Iconographie des corrélations

Iconographie des corrélations

En analyse des données, l'iconographie des corrélations[1] est une méthode qui consiste à remplacer une matrice de corrélation par un schéma les corrélations « remarquables » sont représentées par un trait plein (corrélation positive), ou un trait pointillé (corrélation négative).

Cette idée apparaît aussi dans les modèles graphiques gaussiens utilisés notamment en cartographie du génome. Mais liconographie des corrélations est plus générale en ce quelle ne fait pas dhypothèse sur la distribution gaussienne, ou non, des variables, et repose uniquement sur laspect géométrique du coefficient de corrélation.

Représentation de la proximité des profils alimentaires en Europe.

Sommaire

Historique

Lidée première de liconographie des corrélations remonte à 1975. Appliquée dabord à la géochimie marine, elle fit lobjet dune thèse détat en 1981, et dun article dans les Cahiers de lAnalyse des Données en 1982[2]. Après cela, lapplication de la méthode dans de nombreuses branches de lindustrie aérospatiale[3],[4] pendant une quinzaine dannée, explique, paradoxalement, la relative confidentialité dans laquelle elle est restée longtemps, les entreprises ne souhaitant pas en général crier leurs solutions sur les toits. Depuis la création en 1997 dune première société diffusant un logiciel basé sur liconographie des corrélations, et son enseignement dans certaines universités, la bibliographie sest largement étendue, en particulier dans les secteurs médical[5] et astrophysique (spectrométrie de masse[6],[7]).

Cette présentation, à visée pédagogique, s'inspire des documents cités en référence.

Quest-ce quune corrélation « remarquable » ?

Une forte corrélation na pas de sens isolément. Réciproquement une faible corrélation nimplique pas labsence de lien.

Exemple 1 

Les variables A et C sont fortement corrélées parce que leurs variations sont toutes les deux liées à une variable X. En réalité il ny a pas de lien AC, mais un lien XA et un lien XC. En dautres termes, la corrélation entre A et C est redondante, et elle disparaît lorsque X est maintenu constant (on parle de « corrélation partielle » faible par rapport à X). D le schéma des seules corrélations remarquables :

LinkCorrelation1.png
Exemple 2 

La variable Y dépend de plusieurs variables C, D, E, F et G indépendantes. Aussi la corrélation de Y avec chacune d'entre elles, prise séparément, est faible (non « significative » au sens probabiliste du terme). En réalité, il existe les liens rigoureux CY, DY, EY, FY et GY. D le schéma des corrélations remarquables :

LinkCorrelation2.png

Sélection des liens remarquables

Illustrons-la sur un petit exemple : Lors dun contrôle mathématique d'un niveau de classe de troisième, huit élèves de la sixième à la terminale, dont nous connaissons le poids, l'âge et lassiduité, ont obtenu les notes suivantes :


Données originelles
Élève Poids Âge Assiduité Note
e1 52 12 12 5
e2 59 12,5 9 5
e3 55 13 15 9
e4 58 14,5 5 5
e5 66 15,5 11 13,5
e6 62 16 15 18
e7 63 17 12 18
e8 69 18 9 18


Matrice de corrélation
Poids Âge Assiduité Note
Poids 1
Âge 0,885 1
Assiduité -0,160 -0,059 1
Note 0,774 0,893 0,383 1

Plaçons les quatre variables au hasard sur le papier, et traçons un trait entre deux dentre elles chaque fois que leur corrélation est supérieure au seuil de 0,3 en valeur absolue.

LinkCorrelation3.png

Au vu de ce schéma, la corrélation (poids,note) = 0.774, relativement forte, donne à penser que le poids a plus dinfluence sur la note que lassiduité ! Mais, dautre part, nous avons les corrélations (poids,âge) = 0,885, et (âge,note) = 0,893.

À partir de ces 3 coefficients de « corrélation totale », la formule de la « corrélation partielle » donne : Corrélation (poids,note) à âge constant : = -0,08

La corrélation entre note et poids, à âge constant a fortement baissé (elle est même légèrement négative). En dautres termes, le poids na pas dinfluence sur la note. Cela nest guère surprenant. Effaçons le lien entre poids et note :

LinkCorrelation4.png

En définitive, un lien nest pas tracé,

  • soit parce que sa corrélation totale est inférieure au seuil, en valeur absolue,
  • soit parce quil existe au moins une corrélation partielle inférieure au seuil, en valeur absolue, ou de signe contraire à la corrélation totale.

