- Infirmier anesthésiste
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Définition du métier
Le métier d’infirmier(e) anesthésiste est une spécialisation de la profession d’infirmier. L’infirmier anesthésiste a en charge la sécurité du patient au cours de l’anesthésie, que celle-ci ait lieu au bloc opératoire ou en extra-hospitalier (aide médicale urgente). L'appellation officielle de la profession est Infirmier Anesthésiste Diplômé d'Etat, ayant IADE pour acronyme.
L'infirmier anesthésiste diplômé d'État a un niveau de compétences professionnelles clinique, technique et de soins spécifiques dans les domaines de l'anesthésie, de la réanimation et de la médecine d'urgence. Il accomplit des soins relevant de son rôle propre et de son rôle sur prescription médicale.
Exercice en France
Historique
Au commencement la spécialité d’infirmier-anesthésiste était un certificat d’aptitude aux fonctions d’aide anesthésiste d’une durée de 18 mois. Puis, il est devenu un infirmier spécialisé en anesthésie et réanimation (ISAR). Finalement, la formation débouche sur un diplôme d’État, avec la dénomination IADE (Infirmier-Anesthésiste Diplômé d'État) dont la durée de formation dure également deux ans.
1947: Les premiers enseignements officiels de l'anesthésie sont dispensés en France, à Paris. Cet enseignement est commun aux médecins et aux infirmiers.
1949: Un enseignement particulier est délivré aux infirmiers. Cette formation est alors sanctionnée par une attestation de fin d'étude.
1960: Création d'un certificat d'aptitude aux fonctions d'aide anesthésiste sanctionnant une formation de 18 mois.
1962: Reconnaissance de cette formation comme spécialité.
1972: Augmentation de la durée de la formation à 24 mois, pré requis de 3 années d'exercice antérieur.
1988: Création du certificat d'aptitude aux fonctions d'infirmier spécialisé en anesthésie réanimation. (CAFISAR)
1991: Création du diplôme d'État d'infirmier anesthésiste et création du corps des IADE.
2002: Publication de l'arrêté relatif à la formation conduisant au diplôme d'État d'infirmier anesthésiste.
Formation
La spécialisation d'une durée de 2 ans est accessible aux titulaires d'un diplôme d'état d'infirmier après une expérience professionnelle minimale de deux ans, soit d'un diplôme, certificat ou autre titre mentionné à l'article L. 4151-5 du code de la santé publique leur permettant d'exercer la profession de sage-femme.
L'accès à la formation d'infirmier anesthésiste se fait à la suite d'un concours en deux parties, la première sur une épreuve écrite qui donne accès, en cas de réussite, à la seconde qui est une épreuve orale. Si les deux épreuves sont réussies et que le candidat obtient le classement nécessaire, il est autorisé à suivre sa scolarité dans une des vingt-six écoles d'infirmier anesthésiste de France.
Les infirmiers faisant cette spécialisation sont souvent issus des services de réanimation, d'urgence ou de réveil (SSPI).
Durant ses études, il approfondit la physiologie cardiaque, respiratoire, endocrinienne, hépatique ou encore rénale ; la pharmacologie concernant l’anesthésie, les matériels spécifiques, la surveillance et le maintien des fonctions homéostatiques du patient durant l’anesthésie, et l'anesthésie en soi :
- selon les différents terrains : patient hypertendu, personnes âgées, insuffisant respiratoire, coronarien, insuffisant rénal, asthmatique, diabétique, obèse, l'enfant, le toxicomane, etc ...
- selon les différents types de chirurgie : cardiaque, pulmonaire, digestive, urologique, traumatologique, ORL, esthétique, gynécologique, pédiatrique ...
Les études d'infirmier anesthésiste sont rythmées par les évaluations cliniques et théoriques. Pendant 2 années complètes, l'élève infirmier anesthésiste passe le début de chaque semaine en cours et l'autre partie de la semaine en stage, sur le terrain.
