Histoire de l'Afghanistan : période 1989-1992

Histoire de l'Afghanistan : période 1989-1992

Histoire de l'Afghanistan de 1989 à 1992

Pour consulter un article plus général, voir : Histoire de l'Afghanistan sous le gouvernement des moudjahidins.

La décision des soviétiques de se retirer après 10 ans de guerre, fut prise par Mikhaïl Gorbatchev et devint effective le 15 février 1989, cependant avant de partir, les Russes remirent le pouvoir entre les mains de Mohammed Nadjibullah.

En janvier 1989, John Glassman, le chargé d'affaires américain à Kaboul, annonce au moment de l'évacuation de son ambassade : « Je rouvrirai la boutique en septembre ». De son côté, Marin Strmecki du Centre de sociologie de l'innovation explique : « Il y aura une guerre et une victoire rapide des rebelles dans les régions du Sud et de l'Est (...) Puis le siège et la prise de la capitale. Enfin, la conquête du Nord. Le régime devrait ainsi s'effondrer, six mois après le départ du dernier soldat soviétique ».

Nadjibullah a remodelé le gouvernement en crise interne, il déclare l'état d'urgence après l'enlèvement d'un ministre et remplace tous les ministres sans partis du gouvernement. L'Union soviétique a continué d'aider l'Afghanistan militairement, économiquement et en fournissant des aides d'urgence en nourriture et carburant pour cause d'hiver rigoureux (en 1989 et 1990) entrainant des pertes de récoltes.

Une grande partie de l'équipement militaire appartenant aux unités soviétiques évacuant l'Europe de l'Est a été fournie à l'Afghanistan, avec un approvisionnement assurés, l'Armée de l'Air afghane, qui avait développé une tactique réduisant au minimum la menace des missiles Stinger, ont maintenant découragé des attaques de masse contre les villes.

Des missiles à moyenne portée, en particulier des scuds, ont été avec succès lancés de Kaboul dans la défense de Jalalabad, 235 kilomètres de distance.

Sommaire

Le siège de Jalalabad

Le 6 mars 1989, dès le départ de l'armée soviétique, des troupes de musulmans extrémistes, à l'instigation des services secrets pakistanais, l'ISIInter Service Intelligence — assiègent Jalalabad, la troisième ville du pays dans le but de démarrer la conquête du pouvoir par les moudjahidins, en installant dans cette ville le « Gouvernement provisoire de la Résistance », installé jusque là à Pechawar, à 92 km plus à l'Est, au Pakistan.

Trop sûrs d'eux-mêmes — « Jalalabad tombera en quatre jours » affirme Gulbuddin Hekmatyar, le chef du mouvement pro-iranien Hezb-Islami —, et disposant de très importants stocks d'armes et de munitions, les moudjahidins se lancent contre les défenses de la ville, sans préparation, ni coordination, tablant sur leur avantage psycholgique et les défections des troupes gouvernementales. Cependant, les défenses de la ville tiennent bon et le siège se transforme en une interminable guerre de positions.

La prise de Samarakhel et de l'aéroport est saluée par tous les diplomates occidentaux comme un grand succès de la Résistance, devenus « capable de mener une guerre de front » et des Moudjahidins, rebaptisés à cette occasion « combattants de la liberté ». Cependant, mi-juillet, en moins d'une journée, les troupes gouvernementales réussissent à rompre le blocus, à enfoncer les positions des assiégeants, et à reprendre Samarakhel et l'aéroport. Malgré une contre-offensive, les moudjahidins durent reconnaître leur échec, et l'envoyé spécial américain, Peter Tomsen déclare depuis Pechawar que la Résistance risque de devoir faire face à « une érosion du soutien des États-Unis ».

Durant cette période et bien après, les soviétiques soutinrent logistiquement les troupes du président Mohammed Nadjibullah et fournirent une aide mensuelle de 250 à 300 millions de US dollars, non compris 600 missiles SCUD — au prix unitaire d'un million de US dollars.

Conséquences de l'échec du siège

Au Pakistan, l'ISI, le maître d'œuvre de l'opération, est déstabilisé. Le premier ministre Benazir Bhutto, en opposition constante avec le commandement militaire, souhaite une « solution politique », alors que la première préoccupation est la remuante présence sur le sol pakistanais de deux millions et demi de réfugiés afghans.

Le président afghan, le communiste Mohammed Nadjibullah, espère que suite à cet échec, les différents mouvements de la Résistance vont s'entre-déchirer, d'autant plus que dans le gouvernement provisoire, il n'y avait pas eu d'unanimité pour cette aventure. Dès la fin juillet 1989, de violents affrontements opposent dans le nord de l'Afghanistan, des combattants du Hezb-Islami (intégriste et anti-occidental) au Jamiat-Islami (modéré).