Il ny a pas lieu, ici, deffacer dautres liens, comme on le vérifie à partir des valeurs des autres corrélations partielles :

Corrélation (poids,note) à assiduité constante : = 0,92
Corrélation (âge,poids) à note constante : = 0,68
Corrélation (âge,poids) à assiduité constante : = 0,89
Corrélation (âge,note) à poids constant : = 0,71
Corrélation (assiduité,poids) à note constante : = -0,78
Corrélation (assiduité,poids) à âge constant : = -0,23
Corrélation (assiduité,note) à poids constant : = 0,81
Corrélation (assiduité,note) à âge constant : = 0,97
Corrélation (assiduité,âge) à poids constant : = 0,18
Corrélation (assiduité,âge) à note constante : = -0,97

Puisque le nombre de variables est m = 4, il y a m.(m-1)/2 = 6 couples distincts de variables et, pour chaque couple, (m-2) = 2 coefficients de corrélation partielle.

Soulignons ici une différence importante entre lIconographie des Corrélations et le modèle graphique gaussien :

Nous venons de voir que liconographie des corrélations sappuie sur (m-2).m.(m-1)/2 = 12 coefficients de corrélations partielles, calculés, chacun, par rapport à une seule variable, donc sans mélanger les effets de chacune delles. Au contraire le modèle graphique gaussien repose sur les seuls m.(m-1)/2 = 6 coefficients de corrélations partielles par rapport aux (m-2) autres variables. Il agrège donc une multiplicité de relations triangulaires et en retient une sorte de moyenne (matrice de corrélation partielle de chaque couple de variable par rapport à toutes les autres variables). Il perd la mise en évidence dune variable particulière expliquant ou infirmant la relation entre deux variables.

Liconographie des corrélations permet donc daugmenter à la fois la quantité et la qualité de linformation utilisée.

Instants remarquables de lanalyse

Les données disponibles permettent de pousser plus loin lanalyse.

On peut considérer en effet chaque ligne comme un « instant » de lanalyse, caractérisé par une variable indicatrice, égale à 1 à linstant de la ligne considérée, et à 0 sinon :

Élève Poids Âge Assiduité Note e1 e2 e3 e4 e5 e6 e7 e8
e1 52 12 12 5 1 0 0 0 0 0 0 0
e2 59 12,5 9 5 0 1 0 0 0 0 0 0
e3 55 13 15 9 0 0 1 0 0 0 0 0
e4 58 14,5 5 5 0 0 0 1 0 0 0 0
e5 66 15,5 11 13,5 0 0 0 0 1 0 0 0
e6 62 16 15 18 0 0 0 0 0 1 0 0
e7 63 17 12 18 0 0 0 0 0 0 1 0
e8 69 18 9 18 0 0 0 0 0 0 0 1

Bien que les « instants » portent les mêmes noms que les élèves, il faut se rappeler que les élèves sont des lignes (des observations), tandis que les instants sont des colonnes, qui font partie des « variables », au même titre que les 4 premières colonnes.

Nous pouvons donc adopter le même critère de tracé des liens pour les « instants » et les variables originelles. Toutefois, pour ne pas alourdir le schéma, dessinons seulement les « instants » liés à une variable au moins (« instants remarquables ») :


LinkCorrelation5.png


Les « instants » sont représentés par un triangle, pour être mieux distingués des variables originelles, qui sont représentées par un carré.

  • Par rapport au schéma précédent, le lien entre note et assiduité a disparu, remplacé par les liens (Note,e6) et (Assiduité,e6) . Il était donc redondant : lélève e6, très assidu et bien noté, explique à lui tout seul le lien (Note,Assiduité).
  • Lélève e3 a une assiduité remarquablement forte, et lélève e4 une assiduité remarquablement faible (trait pointillé).

Un lien est dit « remarquable » quand les autres liens présents sur la figure ne suffisent pas à lexpliquer.

  • Lélève e6 a en effet une note « remarquable » : 18/20.
  • Les élèves e7 et e8 qui ont, eux aussi, 18/20, ne sont pas remarquables : ils napparaissent pas sur le schéma, car, plus âgés, leur note est déjà expliquée par le lien (âge,note).
  • De la même façon, on peut vérifier sur les données, que e5 a un poids remarquablement fort pour son âge (par rapport aux 8 élèves de la population étudiée) ; tandis que lélève e1 à un poids remarquablement faible pour son âge.

Les liens entre carrés (variables-variables) soulignent les lois générales; les liens carré-triangle (variable-instant) soulignent les événements rares.