En 1ère année, l'élève infirmier anesthésiste doit valider 3 examens ainsi qu'une évaluation clinique (une mise en situation professionnelle - MSP) qui est notée par un médecin anesthésiste-réanimateur et un cadre infirmier anesthésiste. Cette MSP se fait en milieu hospitalier, au bloc opératoire la plupart du temps.
En 2e année, l'élève infirmier anesthésiste doit également valider 3 examens et une évaluation clinique dans les mêmes conditions que citées précédemment. Parallèlement, il devra écrire et soutenir un mémoire de fin d'études appelé TIP (Travail d'Intérêt Professionnel).
Les examens partiels concernent l'anesthésie en bloc opératoire(pour quatre trimestres), la réanimation (un trimestre) et la médecine d'urgence (un trimestre).
Si l'élève infirmier anesthésiste a donné satisfaction à tous les examens cités ci-dessus, il peut alors se présenter aux épreuves du Diplôme d'État (DÉ). Le DÉ comprend à nouveau une évaluation clinique (MSP) ainsi qu'un examen écrit portant sur l'ensemble des connaissances acquises lors de ces 2 années de spécialisation.
L'infirmier anesthésiste, au sortir de sa formation, est donc un infirmier spécialisé en anesthésie, réanimation et médecine d'urgence.
Il faut donc au minimum 7 années après le baccalauréat pour devenir IADE
Données sur les inscrits en formation d’IADE
Part de femmes parmi les inscrits de 1re année en 2005: 63 %
Part des inscrits de 1re année en 2005 : précédemment étudiants: 3 %
Part des inscrits de 1re année en 2005 : précédemment chômeurs: 0 %
Part des inscrits de 1re année en 2005 : précédemment salariés: 80 %
Part des inscrits de 1re année en 2005 : dont salariés en hôpital: 77 %
Part des inscrits de 1re année en 2005 : dont inactifs: 0 %
Données Démographiques
Selon les sources à ce jour le nombre d'IADE exerçant en France est de 7300 professionnels environ. Selon les données démographiques de l’Observatoire national des emplois et métiers de la fonction publique hospitalière de mars 2003 par rapport aux effectifs de 1999, les départs devraient être jusqu’en 2014 : IADE -49 % (–3147), pic à partir de 2014
La compétence des infirmiers anesthésistes est définie par des textes réglementaires[1].
Elle procède de son statut d’infirmier diplômé d’État, de l’application des connaissances acquises au cours des formations initiale et continue et de l’expérience résultant de l’exercice professionnel.
L'infirmier anesthésiste dispose de compétences dans le domaine de l’anesthésie réanimation qui lui permettent de mettre en œuvre le protocole d'anesthésie établi par le médecin anesthésiste-réanimateur, d'assurer l’entretien de l’anesthésie et la surveillance du patient, de déceler les complications et d'agir de manière adaptée.
Il peut participer à la prise en charge de tout patient en situation de détresse et particulièrement dans le cadre de l'urgence extra-hospitalière et lors des transports médicalisés. Il a, du fait de ses connaissances, la compétence pour participer à l'éducation du patient et de sa famille et contribuer à la formation des soignants de sa spécialité et autres.
Infirmier anesthésiste en secteur d’anesthésie
L’approche systémique de l’anesthésie en fait un processus complexe qui commence à la consultation d’anesthésie et se termine à la sortie de la salle de surveillance post-interventionnelle. Le rôle de l’infirmier anesthésiste comporte plusieurs fonctions et activités.
Activité de soins en anesthésie
La composition de l’équipe d’anesthésie, son importance numérique, la répartition des rôles, la plus ou moins grande autonomie de l’infirmier anesthésiste dans le déroulement de l’acte est déterminée par le niveau de complexité de l’intervention projetée, le degré de gravité de la pathologie et l’état antérieur du patient. Toutes ces données sont évaluées par le médecin anesthésiste-réanimateur au cours de la consultation d’anesthésie et mentionnée par lui dans le dossier d'anesthésie du patient.