Dans la province de Farkhar, le Hezb-Islami, suite à une embuscade, capture, torture et massacre une soixantaine d'hommes dont les meilleurs officiers du commandant Massoud, désorganisant sa campagne militaire d'été. Malgré les dénégations de Gulbuddin Hekmatyar, les communications-radio interceptées, fournirent la preuve qu'il à lui-même donné l'ordre de mettre en place l'embuscade meurtrière. Les grands reporters s'intéressent alors de plus près au Hezb-Islami et mettent en lumière de nombreuses affaires dont les meurtres de plusieurs journalistes, de membres d'associations humanitaires, de commandants d'autres groupes et surtout sa collaboration secrète avec le régime communiste de Mohammed Nadjibullah. Gulbuddin Hekmatyar est obligé de démissionner de son poste de ministre des Affaires étrangères du Gouvernement provisoire et gagne l'intérieur de l'Afghanistan.

Le revirement américain

Avec le retrait de Gulbuddin Hekmatyar, les Américains perdent l'allié qu'il pensaient le plus fidèle, et qui était le principal bénéficiaire de leur aide à la résistance Afghane. L'ISI, perd aussi son favori, grand pourfendeur d'«infidèles». De leur côté les enquêtes continuent et mettent à jour sa responsabilité dans d'autres meurtres, dont celui le commandant Abdul Latif et du docteur Laudin du mouvement royaliste Mehz-Islami. Lâché par les Américains, Gulbuddin Hekmatyar les qualifie d'« impérialistes dont il refuse d'être le jouet ».

Suite à cette affaire les Américains, renouvellent complètement leur personnel diplomatique et consulaire au Pakistan et décident de ne plus confier la distribution de son aide au Gouvernement provisoire et à l'ISI, mais de la livrer directement aux commandants de l'intérieur du pays. Aux États-Unis, Bill McCallum, représentant républicain de Floride et président du Comité sur le terrorisme et la guerre non conventionnelle, déclare que la CIA « a culminé dans un programme monstrueusement incompétent de fourniture et de distribution d'armes » qui aboutissait à « abandon du destin du peuple Afghan aux rodomontades du service de renseignements militaires du Pakistan ».

Le revirement américain a eu des conséquences immédiates en privant de tout pouvoir, non seulement le Gouvernement provisoire, mais aussi les partis politiques afghans en conflit avec les groupes combattants. Par contre, en mettant fin à la chaîne du clientélisme, il a permis à plusieurs commandants de l'intérieur de mettre en place de véritables organisations armées, à se structurer, à s'organiser entre vallées, tribus et ethnies, mettant fin aux anciennes structures de pouvoir, caractéristiques de la mosaïque afghane. Parmi ses nouveaux chefs de guerre : Ismaël Khan, commandant de la région de Hérat, Abdul Haq, commandant de la région du sud de Kaboul et Ahmed Chah Massoud, commandant de la région du Panchir, chef du Conseil de surveillance, véritable centre politique de tout le nord du pays et chef d'une véritable armée de 9 000 combattants, l'Armée islamique, il déclare : « Nous allons mener, dans tout le Nord, de Kaboul à Mazar-i-Charif, une guerre d'usure pour déstabiliser l'ennemi. Notre champ d'intervention, qui sera très large (Kunduz, Faizabad, Bagram, Salang, nord de Kaboul) obligera les forces gouvernementales à se disperser. Il n'y aura pas de répit et ce combat mobile engendrera la confusion. », affirmant aussi « dans un an, il y aura un gagnant et un perdant dans la guerre d'Afghanistan ».

Les Américains, dans le même temps, entament discrètement des négociations avec les Soviétiques au cours de l'été 1989 à Stockholm, et relance l'idée d'un retour de l'ex-roi en exil Mohammed Zaher Chah. La Résistance déclare : « La roi n'a pas participé à notre lutte pendant dix ans. Il est trop tard pour qu'il puisse jouer quelque rôle que ce soit ».

La fin de Mohammed Nadjibullah

Par la suite les divisions dans ses propres rangs, y compris la défection du général Abdul Rashid Dostam ont fatalement affaibli la résistance du gouvernement.

En mars 1990, son gouvernement a avec succès résisté à un coup d'état du Khald, dirigé parle ministre de la défense Shahnawaz Tanai. Gulbuddin Hekmatyar était l'un des principal défenseur du coup d'état.

Nadjibullah avait travaillé à un compromis pour finir la guerre civile avec Ahmad Shah Massoud, soutenu par les Nations unies mais les discussions ont tourné court et le gouvernement est tombé. En 1992, Nadjibullah a accepté de se ranger en faveur d'un gouvernement transitoire. Il a également annoncé qu'un parlement pluripartite serait établi "dans quelques mois, " sur la base "d'élections libres et démocratiques".

Au cours du mois d'avril 1992, le régime s'effondre sous la pression des rebelles, mais les réserves de munitions et d'armes considérables que Nadjibullah avait conservée ont servies durant la guerre civile entre Moudjahiddin et Talibans, pendant l'hiver 1992 Kaboul privée de l'aide soviétique (L'URSS ayant disparue et Nadjibullah ayant démissionné) se retrouva sans carburant ni nourriture.

Mohammed Nadjibullah avait annoncé la possibilité d'une démission dès le 18 mars 1992 afin de permettre la mise en place d'un gouvernement d'intérim, le 16 avril 1992 il est mis en minorité par son propre parti et est forcé de démissionner à la suite de la perte de la base aérienne de Bagram ainsi que de la ville de Charikar par les rebelles de la Jamiat-i Islam.

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