Algorithme de liconographie des corrélations

Si le tableau de données est petit, le principe de liconographie des corrélations est suffisamment simple pour permettre un tracé manuel. Sinon, il faut recourir à un programme comportant, en entrée, la matrice de corrélation et le seuil choisi (par exemple 0,3). En voici lalgorithme :

Pour éviter les redondances, le lien AB est tracé si et seulement si la corrélation totale r(A,B) est supérieure au seuil en valeur absolue, et si les corrélations partielles r(A,B), par rapport à une variable Z, sont supérieures au seuil, en valeur absolue, et de même signe que la corrélation totale, pour tout Z parmi les variables disponibles, y compris les « instants ».

Ce critère de tracé, sévère, garantit la sélection des liens les plus « solides ».

Les variables peuvent être quantitatives et/ou qualitatives (pourvu que ces dernières utilisent un codage disjonctif complet).

Position des points sur le papier

Lexemple ci-dessus a montré deux sortes de points : les variables (carrés), et les « instants » (triangles). Une fois trouvé les liens entre ces éléments, positifs (traits pleins) ou négatifs (traits pointillé), il reste à les dessiner sur le papier.

Toute latitude de positionnement est laissée à lanalyste, puisque linterprétation dépend des liens et non des positions.

Autant que possible, il faut éviter les croisements inutiles entre liens, gênant la lecture. Le schéma suivant, par exemple, est moins lisible que le précédent, bien que linterprétation soit la même (liens identiques:


LinkCorrelation6bis.png


Plusieurs approches peuvent être utilisées pour disposer les points de façon automatique.

Une première approche consiste à projeter le nuage de points des variables sur les deux premiers axes dune analyse en composantes principales. Mais les projections ne sont pas toujours adaptées à une bonne lisibilité lorsquil y a beaucoup de composantes principales statistiquement significatives, et particulièrement en cas de mélange de variables qualitatives et quantitatives.

Une deuxième approche repose sur les algorithmes de force (Kamada-Kawai ou Fruchterman et Reingold par exemple) qui simulent un système de ressorts sur les arêtes du graphe : la définition d'une force répulsive entre les arêtes, et d'une force attractive ente les arêtes connectées permet d'obtenir un équilibre. Le dessin est en général satisfaisant pour les structures arborescentes, mais, au-delà de quelques dizaines de sommets, la compréhension est difficile en cas de structures bouclées sur plusieurs dimensions.

Enfin, une troisième approche consiste à tirer parti de linterprétation géométrique du coefficient de corrélation (cosinus), et à dessiner le schéma à la surface dune sphère à 3 dimensions :

  • L'arc-cosinus de la corrélation étant une distance angulaire, deux points seront dautant plus proches sur la sphère quils seront plus corrélés (positivement). Inversement, la distance angulaire entre deux points corrélés négativement est un angle obtus ; si la corrélation vaut -1, les points sont opposés sur la sphère (angle 180°).
    Il sagit dun pis aller, car la sphère réelle nest pas à 3 dimensions, mais à n dimensions. Si donc deux points très corrélés sont forcément proches sur le dessin, linverse nest pas sûr : deux points très proches sur le dessin ne sont pas forcément corrélés. Toutefois, labsence de lien tracé lève lambiguïté.
  • On pourrait envisager bien dautres modes de choix des positions : le plus utilisé consiste à choisir comme distance angulaire larc-cosinus de la valeur absolue de la corrélation. Ainsi les points corrélés négativement ne sont pas opposés sur la sphère, et le lien pointillé est plus court et encombre moins le schéma.
    En pratique, dans une approche logicielle, une première variable A est dessinée n'importe sur la sphère. Puis la variable B la moins corrélée à cette première est posée sur la sphère à la distance arc-cosinus(r(A,B)) de la première. On place alors, par triangulation, la variable C la moins corrélée aux deux premières. Les autres points sont posés de proche en proche. Si la quatrième variable a une corrélation nulle avec les trois premières, il n'est matériellement pas possible de lui assigner une position exacte. Les distances sont recalculées de façon proportionnelle aux valeurs réelles. Au bout d'un certain temps, la position des premiers points est recalculée d'après les suivants. Etc. Ainsi, la figure est réajustée progressivement.
  • Lalgorithme, qui sajuste autant que possible aux distances réelles, nest donc pas bloqué si la structure se déploie dans plus de trois dimensions. Et, même si elle contient plusieurs milliers de variables, il est toujours possible den prendre un extrait qui peut sétaler à la surface de la sphère pour sauvegarder la lisibilité. Etant déterministes, puisque les positions sur la sphère à n dimensions sont connues avec certitude, les calculs sont rapides.