La préparation du site d’anesthésie
L’infirmier anesthésiste prépare le site d’anesthésie dont il est responsable. Il remplit le registre de traçabilité. Il prépare les médicaments nécessaires à l’anesthésie en fonction de l’acte chirurgical et de l’évaluation de l’état du patient faite par le médecin lors de la consultation d’anesthésie.
L’accueil du patient
L’infirmier anesthésiste accueille le patient à son arrivée au bloc opératoire ou en site d’investigation. Il lui permet d’exprimer ses besoins fondamentaux. Il l’informe sur ses actions. Il répond à ses interrogations et favorise une moindre angoisse. Il veille au confort physique et psychologique du patient.
L’infirmier anesthésiste respecte les procédures de contrôle de l’identité du patient et de la concordance avec les éléments du dossier en vigueur dans le service.
Il applique le protocole de prise en charge du patient. Il procède à l’évaluation des éléments techniques pour la mise en oeuvre de sa mission, si l’état du patient a évolué depuis l’examen médical et si cela est le cas, il en prévient le médecin anesthésiste réanimateur responsable de l’anesthésie.
La période anesthésique
L’infirmier anesthésiste peut, à condition que le médecin anesthésiste-réanimateur soit présent et disponible dans le site, procéder à l’induction d’une anesthésie générale, en assurer la surveillance et l’entretien et le prévenir de la survenue de toute anomalie. Quelles que soient les circonstances, il doit porter assistance à personne en danger.
Les anesthésies locorégionales
L’infirmier anesthésiste participe à la réalisation des anesthésies locorégionales. Il possède la connaissance du matériel, de la pharmacologie des produits utilisés, de la surveillance, du dépistage et du traitement des complications éventuelles et ceci quelle que soit la technique. Il est habilité à pratiquer les réinjections dans les différents dispositifs.
L’infirmier anesthésiste peut, à l’initiative exclusive du médecin anesthésiste-réanimateur et à condition que celui-ci puisse intervenir à tout moment, pratiquer une anesthésie locorégionale. Il doit en avoir auparavant validé la pratique et en posséder la maîtrise.
L’analgésie obstétricale
L’infirmier anesthésiste assure la surveillance et l’entretien de l’analgésie obstétricale en salle de naissance. Après que le médecin anesthésiste réanimateur a posé l’indication et mis en place le dispositif, l’infirmier anesthésiste est le seul infirmier habilité à en assurer la surveillance et la continuité.
Règles générales
L’anesthésie implique la présence continue auprès du patient de l’infirmier anesthésiste qui y participe. L’infirmier anesthésiste contrôle les réponses physiologiques et éventuellement psychologiques, interprète et utilise les données obtenues par les systèmes de surveillance invasifs et non invasifs. Il opère les corrections pour maintenir ou améliorer l’état physiologique du patient. L’infirmier anesthésiste enregistre immédiatement et de manière précise toute information pertinente sur la feuille de suivi du patient.
L’infirmier anesthésiste à la fin de l’intervention informe le médecin anesthésiste réanimateur de l’état du patient.
Il apprécie l’état physiologique et éventuellement psychologique du patient et transmet l’ensemble des données au personnel approprié en salle de surveillance post-interventionnelle.
Infirmier anesthésiste en salle de surveillance post-interventionnelle
Il assure en SSPI les actes relevant des techniques d’anesthésie. La présence d’au moins un infirmier anesthésiste par SSPI est donc souhaitable. L’infirmier anesthésiste qui accompagne le malade venant du bloc opératoire ou de la salle d’investigation s’assure d’un relais à compétence appropriée à l’état du patient. L’infirmier anesthésiste de bloc accompagnant le patient fait une transmission détaillée, participe à l’installation du malade et contrôle avant son départ ses paramètres respiratoires et hémodynamiques…
L’infirmier anesthésiste de SSPI doit être exclusivement affecté à ce site et ne le quitter que si une personne de compétence identique le remplace. En tant qu'infirmier responsable de soins généraux, il doit assurer l'ensemble des soins requis par les patients. En l’absence de médecin anesthésiste-réanimateur permanent de SSPI, l’infirmier anesthésiste fait appel, en cas de survenue d’anomalie, de préférence au médecin anesthésiste-réanimateur responsable de l’anesthésie.
