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Homosexualité dans l'Antiquité
Le terme « homosexualité » datant de la deuxième moitié du XXe siècle[1], on s'est demandé dans quelle mesure l'opposition homosexualité/hétérosexualité peut validement être utilisée pour étudier les époques antérieures, en particulier pré-modernes. Le courant « essentialiste » considère que ces deux catégories existent de manière implicite dans toutes les sociétés, alors que pour le courant « constructionniste », il s'agit d'une construction culturelle occidentale qui ne peut s'appliquer qu'après le XIXe siècle[2].
Le modèle historique le plus communément accepté, sur la base des travaux de Kenneth Dover et de Michel Foucault, affirme que le concept d'homosexualité n'existe pas dans l'Antiquité : les relations sexuelles ne sont pas définies selon des critères biologiques (identité ou différence sexuelle des partenaires) mais selon des critères sociaux, à savoir l'adéquation entre l'usage d'autrui pour le plaisir charnel et sa place dans la structure sociale[3]. Cette théorie reste contestée[4].
Sommaire
Pratiques homosexuelles dans les civilisations antiques
Empire perse
Dans l'Empire perse, les pratiques homosexuelles sont largement attestées, surtout entre un homme adulte et un eunuque. Quinte-Curce indique ainsi qu'ils sont « habitués, eux aussi, à servir de femmes[5]. On connaît en particulier les amours des Grands Rois et de leurs eunuques favoris : ainsi de Darius III et du jeune Bagoas, qui sera également l'amant d'Alexandre le Grand[6], ou d'Artaxerxès II et du jeune Tiridatès[7].
En Grèce antique
Les témoignages antiques sur la pédérastie grecque sont relativement contradictoires et difficiles à interpréter : elle est tantôt présentée comme une institution reconnue de formation des élites, tantôt comme un ensemble de pratiques sexuelles honteuses méritant la mort, tantôt comme une relation chaste et spirituelle, tantôt comme une pratique avant tout fondée sur le plaisir sexuel[8].
À Rome
À Rome, les pratiques sexuelles doivent correspondre à certains usages sociaux. Certaines pratiques sont dites « contre natures », c'est à dire contraire aux usages sociaux. un esclave doit se soumettre aux désirs de son maître et l'affranchi doit rendre moralement ce service de complaisance à son ancien maître. Le citoyen romain se doit d'être dominateur et donc sexuellement. Ce qui est vu comme problématique de ce point de vue pour un citoyen romain est d'être passif. Le 6 août 390, l'empereur romain Théodose proclame un édit condamnant au bûcher les homosexuels passifs. Ce passage vers une répression directe de certains rapports homosexuels doit être replacé dans l'apparition et l'affirmation du Christianisme dans l'Empire romain. Cette mentalité a été préparée par les courants néo platoniciens et stoïciens qui prônent la contradiction entre la chair et l'esprit, condamnent le plaisir en soi et prône la tempérance. Progressivement la relative liberté en la matière disparaît.
Notes et références
- ↑ Il apparaît pour la première fois sous forme imprimée en allemand (Homosexualität), en 1869, dans un pamphlet de Karl-Maria Kertbeny, puis en anglais (homosexuality) vingt ans plus tard. Halperin, p. 15.
- ↑ Halperin, p. 41.
- ↑ Voir en premier lieu l'ouvrage classique de Michel Foucault, Histoire de la Sexualité, volumes 2 et 3.
- ↑ Essentiellement par John Boswell, notamment dans Boswell (1994) et plus récemment par Davidson (2007).
- ↑ Quinte-Curce, Histoire d'Alexandre le Grand, VI, 6, 8.
- ↑ Quinte-Curce, VI, 5, 22.
- ↑ Élien, Histoires variées [lire en ligne], XII, 1.
- ↑ Davidson, p. 1.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
Par ordre chronologique :
- (en) Kenneth J. Dover, Greek Homosexuality, Harvard University Press, 1978 (2e édition mise à jour en 1989).
- Paul Veyne :
- « La Famille et l'amour sous le Haut-Empire romain », Annales ESC 33 (1978), p. 3-23.
- « L'Homosexualité à Rome », L'Histoire 30 (1981), p. 76-78.
- Michel Foucault, Histoire de la sexualité II. L'usage des plaisirs, et III. Le souci de soi, Gallimard, coll. « Bibliothèque des histoires », 1984.
- Bernard Sergent :
- L'homosexualité dans la mythologie grecque, Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1985.
- L'Homosexualité initiatique dans l'Europe ancienne, Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1986.
- (en) David Halperin, One Hundred Years of Homosexuality and Other Essays on Greek Love, Londres, Routledge, 1990, trad. fr. Cent ans d’homosexualité, Paris, EPEL, collection « Grands classiques érotologie », 2000.
- (en) John J. Winkler, The Constraints of Desire, the Anthropology of Sex and Gender in Ancient Greece, 1990 ; trad. fr. par Sandra Boehringer et Nadine Picard : Désir et contraintes en Grèce ancienne, EPEL, collection « Grands classiques érotologie », 2005.
- (en) John Boswell, Same-Sex Unions in Premodern Europe, Vintge Books, 1994.
- (en) Jane McIntosh Snyder, Lesbian Desire in the Lyrics of Sappho, New York, Columbia University Press, 1997.
- (en) Craig A. Williams, Roman Homosexuality, Ideologies of Masculinity in Classical Antiquity, Oxford, Oxford University Press “Ideologies of Desire”, 1999 ;
- Florence Dupont et Thierry Éloi, L'Érotisme masculin dans la Rome antique, Belin, coll. « L'Antiquité au présent », 2001.
- (en) Among Women : From the Homosocial to the Homoerotic in the Ancient World, sous la dir. de Nancy Sorkin Rabinowitz et Lisa Auanger, Austin, University of Texas Press, 2002.
- (en) Thomas K. Hubbard, Homosexuality in Greece and Rome, a Sourcebook of Basic Documents, Los Angeles - Londres, 2003
- Sandra Boehringer, L'Homosexualité féminine dans l'Antiquité grecque et romaine, Les Belles Lettres, 2007.
- (en) James Davidson, The Greeks and Greek Love, Orion Books, 2007.
Lien externe
- Sources antiques sur les pratiques homosexuelles, Université du Texas à Austin.
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