Choix du seuil

Le seuil peut varier entre 0 et 1. Un lien n'est tracé que si, non seulement la corrélation totale, mais encore toutes les corrélations partielles correspondantes, sont supérieures au seuil en valeur absolue, et de même signe. Cette condition est sévère, et les liens qui subsistent sont, en général, riches dinformation.

Augmenter la valeur du seuil diminue le nombre de liens, et clarifie la figure, mais diminue aussi linformation, surtout quand la variable dintérêt dépend de plusieurs variables indépendantes.

Il est souvent préférable de prendre un seuil assez bas. Puis, si la figure complète est trop touffue, de ne dessiner que les liens à la variable dintérêt.

À titre dexemple, lorsquon aborde de nouvelles données, et quon ne sait pas quel seuil choisir, on pourra commencer par :

  • un seuil = 0.3 pour une analyse de données ;
  • un seuil = 0.1 pour lanalyse des résultats dun plan dexpériences. Dans ce cas en effet, tous les facteurs sont contrôlés, et lon peut se permettre de ne pas dessiner les « instants » (a priori remarquables par construction du plan), ce qui allège la figure ;
  • un seuil = 0.01, ou moins, pourra même être choisi lorsque le tableau de données comprend plusieurs centaines dobservations.

Dans notre exemple, même au seuil nul, le lien (poids,note) nest pas tracé, car la corrélation partielle par rapport à lâge est de signe contraire à la corrélation totale. Mais le lien (assiduité,note) apparaît, et il y a plus dinstants remarquables.

Organisation des liens

Liconographie des corrélations vise à mettre en évidence lorganisation des liens, qui peut aussi bien être bouclée que hiérarchique ou continûment répartie.


LinkCorrelation7.png


Labsence daxe, quelle que soit la dimension du problème permet de remplacer une multitude de projections bidimensionnelles par une image unique, lessentiel apparaît dun coup dœil.

Une succession de telles figures (éventuellement sous forme de dessin animé) autorise la représentation graphique dune organisation multidimensionnelle évolutive.

Retrait dune influence évidente

Il est courant, en analyse de données, de disposer dune variable Z dont linfluence, prépondérante et déjà bien connue, masque des phénomènes plus fins que lon cherche à découvrir.

La solution consiste à tracer le schéma, non pas de la matrice de corrélation totale, mais de la matrice des corrélations partielles par rapport à Z, afin de retirer toute influence linéaire de Z sur les autres variables. Le schéma révèle alors une autre organisation, abstraction faite des variations de Z.

Par exemple, retirons la composante de lâge, dont linfluence, prépondérante, est bien connue. Le schéma révèle alors linfluence directe de lassiduité sur la note. Lâge a disparu de la figure, ainsi que sa composante dans toutes les variables. Et le poids se trouve isolé.

Schéma de la matrice des corrélations partielles par rapport à lâge

Dans un tableau de données comportant plus de variables, il peut être intéressant de retirer plusieurs influences (le résultat ne dépend pas de lordre dans lequel elles sont retirés).

Interactions logiques remarquables

De même que les « instants » sont rajoutés, ci-dessus, au tableau initial, comme de nouvelles colonnes, de même on peut rajouter dautres colonnes, par exemple des fonctions des variables initiales, en particulier des « interactions logiques », qui sont des couplages de variables.

Le nombre de colonnes supplémentaires importe peu, pourvu quon ne rajoute sur le schéma que celles qui seront liées à lune au moins des variables initiales, afin de ne pas alourdir inutilement la figure.

Par exemple, suite à lajout de nouvelles colonnes correspondant au « & » logique entre deux variables quelconques, seule linteraction « Age&Assiduité » apparaît directement liée à la note :


LinkCorrelation8.png

Linteraction logique apporte quelque chose de plus à linterprétation (compte tenu du petit nombre de variables explicatives disponibles dans cet exemple: pour obtenir une bonne note il ne suffit pas dêtre plus âgé, il faut aussi être assidu au cours.

Base de connaissance associée au schéma

Les liens du schéma peuvent être décrits de la manière suivante : à chaque lien tracé, associons une règle du type SIALORS …, suivie de la valeur du coefficient de corrélation totale, précédé dune « * » si le lien est tracé, et de « ? » si le lien nest pas tracé, car « douteux » (la valeur de la corrélation nest supérieure au seuil quà cause dune seule observation).