Les situations d’urgence vitale
Face à une urgence extrême et vitale, l’infirmier anesthésiste est tenu de mettre en œuvre sans attendre les gestes d’urgence et de survie relevant de sa compétence. Il contribue à l’élaboration de protocoles couvrant ces situations. Il rédige un compte rendu de son intervention destiné au cadre d’anesthésie et au chef de service et tient informé les médecins de l’unité.
Infirmier anesthésiste et l'urgence médicale (SMUR / SSSM / SAU)
De par sa formation théorique et pratique, l’infirmier anesthésiste acquiert les connaissances et la maîtrise des gestes d’urgence et de survie. Il participe à l’accueil hospitalier des urgences en assurant des permanences sur place ou par astreintes à domicile.
Missions
En SMUR, l’infirmier anesthésiste assure la maintenance et l’opérationnalité des matériels, la qualité de l’armement de l’ambulance. Il accomplit, sous la responsabilité du médecin responsable de l’intervention, les soins et les techniques de réanimation et la mise en condition du patient. Il assure la surveillance pendant le transport. Ses connaissances des techniques d’anesthésie lui permettent de participer à la prise en charge des patients sédatés. Il participe à la liaison avec la régulation du SAMU. Il participe aux plans de secours en cas de catastrophe dans ou hors de son district d’affectation et éventuellement à l’étranger.
L’infirmier anesthésiste en unité de soins intensifs et de réanimation chirurgicale
L’infirmier anesthésiste apporte un complément de compétence et peut répondre aux situations d'urgence. Il occupe une fonction de référent pour les soins avancés. Il contribue à la formation des personnels soignants. Il initie l'élaboration de protocoles, de référentiels de soins. Il développe des procédures d'assurance qualité. Il est habilité à assurer le transport intra-hospitalier des malades lourds. Les postes d’encadrement de ces services sont prioritairement occupés par des cadres issus du corps des infirmiers anesthésistes.
Les fonctions du médecin anesthésiste-réanimateur et de l'infirmier anesthésiste s'inscrivent pour une part en complémentarité et collaboration, pour l'autre en substitution notamment en période per-anesthésique où l'IADE est très souvent seul en salle d'opération (un médecin anesthésiste pouvant intervenir à tout moment).
Ce mode d'exercice offre une garantie de la qualité des soins prodigués aux patients et de la sécurité de ces derniers. Le déficit de médecins anesthésistes-réanimateurs, qui en France est en voie d'aggravation, devrait obliger les instances médicales et institutionnelles à revoir le mode de fonctionnement de la répartition des rôles médecin/infirmier. Sans se substituer au médecin, la fonction d'infirmier anesthésiste sera très certainement amenée à évoluer pour faire face à cette modification démographique.
Les IADE observent depuis début 2010 un mouvement de grève pour s'opposer au Protocole Bachelot du 2 février 2010. Les revendications concernent : le maintien de leur exclusivité de compétence, le maintien de la reconnaissance de la pénibilité de leur métier (horaires postés, astreintes, garde, travail de nuit et de week end), la reconnaissance de leurs études à un grade MASTER 2 (BAC+5) et une revalorisation salariale en rapport. Le mouvement est soutenu par le Syndicat national des infirmiers anesthésistes, le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs et la Société Française d'Anesthésie et de Réanimation.
- Article R.4311-12 du Décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004 relatif aux parties IV et V (dispositions règlementaires) du code de la santé publique, publié au J.O n° 183 du 8 août 2004 page 37087 texte n° 37086
- Site internet du syndicat national des infirmiers anesthésistes (S.N.I.A)
- Recommandations concernant l'exercice de la profession d'infirmier anesthésiste
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