- Guet royal
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Le guet royal est une unité de sécurité créée à Paris en décembre 1254 par Saint-Louis, essentiellement chargée de la police de la ville.
Il est au bout d’une longue suite d’institutions aux noms et aux tâches similaires : dès 595, Clotaire II rendait en effet obligatoire un guet de nuit dans chaque ville. Ces guets étaient tenus par les bourgeois, les habitants du bourg (de la ville). La grande taille de la ville de Paris rend ce système insuffisant au XIIIe siècle, et pousse donc à compléter ce dispositif par le guet royal.
Organisation et évolution
Le guet royal est commandé par un noble, le chevalier du guet, placé sous l’autorité du prévôt. Il dispose de ses propres hommes, et de l’autorité sur le guet bourgeois.
Le guet bourgeois (ou guet assis ou guet dormant) est tenu par des habitants de Paris, appartenant aux différents métiers. Ils sont placés à poste fixe, dans des guérites, dans toute la ville, pour la durée de la nuit. Chaque poste compte six bourgeois. Il y a 8 postes en tout : un au Châtelet pour la surveillance des prisonniers, autour du Châtelet pour empêcher les évasions, dans la cour du palais de l’île de la Cité pour veiller sur les reliques de la Sainte-Chapelle et participer à la protection de la résidence du roi, près de l'église de la Madeleine dans la Cité, sur la place aux Chats (actuellement impasse des Bourdonnais), à la fontaine des Innocents, sous les piliers de la place de Grève, et le dernier porte Baudoyer. Pour assurer un meilleur fonctionnement de ce dispositif, le chevalier du guet dispose :
- de douze sergents (les sergents de la douzaine), pour le guet de jour ;
- de vingt sergents à pied et de douze sergents à cheval, pour le guet de nuit, les sergents à cheval effectuant des rondes de poste à poste, vérifiant que les bourgeois sont bien à leur poste.
Il dispose de plus de deux clercs du guet.
Cependant, le guet des métiers est mal organisé, et le roi doit prendre des ordonnances au XIVe siècle (création des concierges par exemple). En 1461, une garde bourgeoise est créée pour les occasions exceptionnelles (émeutes par exemple).
Cependant, l’efficacité des bourgeois étant médiocre, la garde bourgeoise comme le guet des métiers sont supprimés en 1559 et remplacés par deux cent quarante archers, dont trente-deux à cheval. En 1563, ces effectifs passent à cinq cent archers, dont cent à cheval, mais des réformes malvenues, des manques d’argent rendent impossible le maintien des effectifs, mal comblés par la recréation du guet bourgeois.
Une des raisons du manque d’efficacité de ce guet bourgeois est le manque d’attrait de la fonction : celle-ci est obligatoire, mais non-rémunérée, revient toutes les trois semaines, oblige à passer la nuit éveillé, et à reprendre le travail le lendemain, jusqu’à l’âge de soixante ans. Progressivement, des exemptions voient le jour, pour les boiteux, les fous, les maris dont les femmes étaient en mal d'enfant, les hommes qui avaient été saignés dans la journée et les sexagénaires.
Petit à petit, d’autres exceptions s’ajoutent pour les maîtres de métiers et divers métiers, les bourgeois non marchands, les mesureurs de la ville, les notaires, procureurs et avocats, les corporations des monnayeurs, les brodeurs de soie, les courtepointiers, les vanniers et corbeillers, les peintres, imagiers, chasubliers, selliers, libraires, parcheminiers, enlumineurs, écrivains, tondeurs de draps, tailleurs de pierres, bateliers, étuvistes, vendeurs d'écuelles et échelles, verriers, les chapeautiers et fabricants de bonnets, archers, haubergiers, Ebuffletiers, oubliaiers (marchands d’oublies), les écorcheurs, apothicaires, catendreurs, orfèvres et tapissiers. D’autres métiers avaient un service limité dans le temps, ou pouvaient s’en libérer moyennant un paiement. Malgré les fréquent rappels du Parlement, ces exceptions se multiplient donc.La lieutenance générale de police
En 1667, Gabriel Nicolas de La Reynie est placé à la nouvelle fonction de lieutenant général de police. Il a sous son autorité le guet royal. L’année précédente, neuf brigades de cavalerie pour les patrouilles avaient été créées. En 1688, un uniforme est donné au guet.
En 1750, les effectifs des patrouilles sont de :
- 4 lieutenants, 8 exempts et 139 archers (dont 39 à cheval) du guet ;
- 149 cavaliers des brigades créées en 1666.
Alors les charges du guet sont vénales, les seconds sont recrutés parmi d’anciens soldats. Ceux-ci sont bien plus efficaces et assurent l’essentiel des charges de police.
Cette situation aboutit à la fusion des deux en une garde de Paris unique en 1750, et à la disparition du guet.
Voir aussi
- Les autres gardes et polices d’Ancien Régime :
- la prévôté de l’Hôtel du Roi, créée par Charles VII pour la garde personnelle du roi ;
- la compagnie de la Connétablie, qui assurait un service d’honneur lors des réceptions officielles et du sacre ;
- Les formations qui lui ont succédé :
- la garde municipale de Paris
- la gendarmerie impériale de Paris en 1813-1814 et pendant les Cent-Jours ;
- la garde royale de Paris à partir de 1814 et qui devient la gendarmerie royale de Paris en 1816, dissoute en 1830 car elle était restée fidèle à la monarchie lors des Trois Glorieuses ;
- la nouvelle garde municipale de Paris, formée en 1830, qui n’a plus de missions de police et réprime les émeutes ;
- la garde civique (1848) ;
- la garde républicaine.
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