SI Poids ALORS Age *.885
SI Age ALORS Poids *.885
SI Age ALORS Note *.893
SI Note ALORS Age *.893
SI Assiduité ALORS Age&Assiduité ?.493
SI Note ALORS Age&Assiduité *.960
SI Age&Assiduité ALORS Note *.960
SI .e1 ALORS Poids *-.610
SI .e3 ALORS Assiduité *.484
SI .e4 ALORS Assiduité *-.726
SI .e5 ALORS Poids *.395
SI .e6 ALORS Age&Assiduité *.597

Les liens entre variables sont indiqués ici dans les deux sens, car la causalité nest pas directement déductible de la corrélation. Les liens « instants remarquables » - variables peuvent être indiqués dans un seul sens, car la variable découle de sa réalisation à linstant considéré.

Une base de connaissance peut servir dentrée à un système expert et lutilisateur peut lenrichir ou la préciser. Par exemple, il est contraire au bon sens de dire quune bonne note peut causer lâge. Cest linverse qui est possible. De même, les enfants prennent du poids en grandissant, mais ce nest pas le poids qui fait le nombre des années. Lutilisateur peut donc supprimer les règles « SI Note ALORS Age *.893 », «  SI Note ALORS Age&Assiduité *.960 » et « SI Poids ALORS Age *.885 ».

La base de connaissance ainsi modifiée donne un schéma certains liens sont désormais orientés. On peut lui appliquer la théorie des graphes et en tirer des flux dinformations.

Champs dapplication de liconographie des corrélations

Un moyen de ne rien oublier dessentiel dans un tableau de donnée

Le tableau suivant est difficile à appréhender dun coup dœil :

Mercure Vénus Terre Mars Jupiter Saturne Uranus Neptune
DistanceSoleil 0.387099 0.723332 1 1.523662 5.203363 9.53707 19.19126 30.06896
Rayon 0.3825 0.9488 1 0.53226 11.209 9.449 4.007 3.883
Surface 0.1471 0.901 1 0.2745 125.5 86.27 15.88 15.1
Volume 0.056 0.87 1 0.151 1321.3 763.59 63.086 57.74
Masse 0.055 0.815 1 0.107 318 95 14 17
Densité 5.43 5.24 5.515 3.94 1.33 0.697 1.29 1.76
Gravité 3.7 8.87 9.81 3.71 23.12 8.96 8.69 11
VitesseDeLibération 4.25 10.36 11.18 5.02 59.54 35.49 21.29 23.71
PériodeRotation 58.64622 -243.018 0.997269 1.025957 0.41354 0.44401 -0.7183 0.67125
PériodeOrbitale 0.240847 0.615197 1.000017 1.880848 11.86261 29.4475 84.01685 164.7913
VitesseOrbitale 47.8725 35.0214 29.7859 24.1309 13.0697 9.6724 6.8352 5.4778
Excentricité 0.205631 0.006773 0.016710 0.093412 0.048392 0.054150 0.047167 0.008585
Inclinaison 7.00487 3.39471 0.00005 1.85061 1.3053 2.48446 0.76986 1.76917
InclinaisonAxiale 0 177.3 23.45 25.19 3.12 26.73 97.86 29.58
TempératureSurface 166.85 456.85 17.35 -46 -121.15 -139.15 -197.15 -220.15
He 1 0 0 0 1 1 1 1
Na 1 0 0 0 0 0 0 0
P 1 0 0 0 0 0 0 0
CO2 0 1 0 1 0 0 0 0
N2 0 1 1 1 0 0 0 0
O2 0 0 1 0 0 0 0 0
Ar 0 0 0 1 0 0 0 0
H2 0 0 0 0 1 1 1 1
CH4 0 0 0 0 0 0 1 1
NombreLunesConnues 0 0 1 2 63 60 27 13
Anneaux 0 0 0 0 1 1 1 1
DiscriminantPlanétaire 9.1 135 170 18 62.5 19 2.9 2.4


Relations entre les variables des planètes.
Liens entre les variables (iconographie des corrélations)


Traits plein : corrélations positives
Traits pointillés : corrélations négatives


La figure montre les liens plus ou moins évidents (comme celui de la gravité avec la vitesse de libération) ; et aussi les liens propres à chaque planète.

Cest un moyen de ne rien oublier dimportant.

Par exemple, les liens de la figure s'interprètent comme suit:

On pourrait augmenter le nombre de liens remarquables en baissant le seuil du tracé. Il faudrait alors, pour garder un dessin lisible, n'en dessiner qu'une partie: par exemple les liens à une variable d'intérêt.

