certains pays frères semblent la bénir sous cape, ne faisant pratiquement rien pour la mettre en échecau point quil est permis de se demander si daucuns ne rêvent pas de voir le Maroc à jamais privé de son Sahara Occidental, ce qui rendrait possible son encerclement, faciliterait sa domestication et permettrait la réalisation de certaines ambitions ».

Après sa mort, Ali Yata fut remplacé par Ismaïl Alaoui à la tête du PPS.

Vie privée

Ali Yata était marié et avait quatre enfants, les jumeaux Nadir et Fahd étant les ainés suivis de Leïla et de Samia. Nadir, journaliste, est décédé en 1996.

Notes et références

  1. Décès dAli Yata publié sur l'Humanité le 14 août 1997
  2. René Galissot, « Les mouvements ouvriers au Maghreb : étude comparée », colloque Pour une histoire critique et citoyenne. Le cas de lhistoire franco-algérienne, 20-22 juin 2006, Lyon, ENS LSH, 2007

Voir aussi

Articles connexes

Liens et documents externes


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