Lanalyse des grands tableaux de bord

Le tableau de bord de gestion est un moyen danalyse et de diagnostic. Constitué de plusieurs indicateurs de performance, il permet de connaître la charge de travail, dapercevoir lhypertrophie ou latrophie dexécution des différentes tâches, de situer les anomalies de fonctionnement, de redresser certaines situations. Cependant, compte tenu des limites de notre mémoire, un tableau de bord doit comporter peu de chiffres pour être demploi facile.

Liconographie des corrélations est un moyen danalyser un tableau de bord qui a beaucoup de chiffres, et dexploiter vraiment toutes les informations de lentreprise. Pouvant saffranchir des influences extérieures (telles que tendances économiques ou décisions de marketing), elle permet de mieux mettre en évidence linfluence mutuelle des tâches, danalyser les causes décart entre prévision et réalisation, et, grâce au schéma synthétique, de faire remonter rapidement linformation brute sous forme de préconisations opérationnelles.

Une alternative à la stratification

La stratification consiste à découper la base de données en groupes homogènes (strates). Dans lexemple examiné plus haut, la stratification consisterait à faire des groupes délèves de même âge, et des sous-groupes délèves de même assiduité. Cela permettrait de saffranchir, dans chaque groupe de leffet de lâge, et dans chaque sous-groupe de leffet de lassiduité. Malheureusement tous nos élèves ont un âge différent !

En fait, stratifier nest intéressant que si la variable de stratification est corrélée au paramètre dintérêt. De plus, les strates ne doivent pas être vides. Il nest donc pas possible de stratifier sur beaucoup de variables ou sur une faible population.

Liconographie des corrélations, au contraire, permet de saffranchir de leffet de lâge même si la stratification est impossible, pourvu que lâge soit connu.

Cest pourquoi, en iconographie des corrélations, un grand nombre de variables en rapport avec le problème ne complique pas lanalyse. Au contraire, il ne peut quaffiner la représentation. Il est donc recommandé de commencer demblée lanalyse sur toutes les variables disponibles : cest le moyen de saffranchir le plus tôt possible des « fausses bonnes corrélations » qui peuvent nous engager sur de fausses pistes (biais, facteurs de confusions).

Voir aussi

  • Le Réseau bayésien est un graphe dans lequel les relations de cause à effet sont probabilisées, au contraire de lIconographie des corrélations, dont le principe est géométrique.

Références

  1. M. Lesty « Une nouvelle approche dans le choix des régresseurs de la régression multiple en présence dinteractions et de colinéarités » in Revue de Modulad, n°22, janvier 1999, pp. 41-77.
  2. La Synthèse Géométrique des Corrélations Multidimensionnelles." M. Lesty et P. Buat-Ménard. Les Cahiers de l'Analyse des données, Vol.VII, n°3, 1982, pp.355-370.
  3. M. Lesty et M. Coindoz. (1988) Une méthode pour la F.M.S. des bases de connaissances de système experts. Une application de CORICO. 6 e Colloque International de Fiabilité et de Maintenabilité. Textes des conférences, pp.252-257- Organisé par le Centre National d'Etudes Spatiales (C.N.E.S.), 3-7 octobre 1988, Strasbourg.
  4. Analyse des Corrélations et Fabrication des Composites. C. Vallée et X. Le Méteil. La Maîtrise du risque dans la Construction Aéronautique. Phoebus n°19 (tome 2) - 4e trimestre 2001.
  5. Geometric Method and Generalized Linear Models: Two opposite Multiparametric Approaches Illustrated on a Sample of Pituitary Adenomas. Lesty C., Pleau-Varet J. & Kujas M. Journal of Applied Statistics Vol 31(2): pp191-213. February 2004.
  6. Multi-correlation analyses of TOF-SIMS spectra for mineralogical studies." C. Engrand, J. Lespagnol, P.Martin, L. Thirkell, R. Thomas. Applied Surface Science 231-232 (2004) 883-887
  7. Chemometric evaluation of time-of-flight secondary ion mass spectrometry data of minerals in the frame of future in situ analyses of cometary material by COSIMA onboard ROSETTA." Engrand C;, Kissel J., Krueger F.R., Martin P., Silén J., Thirkel L.l, Thomas R., Varmuza K. (2006). (Rapid Communications in Mass Spectrometry Volume 20, Issue 8 p 1361-1368) Published Online: 23 Mar 2006 (www.interscience.wiley.com).


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